Autour de la musique classique

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 Christophe Bertrand

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lulu
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MessageSujet: Christophe Bertrand   Christophe Bertrand EmptyJeu 28 Mai 2015 - 11:29

Allez, j’ouvre vite fait un sujet sur Christophe Bertrand.
Né en 1981, mort en 2010 (suicide), a étudié avec toutes sortes de gens en vogue. Son catalogue comprend une bonne trentaine d’œuvres toujours assez courtes, du piano seul à l’orchestre.
« Son travail explore avec méthode et minutie plusieurs idées : tourbillonnement sans fin jusqu’au vertige ou la spirale, marquée par la fulgurance et par l’émotion à fleur de peau ; nécessité de l’énergie et écriture sophistiquée comme constantes de sa façon de composer ; maitrise du brouillage qui devient sa signature. Ainsi, Christophe Bertrand nous propose à la fois une virtuosité redoutable, jamais gratuite, toujours au service de forces expressives, mais aussi un éloge de la fragilité, une fluidité d’expression et une insistance obsessionnelle de l’harmonie où le piano tient une place prépondérante. »
Autrement dit : une musique charnelle et intense, qui peut faire penser par exemple à certaines de Mantovani, une influence distanciée du mouvement (post)spectral, avec une très grande recherche rythmique, et dans beaucoup d’œuvres des boucles très rythmées se répétant en se disloquant, ce qui me rappelle les œuvres relativement récentes de Philippe Hurel, de qui il était proche.

*

Dave a écrit:
Mana, de Christophe Bertrand et jouée par Pierre Boulez et l'orchestre de l'académie de Lucerne.

Une pièce orchestrale de 10 minutes assez incroyable, une flamboyance sonore, une orchestration magnifique qui m'ont fait penser aux Notations pour orchestre de Boulez geek, qui a d'ailleurs beaucoup aidé Bertrand.

Ça vient juste de passer sur France Musique. A enregistrer sur le site bounce

Wolferl a écrit:
En effet, c'est superbe, tout à fait cet espèce de style post-boulézien que j'aime beaucoup, un peu à la Mantovani (dont il était apparemment très proche) mais déjà assez personnel.

Percy Bysshe a écrit:
J'ai bien aimé ce Mana de Christophe Bertrand, c'est vraiment sympa. Intéressant tout ce texte sur les intentions et sur le "programme" de l'eouvre, même si j'ai trouvé la description assez lointaine du résultat à l'écoute...
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hommepiano
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MessageSujet: Re: Christophe Bertrand   Christophe Bertrand EmptyLun 31 Déc 2018 - 17:03

bonjour j'écoute en ce moment son oeuvre :
Christophe Bertrand - Vertigo for 2 pianos and orchestra (2006-07)
watch?v=unp0spwY6Ww
vous connaissez ? xavier david benedictus ? écoutez le début c'est assez étonnant ! merci !

déjà décédé et à 29 ans.......un strasbourgeois...
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Benedictus
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MessageSujet: Re: Christophe Bertrand   Christophe Bertrand EmptyLun 31 Déc 2018 - 17:56

J'avais très brièvement parlé de La Chute du rouge ici, qui m'avait beaucoup plu, beaucoup touché - une œuvre de chambre très pulsée, très colorée mais aussi très expressive, inquiète même - du langage post-spectral, mais sans ce que ça implique parfois de virtuosité, de ludisme ou d'hédonisme un peu trop heureux. (En revanche, impossible d'écouter quoi que ce soit sur YT, ce soir, avec ma connexion.)

Sûrement pas du tout la came de Xavier, probablement pas celle de David (quoique, on ne puisse jamais savoir alien ) - plutôt celle de lulu et d'Emeryck.
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lulu
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MessageSujet: Re: Christophe Bertrand   Christophe Bertrand EmptyLun 31 Déc 2018 - 18:07

Vertigo est impressionnant et efficace, mais très éloigné de ma sensibilité et de ce que j’aime en musique contemporaine.
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Benedictus
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MessageSujet: Re: Christophe Bertrand   Christophe Bertrand EmptyLun 31 Déc 2018 - 18:40

La Chute du rouge ou Skiaï aussi?
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lulu
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MessageSujet: Re: Christophe Bertrand   Christophe Bertrand EmptyLun 31 Déc 2018 - 19:10

non, j’adore en particulier Skiaï.
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Benedictus
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MessageSujet: Re: Christophe Bertrand   Christophe Bertrand EmptyLun 31 Déc 2018 - 19:18

Je me disais bien...
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lulu
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MessageSujet: Re: Christophe Bertrand   Christophe Bertrand EmptyDim 2 Jan 2022 - 11:24

Écoute en cours de ces trois cds publiés par le jeune label allemand bastille musique, déjà cité plusieurs fois ici notamment par l’un de nos membres amateur de lieder :

