CD Kurtag/Stockhausen par Abbado

Je crée un topic parce que je pense que certains auront des choses à dire là-dessus:



Il faudra que je réécoute Grabstein (plus fort donc en journée!) mais je crois que je vais aimer; j'ai été obligé de baisser le son brusquement à un moment donné et après j'ai eu peur de réveiller les voisins!

Pour Gruppen, la première chose qui me vient à l'esprit c'est: mais comment une musique censée être si organisée peut aboutir à un tel bordel sonore??

Je réécouterai Stele de Kurtag également dans de meilleures conditions, mais ça m'a l'air assez hermétique.

chef d'oeuvre absolu pour ma part (sauf le Stockhausen qui m'a sérieusement gonflé...)

Xavier a écrit:

Il faudra que je réécoute Grabstein (plus fort donc en journée!) mais je crois que je vais aimer; j'ai été obligé de baisser le son brusquement à un moment donné et après j'ai eu peur de réveiller les voisins!

la version d'Abbado est formidable mais on entend à peine qu'il s'agit en fait de... sifflets de supporters (dans la version Peter Eötvös, c'est mieux) ;-)

Xavier a écrit:

Pour Gruppen, la première chose qui me vient à l'esprit c'est: mais comment une musique censée être si organisée peut aboutir à un tel bordel sonore??

ce qui prouve bien le coté prétentieux et fumeux de quasiment toute la musique sérielle des années 50 et 60 (excepté Pli selon pli) heureusement (et contrairement à d'autres) Stockhausen à laissé tomber l'arsenal arithmétique et cette rigidité dans ses pièces récentes ?

Xavier a écrit:

Je réécouterai Stele de Kurtag également dans de meilleures conditions, mais ça m'a l'air assez hermétique.

il faut pas avoir peur d'une certaine morbidité, Kurtag est un obsédé par la mort (témoin le titres de nombreuses de ces oeuvres) mais Stele est totalement envoûtant pour moi

je suis heureux de t'avoir filé le virus Kurtag en tout cas !! cool !! ;-)

christian a écrit:

je suis heureux de t'avoir filé le virus Kurtag en tout cas !! cool !! ;-)

Argh, c'est pas encore tout à fait gagné mon cher!
Je m'y remets aujourd'hui.

Xavier a écrit:

christian a écrit:

je suis heureux de t'avoir filé le virus Kurtag en tout cas !! cool !! ;-)

Argh, c'est pas encore tout à fait gagné mon cher!

la sublime guitare quasi "bossa" de Grabstein ne te fait pas totalement craquer ?? ;-)

christian a écrit:

la sublime guitare quasi "bossa" de Grabstein ne te fait pas totalement craquer ?? ;-)

J'ai écouté le disque à la suite de tes louanges traxzoniennes, et je dois avouer que ça ne me branche pas plus que ça. Par contre, les grands accords dissonants de Grabstein me collent vraiment froid dans le dos. Je sais que c'est l'effet voulu, et c'est très réussi : une horreur ! J'ai un tas de pensées morbides qui se bousculent dans ma tête, en entendant ça !

Achille a écrit:

christian a écrit:

la sublime guitare quasi "bossa" de Grabstein ne te fait pas totalement craquer ?? ;-)

J'ai écouté le disque à la suite de tes louanges traxzoniennes, et je dois avouer que ça ne me branche pas plus que ça.

trop glauque c'est ça ?? (c'est vrai que c'est ni très "pop" ni très rigolo je le reconnais...) mais la guitare est tout de même vachement envoûtante avec ces accords hypnotiques, non ?

Achille a écrit:

Par contre, les grands accords dissonants de Grabstein me collent vraiment froid dans le dos. Je sais que c'est l'effet voulu, et c'est très réussi : une horreur ! J'ai un tas de pensées morbides qui se bousculent dans ma tête, en entendant ça !

ça fonctionne alors !! c'est incroyable l'effet de surprise que ça provoque !! j'avais jamais entendu un truc pareil avant pour ma part...

christian a écrit:

trop glauque c'est ça ??

