Marie Jaëll, compositrice et pédagogue au XIXe siècle

Bonjour,

Connaissez-vous Marie Jaëll, une femme remarquable qui a composé, développé une méthode d'enseignement du piano assez extraordinaire (inspirée du jeu de Liszt) ?

Un site qui parle d'elle : http://www.marie-jaell.info/

Ce site est-il le tien ? Es-tu Catherine Guichard ?
Quoi qu'il en soit, je ne vois pas indiquée dans le site la discographie existante de Marie Jaëll, ou peut-être ne l'ai-je pas trouvée. Or, ont déjà paru deux ou trois disques de ses oeuvres de piano, il me semble.

machinade a écrit:

Ce site est-il le tien ? Es-tu Catherine Guichard ?
Quoi qu'il en soit, je ne vois pas indiquée dans le site la discographie existante de Marie Jaëll, ou peut-être ne l'ai-je pas trouvée. Or, ont déjà paru deux ou trois disques de ses oeuvres de piano, il me semble.

Ce n'est pas à proprement parler mon site, c'est plutôt celui de Catherine Guichard, mais j'en suis l'administrateur.

Non, il n'y a pas de rubrique discographique dans le site, ça viendra peut-être, mais ce n'est pas une priorité. L'accent est porté sur ses travaux pédagogiques. Concernant ses compositions, il y a tout ou presque dans la rubrique "œuvre", après, il suffit de chercher si des interprètes on joué ces œuvres et les ont enregistrées ; une partie de ces interprètes sont présentés dans la rubrique "acteurs", mais là encore ce sont surtout ceux qui ont adopté son approche pédagogique du piano.

Sinon en effet, vous avez raison, je crois qu'il existe des disques d'un certain nombre de ses compositions.

il y a je crois deux concertos pour piano et orchestre dont 1 dédié à Saint Saens.
Voilà un beau projet discographique.

franchom a écrit:

il y a je crois deux concertos pour piano et orchestre dont 1 dédié à Saint Saens.
Voilà un beau projet discographique.

En effet, il y a le concerto n°1 en ré mineur qui est celui dédié à Saint-Saëns, et le concerto n°2 en ut mineur, dédié quant à lui à Eugène d'Albert.

La totalité de son œuvre est citée à la rubrique œuvre du site et est classée selon l'instrumentation originale : les pièces pour piano (piano, piano à 4 mains, 2 pianos, concertos, piano et chant), pour cordes, pour orchestre et pour chœurs.

Pas moyen de trouver une partition...

Je vous signale un excellent livre en français sur cette compositrice.
Une excellente critique de l' ouvrage dans
http://www.resmusica.com/article_842_livre_biographie_symetrie_marie_jaell.html

Parution le 12 janvier 2016 d'un livre disque consacré à Marie Jaëll :


3 disques, avec les interprètes suivants :
David Bismuth, piano
Dana Ciocarlie, piano
Romain Descharmes, piano
Nicolas Stavy, piano
David Violi, piano
Chantal Santon-Jeffery, soprano
Joseph Swensen, violon
Xavier Phillips, violoncelle

Brussels Philharmonic/Hervé Niquet
Orchestre National de Lille

Pas trouvé de programme plus détaillé pour le moment...

Oh, chouette, on avait bien peu de choses (et assez appétissantes). Ça sort d'ailleurs un peu des attributions standards de Bru Zane (mais de même, à l'autre bout du spectre, pour les dernières tragédies en musique de la fin du XVIIIe et du début du XIXe… on ne s'en plaint pas !).

Le programme ici :

(nouveauté)

Marie Jaëll – Ce qu’on entend dans l’Enfer, le Purgatoire, le Paradis – Célia Oneto Bensaid (Présence Compositrices 2022)

Cette semaine, il n’y a, pour une fois, qu’un album qui me tente vraiment parmi les nombreuses nouveautés (beaucoup de redites, ou de compositeurs / interprètes dont je sais que l’écoute ne va pas me bouleverser).

Scènes saisissantes assez bien réussies dans leur esprit figuratif lisztien, assez singulier (et avec un spectre beaucoup moins discontinu), des sortes d’études évocatrices. Musique très tempêtueuse et virtuose, qui n’a rien du salon aimable et tout du concert démiurgique.

D’un point de vue formel, on est vraiment proche de l’étude, avec des formules qui sont répétées tandis que l’harmonie – et donc les doigtés – évoluent.

Parmi les moments forts, le Sabbat final de l’Enfer, mais surtout, étonamment, le Purgatoire, plus varié et dramatique – l’Enfer est sombre, le Paradis apaisé, c’est plutôt dans le Purgatoire que se jouent (de façon assez cohérente, doctrinalement) les contrastes et paroxysmes. Par exemple Remords, et surtout Obsession.

