Les meilleures répliques d'opéra

Désolé pour le titre TF1 ! Je me demandais s'il y avait des répliques d'opéra qui vous venaient régulièrement à l'esprit ou à la bouche. Pour moi j'en ai pas mal du Faust de Gounod, et plus particulièrement dans le rôle de Méphistophélès : "MARTHE : Vous êtes donc sorcier ? MEPHISTO : Tout juste autant qu'il faut." Ce "Tout juste autant qu'il faut", j'en raffole, je le mets à toutes les sauces. (Le gars lourd.) Ou bien, je ne peux pas être assis à côté d'une femme dépassant la cinquantaine (dans le train, etc.) sans me dire spontanément "La voisine est un peu mûre" (c'est dans la même scène de Faust d'ailleurs) Et une fois j'ai réussi à caser un : "Vous voyez qu'elle a fait bon accueil aux bijoux", merveilleux alexandrin du reste.

Pour rester dans le domaine français, la scène des Contes d'Hoffmann où Coppélius vient vendre des baromètres (puis des "yeux") à Hoffmann laisse entendre un dialogue qui me fait mourir de rire : "Ce vieillard est fantastique ! -- Préférez-vous l'optique ?" (Bon forcément il faut l'entendre pour rire)

Je m'en tiens ici aux Français, mais les exemples abondent chez Mozart/Da Ponte, dans la Chauve-Souris ou le Songe d'une nuit d'été par exemple !

Dans Pelléas, il y a tout de même quelques répliques qui filent des tartes.

GOLAUD
Quel âge avez-vous ?
MELISANDE
Je commence à avoir froid.

Ca, c'est franchement rosse.

Pelléas est farci de ces trouvailles, spécialement chez Mélisande.

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Sinon, bien sûr, les rimes grotesques de frère Melitone (La Forza del Destino) :

Ben più faccenda le bottiglie
Vi dan che le battaglie !
E invece di vestir cenere e sacco
qui si tresca con Venere, con Bacco !

Très difficile à traduire. Littéralement :

Bien plus de peine les bouteilles
Vous donnent que les batailles !
Et au lieu de vous recouvrir de cendre et de bure (sacco)
On s'encanaille ici avec Vénus et Bacchus ! (Bacco)


Je gage qu'on en trouvera d'autres.

le duo "Eh via Buffone" est construit sur une série de répliques.
Egalement : d'iniquita-d'humanita à la fin du II é acte.
Ou par exemple :Pentiti ? No ! Si ! No ! Si ! No ...No.

GuiReu a écrit:

No ! Si ! No ! Si ! No ...No.

Tu appelles ça "meilleures répliques"?
Je sais pas si tu as saisi le but du topic...

Xavier a écrit:

GuiReu a écrit:

No ! Si ! No ! Si ! No ...No.

Tu appelles ça "meilleures répliques"?
Je sais pas si tu as saisi le but du topic...

Moi je la trouve excellente!

Sinon il y a:

Va-t'en mon Loulou, va-t'en n'importe où! La Belle Hélène.

Et David a raison, la moitié des répliques de Pelléas sont hilarantes.

Mais si je pars là-dessus je vais encore me faire taper sur les doigts.

Xavier a écrit:

GuiReu a écrit:

No ! Si ! No ! Si ! No ...No.

Tu appelles ça "meilleures répliques"?
Je sais pas si tu as saisi le but du topic...

...NO !


Bien sur , surtout avec Ruggero et le saut d'octave sur "NO" que seuls les grands chanteurs arrivent à faire.

GuiReu a écrit:

Bien sur , surtout avec Ruggero et le saut d'octave sur "NO" que seuls les grands chanteurs arrivent à faire.

Le saut d'octave est en effet un intervalle particulièrement délicat à saisir pour l'oreille. A moins d'avoir l'oreille absolue ou un grand-oncle violoniste, c'est à peu près impossible à faire.

vartan a écrit:

Et David a raison, la moitié des répliques de Pelléas sont hilarantes.

Mais si je pars là-dessus je vais encore me faire taper sur les doigts.

Je n'ai pas dit hilarantes... J'ai dit mémorables.

Très honnêtement, je suis parti d'un grand scepticisme face à ce texte abscons (comme tout le monde, j'imagine) et plus je le fréquente, plus de l'admire. C'est admirablement construit, en réalité.