Il y a sans doute de ça. J'adore pourtant la musique de suicidaires, mais là c'est trop...

Achille a écrit:

christian a écrit:

trop glauque c'est ça ??

Il y a sans doute de ça. J'adore pourtant la musique de suicidaires, mais là c'est trop...

en même temps, je trouve ça fabuleux de connaître une musique qui se "donne" autant et nous donne en pâtures toutes ses angoisses de la mort en vrac, Kurtag est archi névrosé et timide mais il se livre totalement dans ses partitions, c'est hyper émouvant, il n'y a pas chez lui la distance et la morgue de la plupart de ses contemporains... c'est ça qui est formidable !

Pourtant c'est plutôt frais et léger comme musique.

The Scythe-Meister a écrit:

Pourtant c'est plutôt frais et léger comme musique.

évidemment vu le style de truc "metalleux" que tu écoutes... Kurtag c'est une promenade de santé à coté ;-)

Je ne trouve pas. Kurtag ne donne pas dans la pseudo violence et morbidité des groupes de death/black/doom/truc métal. Je ne sais pas si tu connais un peu, mais c'est vraiment dérisoire.

je précise pour les autres que la musique émouvante mais parfois aride de Kurtag n'a rien à voir avec le metal rock... )

Bon je viens de réécouter Grabstein; faut vraiment être attentif au fameux accord ffff pour baisser le son! (dans le genre surprises Kancheli n'est pas mal non plus)

Pour le reste l'ambiance pourrait me plaire mais je trouve qu'il ne se passe vraiment pas grand chose; en concert c'est sans doute autre chose, m'enfin, c'est une musique que je ressens comme désertique, un peu trop à mon goût. (Christian trouve Saariaho aride, moi c'est plutôt cela que je trouve aride)

Et Stele je n'accroche vraiment pas...

Qu'est-ce que tu me conseillerais d'autre de Kurtag, Christian?

J'ai pas mal de disques de Kurtag, mais je n'en ai aucun souvenir. Il va falloir que je me replonge dedans

Xavier a écrit:

Christian trouve Saariaho aride, moi c'est plutôt cela que je trouve aride

Tiens, c'est curieux, le peu que je connais de Saariaho ne me semble pas aride du tout. Par contre, je te rejoins sur Grabstein : je trouve qu'à part ces accords sinistres à la 4e minute, c'est assez vide... Je suppose que ce minimalisme fait partie de l'esthétique de Kurtag ?

Xavier a écrit:

Qu'est-ce que tu me conseillerais d'autre de Kurtag, Christian?

le reste est encore moins facile d'accès, tu as aussi La "Quasi una fantasia" qui est superbe... sinon laisse tomber ), tu as Saariaho, moi j'ai Kurtag ;-)

ça semble difficile de tout aimer en contemporain, Encolpio et Samy semble apparemment préférer l'hyper complexe (Boulez et co), nous on préfère les couleurs et la mélodie, mais avec des nuances car je me sens plus à l'aise avec la noirceur angoissante de Kurtag ou Eötvös tandis que tu préféres pour ta part l'univers très différent de Saariaho. Après ça devient totalement subjectif, en tout cas tout ses musiciens me paraissent importants et laisseront des traces.

christian a écrit:

ça semble difficile de tout aimer en contemporain, Encolpio et Samy semble apparemment préférer l'hyper complexe (Boulez et co), nous on préfère les couleurs et la mélodie

Il me semble qu'Encolpio a dit qu'il aimait des tendances très opposées dans la musique contemporaine.

il faudrait qu'il nous en dise un peu plus, il vient relativement peu ici, on doit pas être assez "sérieux" pour lui, je ne sais pas ? ;-)

Achille a écrit:

Xavier a écrit:

Christian trouve Saariaho aride, moi c'est plutôt cela que je trouve aride

Tiens, c'est curieux, le peu que je connais de Saariaho ne me semble pas aride du tout. Par contre, je te rejoins sur Grabstein : je trouve qu'à part ces accords sinistres à la 4e minute, c'est assez vide... Je suppose que ce minimalisme fait partie de l'esthétique de Kurtag ?

