Philharmonie - Concert des 50 ans de l'ODP 1er et 2/11/17

L'orchestre de Paris fête ses 50 ans en ce mois de Novembre 2017 avec deux concerts événements, gratuits à la Philharmonie de Paris. Il fallait réserver le 15 septembre, les places sont parties comme des petits pains, toutefois ce sera diffusé en direct le 2 novembre sur Radio Classique et sur Arte concert en ligne.

Voici le programme:

   Luciano Berio
   Sinfonia
  György Ligeti
   Poème symphonique pour 100 métronomes
   Jörg Widmann
   Fantasie, pour clarinette solo
   Igor Stravinski
   Symphonie de psaumes
   Entracte
   Jörg Widmann
   Au coeur de Paris - petite fantaisie de chanson. Création mondiale pour le cinquantième anniversaire de l'Orchestre de Paris
   Claude Debussy
   La Mer

   Orchestre de Paris
   Chœur de l'Orchestre de Paris
   London Voices
   Daniel Harding, direction
   Jörg Widmann, clarinette
   Lionel Sow, chef de choeur
  Ben Parry, chef de choeur

andika a écrit:

L'orchestre de Paris fête ses 50 ans en ce mois de Novembre 2017 avec deux concerts événements, gratuits à la Philharmonie de Paris. Il fallait réserver le 15 septembre, les places sont parties comme des petits pains, toutefois ce sera diffusé en direct le 2 novembre sur Radio Classique et sur Arte concert en ligne.

Et sur Mezzo.

J'y vais mercredi.

Moi aussi j'y vais demain ! J'ai hâte !

Avant le concert de ce soir, souvenirs de l'anniversaire des 30 ans de l'orchestre de Paris avec cet extrait de l'INA !

Le programme des 50 ans était tout aussi festif que celui des 30 ans, le chef Daniel Harding est resté diriger tout le long contrairement à son prédécesseur Semyon Bychkov il y a 20 ans. La soirée bien que festive, est restée sérieuse. Il s'agissait d'un vrai concert avec une programmation très dense. En effet, la Sinfonia de Berio allie l'esprit festif mais également tout ce qu'il peut y avoir de sérieux dans la musique et Daniel Harding ne s'y trompe pas. Il est parvenu à garder toute sa rigueur dans une musique qu'il est possible de qualifier de high concept. Le son vient vraiment de partout et le chef parvient à faire tout entendre. Que ce soit les voix des chanteurs, où tous les instruments de l'orchestre, l'ensemble est très clair et avance de manière cohérente. Ainsi, le III, In Ruhig fliessender Bewegung pour citer la 2ème symphonie de Mahler dont s'est inspiré Berio a été un très grand moment où l'orchestre tentait d'imposer la musique de Mahler à des voix récalcitrantes. Tout cela était un collage fascinant avec des effets vraiment bien pensés. Pour citer un des chanteurs, Thank you mister Harding !

Le temps de changer le plateau avec les 100 métronomes de Ligeti, Jorg Windmann s'est invité dans les hauteurs de la Philharmonie afin de nous jouer sa fantaisie pour clarinette. Que de virtuosité, que de beauté du timbre, que de chant, que d'effets qui profitaient à plein de la réverbération fantastique de la grande salle. Cette pièce nous fait vraiment découvrir l'étendue des possibilités de la clarinette.

Puis a succédé ce qui a sans doute été le grand moment de ce concert, à savoir la symphonie de Psaumes de Stravinsky, chantée par le chœur de l'orchestre de Paris. Que d'émotions, bien entendu grâce à la musique et aux paroles de Stravinsky mais aussi aux choix d'interprétation du texte. Le chœur qui chantait de mémoire, sans partition, les paroles qui s'affichaient à l'écran afin que nous puissions comprendre tout le sens de la musique. Le mariage de timbres grinçants avec la voix humaine (ce basson, ce hautbois, ce cor anglais). Le phrasé très articulé, séquencé de l'orchestre, ce contrôle, cette maitrise de la partition, ces attaques tranchantes, ces tempi soignés, cette battue régulière, cette ambiance pieuse instaurée. En un mot, cette symphonie de psaumes était céleste et nous a laissés sans voix. Le public ne s'y est pas trompé en restant silencieux un petit instant après la fin du morceau.

Après ces élans mystiques, le côté festif est revenu en force avec la création mondiale de Au cœur de Paris de Jorg Windmann. Cette oeuvre, spécialement composée pour l'occasion était tout simplement une déclaration d'amour à la ville de Paris, à ses rue, à son folklore, sa tradition, sa musique, son orchestre. On reconnaissait tel quartier en entendant une citation d'Offenbach. On se remémorait tel souvenir en entendant une citation de d'Edith Piaf. Quel plus bel hommage pouvaient recevoir la ville et son orchestre ? Toute la fièvre parisienne était dans cette musique. Le compositeur a été acclamé triomphalement pour cette réussite.

Après la création, le grand classique de l'orchestre. En effet, La Mer de Debussy est une des œuvres phares de son répertoire. Elle avait déjà été jouée lors du concert inaugural de 1967. Les néons étaient bleus pour l'occasion, encore un grand contrôle dans le bras du chef qui a à peine laissé les vagues s'écouler dans le II avant de reprendre la main dans le III avec un vent qui n'était pas déchainé. Il s'agit toutefois d'une œuvre incontournable.