Première parution du label Présence Compositrices ! Une œuvre que COB a en tout cas beaucoup fait tourner sur les scènes, et qui arrive travaille avec une réelle décantation !

JAËLL Marie | 1846 - 1925
« Sonate. A l'illustre Maitre François Liszt. » 1872
I. Lento
II. Adagio
III. Tempo di Minuetto
IV. Allegro

Encore un Trésor de sonate , qui mérite d'être plus connu et apprécié.Marie Jaëll (1846 - 1925) Née en Alsace .Jeune pianiste prodige, qui toute son enfance parcourut L'Europe.C'est lors d’une tournée en Allemagne, qu'elle rencontra, le pianiste autrichien Alfred Jaëll, de quatorze ans son aîné, qu’elle épousa en 1866. Interprète connu pour son toucher raffiné et très nuancé, Alfred avait déjà acquis une réputation européenne. Dans son adolescence, il avait connu Chopin, avait travaillé avec Czerny, fréquentait Liszt, Brahms et Rubinstein. Le couple s’installe à Paris et se produit partout en Europe à deux pianos. Il, la laissa veuve à 35 ans. Elle-même pianiste virtuose, compositrice reconnue et appréciée, Marie Jaëll se consacra aussi ,de manière originale à l'étude de la technique pianistique.

Sa sonate se démarque surtout, pour moi, par un non-alignement ,à la mode et prédominence de l'époque et bien que dédiée à Liszt,elle possède une autonomie particulière qui frappe d'emblée à l'écoute.
"Il faut préciser que Marie Jaëll était née en 1846 en Alsace, qu’elle suivit ses premiers cours de piano avec un français professeur à Stuttgart, puis avec un viennois au conservatoire de Paris, que la guerre de 1870 exacerba ses sentiments nationaliste, et mit fin aux concerts en Allemagne et aux projets de son mari d’enseigner au Conservatoire de Leipzig en succession à Moschelès ou de prendre la direction la Neue Zeitschrift für Musik, fondée par Schumann. Elle fut amie de Liszt, mais également de Saint-Saëns, interprète de Mendelssohn, Schumann et Brahms, mais aussi et toujours de Saint-Saëns. Fanatique de Parsifal, elle évitait ostensiblement Wagner chaque fois qu’elle le croisait. Qui mieux qu’elle pouvait réaliser cette formidable réunion des influences françaises et germaniques ?" https://www.resmusica.com/2006/08/02/a-la-decouverte-de-marie-jaell/

Pour l'écouter/
www.youtube;com/watch?v=BT3B5Hdv-bg

La Légende des Ours pour soprano solo et orchestre/ Texte et musique de Marie Jaëll.

Six chants humoristiques :
1. Folies d'ours
2. Amour brûlant
3. Désir ardent
4. Amour involontaire
5. Union malheureuse
6. Épilogue

Belle découverte, que celle de cette compositrice que je trouve assez originale, bien qu'il me semble retrouver, en partie, dans cette oeuvre, à la fois, un mélange de Berlioz et d'Offenbach .en tout cas, c'est vraiment superbe. La soprano Chantal Santon Jeffery , est vraiment excellente,dans cette belle oeuvre.Merci à elle ,de nous l'avoir proposé sur YT.Ce n'est pas non plus, qu'une oeuvre légère, il y a bien plus que celà, dans cette Légende des Ours.D'abord,une belle maîtrise de l'orchestre et ensuite ,l'art de nous tenir en haleine, par des épisodes chantés assez différents , à la fois, souriant, léger,tendu,grave ,sérieux et même caustique. C'est vraiment une oeuvre ,qui mérite d'être plus connue assurément,vu sa grande qualité musicale .

Pour l'écouter/ La légende des Ours.
www.youtube.com/watch?v=1wgBNbND

Je reviens à Marie Jaëll et à ce quatuor de 1875, dont le Quatuor Ciompi ,qui est un quatuor à cordes américain ,fondé en 1965 par Giorgio Ciompi, ancien élève de Jules Boucherit ,  a laissé un très bel enregistrement vidéo ,d'une clarté exemplaire.ll semble ,que ce ne soit que le seul quatuor ,qu'elle ait laissé.Pour moi, ce n'est sûrement pas un chef-d'oeuvre, mais il y a de belles choses là-dedans.D'abord, une liberté de ton, qu'on retrouve un peu ,dans chacune de ses oeuvres.Et surtout ,elle ne semble pas cèder aux sirènes du Franckisme ,loin de là.De beaux moments dans ce quatuor, sans aucun doute,écrit ,alors qu'elle aborde la trentaine.Donc pas vraiment une oeuvre de maturité, plutôt un passage obligé, mais ça reste une oeuvre attachante.



