RF - OPRF/Franck/Kantorow - Chosta/Strauss/Debussy - 17/06

Programme :
CLAUDE DEBUSSY : Sonate pour flûte, alto et harpe
DIMITRI CHOSTAKOVITCH : Concerto pour piano et orchestre n°2
RICHARD STRAUSS : Don Juan
CLAUDE DEBUSSY: Iberia

Distribution :
ALEXANDRE KANTOROW piano
CHRISTOPHE GAUGUÉ alto
MATHILDE CALDERINI flûte
NICOLAS TULLIEZ harpe
ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE RADIO FRANCE
MIKKO FRANCK direction

Salle complète, pour la deuxième soirée d'affilée ! Bien qu'ayant une excellente place au premier balcon, je fus obligé de me replacer : période estivale oblige, ma voisine de devant a joué de son éventail toute la soirée (éventail ancien en écaille, bien sonore, l'enfer !). Je n'ai rien osé dire : elle n'a cessé de ruisseler jusqu'à l'entracte, soir de canicule à l'extérieur, la climatisation de RF n'était pas très efficace, dans cette salle bondée. Replacement encore plus excellent à la corbeille, ouf !

Debussy (sonate) : je peux dire en cette fin de saison que je ne suis toujours pas convaincu par l'introduction de musique de chambre dans les concerts symphoniques, et que le peu qu'on y a entendu ne m'a toujours pas donné envie de m'intéresser à ce répertoire qui demeure obscur. Le Debussy de vendredi n'a pas fait exception, je n'ai rien compris à ce morceau, les minutes m'ont semblé vraiment longues.

Chostakovitch : j'adore ce concerto, joyeux, rythmique, coloré... Kantorow n'était pas le pianiste adéquat. J'attendais plus de violence, qu'il joue son piano comme un instrument de percussion. Trop mélodieux, trop soyeux pour ce morceau, son toucher ne m'a pas convaincu, à part dans le mouvement lent central. Dans le troisième mouvement, pour la reprise après la batterie, il a enfin déployé un toucher percussif, deux minutes de bonheur !

Rappel : non identifié (des couleurs qui m'ont fait penser à l'Oiseau de feu, mais pas reconnu), je m'en veux, car c'était vraiment bien !

Strauss : beau Don Juan, solide, enthousiaste comme peut l'être Mikko quand il s'en donne la peine, avec ses beaux thèmes et un orchestre en grande forme. Version néanmoins moins marquante, plus anecdotique que dans les concerts de Nelsons à la PP, sans que je sache en identifier la raison.

Debussy (Iberia) : un régal, tant pour le public que pour l'orchestre. Percussionniste qui suit le rythme en hochant la tête, chef tout sourire se tourner vers le public ("écoutez ici comme c'est beau"), cordes qui tiennent leurs instruments comme des guitares en se cherchant les uns les autres du regard avec connivence... Version à la fois soyeuse et fluide, dans le sens vraiment à la Debussy, et bien rythmée, qui ne cesse de surprendre. Développement comme une promenade, où l'on sent à la fois le soleil, la fraîcheur d'une place illuminée en soirée avec du monde, des danseuses, des castagnettes joyeuses... J'ai fait un petit voyage immobile ! Beau succès à l'applaudimètre.

Pour le bis, ça a été diffusé sur France Mu et sûrement désannoncé : https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/le-concert-de-20h/debussy-strauss-et-chostakovitch-par-alexandre-kantorow-et-l-orchestre-philharmonique-de-radio-france-7152175 .

(Valse triste de Ferenc Vecsey arrangée par Cziffra, puis finale de l'Oiseau de feu, selon le présentateur !)

mickt a écrit:

(Valse triste de Ferenc Vecsey arrangée par Cziffra, puis finale de l'Oiseau de feu, selon le présentateur !)

Merci à vous deux. Il faut que je prenne le réflexe d'aller écouter l'enregistrement avant d'écrire !

Tout à fait d'accord quant à la présence de musique de chambre dans les concerts de l'Orchestre philharmonique.
Même si c'est une oeuvre que j'aime et qui est bien jouée (c'était le cas), j'attends la fin avec impatience.

Moi aussi, j'adore ce concerto. Il y a beaucoup d'humour, mais jamais d'humour grinçant comme habituellement chez Chostakovitch.
On sent qu'il a dû bien s'amuser en le composant.
Le premier thème du mouvement lent me fait fondre ! L'espace d'un instant, on pense à Gershwin ou à Rachmaninov, mais certainement pas à Chosta.
Musique un peu facile peut-être, mais tellement séduisante.

Je n'avais pas été convaincu par Kantorow l'année dernière dans les deux concertos de Saint-Saëns, mais là, contrairement à Rocktalbule, je l'ai été complètement.
C'était clair, limpide, chantant, naturel, rythmé, mais pas percussif, et tant mieux, l'oeuvre ne s'y prête pas.
Et sa décontraction le sert dans cette oeuvre relativement facile à jouer. Dans le deuxième bis (Stravinsky), il montre une virtuosité ébouriffante, mais gardant toujours une certaine décontraction.

