[Jazz] Playlist

Benedictus a écrit:

• Sonny Rollins: Newk’s Time
Sonny Rollins (saxophone ténor), Wynton Kelly (piano), Doug Watkins (basse), Philly Joe Jones (batterie)
Hackensack, IX.1957
Blue Note

Alifie a écrit:

Un des meilleurs albums studio, nerveux à souhait - Philly Joe Jones y est pour beaucoup, de Sonny Rollins.

arnaud bellemontagne a écrit:

Je suis en train de me l'écouter... en effet Philly assure comme un fou et Sonny fait sonner sa corne de brume.

Bien d’accord: la performance de Philly Joe Jones est assez époustouflante! (Mais le reste de la section rythmique semble sensiblement en retrait - sans doute à cause de la captation: le piano et la basse sonnent tout étouffés.)

Cela étant posé, encore un très bon disque de jazz (je veux dire: sur lequel je n’aurais pas de vraie réserve à formuler) qui, sur la durée, ne m’a pas vraiment électrisé. Je ne saurais pas trop dire pourquoi - dans le cas présent, j’ai l’impression que c’est d'abord le langage du hard bop classique qui m’accroche de moins en moins, et je crois aussi que je suis toujours resté assez peu sensible à la sonorité et au style de Sonny Rollins.

Je ne suis pas en désaccord. J'ai omis de le mentionner, mais j'ai trouvé le disque un peu trop rectiligne, je crois que je préfère Rollins dans des contextes plus singuliers (Our Man in Jazz, East Broadway Rundown), l'exception étant Saxophone Colossus, mais là l'inspiration miraculeuse transcende les codes du style.

arnaud bellemontagne a écrit:

Benedictus a écrit:

• Sonny Rollins: Newk’s Time
Sonny Rollins (saxophone ténor), Wynton Kelly (piano), Doug Watkins (basse), Philly Joe Jones (batterie)
Hackensack, IX.1957
Blue Note

Alifie a écrit:

Un des meilleurs albums studio, nerveux à souhait - Philly Joe Jones y est pour beaucoup, de Sonny Rollins.

arnaud bellemontagne a écrit:

Je suis en train de me l'écouter... en effet Philly assure comme un fou et Sonny fait sonner sa corne de brume.

Bien d’accord: la performance de Philly Joe Jones est assez époustouflante! (Mais le reste de la section rythmique semble sensiblement en retrait - sans doute à cause de la captation: le piano et la basse sonnent tout étouffés.)

Cela étant posé, encore un très bon disque de jazz (je veux dire: sur lequel je n’aurais pas de vraie réserve à formuler) qui, sur la durée, ne m’a pas vraiment électrisé. Je ne saurais pas trop dire pourquoi - dans le cas présent, j’ai l’impression que c’est d'abord le langage du hard bop classique qui m’accroche de moins en moins, et je crois aussi que je suis toujours resté assez peu sensible à la sonorité et au style de Sonny Rollins.

Je ne suis pas en désaccord. J'ai omis de le mentionner, mais j'ai trouvé le disque un peu trop rectiligne, je crois que je préfère Rollins dans des contextes plus singuliers (Our Man in Jazz, East Broadway Rundown), l'exception étant Saxophone Colossus, mais là l'inspiration miraculeuse transcende les codes du style.

Le quartet avec Don Cherry, évidemment ! Pour faire le difficile à mon tour, c'est avec le goût très prononcé de Rollins pour les ballades, auquel n'échappe pas East Broadway Run Down, que j'ai personnellement un peu de mal.

Époustouflant.

https://www.discogs.com/Sun-Ra-His-Solar-Myth-Arkestra-The-Solar-Myth-Approach-Vol-1/release/1221504

Modern Jazz Quartet : Pyramid (60)

(premier vrai post de playlist)
(quelle émotion)
(soyez indulgents)



Portrait in Jazz - Bill Evans Trio
Waltz for Debbie - Bill Evans Trio

Le premier était précédé d'une haute réputation mais j'ai trouvé ça un peu trop sage, tandis que le second m'a enthousiasmé, le son live ajoutant peut-être quelque chose de moins cadré et le groupe a l'air plus rodé peut-être. Effectivement Arnaud en parle un peu avant mais la version de Milestones est superbe. Il faut que j'écoute l'autre album tiré de cette date de concerts.