DavidLeMarrec a écrit:

GuiReu a écrit:

Bien sur , surtout avec Ruggero et le saut d'octave sur "NO" que seuls les grands chanteurs arrivent à faire.

Le saut d'octave est en effet un intervalle particulièrement délicat à saisir pour l'oreille. A moins d'avoir l'oreille absolue ou un grand-oncle violoniste, c'est à peu près impossible à faire.

Surtout que je ne vois pas où il y a un saut d'octave m'enfin...

Rectifié, merci Xavier.

DavidLeMarrec a écrit:

De toute façon, Don Giovanni ne dit pas "no" dans ce duo, c'est Leporello...

Si si, dans la scène du Commandeur.

Autant pour moi, GuiReu parle de la strette avant l'engloutissement, avec le la3 extrapolé. Ce n'est pas tant une question de grand chanteur que d'aigu. Thomas Allen fait ça de façon assez épatante. Mais il a chanté (mal) Pelléas.

Dans la BO, Ruggero Raimondi ne fait pas le la3, si je me souviens bien ? Logique pour une basse, au demeurant.

Note sur Pelléas : Les répliques que vous incriminez, enfin que Vartan incrimine, participent pleinement et efficacement à mon sens de l'atmosphère d'étrangeté qui baigne le tout. Vartan, ne lis surtout pas "La princesse Maleine" de Maeterlinck, c'est la même chose en pire ! En revanche tu peux sauter sur "Aglavaine et Sélysette" ou "Alladine et Palomides" (tout un programme), plus retenus me semble-t-il dans leur utilisation des répliques insensées.
Et puis à côté des "Aab-saloooon ! Aab-sALOOOOON" apparemment critiquables, il y a des petites merveilles de phrases absolument uniques, du genre (je me cite moi-même, de fait) : "... parce que nous ne voyons jamais que l'envers des destinées, l'envers même de la nôtre" ou bien "car tu es trop jeune et trop belle pour vivre déjà jour et nuit sous l'haleine de la mort...", phrases auxquelles Proust fait d'ailleurs référence dans une scène extraordinaire de... La Prisonnière, logiquement. Tiens justement, autre phrase d'opéra qui me trotte toujours dans la tête, Golaud disant "Je suis fait au fer et au sang." Facile à ressortir en plus celle-là ; je sais je suis un peu taré !

Ce qu'il y a de très intéressant, dans ces répliques apparemment insensées, c'est d'une part qu'elles dressent un portrait en somme assez précis de Mélisande, dans ses refus, ses ruptures, ses fuites ou ses réponses cachées, d'autre part et surtout qu'elles entrent dans un système de résonances particulièrement subtil, qui traverse l'oeuvre. Une sorte de métaphore horizontale.

DavidLeMarrec a écrit:

Autant pour moi, GuiReu parle de la strette avant l'engloutissement, avec le la3 extrapolé. Ce n'est pas tant une question de grand chanteur que d'aigu. Thomas Allen fait ça de façon assez épatante. Mais il a chanté (mal) Pelléas.

Dans la BO, Ruggero Raimondi ne fait pas le la3, si je me souviens bien ?Logique pour une basse, au demeurant.

Si , si il le fait.
D'ailleurs Raimondi n'est pas une basse , c'est un baryton-basse...

GuiReu a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Autant pour moi, GuiReu parle de la strette avant l'engloutissement, avec le la3 extrapolé. Ce n'est pas tant une question de grand chanteur que d'aigu. Thomas Allen fait ça de façon assez épatante. Mais il a chanté (mal) Pelléas.

Dans la BO, Ruggero Raimondi ne fait pas le la3, si je me souviens bien ?Logique pour une basse, au demeurant.

Si , si il le fait.

Je serais très étonné qu'il fasse vraiment le la3, mais je croyais me souvenir qu'il n'octaviait pas (ou criaillait comme Siepi). Comme pour le cri de Hagen chez Furtie, sans doute.

Citation :

D'ailleurs Raimondi n'est pas une basse , c'est un baryton-basse...

C'est un point très discuté, qui mériterait un fil.

Mais il faut différencier la voix d'un chanteur de ses emplois. Raimondi est réellement une basse, mais d'une couleur très claire. C'est ce qu'il fait qu'il a pu chanter des rôles de baryton (Scarpia, et même failli Germont !!). Un baryton-basse est plutôt un baryton de couleur sombre, qui a des ressources dans le grave.
Raimondi est tout l'inverse : une basse de couleur claire. D'ailleurs, ses aigus tirés ne font pas du tout penser à ceux d'un baryton, fût-il baryton-basse.