Christophe Bertrand Cover115

Skiaï pour flute, clarinette, violon, violoncelle et piano (1998–99)
La chute du rouge pour clarinette, violoncelle, vibraphone et piano (2000)
Treis pour violon, violoncelle et piano (2000)
Ektra pour flute seule (2001)
Dikha pour clarinette et électronique (2000–1)
Haos pour piano seul (2003)
Aus pour alto, saxophone, clarinette et piano (2004)
Virya pour flute, clarinette, percussion et piano (2004)
Quatuor I pour quatuor à cordes (2005–6)

Sanh pour clarinette basse, violoncelle et piano (2006)
Arashi pour alto seul (2008)
Hendeka pour violon, alto, violoncelle et piano (2007)
Haïku pour piano (2008)
Dall’inferno pour flute, alto et harpe (2008)
Satka pour flute, clarinette, violon, violoncelle, percussion et piano (2008)
Quatuor II pour quatuor à cordes (2010)

Yet pour vingt musiciens (2002)
Mana pour grand orchestre (2004–5)
Vertigo pour deux pianos et orchestre (2006–7)
Scales pour grand ensemble (2008–9)
Ayas, fanfare pour onze cuivre et percussion (2010)
Okhtor pour orchestre (2010)

KNM Berlin
Zafraan Ensemble
GrauSchumacher Piano Duo
WDR Sinfonieorchester (Lubman/Rundel/Brönnimann/Pomàrico)

*

Et décidément, après Skiaï, seule œuvre antérieure à 2000 et que j’aime décidément beaucoup, j’ai du mal. Je reconnais le talent et qu’il y a des choses fabuleuses par moment, mais c’est vraiment très répétitif (boucles). Très redevable de Vortex temporum (Grisey) et plus lointainement de Ligeti (j’entends même du Furrer chambriste, en beaucoup plus français), pour l’essentiel ce sont quand toujours le même genre de jeux de phases et pulsations sur des gammes jouées très rapidement avec bonus poudroiement sonore + nostalgie de la sonorité de l’EIC dans les années 90. Un peu de temps en temps pourquoi pas, mais sur la durée ça m’est assez pénible...


Dernière édition par lulu le Dim 2 Jan 2022 - 11:40, édité 1 fois
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gluckhand
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MessageSujet: Re: Christophe Bertrand   Christophe Bertrand EmptyDim 2 Jan 2022 - 11:39

Je ne connais pas ce CD dont tu parles Lulu, mais rappelons que Bertrand s'il vivait aujourd'hui, n'aurait que 41 ans seulement et le temps fera son tri, dans son oeuvre. Par contre pour Radulescu ,je reste persuadé qu'il y a des grandes oeuvres ,encore à découvrir. Désolé pour ces banalités,sur un sujet qui méritait mieux..
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lulu
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MessageSujet: Re: Christophe Bertrand   Christophe Bertrand EmptyDim 2 Jan 2022 - 11:57

Effectivement, on peut toujours dans ce cas se demander comment il aurait évolué, et si ce qu’on connait aujourd’hui en l’état aurait été relégué au rang d’œuvre de jeunesse, voire renié. Mais en attendant, il faut bien se contenter de ce qu’on a, au risque d’y plaquer des choses, son destin tragique, le syndrome de la dernière œuvre qui n’avait aucune destinée à l’être, etc. Cela dit, malgré mon intérêt modéré, telle qu’elle est il faut reconnaitre que son œuvre, qui doit tenir sur 4 ou 5 cds, en est une, on est loin des quelques pages retrouvées d’un jeune suicidé, il y a une matière conséquente, une cohérence, une personnalité.
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MessageSujet: Re: Christophe Bertrand   Christophe Bertrand EmptyDim 2 Jan 2022 - 12:26

lulu a écrit:
Effectivement, on peut toujours dans ce cas se demander comment il aurait évolué, et si ce qu’on connait aujourd’hui en l’état aurait été relégué au rang d’œuvre de jeunesse, voire renié. Mais en attendant, il faut bien se contenter de ce qu’on a, au risque d’y plaquer des choses, son destin tragique, le syndrome de la dernière œuvre qui n’avait aucune destinée à l’être, etc. Cela dit, malgré mon intérêt modéré, telle qu’elle est il faut reconnaitre que son œuvre, qui doit tenir sur 4 ou 5 cds, en est une, on est loin des quelques pages retrouvées d’un jeune suicidé, il y a une matière conséquente, une cohérence, une personnalité.


