Salle Pleyel 2009-2010 (Concerts divers)

DavidLeMarrec a écrit:

Citation :

Et il faudrait qu'un label se décide à faire enregistrer Scriabine, Stravinsky et d'autres à Tabachnik!

Il y a peut-être un problème d'image pour le label...

Bah, il est engagé dans tant de salles maintenant...
Je n'entends personne s'offusquer ou huer.

C'est pas pareil d'être invité dans une salle et d'apparaître sur la pochette d'une marque.
Maintenant, c'est une hypothèse parmi d'autres (depuis le temps qu'il ne se produisait plus, il a sans doute perdu des réseaux aussi), il y a tant de chefs admirables que n'enregistrent que peu ou pas.

J'attends en vain des disques de Georges Cleve ou Max Pommer par exemple. Oui, il y en a, mais introuvables pour l'un, et Appollo et Hyacinthus pour l'autre !

Max Pommer? Je suis tombé plusieurs fois sur lui pourtant, notamment dans Rautavaara si je me souviens bien. (en un coup d'oeil sur Amazon on trouve du Debussy, des Rautavaara, du Eberwein, du Mozart...)

Ce ne doit pas être très bien distribué, parce qu'à part son Mozart, je n'en ai pas souvent vu.

Il est vrai que s'il va dans des niches, ça ne facilite pas la rencontre.

J'avais adoré aussi bien son Beethoven aristocratique que sa Nuit Transfigurée râpeuse en concert.

Magnifique programme choral de Rachmaninov hier : Vêpres, et Liturgie à Saint Jean Chrisotone, par Laurence Equilbey qui dirigeait Accentus et le Choeur Eric Ericsson (Suède)
J'avais peur de me lasser un peu d'une heure et demi de choeur solo, mais pas du tout : c'est une musique pleine de couleurs et très prenante! Et puis un bon choeur est capable d'une puissance que l'on ne soupçonne pas Je n'ai pas retenu le nom de la soliste soprano, mais ce n'est pas grave car ce n'était vraiment pas mémorable, par contre le ténor était Romain Champion, que je n'avais jamais entendu, quelle voix !! Même en slavon, ça donne envie de l'entendre très vite dans Atys ! Et Vladimir Miller pour la basse profonde... c'est très étonnant ces voix là, je n'en avais jamais entendu en vrai, c'est vraiment énorme.

Public très enrhumé entre les morceaux, mais pendant ça allait. Et en plus, je me suis replacé avec ma place d'abonnement jeune, au rang E (pour ceux qui connaissent, le premier des rangs surélevés du parterre, celui où y a de la place pour les jambes ) au plein milieu d'un comité d'entreprise poudré et cravaté...


Effectivement étrange ce dispositif Accentus, la petite machine avec les écouteurs pour prendre une note... je ne vois vraiment pas en quoi c'est mieux que le diapason, c'est joli un chœur qui écoute son diapason, plus joli que le fils qui dépassent des pupitres....

Le programme des deux concerts de Pierre Boulez les 27 et 28 mai prochains avec l'EIC et l'OP est désormais connu sur le site de Pleyel... Premier concert entièrement sous le signe des "classiques modernes", deuxième partagé entre Boulez (très peu) et ses contemporains d'une part, trois oeuvres récentes d'autres compositeurs dont des créations d'autre part.
Il y aura inévitablement une frustration dans ces concerts, celle de ne pas toujours voir les œuvres en intégralité... mais c'est la règle du jeu...

Demain Racha Arodaky joue Chopin, Haendel et Scarlatti sur un pianoforte Pleyel à la Sainte Chapelle, à 20 heures.

... salle qui est tout de même à quelque distance à pieds de ladite Chapelle.

Ce serait plus clair dans le fil "concerts divers", dans le fil R.A. ou dans un fil spécial.

Hmpf, mille excuses, j'ai fait très vite, et n'ai retenu du titre entier que "concerts divers"...

Au demeurant, c'est étonnant, de jouer de l'authentique pour Chopin et de la fantaisie pour Scarlatti et Haendel. Ce devrait être étonnant comme résultat, en plus la réverbération de la Sainte-Chapelle (je présume que ce sera à l'étage !) est très raisonnable.

