Oeuvres avec récitant / Mélodrames

DavidLeMarrec a écrit:

Les instrumentistes parlants étant en deçà du texte (et très épisodiques en général), ça me paraît hors-sujet.

pas d’accord ; chez Rzewski c’est même très souvent le piano qui est subordonné au texte, et ce dernier fait clairement partie de la partition, avec des notations de rythmes, etc.

moi je veux bien, mais si tu refuses ça, pourquoi garder Un survivant de Varsovie, par exemple ? 

Il faut vraiment en discuter au cas par cas, alors.  Je n'ai pas écouté toutes ces œuvres de Rzewski (et même aucune de celles que j'ai conservées dans ma citation)... autant The People me plaît beaucoup, autant le reste de sa production m'a jusqu'ici plutôt agacé à assez court terme.

Pour Enoch Arden, je l'ai mentionné parce que c'est classé comme mélodrame... mais je ne l'ai écouté qu'une fois, impossible de dire à quoi ça ressemble et la quantité de texte mobiilisé. Il me semblait que c'était une quantité respectable, pourtant. Qu'est-ce qui te gêne, là-dedans.

DavidLeMarrec a écrit:

Pour Enoch Arden, je l'ai mentionné parce que c'est classé comme mélodrame... mais je ne l'ai écouté qu'une fois, impossible de dire à quoi ça ressemble et la quantité de texte mobiilisé. Il me semblait que c'était une quantité respectable, pourtant. Qu'est-ce qui te gêne, là-dedans.

je ne connais pas cette œuvre.  
entre temps, j’ai changé d’exemple, avec un qui me parait vraiment proche des Rzewski.

Alors comme ça M. Lucien n'est pas content ?   

--> J'ai exclu les musiques de scène (exit Antigone, Athalie, etc. de Mendelssohn, Peer Gynt me pose toujours problème, mais bon...)
--> Exit aussi les opéras comiques et les opérettes, ce n'est évidemment pas le sujet.
--> Les oeuvres religieuses, avec dans le rôle du récitant le célébrant, me semblent aussi hors sujet...
--> Même si le but était d'être le plus large possible je m'en suis tenu aux compositions originales et je n'ai pas retenu les adaptations postérieures par d'autres compositeurs (du genre Mazurka op. 6 de Chopin arrangées pour récitant et piano par Richard Burmeister ou op. 1 de Draeseke adapté pour récitant et piano par Franz Liszt...) ce n'est pas inintéressant mais sinon on ne s'en sort plus...   

J'ai intégré les oeuvres d'IMSLP même si certaines semblent particulièrement mineures par rapport aux chefs-d'oeuvre qui ont déjà été cités par les membres du forum.

WoO a écrit:

--> J'ai exclu les musiques de scène (exit Antigone, Athalie, etc. de Mendelssohn, Peer Gynt me pose toujours problème, mais bon...)

Elles s'imposent si un mélodrame est prévu. Je crois qu'il n'y en a pas, chez Mendelssoh, par exemple. Pour Peer Gynt, c'est effectivement ambigu, il faudrait vérifier sur la partition.

Citation :

Elles s'imposent si un mélodrame est prévu. Pour Peer Gynt, c'est effectivement ambigu, il faudrait vérifier sur la partition.  

Dans ma vieille partition de Peer Gynt (chant-piano et en allemand...  ), plusieurs passages sont spécifiés comme étant des mélodrames: la scène des filles des pâturages, où Peer intervient plusieurs fois entre les répliques des chanteuses; la scène géniale avec le Courbe,...

Enoch Arden est effectivement un mélodrame, et le texte de Tennyson est assez long (donc ça a tout à fait sa place dans ta liste    ) D'ailleurs c'est une pièce très belle, très émouvante, je me permets de vous conseiller de  la (ré)écouter (tant qu'à faire, la version de DFD) ! Même en n'étant pas germanophone on se laisse emporter par la beauté de la langue (enfin je trouve    ), et puis sinon, doit bien y avoir une traduction quelque part sur le net !

