Musique (d'inspiration) hébraïque

Un nouveau sujet consacré à la musique traditionnelle juive, aux oeuvres d'inspiration hébraïque,
et plus généralement à l'influence de cette culture sur le répertoire dit "classique", et aux compositeurs qui s'en revendiquent.

Vous attaquez là un sujet immense.

Il faudra distinguer entre

- Les musiques liturgiques traditionnelles (celles de la synagogue de tradition antique ou modernes comme les Piyoutim)
- Les musiques liturgiques sur commande (par ex. Bernstein, Bloch,...)
- Les musiques populaires traditionnelles (Hébreu, Yiddish, Ladino, Judeo-Provençal, Arabo-Andalous)
- Les musiques folkloriques (danses, )
- Les musiques écrites sur des airs d'origine juive (Bruch - Kol Nidrei, Ravel - Chansons Juives, ...)
- Les musiques de Film et les Comédies Musicales (Hollywood et Broadway)
- Les chansons israéliennes
- Et j'en oublie sans doute

Je vous suggère de consulter en particulier de consulter le site de l’Institut Européen des Musiques Juives (IEMJ) https://www.cfmj.fr/
et en toute modestie mon propre site "Mes Musiques Régénérées" http://www.musiques-regenerees.fr/

Une lecture nécessaire :
Frans Lemaire
Le Destin juif et la musique
Fayard (16 octobre 2001)
Collection : Les chemins de la musique
ISBN : 978-2-21360-763-4

Pour approfondir :
Amnon Shiloah
Les traditions musicales juives
Maisonneuve et Larose
ISBN : 2-70681-146-3

Livre savant :
Peter Gradenwitz
The Music of Israel From te Biblical Era to Modern Times
Amadeus Press
ISBN : 1-57467-012-3

Comme mes études musicales et historiques m'ont amené vers ces sujets, je reste à votre entière disposition

Claude

claudeyaacov a écrit:

Vous attaquez là un sujet immense.

Oui, et que je connais fort mal.
Merci pour la segmentation, les liens et la bibliographie !
A priori ce sujet se destinait moins aux pièces strictement confessionnelles qu'à l'influence hébraïque sur le grand répertoire (y compris liturgique),
mais le champ reste ouvert et toutes les contributions sont bienvenues.

Mélomaniac a écrit:

claudeyaacov a écrit:

Vous attaquez là un sujet immense.

Oui, et que je connais fort mal.
Merci pour la segmentation, les liens et la bibliographie !
A priori ce sujet se destinait moins aux pièces strictement confessionnelles qu'à l'influence hébraïque sur le grand répertoire (y compris liturgique),
mais le champ reste ouvert et toutes les contributions sont bienvenues.

Le première influence hébraïque dans la musique reste "l'ancien testament".
Haendel en est l'exemple le plus flagrant.
Mais aussi Verdi (Jérusalem, Nabucco, Lamentations de Jérémie pour baryton et orchestre

En tant que clarinettiste débutant je joue beaucoup de musique klezmer, la musique folklorique des juifs d'Europe de l'est, c'est quelque chose de beaucoup plus abordable que Mozart. Une nuit sur France Culture j'étais tombé sur une émission (que je ne retrouve plus) où il était question des différentes musiques folkloriques juives, il y aurait de grandes différences entre la musique de Pologne et celle d'Espagne par exemple et entre toutes les époques (après c'est peut être parce que c'est des spécialistes qu'ils disaient ça et que pour l'inculte c'est très similaire).

Cette émission disait que "klezmer" est un terme plutôt moderne. Wikipedia dit que si la clarinette a une telle importance dans ce genre de musique c'est parce qu'elle imite le son d'un très ancien instrument joué dans les synagogues, et aussi parce que c'est un instrument portatif et relativement bon marché (l'accordéon est aussi important dans ce genre de musique, ce sont des instruments qui ont plus d'importance dans les musiques folkloriques que le piano ou les timbales qui sont plutôt réservés aux salles de concerts).

