Philharmonie - Week-end Tchaikovski/Bychkov - 22 au 24/11/19

3 concerts sont prévus ce week-end à la Philharmonie avec Semyon Bychkov à la tête de son Czech Philharmonic.

Vendredi 22 novembre 2019

Piotr Ilitch Tchaïkovski
Concerto pour piano et orchestre n°1
Manfred

Czech Philharmonic
Semyon Bychkov, direction
Kirill Gerstein, piano

Samedi 23 Novembre 2019

Piotr Ilitch Tchaïkovski
Sérénade pour cordes op. 48
Variations sur un thème rococo pour violoncelle et orchestre
Symphonie n° 5

Czech Philharmonic
Semyon Bychkov, direction
Gautier Capuçon, violoncelle

Dimanche 24 Novembre 2019

Piotr Ilitch Tchaïkovski
Concerto pour violon
Symphonie n° 6 "Pathétique"

Czech Philharmonic
Semyon Bychkov, direction
Renaud Capuçon, violon

Je n'y vais que le vendredi pour Manfred.

Vendredi et Samedi !
(J'ai lu Manfred juste après avoir réservé, et c'est un ouvrage qui est très difficile à lire en français, peut-être que j'aurais dû opter directement pour l'anglais avec un dictionnaire à côté, le livre semble compliqué à traduire... )

J'y vais dimanche.

andika a écrit:

3 concerts sont prévu ce week-end à la Philharmonie avec Semyon Bychkov à la tête de son Czech Philharmonic.

Vendredi 22 novembre 2019

Piotr Ilitch Tchaïkovski
Concerto pour piano et orchestre n°1

Piotr Ilitch Tchaïkovski
Manfred

Czech Philharmonic
Semyon Bychkov, direction
Renaud Capuçon, violon

Vendredi, c'est Kirill Gerstein au piano. , le concerto est donné dans sa 2ème version et pas la version posthume, la plus enregistrée. On lira à ce sujet les notes très intéressantes du programme de ce concert.

Actéon a écrit:

J'y vais dimanche.

andika a écrit:

3 concerts sont prévu ce week-end à la Philharmonie avec Semyon Bychkov à la tête de son Czech Philharmonic.

Vendredi 22 novembre 2019

Piotr Ilitch Tchaïkovski
Concerto pour piano et orchestre n°1

Piotr Ilitch Tchaïkovski
Manfred

Czech Philharmonic
Semyon Bychkov, direction
Renaud Capuçon, violon

Vendredi, c'est Kirill Gerstein au piano. , le concerto est donné dans sa 2ème version et pas la version posthume, la plus enregistrée. On lira à ce sujet les notes très intéressantes du programme de ce concert.

Je me suis emmêlé les pinceaux dans mes copier coller ! Je corrige !

(Il y a deux places à 10e dans la bourse aux billets pour samedi, vous vous replacez après. )

J'ai lu le programme du concert de ce soir... et j'ai découvert toute mon inculture, ne sachant pas qu'il y avait 3 versions du 1er Concerto pour piano... donc une postume sans doute pas de sa main mais pourtant la plus jouée.
Vu ce qu'en dit le pianiste, je doute qu'on ait celle-là, mais sûrement l'une des deux premières!

En tout cas, vivement ce soir!!!

Interview de Semyon Bychkov ce matin sur France Musique ! https://www.francemusique.fr/emissions/l-invite-du-jour/semyon-bychkov-est-l-invite-du-jour-78005

Polyeucte a écrit:

J'ai lu le programme du concert de ce soir... et j'ai découvert toute mon inculture, ne sachant pas qu'il y avait 3 versions du 1er Concerto pour piano... dont une posthume sans doute pas de sa main mais pourtant la plus jouée.
Vu ce qu'en dit le pianiste, je doute qu'on ait celle-là, mais sûrement l'une des deux premières!

En tout cas, vivement ce soir!!!

https://classik.forumactif.com/t9220p450-playlist-139#1153682

Et du coup, ce serait plutôt quelle version? 75 ou 79? Non pas que je puisse vraiment faire la différence je pense, n'ayant sûrement écouté que la révision posthume

- 1er concerto de Tchaïkovski que j'ai trouvé très moyen, c'est peut-être le fait de l'avoir écouté des centaines de fois.

- Pour Manfred, c'est tout le contraire, j'ai peut-être vécu mon meilleur moment à la Philharmonie (à égalité avec la 5ème de Prokofiev des Berliner), la fin du premier mouvement donne tellement envie d'applaudir, et le troisième mouvement donne envie de pleurer. C'est la première fois que j'ai cette disposition d'orchestre et je trouve que ça fonctionne parfaitement. Je suis assez fan du timbalier.

