Distribution
Orchestre national d’Île-de-France
Roberto Gonzalez-Monjas, direction
Thibaut Garcia, guitare
Programme
De Falla, L’Amour sorcier
Rodrigo, Concerto d’Aranjuez
Debussy, Petite Suite
Ravel, Pavane pour une infante défunte
Déçu par la séance du mercredi à la PP pour la 2ème de Mahler par Bychkov, j'ai revendu mon billet du vendredi. Ne pouvant me résoudre tout de même à me passer de musique, j'ai profité de l'occasion pour retenter l'expérience de la Seine Musicale.
Comme déjà dit, c'est loin, très très loin ! Non seulement en métro, mais le trajet entre le métro est la salle est interminable ! Le quartier entier étant en travaux, il faut traverser toute une esplanade, et faire un détour pénible, très souvent mal indiqué. Une petite navette faisant des allers-retours entre le métro et la salle pendant l'heure précédant le concert aurait été une vraie bonne idée ! Organisation défaillante encore à l'entrée de la salle : seule une personne pour scanner les pass-sanitaires... Donc, queue à l'extérieur. Difficile de trouver une brochure de saison de la salle. Il y a bien une brochure pour l'Insula Orchestra, des revues, des prospectus, mais à part un petit dépliant reprenant tous les concerts en liste sur deux pages, il n'y a pas de brochure comme savent le faire les grandes salles (PP, TCE, RF…). Il n'y a pas non plus de système d'abonnement. C'est vraiment dommage, et je pense sincèrement que c'est une clef pour obtenir un public régulier.
Concert très peu rempli, un tiers de salle environ, et encore. Ambiance difficile à qualifier sans paraître méprisant : ça fait un peu brouillon. Moi qui viens de province et qui ai fréquenté les concerts en province bien longtemps avant d'arriver à Paris, j'ai retrouvé cette ambiance désordonnée, hésitante, qui se ressent à la fois avec les ouvreurs choqués à l'idée que l'on se replace, les techniciens de plateau qui entrent alors que le public encore en train d'applaudir et les musiciens de saluer, un public pas habitué, un public d'ailleurs familial, des programmes de salle qui renseignent finalement assez peu sur les œuvres du soir…
L'auditorium me laisse un goût étrange : objectivement, c'est une bonne salle, l'acoustique est bonne, c'est très propre, très neuf, on est particulièrement assis (fauteuils et espacement)… Mais, cette salle dégage quelque chose de malaisant que je crois avoir identifié : il n'y a strictement AUCUN endroit de la salle qui ne soit pas recouvert d'un motif. Le plafond est recouvert de dalles ondoyantes à motifs, les murs sont couverts de bois ondoyants, les rebords du balcon idem, même les fauteuils sont des boudins rayés… Ronds, carrés, motifs, rayures… Voilà de quoi épuiser le regard ! On est loin des grands murs blancs lisses de la Salle Pleyel.
Côté musique, je pensais retrouver l'engagement jeune, dynamique, joyeux de l'ONIDF, vu plusieurs fois à la PP. Effectivement, nous avions un jeune chef sympathique, généreux en mouvements, souriant, sautillant, et l'orchestre s'en est bien sorti. Mais, on est loin de la folie des grands soirs !
Debussy : morceau qui m'était inconnu et qui ne m'a pas laissé de souvenir.
Rodrigo : guitariste très intéressant, mais dans l'ensemble un concert tel que déjà entendu plusieurs fois, qui n'apporte rien à l'œuvre. Thèmes à frissonner, et moment très agréable néanmoins !
Rappel à la guitare non identifié. C'est un thème très connu, mais impossible de remettre un nom dessus…
Ravel : version de la Pavane pleine d'ondoyance, mais sans ce "petit truc en plus" qui fait les grandes interprétations.
Falla : il s'agissait de la version pour chanteuse gitane, et non pour soprano. C'était intéressant, mais la chanteuse avait vocalement des difficultés à suivre les notes, et sa voix était amplifiée au micro. Gestuelle assez fascinante néanmoins, regards noirs, robe pailletée, talons provoquants… Elle a fait le show plus que la musique. C'était une première pour ce morceau, et je ne regrette pas le déplacement.
Je suis rentré de cette Seine Musicale avec le sentiment qu'il y aurait là un joyau à exploiter, mais que la mauvaise gestion, le manque de programmation avec des musiciens de premier ordre, une propagande mal diffusée… plombent cet endroit. Dommage !