Salle Cortot - Debussy, Cras - Quatuor Sine Qua Non - 3 oct.

3 octobre 2018 20:30
Salle Cortot
78 rue Cardinet
75017 Paris
M°: Malesherbes


Claude Debussy 1862-1918
2 Images : Reflets dans l'eau, Poissons d'or

Claude Debussy
Quatuor à cordes

Jean Cras 1879-1932
Quintette pour piano et cordes

Sara CHENAL, Violon
Virginie TURBAN, Violon
Catherine DEMONCHY, Alto
Claire-lise DEMETTRE, Violoncelle
Jean-pierre FEREY, Piano

Zut, j'avais pas vu ça !!  

C'est à l'occasion de la sortie de leur dernier CD (quatuor et quintette de Jean Cras) chez le label Skarbo.

C'est ce que je vois. On peut même acheter des places à tarif réduit sur leur site. Mais j'avais déjà des places pour Tristan que j'ai déplacées pour en prendre pour Rigoletto, aujourd'hui…

Ce qui ne me retiendrait pas d'ordinaire, mais j'avoue qu'attendre la seconde partie d'un concert qui commence à 20h30, ça fait loin. Ça me gêne quand même de rater cette merveille, en plus dans cette salle parfaite. :/

Bon, je venais sur ce fil pour vitupérer contre le perfide Actéon, qui m'a plongé dans des abîmes de souffrance, allant voir un Verdi-scie (que je me faisais une joie d'entendre avec cet orchestre et ces seconds rôles !) alors que j'avais l'occasion unique d'entendre ce Quintette de Cras ! Car autant celui avec flûte, harpe et cordes est donné quelquefois, autant celui-ci ne l'est jamais, et on ne doit cette exception qu'au concert de promotion de la sortie du disque (le second qu'on ait jamais eu, et peut-être le dernier qu'on aura…).

Mais il y avait des tubes de Debussy en première partie, ça commençait tard, j'allais me trouver à la rue et à attendre patiemment le début des choses intéressants, donc je suis allé au TCE.

J'arrive à 19h30. Impossible de franchir la porte. M'enfermer pour entendre un Verdi (certes toujours jubilatoire) alors qu'on joue le Quintette de Cras ? Mais qu'est-il advenu de toutes mes valeurs ?

J'ai fait quinze fois l'aller-retour entre le portique du métro et la porte du théâtre.

19h55. Je ne parviens toujours pas à entrer. Direction le métro et le XVIIe arrondissement, pour Jean Cras ! J'ai jeté 35€ (même pas pu donner le billet…), mais je suis content.

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Et, de fait, c'était splendide. La partie Debussy était très bien (pour le quatuor du moins), mais le Quintette de Cras était vraiment magnifique, les airs de marin les plus complexes du monde, c'est un peu Au trente-et-un du mois d'août adapté dans une forme-sonate dans le style du Fauré tardif.

Le concert confirme à quel point cette œuvre (et celles qui lui ressemblent, comme la Deuxième Sonate violon-piano de Ropartz) est une merveille qui mérite les honneurs réguliers du concert et du disque.

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Bref, je te déteste Actéon mais merci.

Très heureux aussi d'avoir assisté à ce concert dans une ambiance très particulière : accueil suranné où l'on distribue des petites contremarques jaunes en échange des billets pour accéder à la salle, proximité du public avec les musiciens dans cette salle à l'architecture improbable, public mêlant la famille des musiciens, les voisins des Batignolles, les officiers de marine en retraite et les élèves de conservatoire venus avec leur violoncelle ou leur violon.

La composition du Quintette de Cras a quelque chose de cartographique et semble nous emmener vers 4 points cardinaux au grand large :

I - Clair et joyeux
II - Calme et paisible
III - Alerte et décidé
IV - Ardent et fier

J'entends des influences sud américaines au début, voire africaines en parties centrales et de subtiles combinaisons à 2 instruments.

J'ai beaucoup aimé le fondu des timbres du quatuor et dans certains passages le jeu de Sara Chenal en position haute de la main gauche (qui permet d'obtenir sur une corde grave une même note que sur une corde plus aiguë, donc avec un son moins brillant). Au contraire, le piano m'a paru parfois un peu étouffé (dès les Debussy initiaux en fait).

En bis, les musiciens sont rejoints par Hélène Decoin, ex violoniste du Quatuor Sine Qua Non, et nous offrent la mélancolique Sicilienne du Concert de Chausson.

Cras : 1 - Verdi : 0

Ce qui était chouette et inhabituel, c'est que les artistes avaient clairement travaillé davantage le Cras (le pianiste était en difficulté dans les Images, c'est vrai), même le Quatuor de Debussy n'avait pas la même ampleur de son, le même engagement (il était très bien, très français, avec beaucoup de douceur, peu d'angles, mais pas aussi animé que le Cras).