Tu as raison ,on ne refait pas l'histoire,et je ne connais que le CD le plus connu de Bertrand,La Chute du rouge, mais un Boulez , en permanence ,reconstruisait (ce n'est pas le bon mot)son oeuvre .On ne peut pas demander la même choses à des créateurs différents.Et comme dirait Malraux,à propos de la mort, qu'elle transforme votre vie en destin.
Déjà, Bertrand dans l'ensemble ,est un créateur de formes courtes en général et les quelques une que j'ai écouté sont superbes, mais je connais pas assez de ses oeuvres,pour en parler comme toi,aussi savamment.
Mais c'est un de mes buts de 2022 de mieux connaître ce compositeur.Il y a pas mal de choses sur YT.
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lulu
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MessageSujet: Re: Christophe Bertrand   Christophe Bertrand EmptyDim 2 Jan 2022 - 12:39

je rappelle aussi ce lien, en général les archives de cette série restent disponibles longtemps.

https://www.francemusique.fr/emissions/le-concert-de-20h/archives-christophe-bertrand-98272
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MessageSujet: Re: Christophe Bertrand   Christophe Bertrand EmptyDim 2 Jan 2022 - 13:01

lulu a écrit:
je rappelle aussi ce lien, en général les archives de cette série restent disponibles longtemps.

https://www.francemusique.fr/emissions/le-concert-de-20h/archives-christophe-bertrand-98272
Très interessant merci, je vais aller voir .J'ai tellement de disques que je n'écoute plus France-musique,  c'est dommage, mais il faut choisir.
Je viens de réécouter Vertigo ,pour 2 pianos et orchestre sur Yt, c'est vraiment envoûtant, on est presque aspiré par l'oeuvre,tellement elle nous entraîne petit à petit .Quelqu'un sur YT a fait un rapprochement avec Ligeti, ce n'est pas  bête.
Première fois ,que j'écoute Scales de Bertrand,par l'ensemble Intercontemporain,mais j'aime bien le ton général.
Lulu ,tu dis plus haut, que tu retrouves dans certaines oeuvres de Bertrand du ,Déjà vu, du moins,du Déja écouté, mais à part Radulescu ,qui lui est inimitable, il y a beaucoup de conjonctions et de rapprochements ,dans la musique de cette époque non?
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MessageSujet: Re: Christophe Bertrand   Christophe Bertrand EmptyLun 3 Jan 2022 - 11:42

Hendeka pour trio à cordes et piano (2007)

« Hendeka » est un terme grec signifiant onze : comme les onze minutes que dure la pièce, comme les onze sections qui la composent. Commande du Festival « Les Musicales » de Colmar, elle est dédiée à Bruno Mantovani.

Il serait peu instructif et vain d’analyser la pièce en détail : les processus, pour qu’ils soient clairement perçus, nécessitent une grande complexité d’écriture. Pour paraphraser Ligeti, ce que l’on entend effectivement n’est que la partie émergée de l’iceberg ; mais le fait que la partie immergée (la complexité d’écriture) ait été écrite influe directement sur le résultat sonore. Voici toutefois quelques pistes pour éclairer les principaux axes de travail qui ont guidé la composition de Hendeka.

Tout d’abord, il me semble que Hendeka est une sorte de fusion entre mon Quatuor à cordes et Vertigo pour deux pianos et orchestre : du premier, cette pièce tire son écriture à l’artisanat très poussé (chaque note, chaque rythme, a une justification par rapport au principe qui les régit) et ses textures arachnéennes ; du concerto, elle réemploie et développe les pistes mises au point pour la perception de la structure. Il est à remarquer que les trois pièces tournent autour du nombre onze (onze mouvements dans le Quatuor, onze sections dans Vertigo et dans Hendeka).

Même si la pièce est écrite pour violon, alto, violoncelle et piano, elle est en fait quasiment conçue comme un quatuor à cordes – un quatuor illusoire et idéal, par l’utilisation du piano comme « méta-instrument » à cordes : hormis un bref passage cadentiel, le piano est écrit de la même façon que les autres instruments : il n’a certes pas la possibilité de jouer des quarts de tons, mais l’environnement microtonal donne l’illusion qu’il en joue ; en revanche, il a pour lui l’ambitus immense, la possibilité de résonance et surtout de polyphonie.

De Vertigo, j’ai également réinjecté certains des moyens employés pour guider la perception de l’architecture : la variation notamment, la cohérence des harmonies, la réitération de signaux – notamment le la extrême grave du piano, qui conclura la pièce en une allusion au 24e Prélude de Chopin (les trois coups de tocsin finaux) ; il est également à noter que chaque section de l’œuvre s’ouvre et se referme par la note la.

De même, l’architecture générale de la pièce suit ce même schème ouverture/fermeture : les proportions métriques et temporelles de la pièce sont issues de la suite de Fibonacci ; onze sections, donc, agencées ainsi : 13 – 8 – 5 – 3 – 2 – 1 – 2 – 3 – 5 – 8 – 13, allant de 136 secondes pour les deux sections les plus longues (les première et dernière sections) à 10 pour la plus courte (la section centrale, faite uniquement de la, distordus par une myriade de modes de jeu, contrairement au reste de la pièce).