(Pas loin du pire public pour le 1er concerto)

Serenades pour cordes :
J'adore le premier mouvement et bizarrement j'ai préféré tous les autres...Surtout le deuxième qui donne une belle impression en salle.

Variations sur un thème de Rococo :
Capuçon a été génial, mais ça m'a semblé long surtout au début, mais la fin est magistrale, les instruments "chantaient" et j'ai rarement entendu quelque chose comme ça à la Philharmonie.

Après un rêve de Fauré :
Mon moment préféré, Capuçon accompagné des autres violoncellistes, dommage que ce soit trop court. Son instrument me donne un sentiment étrange, comme s'il pouvait faire plus dans une autre oeuvre.

5ème symphonie de Tchaïkovski :

On sent le parti pris de mettre en avant le timbalier comme hier pour Manfred, mais pour avoir TELLEMENT écouté la symphonie 5, elle ne mérite pas qu'un timbalier "gâche" le deuxième mouvement, on n'entendait plus du tout les cordes alors que ce mouvement est tellement beau. Le 4ème mouvement est très réussi, mais je n'ai pas eu la même émotion qu'hier, je préfère sans doute les oeuvres que j'écoute moins.

J'y étais vendredi soir.

Après des années de désamour pour Manfred, j'ai reçu comme un coup de foudre pour cette symphonie, la saison passée à la Philharmonie, imposée avec un programme que j'adorais. L'occasion de s'y replonger, et de réviser mes positions. Depuis, c'est l'une de mes préférées de Tchaïkovski.

Le concerto : j'ai lu avec beaucoup d'intérêt vos échanges ci-dessus, et le programme très détaillé. Je ne connaissais pas ces différentes versions. Au final, je n'ai pas remarqué de différences notables dans la version jouée ce soir.
L'interprétation était de très bonne facture. Le pianiste, que je ne connaissais pas du tout, m'a semblé plutôt bon, peut-être un peu sec par moment, mais rapide, efficace, puissant lorsque nécessaire, avec un jeu très clair et très lisible.
En quoi le public t'a gêné SherlockEdoga ? J'ai noté la dame qui a été expulsée du 1er balcon latéral, qui toussait de façon très sonore, sans aucune envie de se faire discrète... Il a fallu que ses voisins interviennent pour qu'elle daigne sortir, ce qui a bien pris 3 ou 4 minutes. On l'entendait encore tousser depuis le couloir, alors que j'étais placé à l'autre bout de la salle.

C'était vendredi, donc pas si vieux, mais je ne sais même plus dire l'on a eu un rappel ! C'est grave !

Manfred : vraiment une excellente interprétation ! Il y avait tout : la rapidité, la tension, la densité, la flûte, le suspens, la passion de jouer... Tout ! J'ai adoré cette version. J'avais pourtant écouté le disque dans l'intégrale Tchaïkovski enregistrée par ce chef et cet orchestre dernièrement, mais peut-être l'ai-je mal écoutée, car le live ne m'a pas fait du tout le même effet. Bychkov est certes un peu théâtral dans ces effets : le moins que l'on puisse dire est qu'il ne s'économise pas... Mais, qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse ! Il impulse tant de vie dans cette musique, qui aurait des facilités à s'affadir, qu'on lui pardonne tout. Il avait l'air épuisé à la fin...
La dernière fois que je l'ai vu à la Philharmonie, c'était dans la 5ème de Chostakovitch, où il m'avait fait aussi un effet incroyable. Pour les anciens, comment était-il avec l'Orchestre de Paris à l'époque ? J'ai que l'on ne trouve que très peu de disques de son passage...

Comme dit précédemment, je n'y étais que vendredi, voici mes impressions !