en fait, je crois que j'adore finalement un certain minimalisme, et même un certain coté un peu désertique (avec des mélodies en lambeaux - l'essentiel est que ça reste mélodique et non pas pointilliste), je fuis la confusion, la surcharge et le manque de transparence, la musique de Saariaho est peut être trop confuse et lourde pour moi, je m'y paume...

par contre, Kurtag fait dans le minimalisme plutôt dissonant et envoûtant (comme certains titres de rock/pop expérimental - si, si... ou comme chez certains Carlos d'Alessio ou Costin Miereanu) alors que les minimalistes les plus connus (Nyman, Glass) restent fondamentalement consonants, et j'ai toujours adoré le minimalisme dissonant pour son coté hypnotique.

autre oeuvre importante de Kurtag : "Messages de feu demoiselle RV Troussova" - mélodies pour soprano et petit orchestre

christian a écrit:

par contre, Kurtag fait dans le minimalisme plutôt dissonant et envoûtant (comme certains titres de rock/pop expérimental - si, si... ou comme chez certains Carlos d'Alessio ou Costin Miereanu) alors que les minimalistes les plus connus (Nyman, Glass) restent fondamentalement consonants, et j'ai toujours adoré le minimalisme dissonant pour son coté hypnotique.

Je ne sais pas si on parler de minimalisme chez Kurtag, en tout cas il n'y a pas le côté répétitif des américains.

Mais par rapport au trop plein de consonances chez Nyman ou Glass c'est pour cela que Reich et Adams sont plus intéressants. (Desert music de Reich par exemple est plutôt consonant mais quand même riche harmoniquement)

christian a écrit:

par contre, Kurtag fait dans le minimalisme plutôt dissonant et envoûtant (comme certains titres de rock/pop expérimental - si, si... ou comme chez certains Carlos d'Alessio ou Costin Miereanu)

Sais-tu où on peut entendre du Miereanu?

The Scythe-Meister a écrit:

christian a écrit:

par contre, Kurtag fait dans le minimalisme plutôt dissonant et envoûtant (comme certains titres de rock/pop expérimental - si, si... ou comme chez certains Carlos d'Alessio ou Costin Miereanu)

Sais-tu où on peut entendre du Miereanu?

nulle part ( c'est devenu presque introuvable mais je te conseille ce disque là :

http://www.priceminister.com/offer/buy/145080/Miereanu-Costin-Kammerkonzert-Desordre-Derisoire-Ensemble-2e2m-CD-Album.html

Citation :

ça semble difficile de tout aimer en contemporain, Encolpio et Samy semblent apparemment préférer l'hyper complexe (Boulez et co)

Pas du tout! Boulez n'est pas mon compositeur préféré et l'hyper complexe n'est pas ce que je préfère, au contraire.

Et j'adore Lindberg et Bruckner! Ce n'est pas de la musique très complexe quand même!

Une occas' ici:
http://www.amazon.fr/exec/obidos/ASIN/B000027HFW/qid%3D1119900939/171-4611619-5349013

Xavier a écrit:

Je ne sais pas si on parler de minimalisme chez Kurtag, en tout cas il n'y a pas le côté répétitif des américains.

non mais contrairement à Boulez et co, ennemis de toute mesure identique, Kurtag n'a pas peur de "bégayer" (il a d'ailleurs composé une pièce pour un chanteur handicapé), de répéter un motif de façon obsessionnelle (comme sur "Stele"), ce qui le rapproche paradoxalement des minimalistes.

Sam a écrit:

Et j'adore Lindberg et Bruckner! Ce n'est pas de la musique très complexe quand même!

C'est quoi de la musique complexe?

Quel chieur celui-là...

Bruckner et Lindberg c'est complexe??!

Bah, Mahler, Stockausen, Boulez, ...

Sam a écrit:

Bruckner et Lindberg c'est complexe??!

Bah, Mahler, Stockausen, Boulez, ...

C'est vrai qu'on peut se demander quels sont les critères à prendre en compte.

Lindberg plus simple que Mahler?...
Pas sûr.

Ça dépend de quel point de vue effectrivement.