Ce qu’il y a de nouveau, par rapport à mes pièces précédentes, c’est tout d’abord l’harmonie. Plusieurs échelles sont utilisées, dont une constituée d’un étagement de tierces, une de l’imbrication de deux septièmes de dominantes, ou encore d’un empilement des trois transpositions du mode 2 de Messiaen.

Certains processus sont également nouveaux dans mon langage, comme par exemple celui inspiré de la division cellulaire. La première section de l’œuvre commence sur une oscillation microtonale autour de la note la jouée par tous les instruments, qui s’étoffe pour emplir tout l’espace – en quarts de tons – d’une tierce ; cette même tierce se divise en deux nouvelles tierces « grouillantes », jouées respectivement par un couple alto/piano et un couple violon/violoncelle ; enfin, chaque tierce se divise en un empilement de quatre tierces, chacune étant jouée par un instrument.

Rythmiquement, deux archétypes s’opposent dialectiquement : la superposition de vitesses et l’homorythmie. Le premier se décline de diverses manières : en continuums élastiques (ralentissant ou accélérant, avec une pulsation toujours stable) ou en superpositions de fréquences de répétitions (jusqu’à onze, encore une fois!), par exemple. Les passages homorythmiques sont constitués de gammes clustérisées (à la manière d'un harmonizer), se désagrégeant par l’insertion de courts silences ou au contraire se soudant pour constituer cette gamme ; la clustérisation des gammes s’étoffe, passant de la même tierce emplie de quarts de tons, au mode 2 agrégé.

Ce qu’il y a de constant, en revanche, c’est l’extrême virtuosité requise, et plus particulièrement pour les cordes : utilisation des registres suraigus du violoncelle et de l’alto, intense emploi des quarts de tons, vitesse démesurée, dynamiques extrêmes (du ppp au fffff), bruissements d’harmoniques. Mais c’est également au niveau de la mise en place que la difficulté est présente, autant par la superposition de vitesses (qui implique une pulsation d’une stabilité à toute épreuve) que par les homorythmies frénétiques. Tout cela, je le dis et le redis, n’a aucune visée démonstrative : je cherche, par cette virtuosité redoutable, à placer l’interprète dans une forme d’inconfort qui l’implique physiquement et psychologiquement de façon absolue ; pour, je l’espère, capter l’écoute de l’auditeur et lui communiquer le caractère turbulent et extraverti de la pièce.

Je me suis également amusé à rendre les indications agogiques particulièrement suggestives : des expressions comme brulicando (grouillant), selvaggio (sauvage), frusciante (bruissant), astioso (hargneux), esplosivo (explosif), viscoso (visqueux !), émaillent la partition.

Christophe Bertrand

Christophe Bertrand (1981-2010) - Hendeka

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MessageSujet: Re: Christophe Bertrand   Christophe Bertrand EmptyLun 3 Jan 2022 - 11:52

V E R T I G O

Vertigo est une pièce écrite pour deux pianos et un grand orchestre de 83 musiciens. Elle m'a été commandée par le Festival Musica et l'Etat français.

Vertigo (dont le titre sera expliqué un peu plus loin) représente ma première confrontation à ce que je pourrais appeler la grande forme. En effet, la pièce la plus longue que j'avais écrite jusqu'à présent était mon Quatuor, qui durait près de vingt minutes, mais constitué d'une mosaïque de onze courts mouvements. Cette fois-ci, l'enjeu formel était de taille : écrire une pièce de vingt minutes pour deux pianos et grand orchestre en un seul tenant (relevant d'une certaine gageure pour moi, affectionnant d'ordinaire les formes relativement courtes). Il va sans dire que les préoccupations architecturales et surtout perceptives ont été un enjeu central de la composition de cette pièce.

Évidemment un seul tenant n'implique pas un bloc monolithique ; Vertigo est structuré en onze sections proportionnées selon la suite de Fibonacci (en miroir) : 1 - 2 - 3 - 5 - 8 - 13 - 8 - 5 - 3 - 2 - 1, ce qui implique des sections allant de 23" à 306" (cette section centrale, trop longue en rapport avec les autres, est du coup elle même subdivisée en cinq sections selon les proportions 1 - 2 - 3 - 5 - 3 - 2 - 1) Toutes ces durées ne sont évidemment par perçues en tant que telles, mais confèrent une sensation d'équilibre à l'ensemble. Mon travail a été très centré sur la notion de perception, selon les questions : comment guider l'écoute? comment donner une unité à l'ensemble? Plusieurs solutions ont donc été mises en oeuvre.

