Festival de Besançon & Concours international jeunes chefs

Le 66e Festival international de musique de Besançon démarre demain vendredi pour 2 semaines de musique. C'est l'un des plus anciens festivals français (l'un des plus tardifs dans la saison aussi).

Cette année (comme tous les 2 ans), le Festival sert de support au Concours international de jeunes chefs (53e édition), l'un des plus prestigieux au monde, qui a notamment sacré et révélé Seiji Ozawa en 1959, Jesus Lopez Lobos en 1968, Jacques Mercier en 1972, Yoel Levi en 1978, Osmo Vänskä en 1982, Yutaka Sado en 1989, ainsi que Lionel Bringuier (2005) et Kazuki Yamada (2009).

Ozawa était d'ailleurs revenu à Besançon en 2009 (avec l'ONF), 50 ans après.

Le concours (20 candidats retenus sur 500 candidatures) s'organise de la manière suivante :
- lundi, 1/8e de finale : Beethoven, Symphonie n°4 (extraits)
- mardi, 1/4 de finale (10 candidats) : Fauré, Pelléas et Mélisande (extraits) / Hindemith, Symphonie "Mathis le Peintre" (extraits)
- mercredi après-midi, 1/2 finale "opéra" (6 candidats) : Tchaïkovsky, La dame de pique (extraits)
- mercredi soir, 1/2 finale "oratorio" (6 candidats) : Mendelssohn, Elias (extraits)
- samedi, finale (3 candidats, oeuvres jouées en intégralité) : Mochizuki, Musubi II (création mondiale) / Brahms, Concerto pour violon (soliste : Nemanja Radulovic) / Stravinsky, L'Oiseau de Feu (suite n°2).

Le jury est président par Gerd Albrecht (ex-directeur musical de la Tonhalle de Zürich et de la Philharmonie tchèque).
Les candidats dirigent l'Orchestre Victor-Hugo Franche-Comté pour les 1/8e de finale, et l'Orchestre National de Lorraine à partir des 1/4.
A noter qu'il n'y a aucun français parmi les 20 candidats.


Et puis sinon le Festival se déroule de manière classique, avec pas mal de concerts symphoniques et de musique de chambre. Niveau orchestre, le Philharmonique de Strasbourg et de Bruxelles, le Symphonique de Berlin et de Moscoun, National de Lyon et de Lorraine... Et comme solistes : Viktoria Mullova, Nicholas Angelich, Nemanja Radulovic, Gauthier Capuçon.

Le petit évènement, c'est le Sacre du Printemps joué pour la première fois par l'Orchestre de Besançon (qui s'appelle aujourd'hui Orchestre Victor-Hugo Franche-Comté), qui sera renforcé pour l'occasion de l'Orchestre de l'Opéra de Rouen?

Voici les principaux temps forts (tous les concerts se déroulent à Besançon sauf celui des Berliner Symphoniker le 26 septembre).

Vendredi 13 septembre, Concert d'ouverture en plein air
Orchestre Philharmonique de Strasbourg, direction Marko Letonja
Wagner, Rienzi (ouverture) / Grieg, Peer Gynt (suites n°1 & 2) / Verdi, La Force du Destin (ouverture) / Khatchaturian, Masquerade (suite)

Samedi 14 septembre
Brussels Philharmonic, direction Michel Tabachnik
Mochizuki, Trois Mille Mondes / Lalo, Concerto pour violoncelle (soliste : Gavriel Lipkind) / Ravel, La Valse / Debussy, La Mer

Samedi 14 septembre & dimanche 15 septembre
Marc Coppey, violoncelle
Bach, Suites n°1 à 6 / Mantovani, One way / Carter, Figment

Jeudi 19 septembre
Orchestre National de Lorraine, direction Jacques Mercier
Webern, Passacaille / Berg, Concerto pour violon "A la mémoire d'un ange" (soliste : Nemanja Radulovic) / Wagner, Tannhäuser (Ouverture), Lohengrin (Prélude Acte I), Tristan et Isolde (Prélude et Mort d'Isolde)

Dimanche 22 septembre
Accademia Bizantina, clavecin et direction Ottavio Dantone, violon Viktoria Mullova
Bach : Concertos pour violon BWV 1041, 1042, 105, Concerto pour violon, clavecin et orchestre BWV 1060

Mardi 24 septembre
Orchestre Victor-Hugo Franche-Comté et Orchestre de l'Opéra de Rouen Haute-Normandie, direction Jean-François Verdier
Stravinsky : Trois pièces pour clarinette seule, L'Histoire du soldat (suite), Le Sacre du Printemps / Ravel, Boléro