C' est quoi de la musique complexe ?

Ben , voyons : c' est de la musique " gentille " ( toi qui est étudiant en musi
cologie, quand même ! ) .

perela a écrit:

Ben , voyons : c' est de la musique " gentille " ( toi qui est étudiant en musi
cologie, quand même ! ) .

Pourquoi tes messages sont coupés et écrits bizarement? Ils sont complexes.

SM : Vraiment tu me déçois !

Pour la complexité de mes messages :

seul " papa " est capable de me comprendre !

rien compris à vos derniers posts, les gars... (un décodeur, svp...)

Rien compris non plus...

Moi non plus rien compris


(C'etait histoire d'en rajouter )

Argfh j'avais pas pensé regarder en discographie, il y a déjà un sujet Kurtag.

Je sais pas si c'est le bon topic mais je suis assez interpeller par ce Helicopter String Quartet de Stockhausen. Il est ici interpréter par le quatuor Arditti.

un extrait

Quelqu'un connaît ? et aime ça ?

Ben en fait il y a un sujet spécifique sur Stockhausen: https://classik.forumactif.com/general-f1/stockhausen-t94.htm (faut regarder les indexs)

,,,

Walter a écrit:

Pas d'accord avec ceux qui ont associé Kurtàg aux Minimalistes. Les Minimalistes se dérivent de Bach; or, Stele me semble dériver d'un autre chef d'oeuvre, le troisième mouvement des Cinq Pièces Pour Orchestre op. 16 de Schoenberg (Farben).

C'est pas bête, oui, mais en même temps cette pièce de Schoenberg est très minimaliste...

Non, Kurtag n'est pas minimaliste, je crois que la confusion se fait avec "miniaturiste", ce qui lui convient parfaitement.

Mais pas de minimalisme chez lui, une économie de moyens au service de l'émotion, un goût du timbre dépouillé, une subtilité de chat, mais des harmonies magnifiques, des pièces qui touchent droit au coeur sous l'apparence aride.

,,,

Walter a écrit:

Xavier a écrit:

mais en même temps cette pièce de Schoenberg est très minimaliste...

Certes, à condition de prendre le terme de minimaliste en un sens literal: économie de moyens, etc.

Pour ma part c'est bien ce que je voulais dire.

J'étais comme Walter, j'avais mal compris et je croyais qu'on parlait du courant minimaliste américain.

Après, que Kurtag soit très dépouillé, ok

Walter a écrit:

Pas d'accord avec ceux qui ont associé Kurtàg aux Minimalistes. Les Minimalistes se dérivent de Bach; or, Stele me semble dériver d'un autre chef d'oeuvre, le troisième mouvement des Cinq Pièces Pour Orchestre op. 16 de Schoenberg (Farben).

C'est vrai ! Pour une fois, Gyury est plus proche de Schönberg que de Webern (toute la musique de chambre) ou Bartók (double concerto).

On peut noter aussi l' oeuvre Scene from a Novel Op.19 dans le CD Jan DeGaetani in Concert volume 3.
De courtes mélodies, env. une minute chacune, façon Pierrot Lunaire, sur des poèmes de Rimma Dalos.

Je viens de découvrir le disque dont Xavier a fait le sujet du topic... franchement, j'aime beaucoup dans l'ensemble, surtout Stele dont l'écriture assez fragmentée, presque pointilliste, réserve à intervalles réguliers son lot de surprises... Gruppen est bien aussi, un peu plus prévisible peut-être (et encore...), c'est surtout la 1ère oeuvre de Kurtag qui m'a laissé perplexe (dépouillé certes, mais à la limite du presque rien je trouve et qui glisse au fil de l'écoute sans laisser de traces sensibles).

Je vais réécouter, bien sûr, mais la 1ère impression est bien intéressante !

Autant je raffole du Kurtág chambriste, autant sa musique orchestrale m'a toujours laissé dubitatif : difficile d'y déployer le même type de qualités, quand on est un artisan de l'épure. (Comme je n'aime pas particulièrement ses œuvres vocales non plus, je n'ai pas encore osé essayer son récent opéra !).