Programme :
Transcriptions de Victor Babin
Tchaïkovski : Quatre Valses (extraits de Casse-Noisette, Le Lac des cygnes, Eugène Onéguine et Sérénade pour cordes)
Rachmaninoff : Vocalise - Les Eaux du printemps - Ici tout est bien
Rimski-Korsakov : Berceuse (extrait de Sadko) - Danse des bouffons (extrait de La Fille des neiges)
Borodine : Danses polovtsiennes
Stravinski : Circus Polka
Tsfasman : Fantaisie sur "The Man I Love"
Distribution :
Ludmila Berlinskaïa, piano
Arthur Ancelle, piano
Duo découvert il y a plusieurs années, au disque (CD consacré à Liszt et Saint-Saëns, très intéressant). Suite de rendez-vous manqués, des concerts annulés, des soirées où j'étais pris par ailleurs, une crise sanitaire... Croisés de très nombreuses fois au concert, notamment au concours La Maestra, où nous étions voisins, c'était donc la semaine dernière la première fois que je les découvrais en concert !
Il est toujours agréable de revenir dans le Studio de la PP, salle intimiste mais confortable. Remplissage honorable, malgré des blocs latéraux bien vides. Je m'attendais à un public d'élèves / disciples, vu qu'ils ont leurs cours dans le XVIIème arrondissement (si j'ai bien compris), mais non, c'était du "vrai" public.
Petit dilemme : le recul n'étant pas suffisant dans cette salle pour avoir la visibilité sur les deux claviers en même temps, il fallait donc choisir entre elle et lui. C'est elle que j'ai choisie, me plaçant donc côté jardin. Son jeu s’inscrit à l’opposé de la pyrotechnie du genre : on a à peine l’impression qu’elle bouge les mains, ses doigts assez courts paraissent à peine bouger, dans l’économie de mouvement. C’est impressionnant dans le genre, et ça rappelle quelques vidéos des anciens, à la Arrau.
Programme à fond dans mes deux de mes tropismes actuels : transcription et duo de pianos. Transcription, car c’est une façon à la fois intime et synthétique d’aborder la richesse de l’orchestre, et parce que je commence à m’intéresser modestement à l’exercice. Duo de pianos, car c’est probablement le meilleur moyen de restituer la complexité de l’orchestre sans qu’il soit là. Le répertoire original est bien fourni, mais les transcriptions vont souvent encore plus loin. Je collectionne les disques des duos célèbres (Trenkner-Speidel et Zenker-Trenkner, sœurs Labèque… et les leurs donc).
Sur les transcriptions jouées ce soir-là, pas grand-chose à dire : ce sont plus exactement des fantaisies sur un air de… ou des paraphrases, plus que des transcriptions au sens strict. La plupart sont de Victor Babin, donc assez datées et peu respectueuses de la partition orchestrale originale. Peu virtuoses aussi, voire parfois un peu plan-plan. Interprétation en retenue le plus souvent. Belle complicité évidente entre le couple de pianistes, elle très en retenue, lui plus expansif, avec des regards langoureux. J’ai eu l’impression qu’il dirigeait un peu le duo, notamment pour les attaques.
Très beau moment avec les Danses polovtsiennes de Borodine, la pièce maîtresse du programme, attendue du public. À partir de Stravinski, Ancelle n’a pu s’empêcher de dire quelques mots entre les morceaux, des informations intéressantes sur les œuvres et les compositeurs, de la poiétique et de l’esthesis de vulgarisation, mêlées d’humour. Il est aussi l’auteur du programme de salle. Des éléments intéressants, notamment sur la pièce de Stravinski, le cirque des éléphants et la citation de Schubert…
Rappel : un réarrangement par Ancelle d’une fantaisie de Tsarfman sur une musique de film soviétique, le Cœur des quatre. Tsarfman étant leur nouveau cheval de bataille, on se régale à entendre ce qui ressemble à une improvisation jazzy, après avoir entendu la dernière pièce du programme sur un air de Gershwin.
Une fois le concert terminé, le public est descendu du gradin vers la sortie… en passant donc par la scène qui n’est pas surélevée. Sans gêne, tout le monde s’est mis à tourner autour des pianos, photos, tripotages, jusqu’à carrément se mettre à actionner les touches… Il a fallu qu’un technicien sorte des coulisses pour faire cesser les attouchements.
Séance de dédicaces à laquelle je ne suis pas resté.
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