J'avais oublié un lien: https://www.forumopera.com/war-requiem-britten-paris-philharmonie-pour-qui-sonne-le-glas
Et moi, c'est ce que j'ai à en dire:
Le War Requiem requiert un effectif considérable, en plus d'un petit orchestre de chambre qui accompagne les deux solistes masculins. La partie instrumentale est cantonné à sa fonction d'accompagnement, tant l'orchestre demeure en retrait une longue partie de l’œuvre avant que le chef ne lâche les chevaux dans un Libera Me salvateur. L'atmosphère créée était toutefois captivante, même si l'ensemble aurait pu être plus tonitruant, notamment part un usage différent des cloches. En revanche, le petit orchestre de chambre accompagnant les solistes dans les envolées poétiques illustrait bien l’idée du champ de bataille.
Mais à croire que toute la force expressive était le monopole des voix ! Tout d’abord ce chœur d’enfants, angélique, caché dans les coulisses avec un parfait effet de stéréophonie. Notamment dans un Domine Jesus de toute beauté. Les adultes quant à eux, bien présents sur scène n’étaient pas en reste. Notons ce Dies Irae psalmodié, sévère, avec un texte en latin décortiqué dans un staccato inébranlable du Chœur de l'Orchestre de Paris (dans un très bon soir, partitions à la main). Les réponses de l’orchestre (cuivre, cordes et percussions) n’étant que davantage de témoignages d’inéluctabilité du jour de colère. Sévérité toujours que celle de la soprano Emma Bell dans le Liber Scriptus. Voix tonitruante, engagée avec des aigus puissants, toujours dans le ton de la sévérité. Elle s'empare par la suite du Lacrimosa de façon tout à fait remarquable avec inflexibilité. Enfin, Christian Gerhaher et Andrew Staples ont été très touchants dans leur mission de commentaire au travers des vers en anglais des poèmes d'Owen. Deux voix magistrales dénonçant avec vigueur la violence de la guerre, son absurdité et les souffrances qu'elle engendre. Tout cela avec un sens constant de la narration. La mort est la voisine du soldat, en effet mais est-ce pour cela que la Terre prit forme ? Le silence de mort à la fin de l'exécution qui se prolonge de longs instants nous laisse nous interroger sur cette question.
Le War Requiem est un mélange des formes et des genres, d'une grande force tout en étant d'une grande finesse. Daniel Harding ne pouvait pas choisir de meilleure partition pour achever son mandat en tant que directeur musical de l'Orchestre de Paris. Sans doute la raison pour laquelle ce programme est également l'objet d'une tournée.