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| | Versailles - Dauvergne: Hercule Mourant - Christophe Rousset | |
| | Auteur | Message |
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Froberger Mélomaniaque
Nombre de messages : 863 Date d'inscription : 05/05/2010
| Sujet: Versailles - Dauvergne: Hercule Mourant - Christophe Rousset Dim 20 Nov 2011 - 3:05 | |
| Magnifique. Pas du niveau de Bellérophon (pour citer un autre succès récent de Christophe Rousset), mais une découverte très intéressante, d'une tragédie lyrique (une vraie) composée après la mort de Rameau. Voici la Chaconne. L'album sort en octobre 2012. |
| | | Froberger Mélomaniaque
Nombre de messages : 863 Date d'inscription : 05/05/2010
| Sujet: Re: Versailles - Dauvergne: Hercule Mourant - Christophe Rousset Jeu 12 Jan 2012 - 5:25 | |
| Absolument magnifique, je n'ai pas arrêté de réécouter mon enregistrement personnel, et suis ravi de voir que cette tragédie lyrique a été diffuser sur France Musique. http://sites.radiofrance.fr/francemusique/em/concert-soir/emission.php?e_id=80000056&d_id=425006347 C'est vraiment une superbe interprétation (vraiment Christophe Rousset : ), d'une œuvre qui — si elle n'est peut-être pas du goût de tout le monde — est réellement une fascinante transition entre le baroque tardif de Rameau, et le classicisme naissant. Et le plus curieux dans tout ça, c'est qu'au niveau des récitatifs — et de la fluidité de passage entre récitatifs et morceaux plus "arioso" — la composition est beaucoup plus proche de Lully. Au besoin, sautez les divertissements parfois un peu trop nombreux, mais laissez vous tenter. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Versailles - Dauvergne: Hercule Mourant - Christophe Rousset Mar 24 Jan 2012 - 16:56 | |
| j'ai donc écouté hier soir cet Hercule Mourant de Dauvergne, et curieusement j'ai réussi à l'entendre en entier (2 heures trente tout de même) sans éprouver de grande lassitude, et même en y trouvant de l'intérêt, que j'étais prêt à lui accorder il est vrai en raison du sujet qui fait partie de mes dadas du moment et même de tout un projet de fin de vie, mais mes raisons personnelles importent peu.
Si j'ai bien suivi la leçon, on est en 1761 au tout début de la tragédie lyrique réformée, c'est à dire, sans prologue, avec apparition de véritables arias au lieu du récitatif continu, particulièrement habillé et qui devient essentiellement accompagnato. L'oeuvre succède sur scène aux Paladins de Rameau. Dès le début, après une véritable ouverture, on a un arioso d'entrée, un choeur assez réussi, un premier divertissement, enchaînement sur un deuxième air "triomphe" assez bien construit qui tire déjà sur l'opéra. Le premier acte se conclut sur un duo vif assez bien venu. Le deuxième acte, le plus long et le plus embrouillé commence par une noble introduction et un air de Iole (la chanteuse est très mauvaise mais l'obligato de flûte plutôt réussi. L'Hylas (Hilus) de Gonzales Toro n'est pas non plus des plus brillants,même si on le comprend bien. De l'autre côté du divertissement la scène Iole-Déjanire est musicalement assez réussie ("laissez-moi retourner au lieu de ma naissance" trouve des accents assez émouvants). Le problème récurrent est hélas le nombre de danses et de divertissements qui -quoique traditionnels on l'entend bien- nuisent au ton général dramatique. Le grand récitatif de Déjanire en fin d'acte où les cordes trouvent des figurations d'une grande originalité (pour l'époque) est ainsi couronné d'une petite ritournelle insignifiante.
Je constate que même ceux qui trouvent ça génial sont un peu trop divertis par ces changements de ton. Dans ces moments de relâchement, la convention l'emporte malheureusement sur la volonté de faire du théâtre.
Mais vient le troisième acte, particulièrement sombre et l'air d'Hercule "trompeuse image de ma gloire/ cachez ma honte à l'univers" crée une rupture spectaculaire. Ici le texte de Marmontel devient enfin digne du sujet et le dialogue Phloctète/Alcide est particulièrement réussi (outre un excellent Andrew Foster-Williams) La beauté fut toujours l'écueil de ma vertu -On succombe aisément aux dangers que l'on aime Ton coeur ne connaît point ce qu'il peut sur lui-même... etc Le choeur des jeux olympiques qui succède relève cette fois du grand divertissement avec fanfares haendelienne (ou à la Delalande) puis développements contrapuntiques particulièrement intéressants, après la belle invocation d'Alcide à son père (Jupiter). Nous voilà assez proche du grand seria tel qu'il s'éteindra bientôt, et ce troisième acte atteint presque au "sublime". On pense dans ce milieu d'acte à rien moins que certaines scènes d'Idoménée. Le noeud du drame se conclue par une scène plus convenue mais dramatiquement forte.