Keith Jarret - The Köln Concert


Alors je connaissais de réputation l'album mais je ne m'attendais pas à ça. Je connais juste les premiers albums de Keith Jarret sans avoir accroché plus que ça mais j'avais en tête un jazz un peu cérébral et sous influence.
Bon c'est un peu atroce comme musique. J'imagine bien ça dans la salle d'attente du purgatoire. On sent pourtant une volonté de synthétiser plusieurs modes et plusieurs influences, mais ça aboutit à quelque chose de très commun au final, malgré un toucher particulier.
Après, le côté touche-à-tout de Keith Jarret devrait me permettre de trouver des choses plus à mon goût.



Paul Bley - Open to love

Ah bah voilà, il aurait pas piqué un peu ici le Keith Jarret ?
Pour le coup j'ai trouvé ça génial, ça reste très délicat et en équilibre comme musique, quelques artifices pouvant sonner un peu facile mais aussi une belle mélancolie d'ensemble, une belle ambiance rêveuse.
On semble entendre un pianiste de club en fin de soirée, quand tout le monde est parti, jouant et improvisant pour lui, un brin désabusé après une soirée à jouer pour un public qui ne l'écoutait pas. On entend les hésitations et les fausses pistes des compositions.
(il y a un petit côté Mompou jazzy)
Il y a d'autres albums de Bley dans cette esthétique ?




L'intégrale des 5 disques sortis chez Prestige par Thelonious Monk

Je connaissais déjà via des compilations de titres tirés de ces disques mais l'écoute de l'ensemble vaut vraiment le coup, Thelonious Monk est déjà génial sur ces disques et certains des titres sont merveilleux, que ce soit Friday the Thirteenth, Monk's Dream, Work ou Let's Call This. D'un côté ça peut sonner encore un peu classique sur certains titres mais la façon dont Monk joue est très moderne, la façon qu'il a de doubler certaines notes, de casser le rythme, sans s'imposer face aux autres.  

Prosopopus a écrit:

(premier vrai post de playlist)
(quelle émotion)
(soyez indulgents)

une recrue de choix au "jazz-club" !

Spoiler:

Benedictus a écrit:

Cela étant posé, encore un très bon disque de jazz (je veux dire: sur lequel je n’aurais pas de vraie réserve à formuler) qui, sur la durée, ne m’a pas vraiment électrisé.

Itou !

Certes, c’est un album de Sonny Rollins, donc par définition excellent, mais pas plus, et pour moi bien moins, que les quelques incontournables chefs- d’œuvre de l’époque 1956/57/58 au milieu de laquelle se situe « Newk's Time »: « Tenor Madness », le célébrissime « Saxophone Colossus », « Way Out West », « Freedom Suite », les Sonny Rollins vol. 1 et 2…Bref, ce disque est celui que j’aime le moins de cette période.

Il a en tout cas un mérite que tu devrais lui reconnaître, toi qui détestes la guimauve : on n'y trouve aucune des ballades à la noix dont Rollins est si friand... mais, bon, tu peux tout à fait préfèrer l'écouter dans The most beautiful girl in the world plutôt que sur Tune Up de Miles : il faut probablement regretter, d'ailleurs, qu'il n'ait pas enregistré, comme l'a fait Bill Evans, un ou deux albums avec Tony Bennett ou encore mieux, un album avec une section de cordes !

Spoiler:

Alifie a écrit:

Il a en tout cas un mérite que tu devrais lui reconnaître, toi qui détestes la guimauve : on n'y trouve aucune des ballades à la noix dont Rollins est si friand... mais, bon, tu peux tout à fait préfèrer l'écouter dans The most beautiful girl in the world plutôt que sur Tune Up de Miles : il faut probablement regretter, d'ailleurs, qu'il n'ait pas enregistré, comme l'a fait Bill Evans, un ou deux albums avec Tony Bennett ou encore mieux, un album avec une section de cordes !

Spoiler:

Non, (Pffff! grosse fatigue ) je préfère l'écouter dans "Tenor Madness" ou "Strode Rode" que dans "Namely You"   Et puis réécoute "Blue 7" ou "More Than You Know" (un peu antérieur celui-là) et ton avis sur les ballades à la noix s'en trouvera (peut-être) changé.