D'après ce que je sais, ce n'est pas dû à un choix de l'artiste, qui jusqu'ici n'a jamais joué sur un pianoforte ! Sachant aussi qu'elle n'est pas folle de Chopin, ça sent le concert "pour faire plaisir à..." ! Une expérience, quoi, j'y serais bien allé par curiosité, mais un peu loin...
Comme elle doit enregistrer trois partitas de Bach cet été (youpi, c'est ce que j'attendais d'elle, et ça tombe pour mes 50 ans, sans sonotone !), je suppose que ses attirances sont ailleurs !

J'ai projeté d'aller voir Francesca da Rimini vendredi, et je suis dit qu'avec Bibine et Myaskovski, il serait étonnant qu'il n'y ait pas quelques représentants éminents de ces lieux

J'aurai bien évidemment adoré pouvoir y aller.

Je m'en doutais...

C'est vrai que le programme est beau et luxueusement servi. On verra le résultat, le pire est que ce ne sera pas très plein, j'imagine.

DavidLeMarrec a écrit:

J'ai projeté d'aller voir Francesca da Rimini vendredi, et je suis dit qu'avec Bibine et Myaskovski, il serait étonnant qu'il n'y ait pas quelques représentants éminents de ces lieux

De la Bibine Scria, il n'y en avait donc que quelques centilitres, mais c'était de la bonne...Ensuite une bonne lampée de mélasse Kovski contre la toux (respecter les doses prescrites, d'ailleurs le Elgar syrup me fait plus d'effet) et surtout une fort belle bouteille de Rakh, c'était délectable.
La salle était plutôt vide, les gentils ayant visiblement préféré se ruer vers la Baule ou vers la Dame gaga. Les ouvreuses replaçaient à tour de bras, mais j'ai bien fait, je crois, de garder ma place en hauteur plutôt que de m'entasser au fond du parterre. Bref une bonne soirée...

Bertram a écrit:

Ensuite une bonne lampée de mélasse Kovski contre la toux (respecter les doses prescrites, d'ailleurs le Elgar syrup me fait plus d'effet)

Ce n'est pas une oeuvre géniale, mais le classer comme sirop ? Je vois plus le lien avec la Dvo.

Citation :

Bref une bonne soirée...

Un peu mieux que ça tout de même.

Rien que le livret bilingue en cyrillique, ça méritait le déplacement.

C'est vrai, j'ai succombé à la métaphore filée. Je le range tout de même dans le placard des vins sucrés, mais ce n'est pas un reproche. Et oui, très bonne soirée !

Claudio Abbado, vient de se faire hospitaliser à Berlin pour 3 semaines au moins. Son grand retour à la Scala, les 4 et 6 juin prochain est reporté sine die. Je ne sais pas si Pleyel compte le remplacer pour le concert du 11 juin. Je lui souhaite surtout bon rétablissement, j'espère de tout coeur qu'il va s'en sortir.

Ouïlle ! Ca m'étonnerait qu'il y ait un remplacement prévu pour ce genre de concerts, puisque c'est un orchestre fondé par Abbado sur mesure pour ses propres besoins...
EDIT: sur le site de l'Orchestra Mozart, il est dit que le concert prévu à Ravenne est maintenu, sous la direction de son "chef invité principal" Diego Matheuz (totalement inconnu de moi). Abbado annule bel et bien les autres concerts prévus en juin dont le concert parisien, mais la formulation est ambiguë : même solution qu'à Ravenne ou (plus probablement vu le prix des places) annulation complète du concert?

Avec retard, je vous donne mon petit compte rendu de la soirée du 21/05...

Scriabine-Miakovsky-Rachmaninov : 21/05/2010

Salle Pleyel, Paris

Alexandre Scriabine : Rêverie
Nikolaï Miakovski : Concerto pour violoncelle
Violoncelle : Alexander Kniazev
Sergei Rachmaninov : Francesca da Rimini
Francesca : Anna Aglatova
Paolo : Mikhail Gubsky
Lanciotto Malatesta : Sergei Leiferkus
Dante : Vitaly Panfilov
L'Ombre de Virgile : Alexander Naumenko

Orchestre Philharmonique de Radio France
Chœur de Radio France
Direction musicale : Alexander Vedernikov


Concert on ne peut plus vide malheureusement pour ce très beau programme!