Puis enfin le temps des bis, ter etc. Tout d'abord, joyeux anniversaire  chanté par le public aidé du chœur, puis un lied de Schubert et enfin l'oiseau de feu de Stravinski pour se dire au revoir et surtout, au prochain concert et longue vie à cet orchestre que nous continuerons à aller voir pendant encore de longues années.

Un anniversaire réussi, plaisant, inoubliable célébrant l'histoire et ouvrant des perspectives d'avenir. Mais surtout, un moment ou nous avons aimé la musique tous ensemble.

PS: Aïche et Dugareil se sont succédé au premier violon solo, Pareil pour Prats et Lucas à la flûte, c'était assez drôle, je pense que tous les solistes ont alternés, je ne voyais pas bien de ma place, au tout premier rang, juste derrière le chef. A1, je ne l'invente pas !

andika a écrit:

On reconnaissait tel quartier en entendant une citation d'Offenbach. On se remémorait tel souvenir en entendant une citation de d'Edith Piaf.

C'est vrai, dans les œuvres de Widmann, les meilleurs moments sont les citations.

DavidLeMarrec a écrit:

andika a écrit:

On reconnaissait tel quartier en entendant une citation d'Offenbach. On se remémorait tel souvenir en entendant une citation de d'Edith Piaf.

C'est vrai, dans les œuvres de Widmann, les meilleurs moments sont les citations.

Comment t'es sans pitié !

C'est très honnêtement ce que j'ai (et ce que le public a) ressenti lors de sa dernière création, où ça devenait intéressant dans le dernier mouvement, lorsqu'il citait sans vergogne la Badinerie de Bach et l'accord de Tristan. (Et c'était d'ailleurs plutôt bien fait… mais le reste manquait tellement de ce relief !)

On sentait qu'il s'était bien débrouillé pour attirer les bravos à la fin d'une pièce pénible.

Je ne connais aucune des deux pièces dont tu parles, mais je te trouve quand même la dent excessivement dure: Widmann, pour ce que j'en connais, c'est bien (sa Messe pour orchestre, tu as essayé? On y est franchement du côté Rihm-Holliger de la force.)

Non, pas la Messe.

Tout ce que j'en connais est excessivement fade. Rien de dérangeant, pour sûr, mais il ne se passe rien non plus. Mon quota de patience s'est un peu épuisé avec lui.

(Oui, c'est le langage de Rihm ou Holliger, mais c'est à peu près à Rihm ce qu'Anna Bolena est au Trouvère…)

DavidLeMarrec a écrit:

C'est très honnêtement ce que j'ai (et ce que le public a) ressenti lors de sa dernière création, où ça devenait intéressant dans le dernier mouvement, lorsqu'il citait sans vergogne la Badinerie de Bach et l'accord de Tristan. (Et c'était d'ailleurs plutôt bien fait… mais le reste manquait tellement de ce relief !)

On sentait qu'il s'était bien débrouillé pour attirer les bravos à la fin d'une pièce pénible.

Non mais t'as vraiment raison. J'ai réécouté hier soir à la télé et il n'y a rien de mémorable sauf les citations. Mais je pense que cette œuvre n'est pas destinée à la postérité ni même à être jouée ailleurs donc je suis indulgent. Mais c'est vrai que quand j'ai entendu du Muhly le mois dernier, c'était vraiment autre chose pour un compositeur vivant !

Pour moi le point culminant du concert a été la Symphonie de psaumes, avec une choeur impérial, impressionnant, et un orchestre "formation bizarre" que je n'ai jamais entendu si bien sonner dans cette oeuvre.
C'était vraiment parfait d'un bout à l'autre, le premier mouvement était tout de suite très prenant, irrespirable, presque effrayant, et le troisième magnifique, avec choeur tantôt caressant tantôt impérieux.

J'ai eu du mal à accrocher à la Sinfonia de Berio, qui m'a paru longuette malgré le jeu des citations (parfois même superposées), et je ne dirai rien de Widmann pour ne pas être méchant.

La Mer de Debussy a été parfois sublime (certains soli de toute beauté), mais un peu irrégulière, peut-être pas tout à fait peaufinée comme elle aurait pu l'être.
Le percussionniste qui s'occupait du tam-tam a un peu gâché le climax du I, ça c'était dommage.
Enfin, un très beau moment dans l'ensemble, cette musique est magique.
Roth nous en donnera une version surement très différente en janvier.

An die Musik version choeur et orchestre (transcription de Berio), c'était très beau aussi, et pour finir les 5 dernières minutes de l'Oiseau de feu ont été jouées de manière vraiment très tonitruantes à mon goût, mais au final un bien beau (et long!) concert.

Ah oui en fait, le concert est ici ! On peut en profiter pendant 3 mois.

J'ai visionné ce concert hier sur Mezzo.
Concert au programme ambitieux, frisant l'austérité : pratiquement pas de tube, excepté La Mer.

Oui, la Symphonie de Psaumes : une splendeur.
Très déçu par la réécoute de Sinfonia - au moment de la création j'avais trouvé cette œuvre géniale : là j'ai trouvé ça pénible à écouter...

Belcore