Alifie a écrit:

acte de repentance (album formidable, y compris la ballade à la noix, et Roach y est impérial) :



www.deezer.com/fr/album/12737898 ou /watch?v=hHzJjmKPPV4

Bon, tu n'es peut-être pas irrécupérable finalement, essaie le volume 2 (avec Monk), il est encore mieux.

Sonny ROLLINS - TENOR MADNESS

Bass – Paul Chambers
Drums – "Philly" Joe Jones
Piano – Red Garland
Tenor Saxophone - John Coltrane
Tenor Saxophone – Sonny Rollins



Sonny ROLLINS - SAXOPHONE COLOSSUS

Bass – Doug Watkins
Drums – Max Roach
Piano – Tommy Flanagan
Tenor Saxophone – Sonny Rollins

darkmagus ' a écrit:

ton avis sur les ballades à la noix s'en trouvera (peut-être) changé.

Pour la pseudo-ballade irlandaise, il suffit de comparer avec la version du film de Coppola en 1968, /watch?v=oNiuDuEVllc&t=100

darkmagus ' a écrit:

essaie le volume 2 (avec Monk)

C'est prévu (pas réécouté depuis l'an pépin), mais je persiste et signe pour ce qui est du goût immodéré de Rollins pour les ballades,  les plus mièvres particulièrement : le résultat n'est pas à tout coup aussi que pour How Are Things In Glocca Morra?, et je ne souscris pas spécialement à l'assertion (de je ne sais plus qui) selon laquelle "Rollins pourrait jouer Petit Papa Noël, ce serait encore formidable." J'aurais plutôt dit parfois franchement tartouille, mais bon, j'ai aussi écouté récemment, alléché par un très beau Night and Day l'ouvrant, un album Storyville de Getz : au bout de la nième ballade enchaînée, avec la sensation d'écouter un album de la série Midnight Slows (cf. https://classik.forumactif.com/t6808p218-#), à Milt Buckner près... enfin, tant qu'on échappe à Tony Bennett ou aux violons enchantés, ça va encore.

Sur les tempi rapides, il n'est pas mal Bennett là, moi j'aime assez, on pense à Sinatra, et Basie n'y est pas pour rien, mais bon, dès que ça ralenti, ça tourne à la soupe tiède, et on pense à Sinatra…

Dans The Eternal Triangle, la passe d'armes entre les 2 Sonny est d'anthologie (Stitt vainqueur   ).

https://www.discogs.com/Dizzy-Gillespie-Sonny-Stitt-Sonny-Rollins-Sonny-Side-Up/release/6824326

• Sonny Rollins: Saxophone Colossus
Sonny Rollins (saxophone ténor), Tommy Flanagan (piano), Doug Watkins (basse), Max Roach (batterie)
Hackensack, VI.1956
Prestige


• Sonny Rollins: Sonny Rollins, Vol. 2
Sonny Rollins (saxophone ténor), J.J. Johnson (trombone), Horace Silver / Thelonious Monk (piano), Paul Chambers (basse), Art Blakey (batterie)
Hackensack, IV.1957
Blue Note


• Sonny Rollins: Our Man in Jazz
Sonny Rollins (saxophone ténor), Don Cherry (cornet), Bob Cranshaw / Henry Grimes (basse), Billy Higgins (batterie)
New York, VII.1962 & II.1963
RCA


Très, très chouettes albums, meilleurs que Newk’s Time - mais l’écart ne me semble pas si spectaculaire que ça, non plus, pour les deux premiers. En fait, je crois que ça confirme un peu le diagnostic que je faisais hier:

Benedictus a écrit:

j’ai l’impression que c’est d'abord le langage du hard bop classique qui m’accroche de moins en moins,

Saxophone Colossus est une réécoute - or je gardais le souvenir d’un album qui m’avait littéralement scotché d’un bout à l’autre, là ça m’a simplement fait l’effet de quelque chose qui se réécoute avec beaucoup de plaisir. Et à l’inverse, beaucoup plus free, Our Man in Jazz (que je découvrais) m’a passionné. (Étonnant, quand même, que ces sessions aient pu faire figure d’expérience traumatisante pour Sonny Rollins, parce que, à l’aune de Don Cherry, c’est quand même du free assez consensuel.)

