Eliogabalo Franco Fagioli
Alessandro Cesare Paul Groves
Flavia Gemmira Nadine Sierra
Giuliano Gordio Valer Sabadus
Anicia Eritea Elin Rombo
Atilia Macrina Mariana Flores
Zotico Matthew Newlin
Lenia Emiliano Gonzalez Toro
Nerbulone, Tiferne Scott Conner
Mise en scène Thomas Jolly
Direction musicale Leonardo García Alarcón
Orchestre Capella Mediterranea
Chœur de Chambre de Namur
Belle soirée hier. L'oeuvre est magnifique et je ne me suis pas ennuyé une seconde. Je ne comprends pas ceux qui parlent de tunnels au premier acte, qui est certes le plus long (1h15 contre 40 minutes et une heure pour les suivants). Bien sûr, il faut aimer le style de Cavalli et, si on s'attend à des airs virtuoses, on sera déçu. C'est une succession souple d'ariosos et d'airs ou ensembles assez brefs, mais épousant merveilleusement les affects. Que le critique de Resmusica n'y comprenne manifestement rien est son problème plus que celui de l'oeuvre...
Distribution bonne sans être transcendante, dans une oeuvre qui requiert, une fois encore, de l'expression plus que de la virtuosité. J'ai trouvé Fagioli assez décevant dans le rôle-titre, la voix n'était pas très belle et la caractérisation n'était pas mémorable. C'est convenable, mais je pense qu'une telle musique ne lui va pas, il est bluffant dans la virtuosité. Groves vraiment très bien, beaucoup de présence est d'intensité, Sierra, qu'on nous présente comme très prometteuse, entre les deux (personnage bien campé, mais timbre inégal, beau médium mais aigus péniblement vinaigrés) Gonzalez Toro parfait, inquiétant dans le rôle de la nourrice libidineuse et organisatrice des plaisirs de l'empereur, Flores d'une grande intensité dans un assez petit rôle. Valer Sabadus expressif mais un peu léger tout de même, Rombo jolie et sans histoire. Le tout vaut mieux que la somme des parties.
Tout compris, il devait y avoir une petite trentaine de musiciens dans la fosse (à vue de nez, une quinzaine de cordes, un continuo assez fourni, trois trombones, un basson, etc.) ce qui est vraiment le minimum pour une salle comme Garnier. La direction était vivante et naturelle, avec suffisamment de variété dans les couleurs.
Mise en scène très sobre, décor noir sur fond noir (du jamais vu
) avec des jeux de projecteurs à la signification pas toujours limpide et à l'utilité discutable, mais avec des costumes pseudo-antiques réussis et une direction d'acteurs raisonnablement vivante. Au moins, on comprend l'intrigue, ce que font les personnages correspond aux affects exprimés, ce n'est pas moche, il y a des moments vraiment réussis (le ballet des hiboux au 2e acte, le bain d'or au 3e) - par les temps qui courent, c'est déjà bien.
Ce n'est pas très plein, c'est dommage, on passe une excellente soirée avec une oeuvre qui vient d'être redécouverte, et un compositeur qui reste encore trop rare sur scène.