Je n'ai jamais su si les mélodies que je jouais étaient véritablement traditionnelles ou si c'était des mélodies inventées par les compositeurs des recueils de partition pour "sonner klezmer". Le titre de ce genre de mélodies contient souvent le mot "nigun", ça voudrait dire "prière sans parole", c'est presque un genre au même titre que "symphonie" pour le classique.

Je vous mets ce qui est pour moi le sommet de ce genre de musique, "Der Gasn Nign" par le clarinettiste virtuose David Krakauer

/watch?v=wICtLqYasfY

Glocktahr a écrit:

En tant que clarinettiste débutant je joue beaucoup de musique klezmer, la musique folklorique des juifs d'Europe de l'est, c'est quelque chose de beaucoup plus abordable que Mozart. Une nuit sur France Culture j'étais tombé sur une émission (que je ne retrouve plus) où il était question des différentes musiques folkloriques juives, il y aurait de grandes différences entre la musique de Pologne et celle d'Espagne par exemple et entre toutes les époques (après c'est peut être parce que c'est des spécialistes qu'ils disaient ça et que pour l'inculte c'est très similaire).

Cette émission disait que "klezmer" est un terme plutôt moderne. Wikipedia dit que si la clarinette a une telle importance dans ce genre de musique c'est parce qu'elle imite le son d'un très ancien instrument joué dans les synagogues, et aussi parce que c'est un instrument portatif et relativement bon marché (l'accordéon est aussi important dans ce genre de musique, ce sont des instruments qui ont plus d'importance dans les musiques folkloriques que le piano ou les timbales qui sont plutôt réservés aux salles de concerts).

Je n'ai jamais su si les mélodies que je jouais étaient véritablement traditionnelles ou si c'était des mélodies inventées par les compositeurs des recueils de partition pour "sonner klezmer". Le titre de ce genre de mélodies contient souvent le mot "nigun", ça voudrait dire "prière sans parole", c'est presque un genre au même titre que "symphonie" pour le classique.

Je vous mets ce qui est pour moi le sommet de ce genre de musique, "Der Gasn Nign" par le clarinettiste virtuose David Krakauer

/watch?v=wICtLqYasfY

Le terme Klezmer vient de la contraction des mots hébreux K'li Zemer (instrument de musique). C'est une musique jouée en Europe centrale par des musiciens itinérants souvent très pauvres, allant de village en village pour animer des événements souvent religieux (naissance, bar-mitzvah, mariage). Les instruments étaient souvent violon, clarinette, accordéon, trompette.
La musique est assez proche de la musiques Tzigane et Rom. Il n'y avait pratiquement jamais de voix. Les origines remontent au XVIe siècle
L'instrument de musique (le seul et unique depuis la destruction du temple de Jérusalem par Titus en 70 de l'ère chrétienne) utilisé dans les synagogues s'appelle le "Schofar".
C'est un ecorne de bélier ouverte des 2 côtés qui ne permet que 3 sons.
Utilisé pendant la période du nouvel an et de Yom Kippour avec une rythmique fixe et de façon libre pour les grandes occasions commémoratives
Un "Nigun" est une musique vocale à capelle ne contenant que des onomatopées chantée lors des repas de fêtes en frappant des main sur la table (Lay, lay, lay comme dit "Rabbi Jacob")
utilisée dans les milieux orthodoxes.

Le grand "prêtre" de la clarinette Klezmer est Giora Feidman dont Davis Krakauer était l'élève
"Der Gasn Nign" signifie "Le chant de rue"


Nigun

La musique juive espagnole est une musique vocale (souvent des berceuses ou des chants d'amour) chantée en "Ladino" (mélange d'Espagnol et d'hébreu écrit en caractères hébraïque).
Aussi utilisée pour les fiançailles et les mariages et pour les événements tristes (lamentations). elle remonte au VIIé siècle.
Il existe aussi une musique arabo-andalouse (chantée en arabe mais écrite en hébreu).
Elle a été transmise par les juifs qui habitaient le monde arabo-musulman car la musique était interdite dans la religion musulmane.