Benedictus a écrit:

et je crois aussi que je suis toujours resté assez peu sensible à la sonorité et au style de Sonny Rollins.

En fait, mon intérêt et mon plaisir dépendent beaucoup plus de l’environnement que de Sonny Rollins lui-même: dans Vol. 2, j’ai adoré les deux titres avec Monk et sensiblement moins ceux avec Horace Silver, et comme souffleur, c’est surtout J.J. Johnson qui m’a fait dresser l’oreille (et du coup, Misterioso: ) - et dans Our Man in Jazz, c’est très prévisiblement le cornet qui m’a le plus accroché…

Prosopopus a écrit:

(soyez indulgents)

En dézinguant le Köln Concert et en disant du bien de Monk et des live de Bill Evans au Village Vanguard, tu jouais quand même sur du velours...

On s'en fout : Prosopopus a aussi dit du bien de Paul Bley, il est donc adoubé !

Oui, Prosopopus est un garçon intelligent: il a bien vite compris qui il fallait fayoter, et comment, pour pouvoir continuer à poster en Playlist jazz.

:

Benedictus a écrit:

Our Man in Jazz (que je découvrais) m’a passionné. (Étonnant, quand même, que ces sessions aient pu faire figure d’expérience traumatisante pour Sonny Rollins, parce que, à l’aune de Don Cherry, c’est quand même du free assez consensuel.)

Traumatisante, je ne sais pas * : j'ai l'impression que ça n'est simplement pas la voie dans laquelle Rollins voulait persister. Son deuxième retrait de la scène, entre 68 et 71 (assez rare chez les jazzmen de sa stature quand il ne procède pas de problèmes d'addiction et/ou psy et de leurs conséquences, zonzon pour Art Pepper et Chet Baker, internements pour Bud Powell) témoigne, autant que le premier, des doutes qu'a eu Rollins à plusieurs reprises sur le sujet.

* même si je l'ai écrit plus haut, avant de corriger mon post, m'étant emmêlé les pinceaux, après les avoir écoutées en ordre inverse, entre la tournée de 1959 en trio et celle de 63 en 4tet avec Don Cherry, dont je te recommande d'ailleurs chaudement les enregistrements (Paris x2, Stuttgart, Copenhague) pour compléter ton écoute d'Our Man In Jazz

Alifie a écrit:

:

Non, aucun contentieux personnel, ni avec toi (tu m'as toujours répondu bien gentiment quand je publiais tout le mal que je pensais de Miles Davis - à l'époque où j'en pensais du mal), ni avec Proposopus (avec qui j'ai l'impression que les points d'accord seront aussi fréquents en jazz qu'en classique): c'était juste une blague.

Alifie a écrit:

Traumatisante, je ne sais pas * : j'ai l'impression que ça n'est simplement pas la voie dans laquelle Rollins voulait persister. Son deuxième retrait de la scène, entre 68 et 71 (assez rare chez les jazzmen de sa stature quand il ne procède pas de problèmes d'addiction et/ou psy et de leurs conséquences, zonzon pour Art Pepper et Chet Baker, internements pour Bud Powell) témoigne, autant que le premier, des doutes qu'a eu Rollins à plusieurs reprises sur le sujet.

Oui, «traumatisante» est sans doute une exagération, mais je pense que l'émergence du free (et ensuite de l'électrique/fusion/jazz-rock) a quand même dû poser des questions de positionnement esthétique pas forcément évidentes pour des gens comme Rollins, qui n'étaient pas des traditionalistes mais ne se reconnaissaient pas non plus dans ce genre d'explorations.

Alifie a écrit:

* même si je l'ai écrit plus haut, avant de corriger mon post, m'étant emmêlé les pinceaux, après les avoir écoutées en ordre inverse, entre la tournée de 1959 en trio et celle de 63 en 4tet avec Don Cherry, dont je te recommande d'ailleurs chaudement les enregistrements (Paris x2, Stuttgart, Copenhague) pour compléter ton écoute d'Our Man In Jazz

C'est noté - mais dans l'immédiat, les deux plages de Volume 2 et le post de Prosopopus m'ont surtout donné envie de me replonger dans Monk.

Alifie a écrit:

On s'en fout : Prosopopus a aussi dit du bien de Paul Bley, il est donc adoubé !

