Marc Voinchet directeur de France Musique

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France Culture, la nuit, re-diffuse d’anciennes émissions. C’est "podcastable" ad lib. ou presque. La différence de qualité entre ces rediffusions et la grille de programme actuelle saute à la figure (ou à l’oreille, c’est selon).

En cette fin d'août 2016, Marc Voinchet, directeur de France Musique, propose sa première grille, comme on dit, des programmes.

Première constatation, le Concert de l'après-midi passe à la trappe et est remplacé par une émission thématique confiée à un producteur vraisemblablement "en alternance" qui nous offrira. un débit musical d'enregistrements discographiques divers, suivant sa fantaisie. Bien sûr, une telle émission apportera son lot de "bavardages". On a souvent reproché, souvent à juste titre d'ailleurs, à FM d'être trop bavarde : fâcheuse tendance que FM avait précisément combattue en diffusant (et en se ventant de diffuser) nombre de concerts et, pratiquement, deux concerts chaque jour ces dernières années ! C'était là une excellente initiative et une ouverture sur le monde musical que. personnellement, j'avais beaucoup appréciée.

Deuxième constatation, la soirée d'opéra passe du samedi soir au dimanche soir. Voila qui est singulier et audacieux ! A ma connaissance, la grande majorité des radios "classiques" consacre le samedi soir à l'opéra. Cette initiative amènera-t-elle de nouveaux auditeurs ? Troublera-elle les fidèles et les fera-t-elle fuir ? A l'heure des radios internet, il est facile d'écouter ailleurs...et autre chose que Radio classique, le soit-disant adversaire.

Les craintes que la personnalité de Marc Voinchet avait suscitées se confirmerait-elles ?


fomalhaut

Ça n'augure rien de bon pour les années à venir.
La programmation classique cède  un peu plus de place au jazz, c'est un fait.
Et  comment ne pas tracer un parallèle entre ce qui arrive à France Musique et ce qui est arrivé à Radio-Canada.
@dental
Merci pour les liens!

fomalhaut a écrit:

En cette fin d'août 2016, Marc Voinchet, directeur de France Musique, propose sa première grille, comme on dit, des programmes.

Première constatation, le Concert de l'après-midi passe à la trappe et est remplacé par une émission thématique confiée à un producteur vraisemblablement "en alternance" qui nous offrira. un débit musical d'enregistrements discographiques divers, suivant sa fantaisie. Bien sûr, une telle émission apportera son lot de "bavardages". On a souvent reproché, souvent à juste titre d'ailleurs, à FM d'être trop bavarde : fâcheuse tendance que FM avait précisément combattue en diffusant (et en se ventant de diffuser) nombre de concerts et, pratiquement, deux concerts chaque jour ces dernières années ! C'était là une excellente initiative et une ouverture sur le monde musical que. personnellement, j'avais beaucoup appréciée.


fomalhaut

Personnellement je me réjouis du retour du bavardage sur FM.
Contextualiser, expliciter et analyser les contenu des œuvres c'est la plus value* de FM par rapport a un robinet à musique façon Radio Classique. Si on veut de la musique à flot continu autant se tourner vers sa discothèque...

*Et encore je trouve qu'ils ne vont pas assez loin d'un point de vue musicologique.

arnaud bellemontagne a écrit:

*Et encore je trouve qu'ils ne vont pas assez loin d'un point de vue musicologique.

**ici, vous allez trop loin.

Spoiler:

Mais il n'y a plus aucune "musicologie" dans les interventions des animateurs de France Musique ! Y a eu, pour sûr, mais y a plus, et depuis belle lurette. Il reste un peu d'histoire de la musique, et encore, elle-même a tendance à fuir.

Comme moi, du reste, car j'ai coupé le poste ce matin, ayant vainement espéré entendre à sept heures autre chose qu'un de ces bulletins d'actualité homini-présents qui nous ratatinent le bulbe (sont fait pour ça).

