La musique, l'humour et le rire...

Hé hé...

Vous vient-il à l'esprit des oeuvres de musique "classique" où l'on rit ? Qu'il s'agisse de rire "pince sans rire" ou de "rire de bon coeur" ?

Du reste : rit-on souvent dans la musique "savante" ?



Dans mon domaine préféré :

- Platée, de Rameau.
- Les Amours de Ragonde, de Jean Joseph Mouret.
- Les troqueurs, d'Antoine Dauvergne.

Tous trois excellents !

J'ajouterais : Don Quichotte chez la Duchesse, de Boismortier (mais, vocalement, le disque du Concert spirituel n'est pas pleinement satisfaisant).

Ravel était un maître en la matière, notamment dans les Histoires naturelles et l'Enfant et les sortilèges, (même si tout n'est pas comique là-dedans évidemment) la danse de Dorcon de Daphnis et Chloé également, grotesque, avec les trombones imitant les rires justement. (c'est clairement indiqué)

Satie également, cela transpire jusque dans ses indications sur les partitions. ("ouvrez la tête", etc...)

D'autres oeuvres me font rire mais sans que ça soit voulu par l'auteur, donc je n'en parlerai pas...

D'une façon générale je trouve que l'humour en musique est une chose délicate, rarement réussie.

Xavier a écrit:

D'autres oeuvres me font rire mais sans que ça soit voulu par l'auteur, donc je n'en parlerai pas...

Des noms, des noms !

Xavier a écrit:

l'Enfant et les sortilèges

Et bien plus encore : L'Heure espagnole. Là, c'est carrément de la franche rigolade, tant au niveau du livret que de la musique et de l'orchestration ! Vraiment une réussite.

Autrement, Poulenc est un autre maître en la matière. Les Mamelles de Tirésias me font personnellement mourir de rire. Son Bal masqué - sur des poèmes de Max Jacob - est aussi délicieusement absurde, mais non dénué d'une certaine angoisse. Sans oublier ses mélodies sur des textes d'Apollinaire (L'Anguille, Avant le cinéma, etc.)

Dans un autre genre, Rosenthal était assez fort.

"Les rires du Gilles" de Levinas : le rire y est traité de façon sonore et "physique" en utilisant des roulements de cymbales qui se tordent de rire littéralement...

Citation :

utilisant des roulements de cymbales qui se tordent de rire littéralement...

Merci l'Ircam
Le morphing sonore est quand même un truc geniallissime !

Il y a également des choses amusantes dans une oeuvre comme les "Souvenirs de Bayreuth" co-écrits par Fauré et Messager.

Pauvre Wagner!

Il est également raillé dans la dernière pièce du Children's corner de Debussy. (le thème de Tristan)

Connaissez-vous d'autres oeuvres qui parodient des oeuvres ou des compositeurs?

Il y a le concerto pour orchestre de Bartok, où, dans le 4è mouvement il parodie un thème de la 7è de Chostakovitch.

Un excellent exemple est bien sûr les Bandar-Log de Koechlin, où sont parodiés l'ensemble des contemporains du compositeur. (mais je ne pense pas que ça soit ciblé sur untel ou un autre)

Il est rare que la musique me fasse rire Moi je suis sérieux!!!

Plus sérieusement, Eric Satie me fait mourir de rire. C'est le seul classique à être capable de me faire rire par sa musique même... Et c'est en cela que je trouve qu'il est un génie

Les melodies de Joseph Kosma sont aussi pleines d'humour, en rapport avec les poemes de Prevert et Desnos. Dans une dont j'ai oublié le nom, il imite au piano les sonorites de l'orgue de barbarie, de la harpe, pour coller au texte. C'est assez drole

"moi je voulais jouer de la haaarrrpppee"
*grands arpèges à n'en plus finir*

YuHirà a écrit:

Il est rare que la musique me fasse rire Moi je suis sérieux!!!

idem du reste...

Bezout a écrit:

Dans une dont j'ai oublié le nom, il imite au piano les sonorites de l'orgue de barbarie, de la harpe, pour coller au texte. C'est assez drole

L'Orgue de barbarie, justement.

Ah oui !

On a même pas parlé du Carnival des animaux de Saint-Saëns, qui singe aussi bien les animaux que les pianistes notamment...

Et dans son Jurassic Trip, Connesson rend un drôle d'hommage à Boulez. (pièce intitulée "petit carnivore" )

Je trouve Orphée de Offenbach très drôle. c'est pas très sérieux!

Sinon, l'humour en musique, je n'ai pas vraiment...

coté interprètes, j'ai un enregistrement de "Ich grolle nicht" (Schumann) avec Gerald Moore qui chante et Victoria de Los Angeles au piano
j'vous laisse imaginer le désastre

Ah oui je l'ai entendu; c'est très drôle!