Jeudi 26 septembre
Orchestre d'Auvergne, direction Roberto Forés Veses
Beethoven, Quatuor à cordes n°13 (Cavatina) / Vasks, Concerto pour violon "Distant light" (soliste : Fanny Clamagirand) / Tchaïkovsky, Sérénade pour orchestre à cordes

Jeudi 26 septembre (à Belfort)
Berliner Symphoniker, direction Scott Ellaway
Wagner, Sigfried Idyll / Dvorak, Concerto pour violoncelle (soliste : Gauthier Capuçon) / Beffa, La Nef des fous / Beethoven, Symphonie n°5

Vendredi 27 septembre
Orchestre National de Lyon, direction Gerd Albrecht
Beethoven, Les Créatures de Prométhée (Ouverture), Concerto pour piano n°3 (soliste : Nicholas Angelich) / Dvorak, Symphonie n°7

Samedi 28 septembre, concert de clôture
Moscow City Symphony, direction Kazuki Yamada
Mochizuki, Musubi / Khatchaturian, Concerto pour violon (soliste : Leonard Schreiber) / Rachmaninov, Symphonie n°2

tomseche89 a écrit:

l'un des plus prestigieux au monde, qui a notamment sacré et révélé Seiji Ozawa en 1959 [...]Yoel Levi en 1978 [...] Osmo Vänskä en 1982 [...] Yutaka Sado en 1989

C'est moi, ou ta liste accrédite l'impression de déclin ?

Sinon, le concours est intéressant, mais il ne récompense qu'une catégorie de chefs, les itinérants qui doivent en quelques instants imposer leur vision (avec notamment l'exercice de répétition à vue). Ça ne prépare pas du tout à une collaboration régulière, même si ce paramètre est bien sûr à peu près impossible à mettre en œuvre dans un concours.

De toute façon, pour le profane (je veux dire le non-chef), il est à peu près impossible de juger des qualités d'un chef sur des bouts dépareillés de ce genre ; je suppose que ça met en évidence les qualités techniques et la réactivité du chef, mais l'essentiel du travail reste assez insaisissable. Sans parler des paramètres de compatibilité, tous les chefs et tous les orchestres ne s'accommodant pas.

DavidLeMarrec a écrit:

tomseche89 a écrit:

l'un des plus prestigieux au monde, qui a notamment sacré et révélé Seiji Ozawa en 1959 [...]Yoel Levi en 1978 [...] Osmo Vänskä en 1982 [...] Yutaka Sado en 1989

Sinon, le concours est intéressant, mais il ne récompense qu'une catégorie de chefs, les itinérants qui doivent en quelques instants imposer leur vision (avec notamment l'exercice de répétition à vue). Ça ne prépare pas du tout à une collaboration régulière, même si ce paramètre est bien sûr à peu près impossible à mettre en œuvre dans un concours.

De toute façon, pour le profane (je veux dire le non-chef), il est à peu près impossible de juger des qualités d'un chef sur des bouts dépareillés de ce genre ; je suppose que ça met en évidence les qualités techniques et la réactivité du chef, mais l'essentiel du travail reste assez insaisissable. Sans parler des paramètres de compatibilité, tous les chefs et tous les orchestres ne s'accommodant pas.

Absolument, l'épreuve est bien sur très subjective. Les musiciens me disent qu'il leur suffit de 2-3 minutes de répétition, pour sentir si le courant passe ou non. Mais le courant pourra passer avec un orchestre et pas un autre, évidemment.

Malgré tout le concours est suffisamment étalé dans le temps (une semaine, 5 épreuves) pour permettre de balayer, au moins rapidement, tous les types de répertoire (symphonique, lyrique, concertant).

Sinon, le concert d'ouverture était très réussi. Le Philharmonique de Strasbourg est décidément une solide formation avec de très beaux cuivres. Le chef Marko Letonja est très carré, tant dans sa vision des oeuvres que dans sa battue. Les ouvertures de Rienzi et la Force du Destin auraient peut-être gagnées à être prises un poil plus rapidement. RAS sur la suite Masquerade de Khatchaturian, très sympathique à écouter tout comme la 2e suite de Peer Gynt qui est moins connue que la 1ère.
Entre 5 et 7.000 personnes sont venues assister à ce concert en plein air.

On peut revoir le beau concert d'ouverture par le Philharmonique de Strasbourg sur le site de France 3 Franche-COmté à l'adresse suivante. L'occasion de profiter des beaux cuivres de l'orchestre dans Rienzi et la Forza del Destino, qui a assuré malgré des conditions acoustiques et climatiques toujours délicates lors de l'exercice du concert en plein air

http://franche-comte.france3.fr/2013/09/06/concert-d-ouverture-du-festival-international-de-musique-de-besancon-313307.html

(manque juste la suite n°1 de Peer gynt et une partie de Masquerade).


