PP - OP/Mäkelä/Buniatishvili - Falla/Tchaï/Debussy/Ravel

Programme :
Manuel de Falla : Le Tricorne (Suite n°2)
Piotr Ilitch Tchaïkovski : Concerto pour piano n°1
Claude Debussy : Images
Maurice Ravel : Boléro

Distribution :
Orchestre de Paris
Klaus Mäkelä, direction
Khatia Buniatishvili, piano

J'y étais jeudi.

Preuve, encore une fois, que je ne sais pas choisir mes concerts, je suis ressorti de cette soirée avec frustration et ennui. Il faut dire que j'étais dans de mauvaises dispositions ; mais le programme, qui m'avait initialement attiré, m'a paru trop commun pour me faire décoller. J'avais aussi décidé de ne plus aller voir Bunia, et j'aurais dû m'y tenir. Programme roboratif, encore une fois un peu trop long (Debussy en trop à mon goût).

Salle archi-complète. Quelques places encore en vente sur le site avant de partir de chez moi : j'ai donc tenté un replacement sur le nuage, mais échec. J'ai donc dû regagner ma place, déjà occupée par un replacé... Ambiance grands soirs dans les couloirs, vraiment beaucoup de monde. C'est assez satisfaisant de voir autant de gens partager mes tropismes, mais j'avoue aussi que je regrette l'époque où l'on était un siège sur deux, surtout quand on est assis à côté d'un gros lard dont l’embonpoint déborde du fauteuil. L'effet foule me rebute de plus en plus, sachant qu'il y avait aussi un concert au Zénith voisin, qui a fini très exactement à la même heure (métro blindé).

Falla : trois pièces idéales en ouverture de concert, dynamiques, dansantes... J'ai notamment adoré la Danse du meunier. Mäkelä dans son élément, ça frissonne, ça virevolte, belles percussions comme toujours avec l'OP. Très agréable ! On devrait entendre du Falla plus souvent !

Tchaïkovski : j'ai hâte que Bunia devienne vieille et grosse. Ce qu'elle peut m'agacer avec ses robes, ses talons et ses manies de diva, ses baisers lancés au public, y compris entre les mouvements, de sorte à attiser les applaudissements maladroits de ses fans. Public de fans (d'ailleurs, pas mal de places vides après l'entracte, donc des gens qui ne seraient venus que pour la voir ?). Au piano, elle a sans cesse accéléré le tempo, jusqu'à ne plus être parfaitement synchro avec l'orchestre (première moitié du premier mouvement). Cadence du premier mouvement savonnée, avec même une certaine angoisse (musiciens qui se regardent) : je ne connais pas cette partition totalement par cœur, mais il m'a semblé qu'elle sautait quelques mesures et en bousillait quelques autres. Au moins, elle est fidèle à son style : jouer trop vite, et en mettre à côté.
Dans l'ensemble, ça restait de bonne facture, elle insufflait pas mal de dynamisme au concerto. Belle puissance au clavier : j'étais mal placé, mais elle ne s'est jamais laissé couvrir par l'orchestre. Accompagnement magnifique de l'OP.
Manquait peut-être un petit supplément d'âme, trop de virtuosité, pas assez de poésie. Peut-être aussi ne suis-je pas objectif, l'agacement prenant le dessus.
Applaudissements avant la fin de l’œuvre, toujours cet odieux concours de celui qui sera le premier.

Rappels : 3ème mouvement de la 7ème sonate de Prokofiev, beaucoup trop vite, beaucoup à côté, ça ne ressemble plus à de la musique à ce niveau-là ; puis, Bach (concerto en ré mineur ?) plus poétique. Avec toujours un fan qui crie "merci" alors que ça n'est pas encore fini.

Debussy : ce n'est pas mon répertoire, et je me suis ennuyé. Souvenirs de la qualification en trois mots du style français lors du concert au Premier conservatoire en début de mois : danse, couleurs et retenue. Tout y était, orchestre magnifique, couleurs plastiques, c'était sûrement très beau, mais ça ne m'a pas touché.

Ravel : pris trop rapidement dès le départ, ça a amoindri l'effet crescendo. Multiples frissons dans le climax : est-ce possible de rater ce morceau ?

Je trouve ça triste pour Buniatishvili, elle est évidemment capable de mieux, mais je me demande si son art n'est pas "perverti" par les acclamations qu'elle reçoit.

Le final de la 7è de Prokofiev on peut trouver plusieurs vidéos sur le net, elle fait toujours ça et en met des paquets de dizaines à côté, effectivement on ne reconnaît plus l'oeuvre.
(entendu en 2013 à Pleyel exactement pareil)

