Musique de célébration politique et militaire

Une question (qui n'aura peut-être pas de réponses).

J'écoute Le Triomphe de la République de Gossec (en attendant de voir Tarare de Salieri en DVD : je me demande d'ailleurs quelle version a été retenue pour ces représentations, puisque la fin triomphale de l'opéra a varié en fonction des régimes politiques) et je me demandais si on pouvait proposer une liste d'oeuvres visiblement destinées à célébrer le pouvoir politique en place.

On connaît l'usage des prologues dans les opéras de Lully, celle de Te Deum variés (encore que je ne sache pas évidemment à quoi chacun se réfère précisément) et j'ai donc ce Triomphe de la République à l'oreille (et puis il y a ce pastiche délicieux par Michel Legrand dans Les Mariés de l'An 2 de musique "révolutionnaire"). Certains opéras sont commandés pour des circonstances particulières et sans, dans leur intrigue allégorique, en général transparents (je pense à Ascanio in Alba de Mozart, par exemple, écrit pour le mariage d'un archiduc, fils de Marie-Thérèse qui figure par exemple Vénus en personne dans le livret.)

Je pensais à la musique française en particulier, mais évidemment, il n'est pas interdit d'aller voir ailleurs.

Dans le registre révolutionnaire, il y a bien sûr l'œuvre-culte de Dalayrac (livret de Boutet de Montel), Le Chêne patriotique, ou la Matinée du 14 juillet 1790, où les tyrans d'Europe se font ridiculiser par les ombres de Cagliostro.

Il n'en existe pas de disque malheureusement, mais le livret et la partition se trouvent.

Cagliostro sert à tout, même à Dumas .

C'est noté, en tout cas, merci.

En tout cas le Gossec envoie du bois.

C'est une de mes œuvres-cultes, je l'écoute très souvent. Irrésistible, les danses, les chants populaires mais tuilés… quand on compare à ce qu'il faisait dans la tragédie en musique, il était clairement libéré par les formes nouvelles qu'on lui offrait !

J'aime bien écouter ça les soirs d'élection.

Mais... Y a même Guillemette!
Faut vraiment que j'écoute ce Gossec.

Merci d'en parler encore une fois!

Oui, il y a de très beaux solos de Guillemette (et de Huttenlocher aussi).

Si vous aimez la danse,
Venez, accourez tous ;
Voilà du vin de Fraaaaance !

Je me souviens d'un truc russe complètement fou... La symphonie des Sirènes d'Arseny Avraamov... Je dois sûrement avoir écouté ce machin à cause du forum... Enregistrement un peu pourri mais musique et concept de barjot... D'ailleurs c'est plus une célébration urbaine qu'autre chose...

il y aurait d’ailleurs beaucoup à dire sur la musique soviétique... mais j’ai l’impression que ce n’est pas ça qui est attendu.

C'est amusant parce que je viens d'écrire à une voix amie (qui me donnait quelques autres exemples) que j'allais avoir des références à l'URSS soviétique.

Tout m'intéresse, dans l'absolu, même si, effectivement la célébration monarchique de l'Ancien Régime, de l'Empire et de la Restauration est ma priorité.

On m'a surtout signalé, au rayon allagorique, La Naissance d'Osiris (Rameau) qui célebrerait en fait du duc de Berry, futur Louis XVI et plusieurs oeuvres de Zelenka.

Mais les oeuvres de célébrations dynastiques devraient être nombreuses, en réfléchissant bien.

Francesco a écrit:

Tout m'intéresse, dans l'absolu, même si, effectivement la célébration monarchique de l'Ancien Régime, de l'Empire et de la Restauration est ma priorité.

Les exemples abondent. Il n'y a que ça, dans l'Ancien Régime, en particulier à l'époque où Louis XIV était activement invester… à commencer par le Ballet de la Nuit, évidemment. Les tragédies en musique exaltent la guerre ou la paix selon les moments, et les motets peuvent même être écrits exprès pour célébrer un événement ou souhaiter une longue vie au roi (Domine salvum fac regem, bien sûr).

Pour L'Empire, là aussi les exemples ne manquent pas. Plus dans la musique de commande que dans l'allégorie, néanmoins – même lorsqu'on fait dans la fiction, comme Le Chant d'Ossian de Méhul, c'est pour servir à une cantate de commande sans équivoque (Ossian est simplement une figure à la mode convoquée pour chanter, dans une langue qui n'a aucun rapport avec la sienne, les vertus du Roi de Rome). (Un extrait là, mais l'entièreté du livret se trouve aisément dans les fonds numérisés.

Pour la Restauration, la liberté d'expression étant ce qu'elle est, les œuvres, hors commandes précises, font moins souvent référence au pouvoir actuel. C'est plutôt de l'ordre du sentiment national plus général – par exemple Charles VI d'Halévy, avec Odette (sa simili-Jeanne d'Arc) et ses hymnes patriotiques exaltés.

Ensuite, les œuvres les plus soumises à l'air du temps sont, évidemment, celles qui passent le moins les ans, et sauf à regarder sérieusement dans les fonds, on doit nécessairement passer à côté des plus significatives si on se contenter de ce qui est encore joué, enregistré ou redécouvert.

Cyprès et lauriers de Saint-Saëns, en hommage aux soldats tombés pendant la Première Guerre mondiale ; l'oeuvre associe l'orgue à l'orchestre mais elle n'est pas "que" pompier comme on pourrait le craindre ("fonction" et effectif orchestral). La section des "Cyprès" ne manque pas de concentration et d'une certaine grandeur, notamment.