Lotte Lehmann a son sujet (fort peu fréquenté, d'ailleurs :
https://classik.forumactif.com/t5820-lotte-lehmann?highlight=lehmann ) ; mais aucun consacré à l'autre straussienne "historique" !
Maria Jeritza est née Brno le 6 octobre 1887 et est décédée à Orange (New-Jersey) en juillet 1982. C'est après seulement deux ans de carrière (elle débute à Olmütz, en 1912) qu'elle crée l'Ariadne de Strauss ; viendra, notamment, quelques années plus tard, la création de l'Impératrice dans la
Femme sans ombre. On dit d'elle qu'elle aurait confisqué la partition autographe 5e des
4 derniers Lieder (sic), "Malven", que Gruberova, notamment, a enregistré.
Quelque chose de plus complet, ici : http://www.classicalcdreview.com/jeritza.htm ; notamment pour ce qui concerne le répertoire.
Tous les commentateurs ont loué une présence vampant le plateau ; un corps fait pour la scène. Quelques photos restent pour imaginer le personnage dans toute sa démesure scénique, son instinct du plateau (entre 6e sens et instinct de survie !). La voix est mieux connue ; beaucoup enregistrée : http://www.amazon.fr/Jeritza-Freischutz-Hollandais-Lohengrin-Tristan/dp/B0000023NO/ref=sr_1_3?s=music&ie=UTF8&qid=1338302997&sr=1-3.
Justement, le portrait édité par Lebendige Vergangenheit permet d'approcher au plus près d'une pulpe vocale vibrante ; d'une musicalité puissante, illustrée aussi bien à travers le répertoire germanique (Weber aussi bien que les paillons d'or dont elle pare l'air de Marietta de Die tote Stadt) qu'à travers la musique italienne, russe (un Tchakovski au "poids" très exact), voire française (intelligence du style égale dans Thaïs ou Chimène du
Cid). Cartographie d'un "Pays du Tendre" musical qu'il faut compléter par les (trop rares ; mais leur existence est, déjà, un miracle en soi) extraits en direct, captés à Vienne et publiés, depuis, par Koch : Brünnhilde d'une jeunesse proverbiale, Salome anthologique, féminine, habitée et Santuzza bousculant ses partenaires, sur le fil d'une insécurité par ailleurs parfaitement maîtrisée (pas d'accident ; ça fait mieux que passer) !
Je recolle, pour finir, ce que j'avais posté dans le sujet consacré à Lehmann :
- bAlexb a écrit:
- Jeritza, c'est autre chose ; c'est un instrument plein avec des miroitements sublimes, une forme d'érotisme musical qui transparaît jusque dans le son, quelque chose de puissant, d'éminemment plastique, une ligne entêtante comme un benjoin épanoui (sa Salome, sa Santuzza, chez Koch toujours). C'est une bête de scène, une showgirl violemment incarnée ; ce qu'était vraisemblablement moins Leider, qui partageait avec elle un lyrisme bruissant, éperdu, un chant aux arêtes vives (et un chant vif-argent, à sa manière, pour alléger Isolde comme elle le fait, au MET). L'une et l'autre restant, avec leurs particularités qui les rendent adorables (au sens propre du terme), restant dans une orthodoxie formelle qui est la vraie ligne de partage avec Lehmann, je trouve ; mais les trois restent essentielles !
Illustrations :
Marietta : /watch?v=hSYZFWNkj6I
Tosca : /watch?v=UOyJchey_bA
Gioconda : /watch?v=v0iVYSkk3Io
Ariadne : /watch?v=pGSjbWhiP3U
Santuzza : /watch?v=5lgI9Z5mIAA
Marguerite (à partir de 4,24) : /watch?v=ykZ5j_5O0pY