Le Concerto pour piano n°1 de Tchaïkovski est sans doute une des œuvres du répertoire classique les plus connues. Kirill Gerstein rappelle d'ailleurs dans son texte en note de programme que l’enregistrement qu’en a réalisé Van Cliburn après sa victoire au Premier Concours international Tchaïkovski de Moscou en pleine guerre froide est le premier album classique à se voir décerner le triple disque de platine [300 000 exemplaires] et le premier disque acquis par de nombreux amoureux de la musique classique. Mais cet album propose une version datant de 1894, qui est posthume. Connue grâce à ses accords majestueux du début et pourtant, il ne s'agit pas là des desseins du compositeur ! Dans la deuxième version de 1879, le piano se fait plus discret. A la place de gros accords plaqués, on a des accords arpégés. La mélodie prend davantage de place et le côté sirupeux et romantique laisse place à plus de mouvement. C'est cette vision que défendent Bychkov et Gerstein. Moins de gros son, moins de gras et de grandiloquence. Mais un festival de couleurs, de lyrisme et de douceur. Le piano de Kirill Gerstein est chatoyant et colore chaque phrase, en venant orner les timbres de l'orchestres ici et là dans le premier mouvement, Allegro non troppo et molto maestoso. Semyon Bychkov proposant à la tête de l'orchestre un accompagnement en tout point excellent avec une précision des phrasés exemplaire. Des attaques franches et un grand soin des nuances. L'Andantino semplice est un pur moment de grâce, à peine altéré par la symphonie de toux venant des gradins. La petite harmonie de l'orchestre tchèque s'illustre, notamment le hautbois solo, le pianiste quant à lui brille, alternant les dialogues avec les différents instruments et proposant force ornementations. L'impression étrange qu'il peut faire ce qu'il veut de son clavier et qu'il le fait même danser. Le troisième mouvement est celui des surprises, notamment avec un passage en plus dans le développement du premier thème qui a été coupé dans la version de 1894 ! Le tempo pris par le pianiste est vigoureux, et permet de ressentir pleinement la pulsation et les rythmes exquis composés par Tchaikovski. Semyon Bychkov fait vrombir son orchestre dans les réponses au soliste. Il crée également une orgie de timbres et de détails pour parvenir à un final d'une grande élégance où les cordes donnent leur pleine mesure, dans une très impressionnante densité. Après une ovation bien méritée, Kirill Gerstein ne fait que confirmer tout le bien que nous pensons de lui en proposant en bis une sublime Mélodie op. 3 de Serge Rachmaninov.

La Symphonie Manfred composée en 1885 est le fruit d'une longue gestation. Inspirée du Mandred de Lord Byron, narrant les déboires du héros éponyme, amoureux de sa sœur Astrée, cette symphonie n'était pas destinée au départ à être composée par Tchaikovski. Le compositeur Mili Balakirev avait d'abord été sollicité pour ce projet par le poète Vladimir Stassov, mais ce dernier estimait que cela ne correspondait pas à son tempérament. Il eut alors l'idée de proposer le projet à Hector Berlioz qui déclina. Tout cela avant que Tchaikovski en hérite et ne dédie sa symphonie à... Balakriev ! Et pour boucler la boucle, Tchaikovski va s'inspirer du style de Berlioz dans Harold en Italie pour construire son Manfred. Dans le premier mouvement, Manfred erre dans les Alpes. L'ambiance instaurée par Bychkov est immédiatement grinçante et inquiétante. L'Orchestre sonne étrangement à la russe, avec des timbres assez durs, notamment les bassons, ainsi qu'une absence presque totale de vibrato aux cordes. Le fracas des percussions figure bien la confusion du héros. La seule relâche se situe dans le thème d'Astrée, plus léger. Le deuxième mouvement vif argent impressionne. Pris dans un tempo assez vigoureux, il rivalise de virtuosité et de couleurs, une fois de plus à la petite harmonie où le truculent picolo se distingue. Le chef parvient à installer une atmosphère de quiétude et met en valeur toutes les couleurs prévues par la partition, notamment grâce à l'emploi d'instruments comme les harpes et les timbales. Tout ce mouvement ressemble à un bloc unique cohérent dont la tension ne baisse jamais. Seule le retour du thème de Manfred assombrit l'ambiance avant que le son ne meurt doucement avec les cordes qui s'éteignent dans un moment de réelle féérie. Le troisième mouvement qui suit, un Andante est un grand moment de quiétude, pastoral et contemplatif. Le chef abandonne parfois sa baguette. Une atmosphère paisible imprègne la Philharmonie, à peine troublée par un instrumentiste ouvrant une porte dérobée afin de faire sonner des cloches. Mais le retour du thème de Manfred aux trombones vient encore contrecarrer l'accalmie. L'agitation reprend dans le dernier mouvement noté Allegro con fuoco. Une véritable cavalcade de cordes déferle. Le fracas des percussions reprend et Bychkov lâche toutes les forces de son orchestre, notamment dans un passage fugué d'une grande maîtrise. Manfred, une histoire de mille tourments qui se traduit en autant de sons, autant de notes provenant d'une multitudes d'instruments (dont un orgue, qui se fond magnifiquement à l'orchestre). Un parfum épique mais aussi, un moment tragique, Manfred ne laisse pas indifférent. Et encore moins lorsque l'orchestre sonne comme cela, dur, corrosif mais également très mélodieux et doux dans les passages où cela est nécessaire. Et Manfred laisse d'autant moins indifférent lorsque dirigé par un chef rompu à ce répertoire. Semyon Bychkov y est naturellement dans sa zone de confort, mais cela n'amoindrit en rien ses indéniables qualité de musicien et de chef, aux gestes précis, aux intentions limpides et à la précision jamais prise en défaut. Notamment dans la disposition de l'orchestre où les contrebasses se retrouvent à l'arrière, face au chef. Le public de la Philharmonie ne s'y trompant pas en ovationnant longuement le chef et l'orchestre à l'issue du concert. Chef dont nous rappelons qu'il est une vielle connaissance du public parisien, puisqu'il a dirigé l'Orchestre de Paris entre 1989 et 1998. Après cela, il ne reste plus à dire que The Tchaikovsky Project est une immense réussite.