Merci beaucoup pour ces précieuses précisions, Farfarello.

Si je ne m'abuse, il y a également quelques répliques parlées au quatrième tableau des Noces de Stravinsky!

Un petit mot sur un mono/mélodrame d’Hèctor Parra, Te craindre en ton absence (2013).

L’œuvre présente un certain nombre de points communs avec Cassandre de Jarrell (la référence est consciente et explicite) ; c’est une « petite Cassandre », dit-il. D’abord parce que le dispositif est identique : une récitante, Astrid Bas, un ensemble, l’Intercontemporain, plus une discrète et pertinente utilisation de l’électronique. Le metteur en scène est également le même.
Le livret lui-même, écrit par Marie NDiaye, n’est pas sans analogie avec celui de Cassandre. Une femme, sur la route de l’Allemagne vers la France, rapportant les cendres de sa sœur à sa mère, raconte son histoire. Il ne s’agit plus ici d’une mythologie « vue de l’intérieure », mais de quelque chose qui se rapproche davantage du drame psychologique, et donc de plus intime. Pourtant, ce personnage est aussi pensé comme une Antigone moderne. Le texte est en vers, ce qui change pas mal de choses.
Du point de vue musical, on est grosso modo dans le même ordre de choses, même si c’est différent, mais en fait je trouve ça beaucoup plus riche et intéressant que chez Jarrell qui a dans cette œuvre un peu trop tendance à mon gout à se contenter d’une succession d’états harmoniques et timbraux faits essentiellement d’ostinatos. Je trouve notamment l’introduction, qui dure près de cinq minutes, magnifique, avec ses tensions harmoniques, son expressivité mélodique, les jeux des timbres, et divers instruments utilisés comme des percussions de rites anciens.

C’est en fait je pense l’une de mes plus grandes émotions musicales pour une œuvre si récente.
Si ça intéresse quelqu’un, il suffit de demander.

Bonjour, je peux ajouter trois nouvelles œuvres créées récemment au Festival Musique à la Ferme (Lançons-Provence). Voici la vidéo de présentation de "Loup es-tu là?";

La vidéo n'est pas libre de droits j'imagine ?

Cololi a écrit:

La vidéo n'est pas libre de droits j'imagine ?

Les trois œuvres sont répertoriées par la sacem, mais je crois qu'il y a un accord entre youtube et la sacem depuis quelques années.

Platero y yo de Mario Castelnuovo-Tedesco, textes de Juan Ramon Jimenez.

Je rajoute le saisissant Joshua de Franz Waxman, découvert ces dernières semaines. Oratorio à très grand spectacle, écrit suite à la mort de son épouse, chaque morceau de bravoure est précédé par un récitant relatant l'épisode qui sera illustré. Le style est varié, l'impact saisissant, l'aspect cinématique indéniable sans sombrer dans le cliché hollywoodien. Waxman explore le tragique et le grandiose (le sublime au sens pictural ?) sans sombrer dans le pompier. Nombre de moments sont délicats tout en conservant un parfum d'épopée. Je pense à Schmitt qui aurait le sens de la mesure, Honegger ou Tippett en moins mordants. À vrai dire, le langage embrasse tant de choses qu'il est de fait très singulier. En tout cas, chaudes recommandations !



Franz WAXMAN : Joshua (James Sedares, dir. ; Maximilian Schell, récitant)

On sent aussi, conjointement avec Hollywood, l'influence du modèle haendelien… ce qui produit une sorte de seria moderne (beaucoup plus mobile et varié, bien sûr), une sorte de grandiloquence très accessible, mais dont les après sont virtuoses ou mélodiques, et ne font pas dans la grande fanfare vulgaire. Vraiment très chouette – comme souvent avec Waxman, abusivement considéré, je trouve, comme d'un goût frontière.