J'y étais mercredi. Avec pas mal de satisfactions, et quelques critiques.
Un très beau Tricorne en effet, peut-être un peu raide et avec un certain manque de souplesse. Suis pas certain qu'un espagnol aurait été pleinement satisfait.
Suis content de lire l'avis de Rocktambule car j'ai eu l'impression pendant tout le concerto, que Buniatishvili tentait d'accélérer, mais que Makela refusait de la suivre et
continuait en gardant le mouvement coûte que coûte. Naturellement, s'ensuivaient des décalages. Dans le mouvement lent elle a voulu trop ralentir, avec le même refus du chef.
D'ailleurs, il ne l'a quasiment jamais regardée de tout l'oeuvre. C'est dommage car elle a un talent fou, une grande virtuosité, un très beau toucher.
Là où j'étais (1er balcon à droite dans le tournant), j'ai trouvé que le son du piano se projetait mieux que d'habitude. Mais avec elle tout est excessif.
Il lui faudrait un professeur qui la calme... ou qu'elle prenne un tranquillisant avant le concert !
En bis, Ständchen de Schubert, très clair, avec force maniérismes, et des nuances piano tellement piano que c'était parfois à peine timbré. Excessive toujours !
Le clou du programme a été pour moi les Images de Debussy, une oeuvre qui est curieusement une rareté, car on la donne peu en entier. Un miracle cette oeuvre.
Cette interprétation m'a enthousiasmé : l'allant, le mystère, la clarté aveuglante de l'orchestre, la sublime beauté de ses timbres, "les parfums de la nuit" comme en apesanteur.
Pour moi le bonheur complet. Et le bonheur aussi d'avoir un tel chef à la tête de l'orchestre, alors qu'au début, il ne m'avait pas convaincu.
Je ne sais pas si je me fais des illusions mais j'ai senti entre l'orchestre et lui une complicité, une entente, un plaisir de jouer. Pourvu que ça dure ! Et si on lui suggérait de diriger du Roussel ??
C'est plutôt le Boléro que j'aurais supprimé car le concert était très long (à priori, ça ne me gêne pas), et je n'avais pas vraiment envie de l'entendre après les Images.
Il m'a fait descendre de mon petit nuage, mais il était très réussi tout de même.

J'y étais aussi le mercredi, et j'ai été enthousiasmé par à peu près tout, y compris Buniatishvili. Je n'ai pas du tout perçu les décalages et je voyais Makela suivre au contraire avec gourmandise la soliste dans des tempos quasi impossibles !
Elle propose un concerto très personnel, en alternant souvent très vite/très lent, c'est vrai, mais le timbre est somptueux, elle ne cogne plus comme il y a quelques années, et sa fougue fait merveille dans ce répertoire.
En fait, je la trouve idéale pour les concertos, mais pour les bis, c'est trop maniéré, la dernière fois que je l'ai entendue en récital, c'était à la limite du supportable. Le Schubert murmuré de mercredi était un peu interminable (mais content d'avoir échappé à son Prokofiev le jeudi qu'elle tournait en numéro de cirque il y a quelques années, elle n'a donc pas changé...).
Accompagnement enthousiaste de Mäkelä et l'OP, donc.

Rien de plus à ajouter sur le reste du programme (trop long, j'étais épuisé après Images), très bien servi par l'OP et Mäkelä que je prends de plus en plus de plaisir à voir diriger, après une mauvaise expérience avec sa 5e de Mahler l'an passé. On verra ce que donne sa 3e avec Oslo en mai.
En tout cas, il se lâche complètement sur le podium désormais (un vrai showman dans le Tricorne).

J'étais mal disposé et mal concentré pour ce concert (mercredi pour moi), donc je ne m'étendrai pas trop. Mais j'ai quand même trouvé Buniatishvili insupportable de bout en bout, surjouant, tapant comme une sourde sur son malheureux clavier (oui on l'entend du coup), savonnant pas mal de traits, indifférente au bel accompagnement de l'orchestre. Le bis pire que tout.

Sur le reste : beaucoup aimé le Falla, noté parmi les trouvailles d'orchestration un long solo pour le cor anglais dans le grave, inhabituel. J'ai du mal avec les Images (mais à vrai dire j'ai du mal avec Debussy), ça m'a paru plutôt très bien, peut-être une petite difficulté à conserver les atmosphères tout du long. Beau Boléro, œuvre inratable (?), Nicolas Martynciow indéboulonnable à la caisse claire.

En tout cas la série de trois programmes de Mäkelä en mars a été enthousiasmante, on le sent libéré. Maintenant, c'est sûr, c'est lui le patron !

Le concert de mercredi était filmé : https://philharmoniedeparis.fr/fr/live/concert/1138171-orchestre-de-paris-klaus-makela-khatia-buniatishvili-tchaikovski-debussy-ravel-falla

Zut, je ne pourrai pas compter les centaines de fausses notes du Prokofiev.

Sinon, c'est moi ou bien ils ont bien amélioré la qualité (d'image et de son) des retransmissions?
Avant c'était du niveau d'Arte concert, là j'ai l'impression que c'est déjà mieux.

Xavier a écrit:

Sinon, c'est moi ou bien ils ont bien amélioré la qualité (d'image et de son) des retransmissions?

Je ne saurais dire. Là c'était filmé pour Mezzo HD mais je ne sais pas si ça a influé sur la qualité de la vidéo en ligne.

J'ai remis un coup la 9è de Mahler par Hrusa et la compression du son m'arrache tout de suite les oreilles.
Ici non.
L'image est en 720, mais ça c'est moins important pour moi.

EDIT: après vérification, ça serait du 192 kbps, ce qui est déjà mieux que le 128 habituel!
Sinon pour moi les retransmissions n'avaient aucun intérêt.