La réitération et la variation ont ainsi été inévitables : je vais prendre trois exemples. Au tout début de l'œuvre, certains instruments de l'orchestre (un cor, deux clarinettes à l'unisson, les altos, etc.) énoncent des tenues ff, droites, brutes, sans vibrato, presque "sales". Les deux pianos ont un rôle inhabituel de "résonateurs actifs" de l'orchestre : des motifs de triples croches très rapides suivant l'évolution harmonique déterminée par les entrées successives des strates orchestrales : ici leur rôle est très en retrait, totalement au second plan. Ces mêmes triples croches, dix minutes plus tard, réapparaîtront, mais plus en avant, surmontées d'une seule strate : les gammes d'harmoniques des cors. Il y a deux strates, deux plans. Enfin, vers la fin de la pièce, ces triples croches deviennent solistes, leur rôle est premier : c'est la troisième cadence de la pièce (seules quelques discrètes harmoniques naturelles des cordes et des cors décolorent les pianos).

Dans le même ordre d'idées, les flûtes, les hautbois et les clarinettes égrènent un arpège très aigu, constitué de deux septièmes diminuées séparées par un demi-ton. C'est un signal clair. Cette disposition non-octaviante sera de plus en plus présente au cours de l'œuvre, jusqu'à envahir complètement l'espace harmonique et orchestral lors de frénétiques tutti.

Enfin, un cluster strident des bois en quarts de tons, tenu dans le suraigu et dans la nuance ffff, intervient à deux reprises, de façon totalement identique : c'est un signal très prégnant, qui est immédiatement reconnaissable.

Pour assurer une unité de l'ensemble, j'ai également utilisé un certains nombre d'harmonies, qui circulent tout au long de la pièce : ce sont par exemple la matrice do-réb-fa-sol (dans toutes les transpositions possibles) ; ou la superposition de deux septièmes de dominante dans l'espace d'une octave (à la couleur très diatonique et qui semble presque modale). Et une certaine nouveauté dans mon langage (comme le pendant de ce relatif diatonisme) : l'écriture en clusters, sous toutes ses formes (tenus, rythmiques, gammes clustérisées, parfois à l'extrême).

Mais par-dessus tout, c'est le rôle des pianos qui est prédominant dans l'unité de la pièce (car c'est bien un concerto!), et qui explique - en partie - le titre Vertigo. J'ai cherché à utiliser nombre de moyens de brouillage : la superposition de vitesses dans des registres similaires, le contrepoint de figures très proches harmoniquement et rythmiquement (comme il est possible de le faire sur les deux claviers d'un clavecin), et l'impureté induite par l'environnement microtonal (pour donner l'illusion que les pianos sont détempérés) ; cet environnement microtonal est d'ailleurs beaucoup issu des harmoniques naturelles des cordes et des cors. Il en résulte une sensation presque "éthylisée", brouillée, trouble, comme un reflet dans une eau en léger mouvement.

Comme le préfigurait l'orchestration de Mana, je requiers de l'orchestre une grande virtuosité instrumentale, toujours dans le même dessein d'obtenir une frénésie collective : comme un gigantesque ensemble de solistes, un orchestre très divisé (43 parties réelles ; à un moment 24 parties de violons), grande vitesse d'exécution, tempi extrêmes (jusqu'à 200 à la croche), tutti orgiaques. Je n'ai pas manqué de me souvenir de la lettre que m'a écrite Helmut Lachenmann, qui suggérait chez moi un peu plus "[d']écriture criminelle" ; j'espère y être parvenu par moments.

Enfin, la deuxième explication du titre est une référence au Scottie d'Hitchcock... car moi aussi j'ai peur du vide (du silence), et les vingt minutes de la pièce ne connaissent aucun répit, aucun temps mort. Pas de silences, pas de lenteur.

Christophe Bertrand

Christophe Bertrand - Vertigo pour 2 pianos et orchestre (2006-07)
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MessageSujet: Re: Christophe Bertrand   Christophe Bertrand EmptyLun 3 Jan 2022 - 12:11

gluckhand a écrit:
Je n'ai pas manqué de me souvenir de la lettre que m'a écrite Helmut Lachenmann, qui suggérait chez moi un peu plus "[d']écriture criminelle" ;

il n’avait pas tort. Mr. Green

sinon c’est fascinant Vertigo, mais là encore je trouve vite ça pénible et long.
j’ai pas encore écouté le troisième CD du coffret que j’ai mentionné plus haut, ça sera l’occasion de réessayer.
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MessageSujet: Re: Christophe Bertrand   Christophe Bertrand EmptyLun 3 Jan 2022 - 12:24

lulu a écrit:
gluckhand a écrit:
Je n'ai pas manqué de me souvenir de la lettre que m'a écrite Helmut Lachenmann, qui suggérait chez moi un peu plus "[d']écriture criminelle" ;

il n’avait pas tort. Mr. Green

sinon c’est fascinant Vertigo, mais là encore je trouve vite ça pénible et long.
j’ai pas encore écouté le troisième CD du coffret que j’ai mentionné plus haut, ça sera l’occasion de réessayer.

