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| [Jazz] Albert Ayler | |
| | Auteur | Message |
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darkmagus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2502 Localisation : sud-est Date d'inscription : 04/10/2013
| Sujet: [Jazz] Albert Ayler Mar 27 Mai 2014 - 9:14 | |
| Je me permets de créer un topic sur Albert Ayler, musicien qui tiendrai une place aussi importante que John Coltrane s’il avait vécu plus longtemps. Sur un autre forum, j’avais consacré une petite présentation du bonhomme que je vous livre telle quelle ou presque : « Albert Ayler est un musicien fortement original, incompris à ses débuts, et toujours méprisé par certains, parce qu’il utilisait des rythmes de calypsos, des marches militaires, des mélodies de chansonnettes enfantines, à une époque où le musicien free se devait d’être sérieux dans son expression révolutionnaire. Parce qu’aussi il s’associait avec des musiciens de formation classique (le violoniste Michael Sampson ou le pianiste Call Cobb). Il cherchait comme les plus grands, l’unité spirituelle par un message qu’il voulait universel. Violent à ses débuts, grognant, grinçant, éructant, il s’est acheminé ensuite vers une musique colorée, jouissive et lyrique, toujours empreinte cependant d’humour et de provocation qu’il a rendu volontairement accessible à tous, au grand dam des « spécialistes », certains parlant même à l’époque de médiocrité, rendus sourds par leur sectarisme. Coltrane dit-on lui enviait son « son » puissant et limpide. Vers la fin prématurée et mystérieuse de sa vie, on peut mesurer combien était grand le pouvoir hypnotique, jouissif et chaleureux de sa musique, résolument iconoclaste, faite à la fois de liesse et de subversivité, à l’écoute du double live paru sous les titres de « nuits de la fondation Maeght » ou « Live at St Paul de Vence » » Je vous livre aussi ce petit hommage que j’avais écrit à la suite d’une écoute de « Bells », même si j’ai l’impression ce faisant de me déshabiller un peu "Bells" est une œuvre difficile d’écoute à son début, mais si l’on réussi à passer ce chemin escarpé et envahi de ronces, on atteint en fin de parcours pas moins que le Nirvana A ALBERT AYLER Le miroir au fond du gouffre : s’y voir de plus près attire. La musique est verticale, elle chute, se fracasse, explose en bribes éparses. La musique est un attentat. Le musicien persécuteur de lui-même, hagard de violences insoupçonnées. C’est dans le vertige, dans l’abrupt, qu’est la délivrance, dans le vide qu’est l’oubli compagnon de l’extase, dans les gravats, la révélation, dans la poussière, l’humus. Renaître...
Dernière édition par darkmagus le Mar 29 Nov 2016 - 12:19, édité 1 fois |
| | | darkmagus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2502 Localisation : sud-est Date d'inscription : 04/10/2013
| Sujet: Re: [Jazz] Albert Ayler Sam 7 Juin 2014 - 18:58 | |
| - arnaud bellemontagne a écrit:
- Du mal avec Ayler...ce mélange de naiveté et de bruitisme c'est pas pour moi.
La musique d’Ayler, c’est un peu Docteur Jeckyll et Mister Hyde, il y a deux facettes dans cette musique, une apparente naïveté chaleureuse et débonnaire, succédant à une urgence du dire qui explose en pyrotechnie apparemment non structurée, et réciproquement. Comme Eric Dolphy, Albert Ayler est un musicien de la dualité, mais là où chez Dolphy elle semble se produire à son insu, comme intervenant malgré lui, (lire les superbes lignes que lui consacre Jacques Réda dans le dictionnaire du jazz, et plus encore dans « l’improviste »du même Reda), elle semble assumée en pleine conscience chez Ayler. Déstructuration par l’ exacerbation, restructuration par la naïveté originelle, paroxysme du renouveau et retour aux sources, stridences aigües et gros son chaleureux, nuit d’orage et matin calme, yin et yang, guerre et paix, ce que tu veux, mais musique d’opposition, non seulement par rapport à l’ordre musical établi, mais opposition en interne, au sein même de l’œuvre. Rien ne nous est expliqué, d’où notre désarroi. Ayler disait de sa musique : « ne cherchez jamais à connaître ce qui se passe, car vous n’apprendriez jamais le véritable message » Les titres de ses pièces loin d’être hasardeux, nous distille des embryons d’explication. Il y a une structure, une pensée dans cette œuvre, à nous d’aller la chercher, même si elle ne se livre pas facilement. |
| | | Hein ? Mélomaniaque
Nombre de messages : 651 Date d'inscription : 19/11/2007
| Sujet: Re: [Jazz] Albert Ayler Sam 14 Juin 2014 - 2:18 | |
| Il faut reconnaitre qu' il est assez chiant, à force, avec ses modulations, le père Ayler ! Ceci dit son "Live at the Village Vanguard" chez Impulse!, qui mêle un son de fanfare et une sorte de Free (de bon aloi !) est tout de même un must have assez remarquable ! Je l' adore ! |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: [Jazz] Albert Ayler Dim 13 Juil 2014 - 0:56 | |
| Réécoute de Live in Greenwich Village - The Complete Impulse Recordings. En effet, un album majeur. Par rapport aux enregistrements studios d’Albert Ayler, ce qu’apportent ces prises réside selon moi dans ce que l’on sent avec encore plus de force la volonté presque forcenée qu’a Ayler d’emplir tout l’espace, d’où le vibrato poussé à l’extrême, l’espèce de surchauffe de la dynamique, la trajectoire quasi furieuse de la ligne - et pour l’auditeur ce côté haletant, presque étouffant.
Je me demande si cette volonté de ne laisser aucun interstice vide ne vient pas en fait d’une espèce de conscience tragique de sa situation dans l’histoire du jazz. Darkmagus parlait de dualité; il y a clairement deux pôles dans la musique d’Ayler: d’un côté l’exploration d’une liberté formelle sans limites, de l’autre l’attachement à une mémoire profonde (même pas la mémoire du jazz, mais de ses racines les plus archaïques: le gospel et le blues, les fanfares de rues, les chorales d’églises, les pianolas déglingués des bouges...) J’ai toujours eu l’impression que Ayler savait intuitivement qu’il était l’un des derniers à pouvoir faire tenir ensemble ces deux versants - qu’après lui l’un deviendrait expérimentation concertée rejoignant la musique savante la plus sophistiquée (je pense à Cecil Taylor, à Jimmy Giuffre qui eux, savaient leur Schoenberg) et l’autre archive muséale des traditions noires. Qu’il sentait cela, et qu’il a cherché à combler le hiatus: d’où cette ferveur folle, cette énergie quasi désespérée à aller sans cesse d’un pôle à l’autre en remplissant tout de son souffle, de son énergie comme s’il était le seul à pouvoir colmater cette brèche, en y mettant tout en jeu. |
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