D'accord pour les Strauss et Debussy : quand Mikko Franck est en forme lui et son orchestre sont de formidables interprètes.

Pareil pour moi. Pourtant je préfère la musique de chambre (je crois) à la musique symphonique, mais la salle, trop vaste et sèche, se prête peu à l'exercice, et l'écart est trop grand entre les dispositions d'écoute… on sait bien que ce n'est qu'un intermède et j'ai du mal dans ce contexte, je l'avoue, à m'y plonger pleinement – d'autant que ce n'est jamais un plat de résistance, mais en général des choses assez courtes.

On comprend bien ce qu'ils veulent démontrer par là, mais je trouve que dans les faits la proposition a peu d'avantages.

DavidLeMarrec a écrit:

Pareil pour moi. Pourtant je préfère la musique de chambre (je crois) à la musique symphonique, mais la salle, trop vaste et sèche, se prête peu à l'exercice, et l'écart est trop grand entre les dispositions d'écoute… on sait bien que ce n'est qu'un intermède et j'ai du mal dans ce contexte, je l'avoue, à m'y plonger pleinement – d'autant que ce n'est jamais un plat de résistance, mais en général des choses assez courtes.

On comprend bien ce qu'ils veulent démontrer par là, mais je trouve que dans les faits la proposition a peu d'avantages.

Moi, je ne vois pas très bien ce qu'ils veulent démontrer ! Rien du tout probablement.
Le but est juste de nous faire écouter de la musique de chambre alors qu'on a envie d'écouter de la musique symphonique !

Fritelli a écrit:

Le but est juste de nous faire écouter de la musique de chambre alors qu'on a envie d'écouter de la musique symphonique !

L'idée était bonne : nous faire découvrir un répertoire différent, et une autre façon de jouer et d'entendre de la musique. Je me considère justement comme un cœur de cible pour ça, n'étant pas du tout initié à la musique de chambre.

C'est plus le choix des œuvres qui me laisse perplexe. Je ne m'y connais pas bien, mais je reste persuadé qu'il y a des pépites à faire découvrir, plutôt que ce qu'on nous a présenté cette saison.

L'idée est aussi de respecter la vocation du Philhar' comme orchestre éclectique, capable de jouer en différentes formations ("l'orchestre à géométrie variable"). Et puis de mettre en valeur les musiciens comme solistes.

Mais comme vous, je ne suis pas convaincu et généralement j'attends avec plus ou moins d'humeur que ça passe, en espérant que l'orchestre au complet ne mettra pas 20 minutes à s'installer ensuite.

En fait je pense que l'idée de formats différents est bonne, mais c'est des effectifs d'orchestre de chambre ou des formations inhabituelles (deux caisses claires, cymbalum et trois contrebasses) qu'il faudrait mettre en avant. Divertimenti, sérénades, le genre d'œuvres qu'on a entendu pendant la petite série de concerts qui ont suivi le premier confinement. Et pourquoi pas voir le chef diriger de la musique de chambre (exemple Boulez dirigeant la Nuit transfigurée pour sextuor).

Fritelli a écrit:

Et sa décontraction le sert dans cette oeuvre relativement facile à jouer. Dans le deuxième bis [...] mais gardant toujours une certaine décontraction.

Si son aspect légèrement débraillé et sa dégaine nonchalante peuvent donner cette impression de décontraction, il faut quand même préciser que Kantorow a un rythme de travail impressionnnant, qui plus est dans un répertoire assez large.

mickt a écrit:

Fritelli a écrit:

Et sa décontraction le sert dans cette oeuvre relativement facile à jouer. Dans le deuxième bis [...] mais gardant toujours une certaine décontraction.

Si son aspect légèrement débraillé et sa dégaine nonchalante peuvent donner cette impression de décontraction, il faut quand même préciser que Kantorow a un rythme de travail impressionnnant, qui plus est dans un répertoire assez large.

Je n'en doute pas un seul instant. Il donne l'impression d'être décontracté, mais il n'est certainement pas nonchalant.
Et je lui suis reconnaissant d'aborder sans attendre un répertoire moins couru (2èmes concertos de Tchaikovski et de Chostakovitch).
Espérons qu'il va continuer !

mickt a écrit:

En fait je pense que l'idée de formats différents est bonne, mais c'est des effectifs d'orchestre de chambre ou des formations inhabituelles (deux caisses claires, cymbalum et trois contrebasses) qu'il faudrait mettre en avant. Divertimenti, sérénades, le genre d'œuvres qu'on a entendu pendant la petite série de concerts qui ont suivi le premier confinement. Et pourquoi pas voir le chef diriger de la musique de chambre (exemple Boulez dirigeant la Nuit transfigurée pour sextuor).

Oui, avec l'ONF, Măcelaru avait dirigé la sérénade de R. Strauss.

Effectivement, mettre en valeur des pupitres qu'on entend peu et jouer des œuvres que les trios ou quatuors ne peuvent pas interpréter serait beaucoup plus stimulant. On pourrait choisir des choses un peu plus électrisantes aussi, comme des pièces pour percussions…