Besançon : Concours Jeunes Chefs Orchestre et Festival

En bon Franc-comtois, je ne peux pas ne pas consacrer un de mes premiers posts à ce qui est l’événement phare, en matière musicale, de cette Région.

Concours International de Jeune Chef d'orchestre :

Concours relativement ancien, puisque créé en 1951, sa 52ème édition se déroulera du 17 au 23 septembre à Besançon, le jury sera présidé par Sir Andrew Davis. Il était annuel au début, et est devenu bisannuel depuis 1992 (le festival, lui continue à avoir lieu tous les ans).
Parmi les anciens primés, on peut citer notamment Seiji Ozawa, Michel Plasson, Zdenek Macal, Jesús López Cobos, Yoel Levi, Osmo Vänskä, Yutaka Sado ou plus récemment Lionel Bringuier.

Pour cette édition, les œuvres sur lesquelles plancheront les candidats sont :

1/8ème de finale (une quinzaine de minutes devant l’orchestre pour chacun des 20 candidats) :
Beethoven : Symphonie n°2
Stravinsky : Pulcinella, suite de ballet
Milhaud : Le Boeuf sur le toit


1/4 Finales (10 candidats)
Messiaen : Un sourire
Debussy : Nuages et Fêtes, nocturnes
Brahms : Symphonie n°2

½ Finale opéra (6 candidats)
La Bohème, 1er tableau

½ Finale oratorio (6 candidats)
Haydn : Les Saisons - extraits

Finale (2 ou 3 candidats)
Jarrell : ombres..
Saint-Saëns : Concerto pour piano n°2 / 2ème & 3ème mvt
Strauss : Don Juan

Des 1/8ème de finales aux deux ½ finales, les épreuves sont au format répétition, hyper intéressant parce que le public peut voir le boulot réel des candidats avec l’orchestre.

La finale est au format d’un concert normal, les candidats ont un temps de répétition préalable. Une composition contemporaine est par ailleurs commandée et créée spécifiquement pour cette occasion.

Pour ceux que ça intéresse, la liste des candidats :

Spoiler:

Le Festival :

En parallèle, quelques concerts sont proposés, souvent d’un niveau plutôt intéressant pour une petite ville de province de 120 000 habitants comme Besançon.

Quelques moments sympa à prévoir cette année :

Je met en premier une re-création d’un Ballet de Hérold, La Belle au Bois Dormant (Brussels Philharmonic / Hervé Niquet)

Philharmonique de Londres / Vladimir Jurowski :Rachmaninov Concerto piano 4 (Lugansky) ; Brahms Symphonie n°4

Philharmonique de Bruxelles / Michel Tabachnik : Ravel Shéhérazade (Anna Caterina Antonacci) / Tabachnik Prélude à la légende / Strauss Zarathoustra

Philharmonique du Luxembourg / Andrew Davis : Bartok, concerto pour violon 2 / Schumann Symphonie 3

Je pourrais citer aussi un récital de Pierre Laurent Aymard et d’autres petites choses, mais je vais m’arrêter là !

Vendredi 30 septembre, 20h
Besançon, Théâtre musical

LONDON PHILHARMONIC ORCHESTRA
Vladimir Jurowski (direction)
Nikolaï Lugansky (piano)

Beethoven : Créatures de Prométhée (ouverture)
Rachmaninov : Concerto pour piano n°1
Brahms : Symphonie n°4



Avant-dernier concert du Festival international de musique de Besançon vendredi dernier, avec la 1ère venue de Jurowski, Lugansky et du LPO dans la capitale franc-comtoise. Théâtre musical plein à craquer, comme rarement, à guichets fermés quasiment dès l'ouverture de la billetterie fin août !

Et il faut bien le dire, la soirée, bien qu'offrant un programme somme toute classique, fut exceptionnelle.

Elle débutait par l'ouverture des Créatures de Prométhée, expédiée en moins de 5 minutes par un LPO à l'effectif raisonnable (à peu près 50 exécutants) galvanisé sous la baguette de son chef. Attaques hyper-précises, impeccable cohésion de l'ensemble, battue sèche et tranchante de Jurowski dans son style caractéristique : interprétation d'un rare mordant, radicalement différente à celle que j'avais pu entendre à Cardiff avec Eschenbach/Dresde donnée en bis . Efficace !

Dans Rachmaninov, refus de toute complaisance dans les passages"lyriques", l'impression que tout est juste et limpide. Jurowski n'observe aucun ralenti mal placé, ne prend jamais la pose et va droit à l'essentiel. Une vision apparemment partagée par Lugansky qui survole dans le bon sens du terme le concerto. Techniquement impressionnant, malgré de menues imprécisions dans la descente des toutes premières mesures du 1er mouvement (il faut dire qu'il faisait une chaleur terrible dans la salle et que ses mains devaient déjà être moites avant même de commencer !). L'accompagnement du Philharmonique de Londres, un peu renforcé en effectif par rapport à Beethoven, se montre irréprochable jusqu'à la dernière note. Lugansky offre l'un de ses bis favoris, la 1ère arabesque de Debussy, élégante au possible et littéralement effleurée par le pianiste.

Après l'entracte, c'est au tour de la 4e symphonie de Brahms d'être décortiquée par le maestro Jurowski. De la puissance sans opulence, le travail du Russe paraît méticuleux, minutieux, où tout a un sens. Toujours à Cardiff, j'avais assité à une 1ère de Brahms par Eschenbach/Dresde avec un orchestre stupéfiant par sa pâte orchestrale de la Staatskapelle, c'était proprement parfait, avec un son très allemand mais aussi le sentiment que les musiciens jouaient en roue libre. Là, Jurowski dirige de main de maître son orchestre et le maintien sous tension jusqu'au Finale, jamais pompeux mais qui aurait peut-être mérité un peu plus de puissance (c'est là ma seule mini-objection). Les 70 musiciens du LPO sont impressionnants de maîtrise dans les 2e et 3e mouvements.

Bref, une leçon de direction d'orchestre et de musique, malgré l’acoustique décidément beaucoup trop sèche du Théâtre musical. C'est la 3e fois que j'entends le LPO en concert, la 2e fois avec Jurowski, et c'est le concert qui me laisse la meilleure impression. Il répond au quart de tour aux gestes de Jurowski et offre une sonorité agréable, pouvant être rugueuse dans les moments opportuns.

Du jamais vu depuis plusieurs années à Besançon, foi d'un Bisontin d'origine !