Le quatrième acte connaît une magnifique introduction sans se prolonger en aria di tempesta malheureusement. Les choeurs de prêtres et la scène du récit d'Hylas reste assez réussie malgré une ornementation un peu excessive.
Toute la construction culmine dans un cinquième acte superbe, de l'introduction sinistre avec son cor pleureur et ses choeurs funèbres, jusqu'à un épithalame du registre de la Clémence de Titus à une espèce d'invocation au feu à l'envers quand le ciel se décide enfin à allumer le bûcher et que l'orchestre retrouve des accents incendiaires assez uniques. L'apothéose finale est mieux vue dans sa symbolique que dans sa réalisation, mais on se prend à rêver de ce que la scène pourrait donner en spectacle, avec des moyens conséquents et le souvenir du décorum que Lebrun mettait à la même imagerie: le choeur est digne des grands motets de Charpentier. Le final orchestral reste un peu en dessous, parce qu'après deux heures de musique consonante, des oreilles habituées à des moyens un peu moins harmoniquement tonals fatiguent un peu, et que l'imagination du compositeur ne permet pas tout à fait de transcender ce moment symphonique qui se résout en aimable ballet alors que l'ensemble suggérait un peu plus de vivacité et de puissance théâtrale. Peut-être ne faut-il pas néanmoins sous-estimer cette volonté à conclure par un dernier geste symphonique d'ampleur comme par une ouverture en miroir qui nous conduit directement par-dessus le siècle suivant à l'esprit d'un spectacle total wagnérien avant la lettre. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Versailles - Dauvergne: Hercule Mourant - Christophe Rousset Mar 24 Jan 2012 - 17:09 | |
| il vous reste dix-sept jours pour le réécouter sur le site de France Musique, et même si ça demande un petit effort de départ pour qui n'est pas familier de la trame, ça serait dommage de rater ça. Je ne suis pas sûr que les amateurs d'opéra romantique ne soient finalement plus convaincus que les lullystes. Personnellement je suis plus convaincu par l'oeuvre que par n'importe quel opéra de Gluck. Quoique le style soit différent je mettrai ça au niveau de certains Salieri ou de Joseph Haydn, avec un sens du théâtre plus développé qu'aucun des deux. |
| | | Froberger Mélomaniaque
Nombre de messages : 863 Date d'inscription : 05/05/2010
| Sujet: Re: Versailles - Dauvergne: Hercule Mourant - Christophe Rousset Sam 28 Jan 2012 - 14:30 | |
| - sud273 a écrit:
- Froberger a écrit:
- sud273 a écrit:
- Je vais aller écouter cet Hercule mourant dont je m'étais dit qu'il pouvait bien avoir un certain rapport avec la tragédie de Rotrou Hercule sur l'Oeta qui m'avait impressionné.
D'un autre côté si tu méprises la ligne du retour du baroque, je ne pense pas que ça te convainque plus qu'autre chose. Non je méprise juste ce qui est mal fait ou me paraît une contrefaçon inepte. Je me félicite au contraire qu'on ressorte des inédits des tiroirs, pas qu'on en crée de toutes pièces alors que le répertoire est riche. Tu verras ici https://classik.forumactif.com/t5800-versailles-dauvergne-hercule-mourant-christophe-rousset que j'ai plutôt aimé ce que j'ai entendu, je l'ai même écouté partiellement une deuxième fois, et je pense que ce n'est pas fini. Cela dit, je reste perplexe devant l'absence de réactions des amateurs de tragédie lyrique. La seule explication que j'y trouve c'est que cet Hercule est effectivement trop moderne et trop dans l'entre-deux pour séduire les amateurs de baroque. C'est marrant, récemment, on a pu voir, un petit engouement pour "Ismène et Isménias" presque exactement contemporain de "Hercule Mourant". - atomlegend a écrit:
- Jean-Benjamin de Laborde : Ismène et Isménias . ( 1763 )
L'Oeuvre est géniale , orchestre et choeurs amateurs ça s'entend, c'est bien sur dommageable, dans le sens ou on aimerait l'entendre par un ensemble avertit. Pas mal de désiquilibre orchestre/chant. Mais en extrapolant on entend bien que c'est admirable. C'est quand même un sacré mélange des 3 écoles qui tend parfois' dans les envolées vers un classicisme. Les récitatifs sont Lullystes 100%.
Merci David pour la découverte - Ophanin a écrit:
- J'ai survolé le début, ça a l'air pas mal effectivement. De très beaux récitatifs.