Traduction libre (façon Benedictus): Prosopopus a presque réussi un sans-faute pour sa première entrée dans le jazz-club.
Pour paraphraser lointainement W.C.Fields, quelqu'un qui qualifie d'"atroce" Le Köln concert de Jarrett et encense quelques-uns des meilleurs albums de Monk ne peut être mauvais (je ne me prononce pas sur Paul Bley, en souvenir de mes lointaines et anciennes velléités d'intégrer le corps diplomatique... ).

En tous cas, Prosopopus, bienvenue au royaume du swing !  (et les écoute pas trop: si tu veux des conseils pour du jazz authentique comme à Montauban sans interrogations métaphysiques ou chapeaux bizarres, fais signe à Tonton Néthou...)

néthou a écrit:

Traduction libre (façon Benedictus): Prosopopus a presque réussi un sans-faute pour sa première entrée dans le jazz-club.

Ce n'était d'ailleurs pas tout à fait une première entrée: juste avant, il y avait déjà eu Fusion / Thesis de Jimmy Giuffre - et là, on est même au-delà du «presque sans-faute» pour entrer de plein-pied dans la quintessence du bon goût.

néthou a écrit:

Pour paraphraser lointainement W.C.Fields, quelqu'un qui qualifie d'"atroce" Le Köln concert de Jarrett et encense quelques-uns des meilleurs albums de Monk ne peut être mauvais

néthou a écrit:

comme à Montauban

À ce propos, j'ai découvert récemment que gugusse faisait partie des noms d'oiseau dont Vian affublait Panassié dans ses chroniques des années 47-50 - de sorte qu'on peut légitimement se demander si, dans Les Tontons flingueurs, l'expression le gugusse de Montauban ne serait pas en fait une citation subliminale.

Merci à Alifie pour les conseils, je vais écouter ça.

Benedictus a écrit:

Prosopopus a écrit:

(soyez indulgents)

En dézinguant le Köln Concert et en disant du bien de Monk et des live de Bill Evans au Village Vanguard, tu jouais quand même sur du velours...

Eh oh !
Oui, bon ce n'est pas faux.

c'est aussi l'avantage d'être relativement novice dans le genre, on commence par certaines évidences.

Mais le Koln Concert j'ai vraiment été surpris, je m'attendais peut-être à quelque chose de peut-être un peu sirupeux dans ses recherches de mélodies et pas finalement à cette forme de minimalisme. Et pourtant je ne suis pas forcément fermé au minimalisme, il y a des choses qui me plaisent même pas mal, que ce soit chez Mompou, Feldman ou Langgaard, mais quand c'est associé à une certaine forme de séduction mélodique comme chez Glass ou donc l'album de Jarrett c'est rapidement lassant.

Mais attention, je peux aussi avoir mes goûts douteux, je ne dis pas.
La preuve.



Eberhard Weber - The colours of Chloë (ECM) - 1974

J'aime bien, on est à la limite d'une certaine forme de rock planant, de jazz très éthéré, des lents développements, de l'électronique avec parcimonie (hormis le dernier des quatre titres qui y va franco sur le synthé). Il y a un aspect pot-pourri du jazz fusion des années 70 mais ça marche très bien sur moi.


Et j'ai aussi remis sur la platine un de mes disques de chevet.



Donald Byrd - A new perspective (Blue Note) - 1964

Donc l'alliage du jazz Blue Note avec un choeur un peu gospel (je viens de découvrir qu'il en a fait au moins un autre dans le style mais pas encore écouté), contenant l'incroyable Cristo Redentor dont l'entrée de la trompette de Byrd à 1'52'' fait partie de mes moments musicaux préférés. Après la lente litanie du choeur, soutenue très légèrement par le vibraphone, la basse et le piano, le sax annonce l'entrée, et là, la sonorité de Byrd est vraiment incroyable, trainante mais pleine, se perdant dans un soupçon de stridence, le piano se lâche un peu, et la batterie soutient le tout.  
Je suis moins client de ses autres disques de hard-bop hez Blue Note (Slow Drag qui est à la limite du style habituel est très bon) et je préfère finalement ses disques de fusion funky (Ethiopian Knights, Blackbyrd ou Street Lady).