Sinon y a la "star" en la matière, Florence Foster Jenkins, et sa célèbre interprétation de la Reine de la nuit.

Il y a bien évidement tous les opéras prévus à cet effet, Offenbach et Rossini avant tout mais aussi les maîtres chanteurs qui est vraiment drôle au deuxième acte avec : "Jeeeeerum. Jeeeeerum." et la baston finale sous forme de fugue. Mais évidement c'est toujours plus facile de faire rire avec le texte. Quand qux musique drôles sans textes, c'est l'un des sujets les plus difficiles à traiter en musique je pense et je n'ai pas d'exemples, là, tout de suite.

Dans une symphonie de Haydn, un instrument pête.

Ca ne m'étonne pas de Haydn. Sa seule souffrance était ses gaz.

Waou...h,

Vous m'épatez tous. La musique me fait rarement rire mais souvent sourire. Chez Satie, il est évident que la raillerie est omniprésente, j'en veux pour preuve ses indications sur la partition. Chostakovich m'a fait rire aux éclats dans l'une de ses symhonies avec ses roulements de tambours surprise.

Et connaissez-vous la Framboise Frivole qui se promène un peu partout ?...

Alex a écrit:

Dans une symphonie de Haydn, un instrument pête.

Je te demande pardon ??

Avec le texte, il y a Mozart : quelques pièces délirantes (Leck mich im Arsch i.e.) ou, pour des goûts plus raffinés, "Clarice cara la mia sposa" et "Ich möchte wohl der Kaiser sein".

Il y a aussi sa "Musikalisher Spaß" K.522, un divertissement dans lequel il se moque des petits compositeurs de son temps, une oeuvre ironique dans laquelle Mozart s'est amusé à faire tout ce qu'il ne faut pas en matière d'écriture musicale...l'adagio et la fugue finale sont vraiment trés drôles!

Reger a fait ça aussi, concernant les français et les critiques en général.

Tiens, une petite devinette : qui aimait se vanter du fait que même Richard Strauss n'avait pas décrit la fièvre aphteuse en musique?
(évidemment lui l'a fait!)…

Satie ?

Tiens de la même époque "La voix humaine" de Poulenc. C'est pas désagréable à entendre, mais franchement, c'est pas drôle. Enfin c 'est l'humour le plus éculé qui soit avec le téléphone, les alloooo.... qui est à lapareiiiiiil ?

Par contre, je trouve toujours hilarants certains passages d'Offenbach, dans la grande duchesse de Gerolstein " Moi j'aime les militaires " et d'autres.

Rossini aussi avait des titres délirants de certaines pièces, avant Satie.

Ce n'est pas Satie…
ps : un indice le compositeur a décrit cette fièvre aphteuse dans une musique" peignant" la vie du ferme…

.....j'ai vu... LA-BAS...LA-BAS....DANS LA FORET....FORET.....SIEGFRIED....SIEGFRIED......LA-BAS.....LA-BAS.....

Le Duo des chats de Rossini est très drôle, non ?

Pompeusement asséné dans la scène 4 du II d' Hippolyte et Aricie de Rameau par un choeur des plus lourds et répété 4 ou 5 fois pour être bien compris.

Thésée descend aux Enfers, ce choeur infernal l'accueille:

On peut aisément y descendre,
Mais on ne peut en revenir.

Pellegrin et Lapalisse, même combat.

chez Stravinsky, je trouve qu'il y a beaucoup d'humour...
chez Bernstein, c'est évident...

Sinon, vous connaissez "Hoffnung's Music Festivals" ??
Ce cher Gerard Hoffnung, tubiste, organisait des concerts en Angleterre donc, pour lesquels les compositeurs (Malcolm Arnold, Gordon Jacob, etc.) écrivaient de vrais parodies et oeuvres comiques...
J'en parle ici...

chez Rameau, il y a en effet beaucoup d'humour...!

Les opéras où les personnages bouffons sont là pour divertir sont innombrables...


:lol!:

maxime a écrit:

Sinon, vous connaissez "Hoffnung's Music Festivals" ??

On en a parlé ici: https://classik.forumactif.com/viewtopic.forum?t=716&highlight=hoffnung

Xavier a écrit:

maxime a écrit:

Sinon, vous connaissez "Hoffnung's Music Festivals" ??

On en a parlé ici: https://classik.forumactif.com/viewtopic.forum?t=716&highlight=hoffnung

Topic remarquable par sa pertinence et l'approfondissement de son sujet !

