Jean Claude Malgoire (1940-2018)

Le fondateur de La grande écurie du roy est mort ce matin à l'âge de 77 ans

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Jean-Claude Malgoire commence ses études musicales au conservatoire d'Avignon. Il entre ensuite au conservatoire de Paris où il obtient un premier prix de hautbois et de musique de chambre. Il entame alors une carrière d'instrumentiste.

En 1966, il fonde avec un groupe d'amis La Grande Écurie et la Chambre du Roy, un des premiers ensembles de musique spécialisé dans l'interprétation du répertoire baroque sur instruments d'époque en France. Depuis 50 ans, cet ensemble original compte plus de 3000 concerts sur les 5 continents, et plus de 100 enregistrements.

Il reçoit en 1968 le premier prix du Concours international de Genève.

En 1970 il joue la création française de Sequentia VII de Luciano Berio et en 1972, il devient soliste de l'Ensemble 2e2m. Il est repéré par Charles Munch qui le nomme alors cor anglais solo de l'Orchestre de Paris. En plus de son activité de chef d'orchestre avec La Grande Écurie et La Chambre du Roy, il joue dans de grands orchestres symphoniques sous la direction, entre autres, de Seiji Ozawa et de Herbert von Karajan.

Depuis 1975, il enregistre de nombreux opéras dont de nombreuses premières mondiales (Rinaldo de Haendel ; Alceste de Lully...) exclusivement sur instruments anciens. De cette pratique il a fait connaissance dès 1965 dans la Société de musique d'autrefois, fondée en 1925 par la musicologue et directrice du musée d'instruments du conservatoire Geneviève Thibault, comtesse de Chambure (1902-1975), qui assurait la mise à disposition des 'instruments authentiques', des traités musicaux et les partitions anciennes.

En 1992 il reçoit une Victoire de la musique pour son Montezuma de Vivaldi.

Directeur artistique de l'Atelier Lyrique de Tourcoing depuis sa création en 1981, il en fait une maison d'opéra différente au répertoire très diversifié, un laboratoire d'épanouissement de toutes les créations, originales et de qualité. Pédagogue né, il souhaite éveiller la curiosité et transmettre l'émotion que procure la musique. La saison 2011-2012 a célébré le 30e anniversaire de l'Atelier lyrique de Tourcoing.

Sa fille Florence Malgoire poursuit la tradition familiale en tant que professeur de violon baroque au Conservatoire de Genève.

Le 19 juin 2016, il célèbre le 50e anniversaire de son orchestre La Grande Écurie et la Chambre du Roy en interprétant le Te Deum de Lully et le Requiem de Campra à la Chapelle Royale du Château de Versailles, avec la maîtrise de garçons des Petits Chanteurs de Sainte Croix de Neuilly (The Paris Boys Choir) - Chef de chœur : François Polgár.

Triste nouvelle, c'était quelqu'un de très sympathique et chaleureux. Je me souviens avoir assisté à quelques concerts, au siècle dernier, concerts qui m'avaient beaucoup intéressé quoique quelque peu désordonnées. A mon sens, Il était plus un découvreur qu'une référence interprétative.
Parmi les enregistrements que je possède, je reste sur deux disques, la Messe pour les instruments au lieu des Orgues, H.513, de M.A Charpentier (CBS 75916) et la Musique pour instruments à vent de Weber (CBS Masterworks IM39011).

fomalhaut

Oui, c'était un vrai pionnier et son sort a été celui des vrais pionniers couronnés de succès: être ringardisé par les nouvelles générations qui n'auraient pas existé sans lui. Le panorama de la musique ancienne et baroque n'a plus rien à voir aujourd'hui en comparaison de ce que c'était dans les années 1970 quand il a commencé à faire des siennes, les plus conservateurs des orchestres tiennent compte des apports des baroqueux, dans ce sens il peut dire "mission accomplie".

Pour sourire un peu, on peut mentionner sa poisse après sa reconstitution expérimentale en 1992 de Montezuma, opéra perdu de Vivaldi (seul restait le livret). La partition originale a été retrouvée en 2002 au fin fond d'archives en Russie, faisant de son enregistrement une bizarrerie bien interprétée.

Vraiment un pan de mon enfance qui s'en va...

Je me souviens avoir assisté, alors que je n'avais pas dix ans, à un concert de Malgoire avec la Grande Écurie et la Chambre du Roy dans l'Orangerie du Château de Versailles - pas encore réaménagée à l'époque (je ne sais plus si c'était le Requiem de Mozart ou le Messie de Haendel.) Dans mon souvenir, ça ressemblait à une bande de hippies jouant sur des instruments bizarres dans une sorte de cour de palais désaffecté...

Mes parents avaient aussi pas mal de disques - notamment ses opéras de Haendel (Rinaldo, surtout) qui continuent d'avoir un charme extraordinaire à mes yeux: ce mélange de délicatesses et de gros sabots, cette ardeur de toute une équipe venue d'horizon divers...

Sa première version du Requiem de Mozart, c'est la version de mon enfance, et la version que j'ai le plus écoutée, de loin.

Morloch a écrit:

Oui, c'était un vrai pionnier et son sort a été celui des vrais pionniers couronnés de succès: être ringardisé par les nouvelles générations qui n'auraient pas existé sans lui.

Tout à fait. Ado et à une époque où j'appréciais peu le baroque, j'ai usé son Te Deum de Lully, un des disques qui a commencé à me faire apprécier cette période. Et puis c'est bête mais ce nom d'orchestre, La grande écurie et la chambre du roy, je trouvais que ça claquait quand même.

Très triste.
Je garde un excellent souvenir de son Don Giovanni à Tourcoing.
Et bien sûr ses Haendel !

Sur FB, Florence Malgoire annonce que la cérémonie d'hommage à son père aura lieu lundi 23 avril à 15h30 au crématorium du cimetière du père Lachaise (20e arrondissement).

La Grande Ecurie du roy a choisi son nouveau directeur musical et artistique; il s'agit d'Alexis Kossenko. Nous en avons parlé ce matin lors d'un échange pour tout autre chose

Qui a pourtant son propre ensemble ! (et qui dirige occasionnellement les Musiciens du Louvre)

Très bon, au demeurant.

Oui, Les Ambassadeurs sont vraiment chouettes (dans style «baroqueux qui claque» mais avec plus de souplesse et de variété de timbres, par exemple, que l'Ensemble Matheus de Spinosi); mais c'est une esthétique sensiblement différente de l'identité sonore de la Grande Écurie, il me semble.

La Grande Écurie a pas mal évolué au fil des décennies, mais en effet, le tout petit effectif, la rondeur et la et le son qui claque des Ambassadeurs sont aussi distants qu'il est possible de l'identité plus sobre, moins extravertie de la G-É.

Je poste ici en attendant une confirmation. Il semble que Florence Malgoire soit décédée à seulement 63 ans. Quelqu'un a-t-il entendu parler de quelque chose?

Oui, Christophe Rousset, Marco Horvat, Laurent Brunner, Alexis Kossenko, Bruno Serrou… lui ont rendu hommage publiquement aujourd'hui.

Triste nouvelle.

DavidLeMarrec a écrit:

Oui, Christophe Rousset, Marco Horvat, Laurent Brunner, Alexis Kossenko, Bruno Serrou… lui ont rendu hommage publiquement aujourd'hui.

Je n'ai vu que l'hommage de Kossenko. Mais n'ayant vu que celui ci, j'étais dans le doute