EDIT : non, il faut que je me replonge dans la discographie de Byrd, il ya des choses que j'avais raté et d'autres qui ne me parlaient pas mais c'est beaucoup plus complexe qu'une simple opposition entre le son tradi Blue Note et le virage funky des années 70.
Là j'écoute The Creeper album inédit pendant longtemps et c'est beaucoup plus aventureux, très très prenant, avec Chick Corea au piano.

Benedictus a écrit:

néthou a écrit:

comme à Montauban

À ce propos, j'ai découvert récemment que gugusse faisait partie des noms d'oiseau dont Vian affublait Panassié dans ses chroniques des années 47-50 - de sorte qu'on peut légitimement se demander si, dans Les Tontons flingueurs, l'expression le gugusse de Montauban ne serait pas en fait une citation subliminale.

Pas impossible : Lautner était assez probablement amateur de jazz (et peut-être de musique concrète, si on pense aux Tontons Flingueurs   ), puisqu'il s'est offert, pour plusieurs de ses musiques de films des années 70, rien de moins que Getz, Chet Baker ou encore Phil Woods.

@Prosopopus: il va falloir fayoter mieux que ça, stp : arnaud est grand amateur d'Eberhard Weber et, si je me souviens bien, de l'album que tu as posté. 

Spoiler:

/playlist?list=OLAK5uy_kjI7IYeCsEtu9CEl_Di3ux4EbOJHbBuzw

Alifie a écrit:

@Prosopopus: il va falloir fayoter mieux que ça, stp : arnaud est grand amateur d'Eberhard Weber et, si je me souviens bien, de l'album que tu as posté. 

Je confirme.

• Thelonious Monk: Brilliant Corners
Thelonious Monk (piano, célesta), Sonny Rollins (saxophone ténor), Max Roach (batterie, timbales); Ernie Henry (saxophone alto), Oscar Pettiford (basse) / Clark Terry (trompette), Paul Chambers (b)
New York, X & XII.1956
Riverside


• Thelonious Monk: Thelonious Alone in San Francisco
Thelonious Monk (piano)
San Francisco, X.1959
Riverside

Je n’avais pas réécouté ces deux albums-là depuis très, très longtemps - mais contrairement à beaucoup de réécoutes récentes de grands classiques du hard bop, j’ai trouvé que ces deux-là étaient toujours aussi électrisants et hypnotiques!

Questions aux connaisseurs: à l’époque où je pouvais passer des nuits à écouter du Monk en boucle, c’était (outre, donc, ces deux albums-là et Thelonious Monk with John Coltrane) ou bien des albums du début de sa discographie (les deux Genius of Modern Music chez Blue Note, les sessions en trio et en quintette chez Prestige et le disque Vogue en solo) ou bien au contraire ses toutes dernières sessions londoniennes de 1971 chez Black Lion; du coup, quelles seraient vos autres recommandations de la période Riverside et vos recommandations pour la période Columbia (j’ai l’impression que cette dernière est moins consensuelle)?

Période Riverside, c'est comme dans le cochon: tout est bon!
Thelonious himself et Monk's music en priorité (pour moi)
Tu peux aussi essayer les disques avec Johnny Griffin (Thelonious in action, Misterioso), 5 by 5, celui en sideman avec Clark Terry (In orbit).

Pour la période Columbia, j'aime bien Underground, Straight, no chaser, Criss Cross, Solo Monk.
Ça paraît sans doute une période de "redite" après la décennie précédente, mais chez Monk, tout est toujours pareil sauf que rien n'est jamais la même chose... Il faut dire et redire la grande richesse harmonique des thèmes monkiens, et la variété rythmique des différentes versions en fait à chaque fois quelque chose de différent.
Et puis si les rythmiques de la période Columbia sont presque immuables (soit Larry Gales-Ben Riley, soit John Ore-Frankie Dunlop), il y a toujours Charlie Rouse en fil rouge; il y a une complémentarité et une entente musicale unique entre eux.

Biberonné au lait d'un jazz très classique par Count Basie, j'ai littéralement découvert Monk lors d'une formidable série d'émissions estivales de France Musique (je crois) pendant une semaine, ça devait être au début des années 80 (Alifie si tu pouvais me retrouver quand ça a été diffusé...). Ce fut un coup de foudre, et je suis toujours amoureux comme au premier jour !

