Et bien, on dirait que ce sujet fait couler beaucoup d'encre (enfin, on devrait dire "use beaucoup de claviers" ! ^^) ce qui est bien étonnant pour un "classical cross-over". Dommage, je trouve ce sujet très intéressant, et j'ai découvert il n'y a pas très longtemps cet album, d'abord par le jeu Civilization IV (et oui
) et je dois bien avouer qu'il est très séduisant.
Il faut bien l'avouer, dans ce monde où la mondialisation prime, oser une oeuvre regroupant les grandes langues de la planète est un pari très prometteur mais aussi très dangereux. Le résultat n'est pas si mal malgré quelques défauts. En tous cas, on ne pourra pas remettre en cause la bonne intention du compositeur. L'oeuvre, divisée en trois tableux (Day, Night et Dawn) s'appuie en effet sur pas moins de 12 textes et autant de langues de différentes. La plupart sont choisis judicieusement. On pourra ainsi entendre le Notre Père en Swahili (dialecte africain), un très beau haiku (poème japonais) du XVIIe siècle, un extrait du Dao De Jing, le Lux Aeterna latin, un extrait du Caoineadh airt Ui Laoghaire (l'un des plus grands poèmes irlandais du XIIIe siècle), l'Hymne à la Sainte Trinité en polonais, le Hayom Kadosh hébreu, un extrait du Rubaiyat d'Omar Khayyam (immense libre penseur persan du XIe siècle), un extrait Bhagavad Gita (l'un des écrits fondamentaux de l'hindouisme) et même une prière traditionnelle maori !
Dommage que le texte français soit si médiocre ! On le dirait tout droit sortie d'une mauvaise comédie musicale. Surtout qu'il est chanté avec un très fort accent anglais ! Et c'est là pour moi le gros point noir de cet album.
Autre défaut que l'on peut souligner : des transitions un peu cousues de fil blanc entre les différents textes d'un même tableau. C'est vraiment dommage je trouve : ça créé des ruptures pas très heureuses et détruit la cohésion de chaque tableau.
Coté points positifs :
une orchestration magnifique. Le royal philharmonic orchestra fait des merveilles !
les réminiscences de plusieurs thèmes qui malgré les ruptures entre chaque texte créent quand même une certaine cohésion.
Christopher Tin a très bien rendu les différentes cultures musicales sans caricature et en gardant se propre signature musicale. Je trouve cela en soi une vraie performance.
Il faut dire aussi qu'il a su s'entourer de musiciens d'exception : j'ai déjà parlé du royal philharmonic orchestra, le Soweto Gospel Choir, les chanteuses japonaises Lia et Aoi Tada, la soprano chinoise Jia Ruhan, la chanteuse portugaise Dulce Pontes, l'ensemble Anonymous 4, la mezzo-soprano Frederica von Stade, la chanteuse iranienne Sussam Deyhim et encore beaucoup d'autres...
Je terminerai en partageant avec vous mes coups de cœur :
Bien sûr le Baba yetu que je trouve très émouvant
J'aime beaucoup la construction du Mado kara mieru même si je ne suis pas forcément fan de musique japonaise
Tout le tableau Night est une merveille pour moi. L'ensemble Anonymous 4, la mezzo-soprano Frederica von Stade et The Purcell Singers font vraiment merveille !
Hamsafar est également très jouissif
Kia hora te marino avec ses interventions maoris clôt avec émotion cette œuvre.
Bon, j'en ai dit beaucoup. A vous d'écouter, de vous faire une opinion. Je pense vraiment que ce n'est pas une oeuvre inintéressante.
J'espère que les réactions ne mettront pas deux ans à attendre ! :p