Ciompi Quartet performing Marie Jaëll’s String Quartet in G Minor (1875)
Marie Jaëll (1846-1925)
String Quartet in G Minor (1875)
I. Allegro
II. Andante
III. Scherzo
IV. Finale

Pour l'écouter/
www.youtube.com/watch?v=dT5himlX7ec

Il faut souligner aussi l'importance,d'une autre oeuvre pour piano, dont on a pas parlé ici.Il s'agit de la belle suite pour piano,Les beaux jours.David a très bien parlé en effet,des  Dix-Huit Pièces pour piano d'après la lecture de Dante - .Oeuvre très lisztienne, comme il l'a très bien souligné.Mais il reste aussi ,d'autres oeuvres à découvrir, aussi intéressantes.

Pour en savoir plus sur cette oeuvre Les beaux jours, qui pour moi ne manque pas d'intèrêt.J'y trouve même,beaucoup de  poèsie,bien plus ,que,dans de simples études pédagogiques normales.On se demande même pourquoi les pianistes sont si frileux à enregistrer la musique pour piano de Marie Jaëll,vu sa qualité musicale.Peut être un nouveau départ?

"Marie Jaëll composa Les Jours pluvieux et Les Beaux Jours en 1894 : deux cycles pianistiques de douze pièces chacun, dédiés aux enfants Spalding, premiers élèves avec lesquels Jaëll expérimenta sa Méthode de piano. Elle attribua le mauvais temps aux garçons Ruy et Jimmy, le soleil aux sœurs Kitty, Dudie et Fibbie. La vocation pédagogique des partitions se lit dans la brièveté des numéros, les atmosphères poétiques aidant à développer l’imagination, l’unification de chaque pièce par un même principe d’écriture (comme dans de nombreuses études), la prise en compte de petites mains (textures légères, écarts peu importants), le choix de tonalités souvent riches en altérations permettant un meilleur équilibre de la main (à l’exception du délicat Senteurs du jasminen fa dièse majeur) : la majeur pour Calme d’un beau jour, Murmures du ruisseau, Après la valse, On rit ; mi majeur pour Berger et Bergère, Incendie de broussailles, Le Pâtre et l’Écho ; sol dièse mineur pour On rêve au mauvais temps. À ces tons diésés s’opposent Murmures des forêtsen si bémol majeur (à un triton de l’Incendie de broussailles, intervalle dissonant qui suggère les possibles conséquences du sinistre), Aimable badinage dans un candide utmajeur. Quant au Tocsin, c’est sans doute la pièce la plus singulière du recueil, entièrement fondée sur l’harmonie fa-la bémol-do bémol-mi bémol ; l’écriture stylise les cloches qui avertissent du danger. Mais il faut croire que les élèves de Jaëll étaient déjà d’habiles pianistes, car Incendie de broussailles et Murmures du ruisseau sont destinées à des doigts véloces." http://www.bruzanemediabase.com/fre/OEuvres/Beaux-Jours-Les-Marie-Jaell

Date 1894 / Description
1. Calme d’un beau jour – 2. Berger et Bergère – 3. Murmures des forêts – 4. Incendie de broussailles – 5. Tocsin – 6. Les Senteurs du jasmin – 7. Murmures du ruisseau – 8. Après la valse – 9. Aimable badinage – 10. Le Pâtre et l’Écho – 11. On rit – 12. On rêve au mauvais temps
PS/ Que je m'en veux, de n'avoir pas parlé ,de la magnifique interprète de cette oeuvre, la grande schumannienne Dana Ciocarlie.Merci à elle surtout,pour ce qu'elle nous offre.

Pour l'écouter/
www.youtube.com/watch?v=U3qp3vO-K4k

Ça ne m'avait pas marqué à l'écoute de l'anthologie Bru Zane (où j'avais davantage aimé la musique de chambre – je ne suis plus sûr s'il y avait le concerto pour violoncelle, qui n'est pas mal non plus).

Qu'est-ce qui te paraît particulièrement saillant dans ces cycles ? (je n'ai écouté que deux ou trois fois, à sa sortie, donc j'ai totalement pu passer à côté sur le moment)

DavidLeMarrec a écrit:

Ça ne m'avait pas marqué à l'écoute de l'anthologie Bru Zane (où j'avais davantage aimé la musique de chambre – je ne suis plus sûr s'il y avait le concerto pour violoncelle, qui n'est pas mal non plus).