On commence par une pièce de Scriabine. On peut directement profiter de la beauté de l'orchestre qui déploie de très belles couleurs et une homogénéité heureuse. Après, la pièce en elle-même est loin d'être la plus passionnante. Disons que c'est une bonne entrée en matière!

Le Concerto de Miakovsky est une autre découverte… Et une bien belle découverte. Malgré la date de composition (1944), on reste dans une forme assez romantique. L'orchestre est toujours aussi beau, faisant un écrin bienveillant au violoncelle. Et ce violoncelle est celui d'Alexander Kniazev, qui vit la partition avec fougue! Si le début est un petit peu sourd et en retrait, cela n'apporte qu'encore plus de retenue et de tristesse. Par la suite, comment ne pas être impressionné par le déluge d'émotions que propose le musicien! Alors il y a des petits accros par endroits, mais c'est engagé et vivant! Moi qui suis assez peu sensible à l'instrument, je dois dire que j'ai été totalement happé!
En plus, devant le succès, il nous propose deux bis extraits des Suites de Bach… Merci beaucoup!

Mais la pièce de résistance était l'opéra de Rachmaninov… Œuvre splendide, proposant des atmosphères irréelles et géniales.
Dès le début, l'orchestre sonne diablement bien, composant rapidement une tempête impressionnante! Le chœur a un petit retard à l'allumage, les femmes me faisant peur lors des cris avec un vibrato assez prononcé. Mais cela rentre toute de suite dans l'ordre. Dante et Virgile sont très bien distribués. Le premier avec une voix assez sombre mais bien tenue. Virgile quant à lui est proposé par une base noir et puissante, aux graves sûrs et beaux. Le tout avec pas mal de nuances. Le peu qu'on entend des deux amants nous fait espérer de bien belles choses par la suite.
Leiferkus fait bien sûr une entrée fracassante, toujours aussi cassant et froid, il n'a qu'à ouvrir la bouche pour nous montrer la noirceur de Lancetto, mais aussi sa souffrance devant le refus de Francesca de l'aimer. Chaque intervention est ciselée, cristallisant les mots. Un petit manque de puissance peut-être par rapport à ses collègues (surtout dans les graves), mais l'interprétation est à un tel niveau! Et d'ailleurs, même physiquement, il impressionne… On en trouve même étrange de le voir sourire lors des saluts!
Les deux amants sont bons. Moins percutants que Leiferkus, mais de très bonne tenue. Francesca tout d'abord semble à la limite en terme de puissance, poussant légèrement sur des aigus un peu métalliques. Mais la voix est sinon belle et la chanteuse très concernée, vivant le personnage malgré la version scénique. En Paolo, Gubsky est un peu sombre pour moi… j'aurais préféré une voix plus haute placée, mais c'est chipoter… Beau ténor tout de même. Et surtout, le duo entre les deux chanteurs marche très bien! Equilibré et unis, le crescendo passionné monte vers de sommets magnifiques!
On retrouve par la suite le chœur, toujours aussi magistral!
Superbe direction de Vedernikov qui fait sonner l'orchestre dans les scènes de tempête, tout en ménageant un duo plein de passion et de douceur au début! Vraiment une grande réussite!


Au final, un concert formidable! Déjà le programme est audacieux, mais en plus il est exécuté avec beaucoup de soin, et même plus, avec de la passion! Il n'y a qu'à voir le bonheur des chanteurs et du chef à la fin : bonheur d'avoir bien servi la musique mais aussi que le public ait été réceptif je suppose!
En tout cas, vraiment un grand moment…

A noter que le livret de Francesca était proposé! Bonne initiative!

Merci pour ce compte-rendu je vais écouter ce concert sur le site de FM.