Il y avait quand même un peu de musicologie dans le matin des musiciens, notamment avec Jean Pierre Derrien ou dans les ateliers de Philippe Cassard.

arnaud bellemontagne a écrit:

Si on veut de la musique à flot continu autant se tourner vers sa discothèque... Mr.Red

Certes, mais ce n'est pas du tout la même chose. Mettre une radio le matin dans la cuisine est un geste bien différent de celui qui consiste à choisir un disque pour l'écouter. C'est s'en remettre au hasard de la programmation en pressant un bouton, c'était allier une extrême facilité et la promesse de bonnes surprises. Et ceci par la grâce d'une certaine convenance entre l'auditeur et la chaine de radio. Or c'est cette convenance avec France Musique qui pour moi est en passe de se rompre.

Étant avant tout un littéraire, j'étais déjà orphelin de France Culture qui, après avoir fait mes délices dans mes années de formation, m'est devenue parfaitement odieuse. Bref... je suis plutôt en délicatesse avec la maison ronde.

Je n'écoute plus France Musique depuis que la possibilité de choisir ses découvertes est devenue tellement facile en ligne, mais la ligne de crête est difficile à tenir. Suivant les humeurs et les usages, la musique commentée ne convient pas toujours. Si c'est pour me tenir occupé en vaquant ou conduisant, le commentaire va très bien, mais si c'est pour accompagner le travail, mettre une ambiance, ou simplement écouter de la musique, les commentaires vont gêner.

Mais le principal problème est surtout que, la plupart du temps (enfin, à l'époque où je l'écoutais il y a quinze ans, mais ce que j'ai parcouru depuis ne m'a pas donné l'impression d'un grand changement), ce sont des commentaires assez superficiels, toujours les mêmes fiches rédigées à partir de Massin ou Vignal. C'est sympa quand on est jeune mélomane sans repères, mais si on écoute France Mu, on est ou on devient vite un peu plus spécialisé que ça, et les généralités ou les jolies thématiques superficielles deviennent pesantes.

Je vois donc deux attitudes vraiment fécondes :
¶ l'émission de précision, plutôt le truc à télécharger pour le moment où l'on est prêt qu'à balancer sur les ondes à l'heure des bouchons, où un élément musical est présenté de façon méthodique (Alain Pâris faisait ça avec les timbres d'orchestre à une époque, c'était court et vraiment centré sur de petits extraits comparés) ; une sorte de cours à distance (ils devraient faire ça sur l'harmonie, l'orchestration, la forme, ce serait utile pour ceux qui n'ont pas fait les études, ou manquent d'infos dans l'un ou l'autre domaine) ;
¶ le robinet à musique. Ça paraît ne pas être chouette dit comme ça, mais mes plus belles expériences de radio ont été à l'écoute d'Hector et Vivace, programmation musicale avec une simple annonce/désannonce, mais extrêmement variée, et de très grande qualité. J'y ai découvert énormément de raretés (Borgstrøm !), de contemporains sympas… et comme ça s'enchaîne de façon très variée, on peut attendre la fin d'une pièce qu'on n'aime pas, on est à la fois surpris et moins contraint que si l'on tombe sur l'heure de jazz / baroque / opéra.

Mais le gentil blabla général avec un entretien de pianiste en tournée de promo, ou autour des thématiques exogènes du genre « les héros de l'Antiquité » ou « ils arrivent les petits moutons », j'avoue que ça m'exalte assez peu. Ça prend beaucoup de place sur la musique pour une plus-value informative assez réduite. (Mais c'est compliqué de faire de la bonne pédagogie quand on n'a pas de public défini, je l'admets complètement !)

Parmi les trucs sympas dernièrement, il y avait le Mitan des Musiciens, où les attachés de prod allaient dénicher les choses les plus rares des compositeurs abordés, ce dont on a entendu parler mais qu'on a pas réussi à trouver… Là, il y a clairement de la plus-value. Dans une genre qui n'est pas le mien, le Journal de l'opéra, avec un tour d'horizon de l'actualité lyrique, semblait un projet assez cohérent aussi (mais pas testé, je me contente d'écouter les retransmissions ou les sorties si elles m'intéressent…).


