Pour mon premier message je voudrais vous rendre compte des trois concerts de l'orchestre de la Tonhalle de Zürich auxquels j'ai assisté depuis que Lionel Bringuier en a pris la direction.
- Prague, Rudolphinum, 19 septembre 2015. Widmann: Con brio, overture for orchestra; Brahms: Double concerto pour violon violoncelle et orchestre op.102; Dvorak: Symphonie N.8, op.88
Lisa BATIASHVILI, violon, Gautier CAPUÇON, violoncelle, Orchestre de la Tonhalle de Zürich, dir.: Lionel BRINGUIER
L'oeuvre de Widmann, très musique de film, est agréable à écouter, sans plus. Elle fut suivie d'une magnifique interprétation (un andante d'une beauté à en pleurer) du double concerto de Brahms avec Lisa Batiashvili et Gautier Capuçon en solistes (Gautier Capuçon qui, ensuite, pour la 8ème de Dvorak, a remplacé un violoncelliste du rang qui était malade !). L'exécution de la 8ème de Dvorak, brillante et bouillonnante de rythmes, a soulevé l'enthousiasme du public tchèque dont Dvorak est pourtant "le" trésor national. À la fin il y a eu une longue, très longue, "standing ovation" pour lui et l'orchestre de la Tonhalle.
- Zürich, Tonhalle, 25 juin 2015. Brahms: concerto pour piano et orchestre N.2 op.83; Symphonie N.1 op.68
Yuja WANG, piano, Orchestre de la Tonhalle de Zürich, dir.: Lionel BRINGUIER
Ce fut un superbe concert Brahms. Yuja Wang et Bringuier ont donné une exécution de très grande tenue du 2ème concerto de Brahms, brillante et profonde à la fois (bien que le jeu de Yuja Wang - qui n'avait pas interprété ce concerto depuis longtemps et sortait de l'enregistrement des concertos de Ravel- m'a semblé un peu trop agressif dans le 1er mouvement mais merveilleux de tendresse dans l'andante), bien loin de l'interprétation assez insipide d'Hélène Grimaud et Andris Nelsons récemment parue chez DG. Dans la 1ère symphonie, Bringuier m'a très agréablement surpris par la clarté de sa direction qui a donné beaucoup de couleurs et de vie à l'oeuvre. Toute proportions gardées, ce fut une interprétation qui m'a rappelé celle du jeune Karajan à la tête du Phlharmonia Orchestra parue chez Columbia au milieu des années 1950.
- Zürich, Tonhalle, 27 novembre 2014. Ravel: Une barque sur l'océan; Valses nobles et sentimentales. Stravinsky: L'oiseau de feu, suite N.2
Orchestre de la Tonhalle de Zürich, dir.: Lionel BRINGUIER
Un répertoire dans lequel Bringuier est, a priori, très à l'aise. "Une barque sur l'océan" et les "Valses nobles et sentimentales" de Ravel furent exécutées avec une grande finesse et de magnifiques et subtiles couleurs instrumentales tandis que l'"Oiseau de Feu" de Stravinsky brillait de mille feux (c'est le cas de le dire !) avec, en particulier, une très impressionnante "Danse infernale de Katschei", comme je n'en avais pas entendu depuis Ansermet.
De ces trois concerts je retire l'impression que Lionel Bringuier, qui n'a que 29 ans, est déjà un des très grands chefs d'orchestres actuels. Dans des répertoires très différents, j'ai été à chaque fois enthousiasmé par la vie qu'il donne aux oeuvres qu'il dirige et ceci avec une très grande clarté d'exécution qui n'empêche pas les sentiments de s'exprimer. Ce n'est pas pour rien qu'il a été longtemps l'assistant d'Esa-Pekka Salonen à Los Angeles. En plus, il bénéficie de l'orchestre de la Tonhalle de Zürich qui, sous la direction précédente de David ZINMAN est devenu le meilleur de Suisse au détriment de l'Orchestre de la Suisse Romande (malheureusement car j'habite Lausanne et j'ai le souvenir des temps glorieux de cet orchestre avec Ansermet, Kletzki, Sawallisch et Jordan !).