Bonjour,
je poste ce sujet aujourd'hui, (c'est mon tout premier j'espère l'avoir placé au bon endroit sur le forum !), pour vous parler d'un jeune pianiste qui a convaincu un vieil amateur, pensant aller écouter un énième concert sans surprise (moi !).
Une amie m'a appelé le 5 novembre dernier, me proposant d'aller voir avec elle un concert le soir même dans une salle près de Toulon. Je n'avais pas spécialement envie de sortir, il faisait moche... Bon j'ai finalement accepté, récital de piano !
Nous arrivons sur place, un Steinway & Sons de concert (le modèle D) luisait fièrement sur le parquet de la scène, nous étions mon amie et moi, bien placés ni trop haut ni trop bas, avec vue sur le clavier, la salle était de taille moyenne et pratiquement pleine.
Avant que le concert commence je lis la biographie de ce jeune homme et observe le programme. Je prends la liberté de vous le communiquer ici :
« L’exaltation et le charisme, la justesse de l’intention musicale, l’énergie et la fougue qui l’anime, font de ce jeune pianiste un futur (et déjà !) artiste de premier plan. » Nice-Matin
Né en 1994, Jean-Baptiste Fleur débute le piano avec Nicole Cardelli à Nice avec une élève de Marguerite Long.
Il entre ensuite au conservatoire d’Aix-en-Provence, où il obtient très rapidement son prix de formation musicale, son prix de musique de chambre et de piano.
Il suis actuellement les cours de perfectionnement d’Anne-Lise Gastaldi à Paris.
Encouragé par des personnalités musicales telles que les soeurs Labèque ou Hélène Grimaud, il donne de nombreux concerts en région PACA : Grand Théatre de Provence à Aix, Auditorium Joseph Kosma à Nice, Théatre Axel Toursky à Marseille, salle Molière de Saint-Tropez, mais aussi à Monaco, Saint-Raphaël, Toulon, Avignon... il donne de nombreux récitals et reçoit une très bonne critique pour sa spontanéité et son engagement musical. Il se produit également dans beaucoup de festivals en France, et aussi en Italie.
Sélectionné pour son talent lors de nombreuses masterclasses, il a la chance de recevoir les conseils réguliers de la pianiste Marie-Josèphe Jude.
Il suit également les masterclasses de Jean-François Heisser.
Jean-Baptiste Fleur s’est distingué au concours Claude Kahn 2013 en remportant le prix spécial « Meilleure interprétation du compositeur Maurice Ravel ».
La musique de chambre permet à Jean-Baptiste Fleur de partager également le plaisir de la scène avec de nombreux partenaires.
Il a accompagné le Choeur de Radio France au Grand Théatre de Provence, concert retransmit sur France Inter, il a également participé à des reportages captés par TF1 et France 3. Il s’est produit en tant que soliste avec l’orchestre de chambre de Moldavie.
Programme :
Beethoven : Sonate opus 111
Chopin : Deux nocturnes opus 62
//
Schumann : Fantaisie en do majeur (1er mouvement)
Brahms : 6 klaverstücke opus 118
Assez perplexe par un programme aussi complexe, comportant des oeuvres de maturité de chacun des compositeurs cités, je m'attendais à voir encore un de ces jeunes prodiges qui cassent (régulièrement) le piano et qui époustouflent de leur virtuosité naturelle...
Le concert commence, l'artiste arrive sur scène et salut humblement le public, esquisse même un sourire, on perçoit le charisme du pianiste, il s'assoit et se concentre un instant, le public retient son souffle, comme si la concentration du pianiste faisait taire le moindre bruit dans la salle..
La sonate de Beethoven, très inspirée, m'a rappelé la version que Richter avait donné à Moscou en 1975 et qui avait constitué la base d'un de ses enregistrements. Une énergie titanesque se dégagea du pianiste dès les premières mesures, d'emblée la fougue "à la Richter" se dégageait de ses mains. Les moments de recueillements étaient d'une telle intimité, quel dommage que quelques toux aient gâché ces moments de pureté (comme si la vérité du discours musical dérangeait ceux qui écoutent au point de ne plus pouvoir rester silencieux !).
Les deux nocturnes de Chopin furent joué d'une manière très intime, non pas déclamé ou vulgarisé comme on peut parfois l'entendre. Jean-Baptiste Fleur a choisi de garder l'intimité de ces pièces qui ne vivent que la nuit et de nous en livrer une interprétation très personnelle, touchante.
A l'entracte, en échangeant avec mon amie, elle me confia être bouleversée par l'interprétation et l'investissement musical de ce jeune garçon d'à peine 19 ans. Elle me fit remarquer aussi sa gestuelle gracieuse, et la facilité qu'il avait à jouer avec non pas seulement ses dix doigts, mais tout son corps, se confondant avec l'instrument qui lui était donné. J'étais très content finalement d'être sorti écouter ce concert et attendait avec impatience la seconde partie.
La seconde partie était donc consacrée à Schumann et Brahms.
L'artiste une fois au piano, s'adressa au public sur le lien qui unissait Robert Schumann et Johannes Brahms. Les pièces qu'il allait jouer dans cette deuxième partie sont toutes les deux dédiées à Clara Schumann, ce fut donc un choix personnel de l'artiste de mettre ces deux pièces si contrastées (Fantaisie de Schumann et l'opus 118 de Brahms) dans son programme.
Le jeu du pianiste a colle parfaitement à Schumann, la maturité du propos musical, la passion et l'inspiration de ce premier long mouvement a conquit le public. La communication d'émotion du pianiste m'a profondément ému.
Mais le plus beau moment du concert reste l'opus 118 de Brahms, sans doute un hommage à sa professeur Marie-Josèphe Jude qui a enregistré ces belles pages de Brahms chez Lyrinx, ces pièces écrites par Brahms à la fin de sa vie furent l'apogée du récital. Dans l'opus 118 n°2, le pianiste nous a offert une des plus belle page du romantisme, il enchaina les 6 klavierstücke avec panache et sans artifice, sa sonorité était finalement encore plus Brahmsienne que Schumanienne, après ce dernier arpège de l'opus 118 n°6, un long et lourd silence clôtura le concert, l'artiste, plongé la tête dans son clavier, écoutant la réverbération du son jusqu'à son extinction et plus encore, donna matière au recueillement pour le public, qui, bouleversé, n'osa pas applaudir avant de voir l'artiste se lever du siège et quitter son instrument.
Rappelé cinq fois, il donna deux bis : "La cathédrale engloutie" de Claude Debussy, délicieux moment de musique française qui contrastait énormément avec son programme très romantique, et "Chopin" extrait du Carnaval de Schumann qui faisait écho aux nocturnes.
Nous avons eu le plaisir, avec mon amie, de rencontrer le pianiste après le concert, très intimidés, nous lui avons demandé de signer nos programmes, et c'est avec un grand sourire et une sympathie communicative qu'il échangea quelques mots avec nous tout en signant nos deux programmes. Nous confiant apprendre énormément auprès de ces professeurs et de ces amis musiciens, il avait pour projet de faire de la musique de chambre et de continuer à faire des récitals. Le plus surprenant je l'ai gardé pour la fin.. Il a commencé le piano sérieusement à 12 ans!
Un artiste à suivre absolument, pour sa musicalité hors-normes, sa sympathie et son dévouement pour la musique.
Je ne sais pas si vous avez déjà eu l'occasion de l'entendre ?
Je souhaitais poster un premier sujet sur un jeune artiste qui m'a touché, moi aurait tant voulu être musicien également.