Programme :
Bach : Suite pour violoncelle seul n°2
Distribution :
Francis Kurkdjian, créateur de parfums
Klaus Mäkelä, violoncelle
Chloë Cambreling, modératrice.
La soirée curiosité de l'année ! Très vite annoncée complète, je pensais que la soirée rassemblerait tous les "fans" de KM, et/ou tous les passionnés de l'OP.
La synesthésie est un concept qui revient à la mode, après des expériences à RF (musique / lumières, musique / danse...), mais la mobilisation de l'odorat était une première à la PP. J'étais curieux de cette soirée, et notamment du procédé retenu pour nous faire sentir ces fameux parfums. J'avais hâte de retrouver une expérience aussi riche, ayant assisté en 2009 à un spectacle incroyable de Catherine Lara au Palais des Sports (je crois que ça s'appelait Au-delà des murs) mêlant musique, parfums, lumières et danse (troupe du Cirque du Soleil avec Franco Dragone) : les parfums étaient diffusés dans toute la salle et suivaient les différents tableaux musicaux. Expérience personnelle fondatrice !
Vendredi soir : à l'entrée du Studio, outre le programme de salle, on nous a distribué un petit livret de même taille, avec des mouillettes élégamment glissées dans des pochettes. A chaque mouillette correspondait une danse de la suite, la dernière, la gigue, ayant droit à deux mouillettes. A la fin du livret, les tableaux de composition des parfums, avec les termes chimiques correspondant.
Discours introductif brillant de la "modératrice". On regrette toutefois de ne pas savoir pourquoi ils ont choisi de réaliser cette soirée, et comment ils se sont rencontrés. Le discours insiste sur la méthode de travail : KM a enregistré une vidéo de la suite, l'a envoyée par messagerie au parfumeur, avec des commentaires de quelques mots sur chaque danse ; le parfumeur s'en est inspiré pour composer ses parfums ; KM devait sentir les mouillettes (en même temps que le public) avant de jouer la danse correspondante. On a donc un jeu d'interprétations en cascade : KM qui interprète la musique, qui par des mots interprète son interprétation, un parfumeur qui interprète cette double interprétation, et qui la traduit en parfums, parfums qui vont ensuite orienter une nouvelle interprétation par KM... Par l'absurde, j'espère avoir démontré que la soirée tenait plus de la masturbation intellectuelle que d'un processus artistique fascinant. Gigue interprétée deux fois, apparemment en raison de deux parfums très différents, qui ont donc inspiré des versions différentes... Blablabla...
Kurkdjian plutôt timide, se contentant de citer les mots de KM avant chaque mouvement. KM au violoncelle, ni excellent ni mauvais, quelques petits pains discrets. Violoncelle au son profond au détriment des aigus et de la ligne mélodique (instrument ou interprète ? je ne sais pas me prononcer). Qu'il a l'air fatigué ! En chemise blanche, style décontracté, à la fois la posture très à l'aise des très grandes stars et aussi un côté post-ado maladroit qui le rend attachant.
Environ 16 minutes de musique... Quelle arnaque ! Parfums horribles, certains plus que d'autres. Senteurs indescriptibles, mais assez désagréables. Le public ne s'est pas appesanti sur les mouillettes. Plusieurs enfants qui n'ont pas manqué de signifier leurs impressions, ce qui, pour une fois, m'a fait rire. Kurkdjian a signalé qu'il ne s'agissait pas de parfums "à porter", mais destinés exclusivement à cette soirée, et pour illustrer la tonalité de ré mineur ("ça sent tellement ré mineur !").
Suite à la suite : interview et questions, d'abord par la modératrice, puis par des spectateurs. L'occasion de découvrir que le public était en fait parsemé de parfumeurs, plus que de mélomanes, et que c'était le petit monde parisien du parfum de luxe qui s'était offert un peu de musique, et non le petit monde parisien de la musique classique qui s'était offert un peu de parfum. Soirée mondaine dans les couloirs attenants au Studio réservée aux invités, dont nous n'étions pas. Questions assez satiriques et pas franchement positives (personne n'a félicité ni remercié, ce qui se fait pourtant habituellement dans ce genre d'exercice). Anglais très haché et mécanique de KM, difficile à suivre. Questions des spectateurs arrêtées assez rapidement, et à 21h05, on était tous dehors.
Soirée à l'intérêt très modéré !