Tout ça pour dire que ni le blabla, ni même le robinet à musique ne doivent être disqualifiés a priori ; l'offre de France Musique ne me passionne pas vraiment (les concerts posent aussi le problème de l'équilibre, beaucoup de répétitions…), mais il n'est pas si évident de toucher juste.

Vous parlez d'or, David, et les deux exemples que vous donnez (l'émission de précision et le robinet à musique) de programmes stimulants pour l'auditeur, sont précisément ce que je ne trouve plus sur France Musique. Ces deux manières de faire y ont été très bien représentées naguère, et ont presque disparu.

Quant à ce bavardage pesant à force de légèreté, vous l'avez très bien décrit (promotions diverses, thématiques plus ou moins controuvées, rabâchage du sempiternel minimum didactique), je le vois en train de se répandre partout.

France Culture a subit à peu près la même évolution, qui en a fait un clone snob de France Inter. J'ai sans doute l'air d'un grincheux acharné en mettant l'accent sur un appauvrissement généralisé de la qualité des programmes (FQ + FM), mais c'est que la déperdition me semble énorme. Ces deux radios ont eu une part notable dans ce que j'oserais appeler une éducation spirituelle, dans mon cas, et c'est sans doute une expérience que beaucoup ont partagé.

Il me semble, et vous le suggérez, que le problème vient de la politique des ces deux stations : les objectifs d'audience — souvent chimériques —, la ligne éditoriale — plate jusqu'à l'insignifiance — et de l'impératif d'économie budgétaire.

C'est assez triste car il y avait là quelque chose qui ressemblait à une université populaire, gratuite et sur les ondes. Mais il semble que certains se soient fourré en tête que populaire devait être vulgaire... Lourde erreur.

Je souscris totalement à ce que vous dites. De ce fait ce sont les émissions de la nuit, qui faisaient un peu office de "robinet" qui vont le plus me manquer (avec le concert de l'après-midi qui proposait parfois des bonnes surprises). Je me pose la question de l'intérêt, à part purement économique, de rediffuser la nuit les émissions de la journée à l'ère du podcast généralisé.

Guillaume Colnot a écrit:

France Culture a subit à peu près la même évolution, qui en a fait un clone snob de France Inter. J'ai sans doute l'air d'un grincheux acharné en mettant l'accent sur un appauvrissement généralisé de la qualité des programmes (FQ + FM), mais c'est que la déperdition me semble énorme.

J'ai découvert France Culture après le tournant de l'information, donc je ne suis pas juge, mais j'y trouve beaucoup de bonnes choses (en particulier le versant scientifique, assez dense et accessible à tous). Même si ce n'est pas la vocation première de la station, l'info des Matins est quand même une bénédiction dans un univers où le reste des ondes radiophoniques commente la pluie, les embouteillages et les taux d'échange du jour…

@ Roderick : repiquer la nuit le programme du jour, comme fait — mais depuis quand ? — France Musique, est d'une imbécilité qualifiée et ne peut s'expliquer que par la plus grande des paresse... pécunière. Quant aux trésors radiophoniques nocturnes, fort heureusement France Culture les maintient. Ils sont même rendus plus attrayants car podcastables. Ce progrès seul mérite l'éloge (sauf pour mon disque dur) !

@ David LeMarrec : vous êtes donc venu trop tard à France Culture pour pouvoir jauger le bousillage. Quant aux programmes scientifiques, ils ne sont hélas plus que l'ombre d'eux-même. Si vous pouviez mettre la main sur une archive des ces émissions scientifiques des années quatre-vingt-dix vous seriez stupéfait. Une heure et demi sur un sujet, traité dans sa profondeur et sa diversité ; et ce de façon telle qu'on ne se lassait pas. Quant à l'information, franchement à la longue la trop forte orientation idéologique m'a fatigué. On a le droit d'être à la fois atlantiste et mélenchoniste si on veut, et c'est parfaitement défendable avec un certain sens du paradoxe, mais de là à imposer cette ligne sur le service public, il y a un saut en dehors de toute déontologie. Vous croyez que j'exagère ? Prenez le temps si vous l'avez de constater les tables rondes où tout le monde est du même avis. C'est la grande spécialité maison !