Raimondi n'aurait jamais pu, par exemple, chanter le Hollandais !

Inversement, van Dam, qui se dit baryton-basse, est plutôt baryton (ou basse d'école française ce qui en revient un peu au même ). Son Hollandais est un sublime contre-emploi.

Tiens, tu devrais regarder par ici, on en cause : https://classik.forumactif.com/viewtopic.forum?t=655&postdays=0&postorder=asc&start=15 .

Dans Maria Stuarda :
Elisabetta : - Ma sul capo di Stuarda onta eterna ripiombo !
Stuarda : - Figlia impura di Bolena !
Parli tu di disonore ?
Meretrice indegna, oscena,
In te cada il mio rossore !
Profanato è il soglio inglese,
Vil bastarda, dal tuo piè !

Dans Don Giovanni :
D Elvira : Sei qui, mostro, fellon, nido d'inganni !
Leporello : Che titoli cruscanti ! Manco male che lo conosce bene...

DG : "Le donne che calcolar non san, il mio buon naturale chiamanno inganno !"
Leporello : "Non ho vedutto mai naturale più vasto, e più benigno"

Dans Il Barbiere :
Almaviva : Aspetta un poco...Siete voi...Dottor Balordo ?
Almaviva : Ah, ah ! Dottor Bertoldo ?
Bartolo : Che Bertoldo che Bertoldo ? Eh, andate al diavolo ! Dottor Bartolo, dottor BAR-TO-LO !

Dans la Flûte Enchantée :

Tamino (à Papageno, lorsque celui-ci a prétendu avoir tué le serpent) : Du bist unerwaffen !

Sprecher : Ein Weib tut wenig, plaudert viel !

Papageno : Sag an Tamino, ist das wahr ?
Tamino : Geschwätz von Weibern nachgesagt, von Heuchlern aber ausgedacht !
Papageno : Doch sagt es auch die Königin...
Tamino : Sie ist ein Weib, hat Weibersinn !!! Sei still, mein Wort sei dir genug ; denk deiner Pflicht, und handle klug !

J'en donnerai sans doute d'autres plus tard...

Opérateur opérationnel a écrit:

Sei qui, mostro, fellon, nido d'inganni !

J'aime beaucoup ces mots tendres.

L'ouverture de Parsifal

J'écoutais Hippolyte et Aricie de Rameau ce soir et je me marre toujours en entendant ce benêt d'Hippolyte face à sa belle-mère incestueuse:

Thésée est votre époux et vous aimez son fils ?
Ah ! Je me sans glacé d'une horreur sans égale.

Franchement d'où sort-il celui-là ? N'avait-il pas remarqué que sa belle-mère est une très belle femme et délaissée qui plus est ? Qu'il en a probablement fait l'objet de ses fantasmes au cours de son adolescence dont il sort à peine ?
Que la situation soit gênante j'en conviens, mais qu'elle soit digne de l'horreur la plus immonde, c'est être un Tartuffe que de le dire.
Hypocrite, va !

C'est surtout que ce livret est écrit avec les pieds... Particulièrement l'articulation de ces deux répliques. On peut ne pas aimer les poètes qui ne savent pas compter jusqu'à sept, mais force est de reconnaître à certains un talent sûr. L'abbé Pellegrin savait peut-être compter, mais pas composer des poèmes.

Dans le genre amusant :
« La voisine est un peu mûre, la voisine est un peu mûre ! » (Méphistophélès dans Faust de Gounod)

Dans le genre sublime :
« Ah ! la terre me manque !» (Posa mourant dans Don Carlos de Verdi — je n'ai pas trouvé trace ailleurs de cette formule d'une densité vertigineuse : est-ce une trouvaille de Méry et du Locle ?)

Entre les deux :
« Vous ne fermez jamais les yeux ?
Si, si ; je les ferme la nuit. » (Golaud et Mélisande dans Pelléas et Mélisande de Debussy)

Ah, autre chose dans Pelléas (avec une fin de mon innocente invention), mais je mets sous spoiler parce que cela pourrait frapper d'horreur les âmes sensibles.

Spoiler:

C'est tout ce qui me vient pour le moment ; à compléter.