Debussy - Mélodies

Xavier a écrit:

- Ariettes oubliées et autres mélodies de jeunesse par Sheva Tehoval: j'aime presque autant que Villanueva et Camarinha, voix très claire et c'est magnifiquement dit.

Ah, moi, j'ai vraiment beaucoup, beaucoup de mal avec les Debussy de Raquel Camarinha.

D'ailleurs, pour en dire deux mots (j'ai écouté le disque Debussy / Delage / Poulenc / Ravel chez Naïve) - parce que je ne l'avais pas fait sur le coup: objectivement, je reconnais à Raquel Camarinha, et sans réserve, une personnalité vocale marquante et des choix interprétatifs très pensés, assumés avec beaucoup de cohérence (même si, sur le fond, je suis plutôt en désaccord avec son style déclamatoire.) En revanche, je dois avouer que je n'arrive pas à surmonter une réaction de rejet à l'écoute, dont la force me surprend (vraiment de l'ordre du malaise physique), et ce, malgré plusieurs tentatives.

C'est très curieux, parce que, pour donner un contre-exemple, Renee Fleming ou Marie-Noëlle Lemieux dans la mélodie, je suis le premier à dire que je trouve ça mauvais, et à pouvoir expliquer pourquoi en long et en large, mais en fait, j'arrive sans mal à les écouter (même si je trouve ça vite gavant) - alors que dans le cas de Raquel Camarinha, il y a vraiment une disproportion entre la modération des objections que je pourrais trouver à formuler et cette espèce d'aversion spontanée et insurmontable. Vraiment bizarre. (En plus, ce n'est même pas une artiste exposée médiatiquement, donc il n'y a aucun biais d'antipathie «personnelle» qui pourrait jouer ici comme dans le cas, mettons, d'une Elsa Dreisig.)

(Oui, un jour, il faudra aussi que j'écoute Maya Villanueva.)

C'est un peu comme ceux qui ne supportent par Vourc'h et trouvent que ça fait trop variét', je suppose....

Ah, non, je ne trouve pas que ça fait trop variét' (d'ailleurs, j'aime beaucoup Vourc'h dans la mélodie), les objections que je pourrais faire au sujet de Camarinha, ce serait au contraire que je trouve son style déclamatoire et vocal trop sophistiqué.

Mais même, c'est largement au-delà ou en-deçà de ce genre de reproche, je crois que c'est vraiment juste sa voix qui me met mal à l'aise.

J'avais adoré l'entendre en vrai dans ces Ariettes (il y a déjà un moment : elle était encore au Conservatoire !), mais le disque m'avait un peu frustré, quelque chose d'un peu plus sophistiqué en effet, je n'y ai pas trouvé le même naturel – et puis il faut dire qu'elle joint le geste à la parole de façon assez convaincante lorsqu'elle est sur scène !

Réécouté avec bonheur ces deux disques que je connais depuis mon adolescence pour le premier, depuis sa sortie pour le second, et qui sont absolument admirables:

 

En revanche, quand j’ai prospecté pour trouver d’autres versions, histoire de renouveler un peu l’écoute, j’ai été surpris par la pauvreté de l’offre discographique. Contrairement à ce qui se passe pour Fauré ou même Ravel, je n’ai trouvé aucune autre monographie Debussy (en tout cas en baryton / piano) qui serait susceptible de me satisfaire - aussi bien en versions «anciennes» (rien de Panzéra ni d’Herbillon, par exemple - et Souzay dans Debussy, je n’aime décidément pas), qu’en propositions plus ou moins récentes (pas de Corréas ou de Didier Henry, pas de Sicard ou de Mauillon.) C’est extrêmement curieux (Debussy, quoi, quand même!)

Chez les femmes, il y a davantage de choix je crois (entre les Bourget de jeunesse et Bilitis). Mais de véritables monographies, oui, c'est rare en fin de compte, en général ce sont toujours les mêmes mélodies qu'on panache avec des Fauré et des Ravel.