Interessant je trouve de lire, ce qu'écrivait Bertrand sur ses propres oeuvres, même si je dois avouer ,que certaines lignes musicales m'échappent, mais dans l'ensemble, c'est assez compréhensible pour un non-initié.
Moi ce que je reproche surtout à Bertrand, c'est de n'avoir pas fait d'autres oeuvres comme Vertigo,du moins en égale durée. Une oeuvre d'une dizaine de minutes,n'a pas le même impact pour moi et la même résonnance ,même si je trouve très beau Okhtor pour grand orchestre (13 minutes).

Lulu, je suis pas assez connaisseur de l'oeuvre de Bertrand, pour comme toi et  Анастасия231,être lassé par les répétitions ,Vertigo me plaît bien et je n'y ressens pas encore les ficelles comme tu dis plus haut.
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MessageSujet: Re: Christophe Bertrand   Christophe Bertrand EmptyLun 3 Jan 2022 - 12:36

O K H T O R

Le titre de cette pièce pour grand orchestre, « Okhtor » est l'anagramme du nom du peintre américain Rothko. En effet, c'est la vision de l'un de ses tableaux, « No.10, Brown, Black, Sienna on Dark Wine » composé de trois couches superposées de tailles et de couleurs différentes, aux contours en sfumato, qui m'a inspiré un accord, point de départ de la pièce : il m'a paru intéressant de superposer trois clusters aux couleurs très différentes qui ont créé ce que j'appelle le « Rothko Chord » : les bois jouent des tierces en étagement, les cuivres une agrégation de deux septièmes de dominante, et les cordes, les harmoniques du do, cinquième corde de la contrebasse. L'accord devient très complexe, comme un mur parfaitement homogène, car aucun instrument de doit ressortir, mais qui comporte trois couleurs parfaitement identifiables. Cet accord revient périodiquement dans la pièce, tel un signal clair, et termine la pièce en se dévoilant peu à peu des résonances des trois tam-tams.

La structure de la pièce est assez complexe, car elle superpose deux schémas formels différents, superposés sur une ordonnée temporelle : cela produit des séquence très hétérogènes, allant de 7 secondes pour la plus courte à 152 pour la plus longue.

« Okhtor » est une pièce assez différente des précédentes, car elle développe deux aspects que j'ai peu ou pas utilisés jusqu'à présent : le travail sur des timbres complexes, et surtout sur la lenteur. Un exemple très clair mêlant ces deux aspects est la superposition d'harmoniques suraiguës des cors aux tempi différents, colorés par des tam-tams avec archets ; le résultat donne un son très complexe, riche en sons inharmoniques ; cet constellation sonore très vaporeuse m'a été inspirée par l'aspect sfumato de la peinture citée plus haut. Un autre exemple de ce travail sur le timbre est la superposition de neuf sons multiphoniques différents, là encore auréolés des sons inharmoniques des archets sur les tam-tams et la cymbale suspendue.

J'ai tenté de me libérer aussi plus avant de certains procédés jusque là très (trop?) employés dans mon langage ; en effet, la dernière pièce que j'ai écrite, « Scales » est une forme d'aboutissement de toute ma pensée compositionnelle, et de la virtuosité instrumentales à son acmé : « Scales » est une pièce assez utopique, car certains passages ne sont pas parfaitement jouables, mais l'énergie qui s'en dégage est colossale. J'avais envie pour « Okthor » non pas de m'assagir, car la pièce reste très virtuose, mais de trouver d'autres formes de virtuosité, moins apparentes mais tout aussi redoutables. L'utilisation de fragments mélodiques est également assez nouveau chez moi : bien évidemment il ne s'agit pas de formes traditionnelles de mélodies, mais plutôt des ornements très développés autour de quelques pôles sonores bien distincts.

On retrouve en revanche certaines idées que j'ai souvent développées, et qui, je crois, appartiennent définitvement à mon langage : l'étagement de mètres (le début par exemple, est une superposition de neuf fragments de trois notes chacun, traités en shifting, et tous avec une vitesse différente, donnant la sensation d'un crépitement). L'utilisation de clusters est également présente, peut-être même davantage que dans toutes mes pièces précédentes : là encore ce sont ces rectangles aux contours en sfumato qui m'ont donné l'envie de pousser plus avant l'écriture en agrégats. On y retrouve aussi des patterns en phasage-déphasage ou des klangfarbenmelodien clustérisées, même s'ils sont bien plus limités qu'auparavant. L'utilisation de la violence (notamment avec les percussions à peaux sauvages et chaotiques) comme élément structurel et signalétique est essentielle ; toutefois, l'emploi de percussions résonantes (trois tam-tams, notamment) est assez singulier et pour la première fois utilisé de façon si riche.

