Programme :
SERGUEÏ RACHMANINOV
Suite pour deux pianos n° 1, opus 5
Suite pour deux pianos n° 2, opus 17
Danses symphoniques pour deux pianos
Distribution :
DANIIL TRIFONOV piano
SERGEI BABAYAN piano.
Concert réservé avec un immense enthousiasme ! Ce programme est assez rarement joué en concert (surtout les deux suites), et fait partie de mes œuvres préférées dans le répertoire pour deux pianos. Plus réservé quant aux pianistes : je n'ai jamais vraiment compris l'engouement autour de Trifonov, déjà entendu plusieurs fois, notamment à Pleyel dans ses débuts où il ne m'avait pas séduit, et Babayan entendu au disque (duo avec Argerich sur du Prokofiev) sans engouement non plus.
Auditorium de RF très bien rempli, heureusement que j'avais une belle place, car le replacement aurait été difficile. Les grèves n'ont pas empêché le concert d'avoir lieu, mais les éclairagistes étaient bien absents, de sorte que la salle est restée allumée, ainsi que les gradins et les couloirs, toute la soirée. Comme l'a indiqué le technicien qui est venu l'annoncer sur scène, nous étions éclairés "en mode hôpital". Finalement, ça paraît anodin, mais ça ne l'est pas : l'obscurité relative aide le public à la concentration, et les lumières règlent le déroulement de la soirée. Ainsi, on ne savait pas mardi quand les pianistes allaient entrer sur scène, quand les rappels étaient finis... et ça n'a pas incité les bavards à se taire.
Musicalement, j'ai été assez déçu, non parce que ça n'était pas bon, mais parce que j'attendais mieux. Les deux suites ont été prises à un tempo clairement trop lent pour maintenir l'intérêt tout du long. En comparaison avec les versions au disque, c'était ce que j'ai entendu de plus lent. Quel dommage !
Atmosphère aqueuse, liquide de la première suite néanmoins très réussie, c'est vraiment beau, très fluide, très naturel. Dernier mouvement carrément raté : les accords doivent symboliser des cloches obstinées ; dans mon idée, ça doit être pénible, martelé, étouffant de régularité : mardi, ils y ont mis trop de musicalité, trop de nuances, je l'attendais plus bourrin.
Moins intéressé par la seconde suite avec des moments planants anachroniques avec cette musique. Et carrément pas accroché par les danses symphoniques, qui ne sont pas forcément mon morceau favori de Rachmaninov, même en version orchestrale, malgré un foisonnement d'idées et de thèmes.
Trifonov nettement plus virtuose que Babayan, dont on apprend qu'il a été son professeur, en lisant le programme de salle. Plusieurs passages bien savonnés par Babayan, pardonnable considérant la difficulté des partitions. Trifonov est revenu aux cheveux longs et gras de ses débuts, avec le relooking DG, dont il a gardé la barbe et la cravate violette. Ses cheveux le gênent, il les écarte sans cesse, et c'est laid, surtout qu'il commence à lui en manquer... Bref...
Pianos pas installés en quinconce comme d'habitude, mais les tabourets côte-à-côte, faisant penser à ces canapés dits "causeuses". Pour la première suite et les danses symphoniques, Babayan était sur le piano en avant de la scène, alors que pour la seconde suite, c'était Trifonov : tout le public a pu bénéficier des deux profils, youpi ! Pianistes ne jouant pas sur des partitions de même édition (les tourneuses de pages ne tournaient pas au même moment, voire pour le rappel tablette vs grimoire). Trifonov odieux avec sa tourneuse, plaquant la partition à toute vitesse pour ne pas qu'elle tourne trop vite, ou lui donnant carrément un coup d'épaule, sentiment un peu glauque. Babayan beaucoup plus débonnaire. Saluts militaires, pianistes saluant les quatre points cardinaux de la salle, toujours dans le même ordre.
Rappel non identifié.