Jimi Hendrix

[quote] "J'ai lu quelque part - il me semble que c'est dans la bio de Charles Shaar Murray - que Hendrix avait fait en sorte de ne pas s'engager ouvertement dans le Black Power, estimant avec raison qu'il risquerait d'y perdre une grande partie de ses admirateurs indifférents à sa couleur de peau - en 1966, ces choses avaient malheureusement une grande importance."

C'est exact, mais il y avait aussi le fait que Hendrix a été victime de harcèlement policier à New York. Et lors de son passage, en 1969, au Canada, il fut arrêté pour possession de drogue. Or, le témoignage formel d'une journaliste a permis de faire acquiter Hendrix. Elle avait vu quelqu'un mettre quelque chose dans son sac aux douanes... Plusieurs avaient pensé, à l'époque, à un "frame up".

Hendrix était conscient que déjà sa musique, en soi, était un témoignage pour le moins évident de ses positions. L'impact de sa musique se révélait une force idéologique non négligeable en faisant vivre les émotions vécues par les victimes de la guerre. La discrétion de Hendrix lors de talk-shows ou interviews laisse croire à un non-engagement politique, mais ça ne l'empêchait pas autrement de dénoncer la répression (guerre au Vietnam, mattraquage à Berkeley, racisme, etc.). D'autre part, je pense que si Hendrix s'était engagé politiquement de façon ouverte, il aurait eu bien des bâtons dans les roues et probablement pris des risques inutiles.

Je suis étonné d'avoir lu des commentaires élogieux sur Woodstock dans les 1ères pages. Hendrix y joue vraiment assez mal. D'ailleurs, il était plutôt mauvais en concert, la faute aux substances diverses et variées j'imagine !

Ceci dit, si un concert relève le niveau, on peut noter celui de Berkeley ! Celui avec le Band Of Gypsies et d'une qualité musicale étonnante également.

Sinon, je vous confie une petite perle : Hendrix a enregistré en studion en 1967, une version de la chanson Bold As Love tout à fait renversante ! Version "outtake" comme on dit.
Vous devriez pouvoir trouver ça sur le tube.

Mario Ouellette a écrit:

Citation :

"J'ai lu quelque part - il me semble que c'est dans la bio de Charles Shaar Murray - que Hendrix avait fait en sorte de ne pas s'engager ouvertement dans le Black Power, estimant avec raison qu'il risquerait d'y perdre une grande partie de ses admirateurs indifférents à sa couleur de peau - en 1966, ces choses avaient malheureusement une grande importance."

C'est exact, mais il y avait aussi le fait que Hendrix a été victime de harcèlement policier à New York. Et lors de son passage, en 1969, au Canada, il fut arrêté pour possession de drogue. Or, le témoignage formel d'une journaliste a permis de faire acquiter Hendrix. Elle avait vu quelqu'un mettre quelque chose dans son sac aux douanes... Plusieurs avaient pensé, à l'époque, à un "frame up".

Hendrix était conscient que déjà sa musique, en soi, était un témoignage pour le moins évident de ses positions. L'impact de sa musique se révélait une force idéologique non négligeable en faisant vivre les émotions vécues par les victimes de la guerre. La discrétion de Hendrix lors de talk-shows ou interviews laisse croire à un non-engagement politique, mais ça ne l'empêchait pas autrement de dénoncer la répression (guerre au Vietnam, mattraquage à Berkeley, racisme, etc.). D'autre part, je pense que si Hendrix s'était engagé politiquement de façon ouverte, il aurait eu bien des bâtons dans les roues et probablement pris des risques inutiles.

La journaliste que tu cites est Sharon Lawrence qui fut une de ses amies les plus proches. Je viens d'ailleurs de lire la biographie de Hendrix qu'elle a écrite en 2005 où elle relate, dans le détail, cette sinistre affaire. J'en profite pour dire ici que cette bio est excellente en tout point et qu'elle s'attarde notamment sur certains aspects peu ragoutants de l'entourage du guitariste. En vrac, les producteurs (Mike Jeffery, Alan Douglas et Ed Chalpin), les tapeurs en tout genre et... la famille. Il est notamment intéressant de lire cette description détaillée de la pompe à fric phénoménale mise en place par sa soeur et son père après son décès.

Je reviens sur le fait que Hendrix ne se soit pas engagé sur la cause des noirs. Sharon Lawrence témoigne de pressions très fortes des Black Panthers à son encontre et qu'il aurait notamment été menacé par des gros bras peu avant son entrée sur scène lors d'un concert au USA. Hendrix considérait qu'il devait son succès à l'Angleterre "blanche" (qu'on me pardonne cette formule aujourd'hui criticable) et qu'il se devait, par conséquent, d'éviter toute prise de position de nature raciale.

MaximeR a écrit:

Je suis étonné d'avoir lu des commentaires élogieux sur Woodstock dans les 1ères pages. Hendrix y joue vraiment assez mal. D'ailleurs, il était plutôt mauvais en concert, la faute aux substances diverses et variées j'imagine !

Ceci dit, si un concert relève le niveau, on peut noter celui de Berkeley ! Celui avec le Band Of Gypsies et d'une qualité musicale étonnante également.
...