L'œuvre de La Borde (ne parlons même pas de l'interprétation) me semble moins intéressante que celle de Dauvergne. Mais peut-être que c'est justement parce que l'œuvre de La Borde est moins inventive qu'elle remporte ici plus de succès, malgré les chanteurs qui ont perdu toutes réalités du diapason. |
| | | Ophanin Fer galant
Nombre de messages : 4576 Age : 37 Date d'inscription : 13/12/2008
| Sujet: Re: Versailles - Dauvergne: Hercule Mourant - Christophe Rousset Sam 28 Jan 2012 - 15:13 | |
| J'ai juste écouté un tout petit bout du La Borde, alors que Dauvergne je m'en suis enfilé tout l'acte I d'une traite sans m'en rendre compte. (et la chaconne) |
| | | Froberger Mélomaniaque
Nombre de messages : 863 Date d'inscription : 05/05/2010
| | | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Versailles - Dauvergne: Hercule Mourant - Christophe Rousset Sam 3 Déc 2016 - 23:18 | |
| Ma contribution relève plutôt de la discographie, mais bon... • Andrew Foster-Williams (Hercule), Véronique Gens (Déjanire), Emiliano Gonzalez Toro (Hilus), Edwin Crossley-Mercer (Philoctète), Julie Fuchs (Ïole), Jaël Azzaretti (Dircé, Une Thessalienne, Une captive), Alain Buet (La Jalousie, Jupiter), Jennifer Borghi (Junon), Romain Champion (Le Grand Prêtre de Jupiter, Un Thessalien), Christophe Rousset / Les Talens Lyriques, Olivier Schneebeli / Les Chantres du Centre de musique baroque de Versailles En public, Versailles, XI.2011 ApartéDéjà, à la base, je fais partie de ces amateurs de tragédie lyrique antéramiste, donc a priori pas forcément réceptif à la «modernité» de Dauvergne (je vois mal en quoi c’est un «progrès» que de raboter le sprechgesang lullyste pour le rapprocher d’un seria déjà exsangue). De fait, j’ai été assez frustré par ces divertissements interminables qui viennent interrompre le drame à tout bout de champ - un peu comme dans Scylla et Glaucus de Leclair, sauf que les ballets ici ont un côté formulaire et nonchalant, alors que ceux de Leclair me semblent plus animés (mais ça tient peut-être moins à l’écriture de Dauvergne qu’à la manière indolente de Rousset). C’est d’autant plus dommage que le livret est lui-même loin d’être languissant (a fortiori si on le compare au soporifique Hercules de Haendel, sur le même sujet). Quant à l’écriture vocale, on est surtout au milieu du gué: c’est moins resserré sur la déclamation expressive que dans le style récitatif lullyste, c’est vocalement plus expansif, mais ça ne verse pas non plus franchement dans la succession d’arias à vocalises du seria. Ça aurait pu me plaire si le contenu musical avait été un peu moins confortable et convenu - ça n’est ni paré de couleurs originales comme chez Rameau ou Rebel, ni tendu harmoniquement comme chez Leclair, et l’on n’est pas non plus passé à autre chose comme dans les deux Iphigénie de Gluck ou comme chez Grétry. Quant à l’interprétation, cet enregistrement me semble d’un niveau assez hétérogène. Véronique Gens, est toujours aussi admirable: galbe de la voix, diction souveraine, intensité dramatique - tout y est, avec cette noblesse du port vocal qui n’est qu’à elle. Tout aussi prévisiblement admirables: l’intelligibilité et la fermeté des Chantres du CMBV sous la direction d’Olivier Schneebeli, la franchise et le mordant d’Alain Buet. J’ai aussi beaucoup aimé Jaël Azzaretti que j’entendais pour la première fois: chant vif et bien articulé, timbre un peu acide, elle fait beaucoup penser à la meilleure manière des Arts Florissants des années 80. Dans le rôle d’Hercule et des deux qui le soutiennent (désolé, celle-là, il fallait bien que j’arrive à la placer), Foster-Williams, Gonzalez-Toro et Crossley-Mercer sont assez égaux à eux-mêmes: très bien mais sans le charisme vocal et interprétatif des baroqueux de la génération précédente (ou d’un Vidal, d’un Auvity). Pas mauvais eux aussi, mais pas forcément the right men in the right place, Christophe Rousset (dans Lully, arrondir les angles et déployer de beaux timbres, ça peut se concevoir; mais rajouter encore de la rondeur et des joliesses chez Dauvergne, c’est plus discutable) et Romain Champion (pas d’un grand impact - il faut dire que ce rôle de Grand Prêtre gentiment pastoral, hum...) Et puis il y a du franchement peu agréable: Jennifer Borghi, dont le timbre et les postures vocales donnent toujours à entendre quelque chose qui sonne étrangement vieux - enfin, en Junon, ça pourrait passer si la diction ne manquait pas à ce point de netteté (en Pallas dans Bellérophon, c’est vraiment pénible); et Julie Fuchs (que j’entendais elle aussi pour la première fois), dont la diction n’est pas très nette elle non plus, le timbre plutôt dur et l’émission pas toujours très stable. |
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