Un violoniste exceptionnel à ses débuts, un des rares qui s'inscrivait dans la lignée des géants du passé, de par le fait qu'il ajoutait à sa technique époustouflante et à sa sonorité exceptionnelle une vraie personnalité musicale. Mais son jeu s'est dégradé au fil de sa carrière, non pas techniquement parlant mais disons que sa musicalité s'est en quelque sorte banalisée je trouve et la sonorité a perdu de sa superbe. Avant d'interrompre sa carrière en 2008, sa musicalité avait perdu toute sa subtilité avec un jeu devenu assez racoleur à mon goût et une sonorité parfois méconnaissable. Son jeu devenu tout en force l'a conduit à de gros pépins physiques (après avoir cassé beaucoup de cordes...)
Sa discographie est le reflet de cette évolution un peu négative. Les débuts chez Teldec - après un disque de jeunesse époustouflant chez Biddulph - sont fabuleux : 1er concerto de Paganini avec Mehta, Mendelssohn/Bruch avec Masur, dans une veine très tradi-romantique mais très inspiré et comme toujours à cette époque parfait d'exécution, Tchaïkovsky/Glazunov avec Abbado.
Je l'ai vu en concert à Paris à cette époque c'était époustouflant et il donnait cette forte impression d'être comme je le disais un véritable héritier des grands maîtres du XXème, à commencer par Oïstrakh.
Il était également époustouflant d'aisance, de classe et d'humour dans les pièces de virtuosité (Kreisler, Bazzini...) et il faut voir les films de ses master-classes à cette époque où il est irrésistible.
Après les autres disques chez Teldec s'ils ne sont pas des ratages sont déjà moins exceptionnels : la rencontre avec Rostropovitch (Chostakovitch/Prokofiev) est certes intéressante mais il y a tellement d'autres choix. Ne parlons pas du Sibelius/Nielsen avec Barenboïm qui est plus quelconque.
Enfin la plupart des enregistrements sous étiquette Emi sont pour moi à oublier, mis à part le Britten couplé avec le concerto pour alto de Walton. Le Beethoven est un ratage total d'un profond ennui, le Mozart est totalement narcissique (dommage de voir dans la concertante le merveilleux altiste Lawrence Power embarqué dans cette galère) et le disque Lalo/St Saëns avec Pappano dégouline de mauvais goût.
Il est revenu progressivement sur scène à partir de 2011 pour ce qui semble être un "retour au calme" mais il se fait assez rare et je n'ai pas eu l'occasion de le réécouter.