Rocktambule a écrit:

En quoi le public t'a gêné SherlockEdoga ? J'ai noté la dame qui a été expulsée du 1er balcon latéral, qui toussait de façon très sonore, sans aucune envie de se faire discrète... Il a fallu que ses voisins interviennent pour qu'elle daigne sortir, ce qui a bien pris 3 ou 4 minutes. On l'entendait encore tousser depuis le couloir, alors que j'étais placé à l'autre bout de la salle.

Oui, il y avait cette dame, mais dans l'ensemble le public était très bruyant. J'étais positionné en 4C Premier Balcon entre face et courbe.
Le gros problème d'aujourd'hui c'est également qu'entre les mouvements, les personnes n'arrivent pas à tousser discrètement. Elles veulent se faire entendre du public et...des musiciens.

Il y a un peu plus d'une semaine avec Juan Diego Florez, pas une personne n'a toussé bruyamment, je ne sais pas si le prix fait que c'est un public plus fidèle à la Philharmonie, mais on a encore plus de chance de passer une belle soirée quand le public est à la hauteur.

Heureusement, rien de cela pour Manfred.

SherlockEdoga a écrit:

... on a encore plus de chance de passer une belle soirée quand le public est à la hauteur...

Je suis bien d'accord avec toi ! J'ai même eu un genre de parano la saison passée, à espérer pendant tout le trajet vers le concert, qu'il ne serait pas gâché par un public ou des voisins bruyants. J'essaye de ne pas y penser cette saison, mais l'hiver commence rude, et les toux se font bien entendre (de même que les 2 minutes pour sortir une pastille de son étui au fond du sac... quand je suis enrhumé, je prévois une ou deux pastilles dans la poche de ma veste, pour éviter tout le tralala et le bruit pour la sortir du fond du sac... c'est de la politesse en fait).

Un peu déçu par la première partie du programme de dimanche : j'ai trouvé l'orchestre bien trop sage dans le concerto pour violon et Renaud Capuçon semblait parfois chercher l'inspiration. L'orchestre qui s'est étoffé - et renouvelé à certains pupitres - pour la symphonie (une dizaine de cordes en plus, trombones, tuba, percussions...) nous a livré une interprétation très habitée. Il faut croire que cette scie qu'est la Pathétique n'est pas si bien connue du public qui n'a pas contenu ses applaudissements à l'issue du troisième mouvement. Pour moi une belle découverte de cet orchestre aux sonorités bien spécifiques (pratiquement que des musiciens thèques), si différentes des orchestres allemands.

Actéon a écrit:

Il faut croire que cette scie qu'est la Pathétique n'est pas si bien connue du public qui n'a pas contenu ses applaudissements à l'issue du troisième mouvement. Pour moi une belle découverte de cet orchestre aux sonorités bien spécifiques (pratiquement que des musiciens thèques), si différentes des orchestres allemands.

Mais ce mouvement est tout entier conçu pour susciter ces applaudissements voyons ! Malgré la suite qui arrive

Sinon, j'ai repensé au concert de vendredi et je dois dire que Bychkov me fascine. Je l'avais déjà vu en vidéo mais en vrai, c'est encore plus criant. Sa battue est régulière, son engagement est total, mais surtout, on voit qu'il est constamment avec ses musiciens, à tous les instants, qu'il les guide, les aide. Et j'ai rarement vu une telle présence, aussi bienveillante, de la part d'un chef.

C'est vrai.  A la fin du concert, au 2ème ou 3ème rappel d'applaudissements de la symphonie, il s'est déplacé vers le pupitre des contrebasses, derrière l'orchestre, et les a salués un par un.

Un autre compte rendu sur le concert de vendredi. http://www.altamusica.com/concerts/document.php?action=MoreDocument&DocRef=6706&DossierRef=6152