Sélection personnelle (/watch?v=dyHGpMvag78 pour le concert parisien en 1967) :



Ah oui, pas beaucoup de Charlie Rouse, du coup, mais tu peux le retrouver dans un concert à Amiens sur l'excellente mini-chaîne .../user/eifila

¤¤¤

EDIT: au temps pour moi (je m'emmêle pas mal les pinceaux en ce moment) : le premier, Thelonious Monk with John Coltrane, est pour l'essentiel Monk's Music avec des prises alternatives + le Monk's Mood qu'on trouve sur Thelonious Himself recommandé par néthou

Excellentes recommandations !

J'ajouterai le très intéressant Monk meets Mulligan.

Si je ne devais en garder que 3 : Brilliant Corners, At Town Hall et Criss Cross.

Alifie a écrit:

Probablement une rediff du Matin des musiciens (= 5 émissions de 3 h diffusées de 9 à 12 du lundi au vendredi à l'époque) : pas d'historique sur le net.

Je ne sais plus (dans mon souvenir les émissions ne duraient pas 3H). Peut-être à l'été 82 (Monk est mort en février 82).
En tous cas animées par des spécialistes jazz (type Malson).
En tous cas merci !!

Mingus : Tijuana Moods (62)


Un très beau Mingus qui exhale d'enivrantes fragrances latines.

néthou a écrit:

Alifie a écrit:

Probablement une rediff du Matin des musiciens (= 5 émissions de 3 h diffusées de 9 à 12 du lundi au vendredi à l'époque) : pas d'historique sur le net.

Je ne sais plus (dans mon souvenir les émissions ne duraient pas 3H). Peut-être à l'été 82 (Monk est mort en février 82).
En tous cas animées par des spécialistes jazz (type Malson).

Ça pourrait être ça : www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/thelonious-monk-un-prophete-enigmatique-monk-compositeur

¤¤¤

EDIT : je suis viens de l'écouter : hautement recommandable à tous . On y entend même, à part Monk lui-même, Steve Lacy, Johnny Griffin, Roy Haynes ou Phil Woods, sa si distinguée protectrice, Pannonica de Koenigswater...

Spoiler:

arnaud bellemontagne a écrit:

Mingus : Tijuana Moods (62)


Un très beau Mingus qui exhale d'enivrantes fragrances latines.

J'adore ce disque

Alifie a écrit:

Ça pourrait être ça : [size=11]www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/thelonious-monk-un-prophete-enigmatique-monk-compositeur

Crois pas, non. 1989 c'est bien après.
Les émissions donnaient beaucoup à entendre le Monk des années 50 (Monk pianiste: Little Rootie Tootie, Bemsha swing, claque !), le Monk compositeur (Crepescule with Nellie, autre claque !).
Et il me semble que les émissions étaient animées, comme dit plus haut, par une pointure type Malson, Gerber ou André Francis.

Je crains que ça ne soit à peu près impossible à retrouver, mais tu peux écouter celle, très de 1989, sur Monk compositeur également, pour te consoler.

Bill Bruford's Earthworks : The Sound of Surprise (2001)



Un album magistral.

Andrew Hill : Point of Departure (65)


Chef d'oeuvre absolu.

Je ne me remets pas de ce Dedication amer et désolé...

_
Brötzmann/Bennink - Ein halber Hund kann nicht pinkeln
FMP (1977)
https://destination-out.bandcamp.com/album/ein-halber-hund-kann-nicht-pinkeln

Benedictus cherchait des conseils pour la période Columbia de Thelonious Monk et le hasard fait que j'ai pu mettre la main sur ce disque :



Misterioso de 1965, des prises live enregistrées à divers endroits. Les lives de la période sont probablement dispo en rééditions aujourd'hui mais cette simple sélection est déjà géniale. Le disque est probablement secondaire dans la discographie abondante de Monk mais ça n'en reste pas moins très envoûtant. Nethou en parlait déjà mais l'alchimie avec le saxophoniste Charlie Rouse fait des miracles effectivement.

Les enchaînements de Monk sont dingues par moment, des dissonances, des heurts mais sans que ce soit ouvertement du free. Et d'un coup il joue à l'unisson avec le saxophone...