Poursuivant notre journée rochelaise nous rencontrons le ténor Eric Vignau qui arrive peu après le départ de Diana Axentii. Toujours installés à l'hôtel ou la troupe est arrivée quelques jours auparavant, nous entamons une discussion en toute simplicité avec le ténor lotois d'adoption dont nous avons déjà à plusieurs reprises parlé dans nos colonnes.
Sa carrière
«J'ai commencé en 1986 comme choriste» nous dit il, étonné de voir à quel point le temps était passé si rapidement. «En 1990, j'ai intégré Les arts florissants ou je suis resté quatre ans. Au bout de quatre ans j'ai souhaité quitter Les arts florissants pour passer à autre chose et me consacrer exclusivement à une carrière de soliste. j'avais d'ailleurs accepté de chanter un requiem de Mozart au festival de Saint Céré. Olivier Desbordes me l'avait proposé après être venu m'écouter lors d'un concert auquel je participais» poursuit il. Et d'ajouter «Avec Opéra Eclaté j'ai fait autant d'opéra que d'opérette mais aussi de l'oratorio» tout en poursuivant «J'adore la vie de troupe avec l'émulation du travail en équipe et des partenaires que l'on retrouve de productions en productions. En général, l'ambiance y est bon enfant.». Cependant le ténor lotois souhaite ouvrir son horizon : « J'ai cherché un agent parce que j'ai envie de me lancer de nouveaux challenges : voir d'autres théâtres, travailler avec de nouveaux chefs ou metteurs en scène, d'autres artistes pour voir si je peux y trouver ma place. J'ai peu de regrets car j'ai fait beaucoup de choses. Mais maintenant j'ai cinquante cinq ans et j'aimerais passer à autre chose; et pourquoi pas refaire de la musique baroque, notamment du Monteverdi. Quand j'ai dit à Olivier Desbordes que je serai sans doute moins disponible pour Saint Céré et Opéra Eclaté il m'a répondu «je comprends.». Je n'en suis pas si sur que cela.» nous dit il avec un sourire. Quand nous nous étonnons de voir Eric Vignau chanter principalement des rôles secondaires, sa réponse est catégorique : «Quand j'ai commencé à chanter en 1986 c'est d'abord par amour pour la musique et c'est toujours le cas aujourd'hui. Bien sûr il est parfois frustrant d'aller dans un théâtre pour seulement deux ou trois minutes de musique mais je n'ai pas envie de subir la pression inhérente aux premiers rôles.»
La co[opéra]tive* et les Ambassadeurs
«Mon agent m'a appelé le jeudi pour l'audition qui avait lieu deux jours plus tard; il fallait que je me décide tout de suite; je suis monté à Paris sans hésiter. J'ai chanté l'air de Basilio, pourtant coupé dans la production, comme d'habitude, dit il avec un sourire, et j'ai décroché le rôle avec Don Curzio en prime. Les quatre directeurs et Alexis Kossenko voulaient composer une distribution homogène capable de créer des liens qui soit soudée tant sur scène qu'en dehors.» nous dit Vignau qui ajoute : «Alexis est un travailleur infatigable qui tient beaucoup au respect de la partition que ce soit dans les airs ou dans les récitatifs; il nous pousse à décortiquer jusque dans les silences de nos rôles.».
Les noces de Figaro
Eric Vignau est très enthousiaste concernant la tournée des Noces de Figaro avec Les Ambassdeurs. Ainsi qu'il nous le disait un peu plus tôt «j'adore la vie de troupe. La distribution réunie pour cette production est soudée. Nous nous entendons bien aussi bien sur scène qu'en dehors.». Et parlant de la mise en scène, Eric Vignau nous dit : «quand j'ai vu les costumes de Delphine Brouard je me suis demandé ou nous allions nous retrouver. Mais la cohérence et l'adéquation de la scénographie avec le travail de Galin Stoev, qui a choisi son équipe, son travail intelligent, respectueux de nos personnalités ainsi que de l'oeuvre ont su emporter mon adhésion. Galin Stoev nous pousse à donner le meilleur de nous même.»
Les projets
Eric Vignau ne manque pas de projets : « La tournée des Noces de Figaro va m'occuper jusqu'au mois de janvier mais je ne ferai pas les trois dernières dates car je dois aller à Marseille pour «l'Aiglon» d'Arthur Honegger (1892-1955) jusqu'à fin février. Puis en mars il y aura une courte tournée de huit dates pour Falstaff avec Opéra Eclaté. Puis un peu plus tard ça sera Eugène Onéguine.». Il ajoute : «Peut-être y aura-t-il une reprise de cette production des Noces de Figaro et un autre opéra, mais je ne suis sur de rien pour l'instant.»
Voyageur infatigable Eric Vignau s'est d'abord mis au service de son art avant tout le reste. Peu attaché à une certaine forme de célébrité il a bâti sa carrière sur la sagesse, privilégiant la musique et le théâtre à tout le reste. Bel hommage d'un amoureux des arts à celui qui lui permet de vivre de sa passion qui est toujours aussi vive après trente ans de carrière.
* La co[opéra]tive est l'association de quatre scènes nationales : Les deux scènes (Scène Nationale de Besançon), Le théâtre impérial de Compiègne (Scène Nationale de l'Oise en préfiguration), Le Bateau Feu (Scène Nationale de Dunkerque), Le théâtre de Cornouailles (Scène Nationale de Quimper).