Je me rappele avoir assisté au Brésil à une pièce contemporaine qui parodiait... la musique contemporaine. Impossible de dire le compositeur, mais ça m'a plutôt éffrayé

Sinon je ne me rappele pas avoir ris en musique perso. Ou alors comme tout le monde quand le pianiste au concert dis qu'il a un chien qui s'appelle snoopy et que le public ris betement.

Sinon j'ai failli posté un délire musicale dont j'ai accouché après des heures de travail (ces moments ou les nerfs lachent méchamment), mais étant complétement crévé, je préfère ne rien faire, je risquerai de le regretter

Gaial a écrit:

Sinon je ne me rappele pas avoir ris en musique perso. Ou alors comme tout le monde quand le pianiste au concert dis qu'il a un chien qui s'appelle snoopy et que le public ris betement.

Jamais assisté à ce genre de scène...

vartan a écrit:

Pompeusement asséné dans la scène 4 du II d' Hippolyte et Aricie de Rameau par un choeur des plus lourds et répété 4 ou 5 fois pour être bien compris.

Thésée descend aux Enfers, ce choeur infernal l'accueille:

On peut aisément y descendre,
Mais on ne peut en revenir.

Pellegrin et Lapalisse, même combat.

A ce compte-là, Homère est de la petite bière.

C'est pour renforcer la dimension mythique, bien entendu ! [Au demeurant, ces deux vers sont fort mauvais et ce livret linguistiquement bien plat...]

Gaial a écrit:

Je me rappele avoir assisté au Brésil à une pièce contemporaine qui parodiait... la musique contemporaine. Impossible de dire le compositeur, mais ça m'a plutôt éffrayé

Il y a Jean Françaix qui a écrit plusieurs délicieuses fantaisies du genre.

Mais il est n'est sans doute pas seul. (je peux même vous le garantir)

DavidLeMarrec a écrit:

Gaial a écrit:

Je me rappele avoir assisté au Brésil à une pièce contemporaine qui parodiait... la musique contemporaine. Impossible de dire le compositeur, mais ça m'a plutôt éffrayé

Il y a Jean Françaix qui a écrit plusieurs délicieuses fantaisies du genre.

Mais il est n'est sans doute pas seul. (je peux même vous le garantir)

Faut dire parodier cette musique c'est taper dans la facilité...

Gaial a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Gaial a écrit:

Je me rappele avoir assisté au Brésil à une pièce contemporaine qui parodiait... la musique contemporaine. Impossible de dire le compositeur, mais ça m'a plutôt éffrayé

Il y a Jean Françaix qui a écrit plusieurs délicieuses fantaisies du genre.

Mais il est n'est sans doute pas seul. (je peux même vous le garantir)

Faut dire parodier cette musique c'est taper dans la facilité...

L'idée est facile... la réaliser est une autre paire de manche à mon avis.

Outre la Plaisanterie musicale de Mozart, atrocement drôle (j'étais mort de rire la première fois que je l'ai écoutée), je ne sais pas pourquoi j'ai été pris d'un violent fou rire lors d'un concert où étaient donnés les Divertimenti K136, 137 et 138... Un peu embarassant tout de même...

Sinon il y a évidemment les paroles de ses opéras avec Da Ponte ("Il fait noir dans ce cabinet Monseigneur" Le Conte à la Contesse qu'il prend pour Susanne : "Tu sais bien que ce n'est pas pour lire que je désire y entrer...")

joachim a écrit:

Le Duo des chats de Rossini est très drôle, non ?

A ce propos, on peut lire sur Wikipédia :

Citation :

Duo des chats

Le célèbre Duetto buffo di due gatti est souvent considéré comme une des plus célèbres œuvres vocales de Rossini, qui n'en est cependant pas l'auteur. Ce morceau a été confectionné par G. Berthold, qui utilisa pour cela la cavatine de Iago dans Otello, ainsi qu'une "Katte-Cavatine" due à un compositeur danois.

Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Gioacchino_Rossini

Evidemment, c'est Wikipédia... et donc, pas forcément authentifié...

Quelqu'un peut-il confirmer ou informer ?

Oui, je confirme, l'attribution à Rossini est désormais considérée comme abusive.

Gaial a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Gaial a écrit:

Je me rappele avoir assisté au Brésil à une pièce contemporaine qui parodiait... la musique contemporaine. Impossible de dire le compositeur, mais ça m'a plutôt éffrayé

Il y a Jean Françaix qui a écrit plusieurs délicieuses fantaisies du genre.

Mais il est n'est sans doute pas seul. (je peux même vous le garantir)

Faut dire parodier cette musique c'est taper dans la facilité...

Sauf que Françaix le fait avec esprit. Alors même que j'aime la musique dont il se moque, je ne trouve pas ça réducteur, mais vraiment bien vu. Il passe en revue toute les subversions faciles de la musique atonale, c'est vraiment bien vu, et ça marche très bien à l'écoute, d'ailleurs.