Claude

Y Va Danser !, Vladimir Cosma

Citation :

Sholom Secunda (1894-1974) :

Kol Nidre
Ya-Aleh
Koli Sh'ma
Ki Hine Kachomer
Elohai
Sh'ma Koleinu
Adonoy, Adonoy
Vaani, S'filosi
B'rosh Hashono

Richard Tucker, ténor
Chœurs, dir. Sholom Secunda
Joseph Garnett, orgue
Ben Irving, narrateur
(Columbia, juin 1959)

Traductions des premiers mots des prières

Kol Nidre  (Tous les vœux)
Ya-aleh (Louange à Dieu)
Koli Sh'ma (Écoute ma voix)
Ki Hine Kachomer (Car comme l'argile)
Elohai (Mon Dieu)
Sh'ma Koleinu (Écoute nos voix)
Adonoy, Adonoy (Seigneur, Seigneur)
Vaani, S'filosi (Et Moi, ma prière)
B'rosh Hashono (Pour la nouvelle année)

Claude Torres

Bonjour,

Des idées par là


https://www.cfmj.fr/fr/contenuen-ligne/articles-de-fond/les-traditions-musicales-juives-en-france.html

frgirard a écrit:

Bonjour,
Des idées par là
https://www.cfmj.fr/fr/contenuen-ligne/articles-de-fond/les-traditions-musicales-juives-en-france.html

Je connais bien Hervé Roten et l'Institut Européen des Musiques Juives

Il a écrit une livre remarquable
Musiques liturgiques juives. Parcours et escales
Paris : Cité de la musique / Arles
Actes Sud, 1998. Collection « Musiques du monde ».



Dernier CD paru

Kol Nidré - Nouvelle visions
IEMJ CDC 004 (Collection Classique)
Livret de Delphine Horvilleur, Hervé Roten et Bruno Fraitag.
https://www.iemj.org/fr/actualites/publications/cd/kol-nidre-nouvelle-visions.html
Octobre 2018

Claude

j'ai beaucoup aimé le double cd de Shalom Berlinski, la voix de la ferveur.

https://boutique.iemj.org/fr/cd/53-shalom-berlinski-la-voix-de-la-ferveur.html

Le Service sacré de Bloch est un exemple de culte hébraïque en musique (une "messe juive", si on peut utiliser cette expression), et a notamment été enregistré par Bernstein :

https://images-na.ssl-images-amazon.com/images/I/41E3FGENSXL.jpg

(couplé d'ailleurs au Song of songs de Lukas Foss, autre œuvre inspirée par le judaïsme)

Le Schelomo du même Bloch (et le Kol Nidrei du non-juif Bruch, dont il est souvent rapproché puisque écrit pour la même formation) est un autre exemple de musique d'inspiration hébraïque.

Les 2 Mélodies hébraïques de Ravel (Kaddish et L'Enigme éternelle).

Par ailleurs, on trouve des thèmes audiblement inspirés du folklore juif (j'ai même pu voir certains Juifs considérer ces mélodies comme d'authentiques airs folkloriques !) dans des œuvres comme le 2e concerto pour violon de Mendelssohn (thème initial du 1er mouvement) et dans le mouvement lent de la 1ère symphonie de Mahler (le 2e thème qui va crescendo et s'emballe, pas le 1er avec le canon sur Frère Jacques ). Comme quoi, même des compositeurs convertis au christianisme restent fidèles à leur culture d'origine !

Intéressant sur le thème du 2e concerto de Mendelssohn, qui m'a échappé comme une mélodie juive.

"Évolution de la musique juive", un réjouissant panorama a cappella de quelques célèbres mélodies : https://www.youtube.com/watch?v=gbeArPQqsc8