Qu'est-ce qui te paraît particulièrement saillant dans ces cycles ?  (je n'ai écouté que deux ou trois fois, à sa sortie, donc j'ai totalement pu passer à côté sur le moment)

Pour le concerto pour violoncelle, c'est tout simplement  une belle injustice de l'ignorer. Il est très vivant et très agréable à écouter. C'est peut être sa brièveté (moins de 17minutes )qui fait qu'il n'est pas très joué.C'est pas l'déal ,ni pour un disque, ni pour un concert. Sinon, il mérite vraiment d'être plus connu.
Pareil, pour cette suite. Comme l'indique l'extrait,que je me suis permis de citer. Il y a certaines pièces ,qui dépassent le niveau musical, pour lequel elle a été écrit et cette suite est d'un niveau général , qui pour moi ,peut se comparer à certaines pièces pour piano de Chabrier .

C'est plutôt le fait qu'il ne soit pas connu. Je l'ai déjà entendu au concert, dans le cadre d'un programme uniquement consacré aux compositrices (là, si l'on veut du concerto pour violoncelle, forcément celui de Jaëll est en haut de la pile).

Les jours pluvieux: I. Quelques gouttes de pluie
Nicolas Stavy -
Les jours pluvieux: II. Vent et pluie
Nicolas Stavy -
Les jours pluvieux: III. Grisaille
Nicolas Stavy -
Les jours pluvieux: IV. Petite pluie fine
Nicolas Stavy -
Les jours pluvieux: V. En querelle
Nicolas Stavy -
Les jours pluvieux: VI. À l’abri
Nicolas Stavy -
Les jours pluvieux: VII. Morose
Nicolas Stavy -
Les jours pluvieux: VIII. On pleure
Nicolas Stavy -
Les jours pluvieux: IX. L’orage ne vient pas
Nicolas Stavy -
Les jours pluvieux: X. Roses flétries
Nicolas Stavy -
Les jours pluvieux: XI. Ennuyeux comme la pluie
Nicolas Stavy -
Les jours pluvieux: XII. On rêve au beau temps
Nicolas Stavy -

Pour l'écouter/
www.youtube.com/watch?v=j72J1jsf1-Y

Un vrai régal, que cette suite pour enfants, qui convient très bien à mon âme d'adulte.

A force de parler de plusieurs sujets, à la fois,j'ai complètement zappé la sonate pour violoncelle et piano de Marie,dans cette belle version de Lisa et Lara Erbès.La  sonate date de 1881 et est  dédicacée à Ernest Reyer.
Je vais joindre un texte sur l'histoire et la réception de cette sonate à l'époque  .

« Voici ma Sonate sur laquelle je fais de grandes réserves. […] Pardonnez-moi d’être au monde pour vous tourmenter, ma Sonate vous demande pardon pour moi. » Cette lettre à Camille Saint-Saëns de septembre 1880 accompagne sans doute un envoi du manuscrit de la Sonate en la mineur de Marie Jaëll. Pour sa part, Saint-Saëns félicite cette conversion à l’écriture de la pianiste virtuose. En février 1881, il écrit dans Le Voltaire : « [Marie Jaëll] ne vise qu’à la haute composition. Ses premiers essais ont été tumultueux, excessifs, quelque chose comme l’irruption d’un torrent dévastateur ; mais le calme s’est fait depuis dans cette nature trop bien douée ; elle se perfectionne chaque jour dans son art ; elle ne quitte pas de l’œil son but, et elle y arrivera. » Dédiée à Ernest Reyer et jamais publiée du vivant de Jaëll, cette sonate pour piano et violoncelle est conservée sous la forme de plusieurs manuscrits dont le plus récent porte la date du 3 janvier 1886. Après sa création publique, le 26 février 1881 à la Société nationale de musique, avec le violoncelliste Jules Delsart, l’œuvre continue donc à évoluer pour aller vers un équilibre toujours plus grand entre les voix. L’ultime version est jouée au début du mois de février 1886, salle Érard, toujours avec la compositrice et Jules Delsart, même si un autre violoncelliste – David Popper – défend aussi l’œuvre dès 1881. La presse accueille la sonate avec bienveillance, mais non sans quelques a priori sexistes, Oscar Comettant regrettant notamment qu’elle manque « de simplicité, […] de naturel, […] d’abandon et, pour tout dire en un mot, […] de charme ».
BRU ZANE MEDIABASE.Merci à eux.

Pour l'écouter/
www.youtube.com/watch?v=qrYLb5q4RRU

Le reste du disque est partculièrement intèressant pour les mélodies, que Catherine Dubosc chante superbement.