Guillaume Colnot a écrit:

Quant à l'information, franchement à la longue la trop forte orientation idéologique m'a fatigué. [...] Vous croyez que j'exagère ?

Non, je l'ai remarqué aussi, mais ce qui m'intéresse est que ça aborde des sujets un peu plus précis et ambitieux en général passés sous silence (c'est plus Courrier International que Le Parisien, en somme). Pour ce qui est de l'impartialité, je me suis résigné depuis longtemps, on ne la trouve nulle part – et je trouve peu professionnel en effet de faire des entretiens avec un air narquois ou, comme c'est souvent le cas sur France Culture, de servir la soupe à un invité qui peut exagéré ou mentir sans contradiction dans un faux débat. Mais je m'en moque, ça ne trompe pas le public de la station, c'est désagréable mais ne nuit pas à l'essentiel disons.

Mais oui, c'est politiquement assez homogène, avec un positionnement du genre « artiste des beaux quartiers ».

Guillaume Colnot a écrit:

@ Roderick : repiquer la nuit le programme du jour, comme fait — mais depuis quand ? — France Musique, est d'une imbécilité qualifiée et ne peut s'expliquer que par la plus grande des paresse... pécunière.

Depuis cette rentrée seulement, hélas... entre 1h et 7h il y avait bien des émissions originales jusqu'alors. Effectivement je serais très tenté par un programme d'archives couvrant toutes les périodes de la station, du type de celui de France Culture.

France Musique à l'instant réussit (j'aime bien) à faire voler en éclats (en tout cas à suspendre) tout ce que j'ai pu affirmer plus tôt : comme à chaque fois 15 secondes suffisent au swing souverain de Louis Armstrong pour conquérir mon âme (concert à Pleyel de 1948).

"France Musique, vous ne pourrez plus vous en passer ! " est-il écrit dans cet article : http://www.francemusique.fr/classique/la-rentree-de-france-musique-2016-2017-138655.

Voilà qui donnerait bien envie !... ne fut le sourire radieux, passionné, lumineux et totalement enthousiasmant qui suit :

Spoiler:

Ils ont tellement honte de leur nouvelle grille qu'il faut zoomer dessus pour pouvoir la lire en bas de page : www.francemusique.fr/classique/la-rentree-de-france-musique-2016-2017-138655

Te plains pas vu que le Jazz sera à l'honneur.

2 émissions de jazz, de 18 à 20h, du lundi au vendredi, personnellement, je trouve ça aberrant, mais ça doit obéir à une logique (paresseuse) d'audimat. Qui plus est, les retransmissions du Jazz-Club sont maintenant réduites à la portion congrue (1h au lieu des 2h20 du format original) dans le mouvement, annoncé à la rentrée précédente par le PDG, de réduction des retransmissions de concerts ( pour le concert de l'après-midi).

On comprend mieux pourquoi Marc Voinchet a l'air d'un qui fait dans la braise sur la photo choisie pour illustrer la nouvelle grille.

Ceci dit, je ne suis plus, et de longue date, qu'un auditeur très occasionnel de France-Musique, mais j'ai trouvé que la mine d'enterrement de Marc Voinchet et la grille miniature des programmes sur la page citée par Pipus formaient un sous-texte assez amusant, contredisant l'optimiste et volontaire formule "France Musique, vous ne pourrez plus vous en passer !"

C'est bien ce que je craignais que Voinchet apporte, la banalisation de France Musique. Et ça ne fait que commencer. Le privilège donné à la musique classique sur le service public n'est plus dans l'air du temps. Un irrésistible esprit de nivellement est à l'œuvre.

J'ai tout de même envie de leur laisser une chance.On verra bien.