« Okhtor » n'est pas une pièce de rupture, mon évolution se fait dans la lenteur et la progression d'une pièce à l'autre : si certains paramètres ont atteint leur aboutissement, d'autres sont totalement nouveaux (j'insiste beaucoup sur la notion de lenteur, qui m'a toujours été étrangère et qui s'immisce dans cette nouvelle œuvre). C'est peut-être une pièce de transition, car j'ai abandonné certains acquis pour trouver de nouveaux concepts compositionnels. Comme je l'ai dit, l'évolution du langage, chez moi en tout cas, se fait par petites touches : un élément anecdotique dans une pièce peut devenir l'élément central de la pièce suivante. C'est pour cela que si on compare ma première pièce pour orchestre de chambre, « Yet » à « Okthor », on mesure le chemin parcouru, le délaissement de certains paramètres pour d'autres, tout en gardant, je l'espère une touche personnelle.

2010 Christophe Bertrand

Christophe Bertrand (1981-2010) - Okhtor pour grand orchestre (2010)
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MessageSujet: Re: Christophe Bertrand   Christophe Bertrand EmptyLun 3 Jan 2022 - 12:41

gluckhand a écrit:
C'est peut-être une pièce de transition,

Neutral
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MessageSujet: Re: Christophe Bertrand   Christophe Bertrand EmptyLun 3 Jan 2022 - 12:48

lulu a écrit:
gluckhand a écrit:
C'est peut-être une pièce de transition,

Neutral

Je trouve Okhtor plus lyrique et moins rigidifiée que Vertigo,plus libre de ses mouvements à l'écoute.
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MessageSujet: Re: Christophe Bertrand   Christophe Bertrand EmptyLun 3 Jan 2022 - 12:53

je suis tout à fait d’accord, j’étais plutôt troublé par ce « peut-être une pièce de transition » pour une œuvre qui est une de ses dernières et qui a été créée après sa mort.
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MessageSujet: Re: Christophe Bertrand   Christophe Bertrand EmptyLun 3 Jan 2022 - 13:05

lulu a écrit:
je suis tout à fait d’accord, j’étais plutôt troublé par ce « peut-être une pièce de transition » pour une œuvre qui est une de ses dernières et qui a été créée après sa mort.
hehe
...transition vers l'au-delà...
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MessageSujet: Re: Christophe Bertrand   Christophe Bertrand EmptyLun 3 Jan 2022 - 13:05

j’ai pas osé. hehe
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MessageSujet: Re: Christophe Bertrand   Christophe Bertrand EmptyLun 3 Jan 2022 - 13:07

lulu a écrit:
je suis tout à fait d’accord, j’étais plutôt troublé par ce « peut-être une pièce de transition » pour une œuvre qui est une de ses dernières et qui a été créée après sa mort.

Peut être qu'il comptait évoluer vers une vision plus lyrique et moins "école spectrale". On ne le saura pas,puisqu'il s'est suicidé.Mais je trouve à la lecture de ses programmes,plus haut, quelqu'un d'humain et sans prétention  et qui se cherche, doutant beaucoup aussi .Il paraît qu'il avait des troubles bipolaires,ce qui n'arrange rien.

Christophe Bertrand 20100910

Interessant de relire aujourd'hui, un article de 2008 de Xavier Lacavalerie sur Christophe Bertrand , paru dans Télérama.
https://www.telerama.fr/musique/l-homme-precis,33369.php
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MessageSujet: Re: Christophe Bertrand   Christophe Bertrand EmptyJeu 6 Jan 2022 - 13:10

Christophe Bertrand 600x3310


https://www.francemusique.fr/emissions/le-concert-de-20h/archives-christophe-bertrand-

Pour ceux qui ne connaîtraient pas ou mal comme moi Christophe Bertrand, ce concert d'archives de Christian Merlin , est vraiment une très bonne approche, comme le conseillait Lulu plus haut. Ce sont 4 oeuvres et 4 concerts différents et le fait qi'ils soient en live,est un véritable plus.

Dans Madrigal , Françoise Kubler, soprano est remarquable et l' Ensemble Accroche-Note font merveille,vraiment .On entend aussi comment Bertrand traite la voix féminine et pourtant les textes de (Calvino, Barthes et Rabelais je crois) ne sont pas les plus faciles.
Enr. 30 septembre 2005 (Strasbourg, festival Musica)

Vertigo avec Hideki Nagano, Sébastien Vichard : pianos et l' Orchestre philharmonique de Liège Wallonie-Bruxelles sous la direction de  Pascal Rophé qui délivre ou vision moins opprimante et implacable, pour en donner une oeuvre riche et épanouie,presque lyrique, vu les difficultés de la partition.
Enr. 20 septembre 2008 (Strasbourg, festival Musica)