Tu as raison mais ce concert était avant tout emblématique de la contestation de la guerre du Vietnam. Sa version de Star Sprangled Banner, en imitant le son des bombardements se voulait militante. Sur le plan musical, c'est assez moyen et la strat y est désaccordée à un point difficilement soutenable par moments. Je crois que Hendrix était surtout victime de son personnage sur scène en ce sens qu'il ne pouvait apparaître sans jouer un solo avec les dents, avec la guitare dans le dos ou même se rouler par terre avec. Il disait lui-même que le public en redemandait et que ça commençait à le fatiguer pour dire les choses poliment. Nul doute que ces pitreries affectaient son jeu.
Pour le concert du Fillmore (A Band of Gypsys), rien de tel. Il était programmé pour un enregistrement live pour le compte d'Atlantic Records. On voit bien sur les vidéos que Hendrix bouge fort peu et qu'il se concentre sur son jeu. Les spectateurs ont d'ailleurs été déçus parce qu'ils n'ont pas eu leur lot habituel de "singeries" - ce qui montre à quel point ils se foutaient de la musique.

[quote]Je crois que Hendrix était surtout victime de son personnage sur scène en ce sens qu'il ne pouvait apparaître sans jouer un solo avec les dents, avec la guitare dans le dos ou même se rouler par terre avec. Il disait lui-même que le public en redemandait et que ça commençait à le fatiguer pour dire les choses poliment. Nul doute que ces pitreries affectaient son jeu.

Tout à fait d'accord là-dessus, précisément dans la mesure où il était aussi victime de son personnage. Vers la fin, lors d'une interview, il disait "I dont want to be a clown anymore". Il aurait été pertinent qu'il prenne un certain recul. En presque quatre ans, son évolution fut très rapide, peut-être même trop. Il voulait s'orienter vers le jazz, disant qu'il avait "fait le tour du rorck".

Bonjour Mario, pour Woodstock, comme je l'ai dis plus haut, il y a le concert "officiel" avec le groupe de l'occasion, qui est moyen à ma convenance, et puis il y a le concert "off" quand il dit que le concert est terminé et qu'il va faire des essais et que ceux des spectateurs qui veulent rester le peuvent; là c'est pour moi ce qu'il voulait faire plus tard. Mitch Mitchell est 100% présent. ça me fait penser à dernière période de Coltrane. Ou à la 4ième partie de la seconde sonate de Chopin qui est free (j'écoute attentivement ce que font les pianistes de ce quatrième mouvement). Ce n'est que mon opinion, on ne pourra jamais le savoir.

le Zéphyre a écrit:

Bonjour Mario, pour Woodstock, comme je l'ai dis plus haut, il y a le concert "officiel" avec le groupe de l'occasion, qui est moyen à ma convenance, et puis il y a le concert "off" quand il dit que le concert est terminé et qu'il va faire des essais et que ceux des spectateurs qui veulent rester le peuvent; là c'est pour moi ce qu'il voulait faire plus tard. Mitch Mitchell est 100% présent. ça me fait penser à dernière période de Coltrane. Ou à la 4ième partie de la seconde sonate de Chopin qui est free (j'écoute attentivement ce que font les pianistes de ce quatrième mouvement). Ce n'est que mon opinion, on ne pourra jamais le savoir.

Tes liens sont très pertinents à mon avis et je penche dans le même sens que toi. Hendrix devait répondre "à la demande" mais ne voulait pas se priver d'aller plus loin. J'aime beaucoup "Villanova junction" où Hendrix, après son feu d'artifice, joue quelque chose d'à la fois profond et inattendu. Ce que j'aime d'Hendrix, c'est toujours son côté imprévisible et créatif, ce que l'approche du jazz sollicite aussi (je pense à Miles Davis, Coltrane, Roland Kirk, etc.). Pour le quatrième mouvement (presto) de la seconde sonate de Chopin (op. 35), je ne l'ai pas en mémoire mais je vais le réécouter.

Est-ce que quelqu'un peut me dire la raison pour laquelle, lorsque je regarde le DVD de Woodstock, je n'entends pas du tout les congas ?

Ils ou elles ont été coupé(e)s au mixage!

Mais pourquoi ?

Je n'ai pas d'explications, est-ce qu' Hendrix a eu le temps de faire le montage son avant son décès un an après? Je n'en sais rien.
La version d"Hey Joe" avec laquelle il termine le concert est magnifique. Très différente de la version originale.

De ce que j'en sais, ils n'ont pas été coupé au montage, mais les micros étaient tout simplement défectueux !

Ca semble flou aujourd'hui, pour un festival d'une telle ampleur, mais en regardant, on se rends bien compte que l'organisation était du grand n'importe quoi ! Et ça ne me choque pas plus que ça.

Moi non plus, le percussionniste se déchaîne et avec le feu de Mitchell, ça aurait été indigeste. On entend d'autant mieux Hendrix, l'essentiel est préservé.

Je ne sais pas si le festival fut sur la corde raide au plan technique, mais pour Hendrix, on est quand même le lundi matin, ça n'était pas prévu, les mecs sont défoncés, le terrain est jonché de détritus, on imagine le tout à l'avenant... Si ça se trouve, les hélicos de l'armée passaient avec des mégaphones en hurlant : "allez, plus vite, on remballe".

Zeno a écrit:

Mais pourquoi ?

il y avait également énormément de problème de sono, Eddie Kramer a dû sacrément jonglé entre les pistes sonores et les pistes réservées aux caméras pour la poste-synchro, sans oublier l'état précaire du matériel proposé qui d'après mes souvenirs tenait du miracle alors oui biensûr les congas sont un peu passé à la trape, Mitch Mitchell (le batteur) ne les appréciait pas des masses, ça parasité son jeu, le jeu de Larry Lee était moyen, Mais Jimi était au top (enfin surtout lors de la seconde partie, car il est vrai que la première est aproximative)

In fine, personne ne se plaindra !