Et sur ce même site de France 3, un feuilleton sympa sur le concours des jeunes chefs et ses coulisses :

http://culturebox.francetvinfo.fr/vivez-le-concours-de-chefs-dorchestre-de-besancon-au-jour-le-jour-142047


Le concours a sacré un jeune taïwanais (24 ans), au détriment d'un Allemand (assistant au Gewandhaus) et d'un Hongrois, pourtant tous deux plus expérimentés et surtout convaincants tout au long de la semaine. Mais le Taïwanais a remporté l'adhésion dans l'Oiseau de feu lors de la finale !
Il remporte le Grand Prix et 12.000 euros, ainsi que engagements avec une vingtaine d'orchestres de par le monde.

Pour le prochain concours, dans 2 ans, le directeur du festival a assuré avoir reçu beaucoup de candidatures d'orchestres pour assurer les épreuves, et l'heureux élu sera un orchestre étranger d'après les premières indiscrétions (qui succédera au National de Lorraine, Brussels Philharmonic et BBC Symphony).

Le Festival se poursuit jusqu'à samedi, avec un Sacre du Printemps mardi qui suscite un énorme engouement (c'est déjà complet) et aussi pas mal de pression pour les musiciens de l'Orchestre de Besançon Franche-Comté qui n'ont jamais été confrontés à cet "everest", un peu banal pour ceux qui fréquentent les plus grandes salles du monde mais qui reste totalement exceptionnel pour l'une des plus petites formations de province.

tomseche89 a écrit:

Vendredi 27 septembre
Orchestre National de Lyon, direction Gerd Albrecht
Beethoven, Les Créatures de Prométhée (Ouverture), Concerto pour piano n°3 (soliste : Nicholas Angelich) / Dvorak, Symphonie n°7

Concert décevant. Angelich joue bien, c'est techniquement irréprochable, mais l'interprétation ne m'a pas convaincue : tempi beaucoup trop lents. Est-ce un souhait du chef ?
Car l'orchestre, déjà pas aidé par ces tempi difficiles à tenir, est quasiment livré à lui-même avec une direction catastrophique de Gerd Albrecht. A deux reprises d'ailleurs, ses gestes incompréhensibles créent un mouvement de panique dans l'orchestre, qui n'ose pas partir... avant qu'il ne sorte de sa léthargie et se mette à faire de grands mouvements désespérés, déclenchant enfin la réaction des musiciens. Incroyable...

Passons sur l'ouverture des créatures de Prométhée, insignifiante.

Heureusement la 7e de Dvorak sera plus réussie, bravo à l'orchestre. La battue d'Albrecht reste, pour le spectateur lambda que je suis, beaucoup trop large et imprécise, mais l'orchestre lyonnais a décidément bien progressé depuis qu'il est dirigé par Slatkin et le résultat était plutôt convaincant. J'ai beaucoup appréciée la symphonie en elle-même, au-delà de l'interprétation ; et pourtant j'avais eu du mal lors de ma seule écoute en live (ONF/Davis l'été dernier).

tomseche89 a écrit:

La battue d'Albrecht reste, pour le spectateur lambda que je suis, beaucoup trop large et imprécise,

La battue est cela dit un élément très mineur dans le travail d'un chef, il faut se méfier de ce genre d'apparence. En tout cas, cela dépend du temps de répétition et de la relation du chef avec la phalange : s'il n'a jamais travaillé avec l'orchestre et qu'il n'a que deux sessions pour une symphonie de Mahler, il est certain qu'il a intérêt à avoir une gestique claire !

Dans ton cas, ça s'entendait manifestement, donc ça confirme assez la chose, mais d'une manière générale, je suis très dubitatif sur l'évaluation d'un chef sur sa battue (et même sur l'évaluation d'un chef en général, tant son action tient de l'impalpable...).

DavidLeMarrec a écrit:

tomseche89 a écrit:

La battue d'Albrecht reste, pour le spectateur lambda que je suis, beaucoup trop large et imprécise,

La battue est cela dit un élément très mineur dans le travail d'un chef, il faut se méfier de ce genre d'apparence. En tout cas, cela dépend du temps de répétition et de la relation du chef avec la phalange : s'il n'a jamais travaillé avec l'orchestre et qu'il n'a que deux sessions pour une symphonie de Mahler, il est certain qu'il a intérêt à avoir une gestique claire !

Dans ton cas, ça s'entendait manifestement, donc ça confirme assez la chose, mais d'une manière générale, je suis très dubitatif sur l'évaluation d'un chef sur sa battue (et même sur l'évaluation d'un chef en général, tant son action tient de l'impalpable...).

Absolument, c'est pour ça que d'habitude je n'en parle pas (par exemple, à mes yeux Gergiev a une battue complètement incompréhensible, et pourtant), mais là...