Et puis Français savait vraiment écrire, nul problème de ce côté. Il était capable de composer pour la voix, lui.

Koechlin a fait ça très bien également dans Les Bandar-Log.

"Souvenirs de Bayreuth"? il me semble qu'il y a un quadrille de Chabrier pour piano 4 mains qui porte le même titre et reprend des thèmes du Ring, mais est-ce destiné à être drôle?
Du même, les quatre mélodies animalières, La ballade des gros dindons surtout, à peu près tout L'étoile, son trio des chatouillements, le duo de la chartreuse, le finale du pal ("ce fauteuil qui n'a l'air de rien vous semble un fauteuil ordinaire.."), celui de l'acte 2 avec son fugato "est-il occis ou n'est-il pas occis", le duo de la charteuse, cette facilité déconcertante de passer du comique le plus débridé au tragique le plus profond, de mélanger les deux, l'air de l'éternument, la culbute au fond du lac, les évoquer seulement me fait encore rire.
Le duo de l'ouvreuse de l'opéra comique et du commis du Bon-marché, célébrant l'incendie qui mit fin aux représentations du Roi Malgré Lui, au grand dam de Satie, lui humoriste professionnel qui répondit à Debussy lors de la première de La Mer qu'il avait "particulièrement goûté le passage vers onze heures moins le quart" dans le premier mouvement "de l'aube à midi".

Même dans les oeuvres a priori les plus sérieuses, (la scène de la forge qui ouvre Siegfried aussi pour Wagner) il y a souvent des choses très drôles, les premières scènes de Wozzeck par exemple, la scène initiale du coiffeur ("Er macht mich ganz confuss" la voix du major glissant vers le falsetto, la parodie de musique d'église) le choeur des ronfleurs, les voisines qui s'insultent sur fond de parade militaire, c'est presque aussi drôle qu'Offenbach, qui doit, lui à ses librettistes une grande partie de son humour. Les mêmes Meilhac et Halévy dans le deuxième acte de Carmen (et Bizet disant de l'air du toréador "ils veulent de la merde, en voilà")
La chanson de la Puce et la chanson du rat, l'air de Méphisto "devant la maison de celui qui t'adore" de la damnation, le ballet des sylphes, ce mélange des genres shakespearien si étranger à la culture classique française me font rire.

Le concerto pour piano seul de Poulenc, la marche funèbre du général décalant Gounod, le 1er concerto de Shostakovitch et sa trompette qui offensa si fort Staline, l'effrayant scherzo de la 10è (quand on garde bien présent à l'esprit que c'est un portrait de Staline), le mouvement "l'humour" de la 13è, les citations rossiniennes de la 15è, le Nez bien sûr et son impromptu pour percussions

Pour la fièvre aphteuse je ne vois pas mais je suis impatient de savoir

sud273 a écrit:

les premières scènes de Wozzeck par exemple, la scène initiale du coiffeur ("Er macht mich ganz confuss" la voix du major glissant vers le falsetto, la parodie de musique d'église)

Et le thème du Capitaine qui est une caricature de la Pastorale de Beethoven.

sud273 a écrit:

les citations rossiniennes de la 15è,

Plus encore que Guillaume Tell, c'est l'Annonce de la Mort, au début du dernier mouvement, qui m'amuse : quelle effronterie !
Par ailleurs, la symphonie ne m'enthousiasme guère.

Citation :

c'est l'Annonce de la Mort, au début du dernier mouvement, qui m'amuse

je ne pense pas que les citations du Crépuscule des Dieux soient en rapport avec la mort, mais effronterie il doit y avoir en effet à renvoyer dos à dos Rossini le sérieux et le Wagner de Rienzi ( "descendons la Courtille", celui qui selon Berlioz abusait déjà des trémolos de cordes). C'est même plein de vitalité -pour du Shostakovich- cette péroraison sur la musique de cirque, et le retour en forme de pied de Nez au petit motif de percussion du mouvement central de la 4ème sur lequel s'empilent de façon désordonnée les motifs de sa propre signature.
Quand il pense à la mort qui vient c'est le clair de lune de Beethoven qu'il désagrège dans la sonate pour alto.

sud273 a écrit:

Citation :

c'est l'Annonce de la Mort, au début du dernier mouvement, qui m'amuse

je ne pense pas que les citations du Crépuscule des Dieux soient en rapport avec la mort,

Ce n'est pas forcément le Crépuscule ! J'ai pensé spontanément à Walküre, où le motif est longuement exposé avec sensiblement la même orchestration. C'est le leitmotiv dit "du destin". Je le rattache à l'annonce de la mort de Siegmund, mais il peut être lié à d'autres circonstances plus ou moins tragiques.