Satka, pour flûte, clarinette, violon, violoncelle, percussion, piano par l'Ensemble Court-Circuit.Satka  est une oeuvre très organisée . Ce sextuor nous entraîne  dans un maelstrom élastique et mouvant, sans répit  ,comme des couches successives, qui s'effaceraient pour en laisser  apparaître d'autres différentes .Comme toujours chez Bertrand,la brieveté de l'oeuvre ,la condamne à aller plus vite ou périr.Ce qui fait qu'on ne sait jamais bien ou on en est vraiment et Bertrand a vraiment réussi son but.
Enr. 20 janvier 2014 (Radio France, studio 105, pour France Musique)

Quatuor II (2010) (création, commande d’État) Quatuor Arditti
L'oeuvre est bien différente du premier quatuor, déjà par sa brieveté et sa concentration ,ce qui fait que la tension n'est plus du tout la même qu'avec le premier .Un quatuor intense et exigeant qui demande beaucoup aux interprètes, mais les Arditti, ne sont pas les premiers venus et sont rompus à ce genre d'exercice.
Enr. 24 septembre 2011 (Strasbourg, festival Musica)


Enfin ,je rappelle ,qu'il y a un site très bien fait consacré ,à Christophe Bertrand, ou l'on découvre ,par exemple sa découverte de Bruckner et plein de textes aussi ,sur sa musique.

http://www.christophebertrand.fr/textes.html
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MessageSujet: Re: Christophe Bertrand   Christophe Bertrand EmptyLun 10 Jan 2022 - 15:31

La Chute Du Rouge (2000)pour clarinette, violoncelle, vibraphone et piano.


La chute du rouge est pour moi ,une oeuvre remarquable de maturité ,pour un jeune musicien de 19 ans seulement.Là, la virtuosité s'en donne ,à coeur joie, mais il n'y a pas que ça,loin de là..Moi je la trouve très belle et aboutie et j'aime bien cette agitation, qu'a voulu le compositeur,ce n'est qu'une oeuvre au final ,qui ne dépasse guère plus ,que ses 11 minutes.Il nous balade ,dans des atmosphères assez  différerentes ,dans le temps assez court de cette oeuvre.Pas vraiment le temps de s'ennuyer ,selon moi.



Je ne sais si le Programme de cette oeuvre va vraiment l'aider ,à être plus connue,pourtant ,elle est très facile d'écoute et même très agréable.

La Chute Du Rouge, pièce composée en 2000, puise son organisation formelle dans le modèle du tanka japonais (aba/bb) : de celui-ci découle une imbrication de plusieurs symétries (axiales ou centrales) tant dans la forme globale, que dans l'évolution dynamique, les variations de vitesse ou encore la densité harmonique ; à A correspond une amplification des paramètres jusqu'à la saturation, à B l'inverse, c'est-à-dire à un décroissement de cette densité. Cette composition trouve son inspiration dans la toile éponyme du peintre Philippe Cognée, dans laquelle la matière semble animée d'une effervescence interne, grâce à l'épaisseur des touches picurales et à l'intensité du rouge dominant. C'est cet aspect d'agitation de l'intérieur, qui est à la base des différentes sections.


Dernière édition par gluckhand le Lun 10 Jan 2022 - 16:20, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Christophe Bertrand   Christophe Bertrand EmptyLun 10 Jan 2022 - 15:34

La Chute du rouge / Programme  /Suite


La première partie débute sur une longue plage très lente où les différents effets des instruments, les déviations presque insaisissables d'un même son (si b) créent une animation constante (battements, vibratos, trémolos, etc.) aboutissant sur une accélération au champ harmonique composé de trois notes amenant une première saturation, sauvage et chaotique.
Subitement, un nouveau champ harmonique fait son apparition, au caractère évanescent et impalpable, chatoiement d'harmoniques et murmures laissant peu à peu la place à une brève cadence qui consiste en un immense et implacable crescendo : un nouveau climax est atteint, qui s'érode peu à peu en un passage très rythmique, graduellement « ramolli », plus lent et plus tranquille. Un accord cristallin basé sur les harmoniques de la note mi (utilisée en ostinato dans la section précédente) amène une cadence de clarinette, court intermède reprenant comme une synthèse les champs harmoniques développés jusqu'ici. Plus calme est le passage suivant, miroir de l'introduction : mais cette fois-ci, le si b est projeté dans l'espace, il n'est plus polarisé dans un même registre ; un point distingue cette plage du commencement : des notes répétées accentuent l'agitation interne du son, et d'elles surgit un ostinato très rythmique allant crescendo, progressivement plus féroce, évoluant dans toutes les directions par l'apparition d'arpèges et de clusters ; jaillit alors une quinte qui se brouille pour évoluer vers un trille après un bref passage par le cluster. Le trille, telles les Métamorphoses d'Escher, se transforme graduellement en un accord aux couleurs diatoniques, qui en disparaissant dans une courte coda, permet à la pièce de retourner au silence qu'elle avait quitté durant onze minutes.

Christophe Bertrand.Merci à L 'Ircam

https://www.youtube.com/watch?=christophe+Bertrand+lachute+durouge
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