Sinon j'ai une place à vendre, la personne qui devait m'accompagner ne peut venir, pour samedi 29

Piotr Ilitch Tchaïkovski : Francesca da Rimini
Sergueï Prokofiev : Concerto pour piano n° 3
Nikolaï Rimski-Korsakov : Symphonie n° 2 "Antar"

Orchestre Philharmonique de Radio France
Leonard Slatkin : direction
Denis Matsuev : piano

C'est une place à 10 € en haut du second balcon. Enfin ça ne devrait pas être plein.

Bon, il faut bien que je parle du concert de ce dimanche !


Le Couronnement de Poppée de Monteverdi
Les Arts Florissants - William Christie

Danielle de Niese : Poppea
Anna Bonitatibus : Ottavia
Philippe Jaroussky : Nerone
Max Emanuel Cencic : Ottone
Robert Burt : Arnalta
Claire Debono : La Fortuna, Pallade, Venere
Hanna Bayodi-Hirt : Amore
Katherine Watson : La Virtu, Damigella
Juan Sancho : Soldato, Consulo, Famigliare
Ana Quintans : Drusilla
Antonio Abete : Seneca
Jose Lemos : Nutrice
Damian Whiteley : Mercurio, Littore, Tribuno, Famigliare
Suzana Ograjensek : Valetto
Mathias Vidal : Lucano
Andreas Wolf : Liberto, Tribuno
David Webb : Soldato, Consulo


Ma découverte de cet opéra, et même de Monteverdi en général pourrait-on dire ! Forcément ça compte...
Et j'ai passé un super moment. J'avais quelques réserves à propos de Monterverdi jusqu'ici après quelques tentatives avortées d'écouter l'Orfeo ou des madrigaux, dont l'espèce de "sécheresse" me déplaisait.
Ici, peut être est-ce dû à la direction de Christie, tout semblait beaucoup plus rond, plus souple, tout s'enchaînait avec limpidité. Des climats superbes, contrastés, et comme d'habitude beaucoup d'énergie.
Quant à la musique elle-même, si j'ai trouvé le premier acte un peu long et inégalement inspiré, les deux autres m'ont séduit sans réserve. L'acte central est tendu d'un bout à l'autre, et le dernier comporte des passages véritablement magnifiques.
Sur le livret, c'est amusant mais cet espèce de drame un peu bavard et toujours très premier degré m'a fait penser à... du Wagner. En mieux écrit, bien sûr, mais je trouve qu'il y a une vraie parenté dans le ton, le déroulement de l'action et les psychologies un peu "raides". On s'agace un peu de la même façon que les personnages mettent dix minutes à se dire chaque chose, qu'ils n'évoluent que très peu... Attention, tout ça n'est pas véritablement une critique, le livret m'a beaucoup plu en définitive !

Sur l'interprétation, je pense que c'était de très haute volée ; en grande partie grâce à Christie comme je l'ai déjà évoqué, mais aussi à la distribution presque parfaite.
Le presque est surtout dû, pour moi, à Danielle de Niese. Objectivement, c'est très bien et elle a d'ailleurs remporté un grand succès. Mais ce n'est pas du tout ma tasse de thé. Déjà, il y a des lacunes techniques assez évidentes, on sent que le souffle n'est pas assuré, elle a beaucoup de mal avec les ornementations, des changements de registre très audibles... Et surtout, elle allège beaucoup sa voix dans le médium pour pouvoir mieux phraser - bon, pourquoi pas. Mais elle use vraiment de tics vocaux et de phrasés qui viennent de la pop ou de la variété. Ça m'a frappé cette fois, ces légères attaques par en dessous, ces portamenti, ces inflexions suaves. Ça donne un côté légèrement exotique qu'on peut aimer ou pas, personnellement je trouve ça assez vulgaire. Surtout que la chanteuse joue franchement sur son physique (tant mieux, cela dit, ça ne doit pas être étranger à son succès) et minaude sans arrêt.
Sinon, il y avait Jaroussky, excellent Néron. Pas forcément des plus convainquant "scéniquement", mais la voix est tellement belle et les expressions tellement juste que tout passe. Quelques aigus un peu difficiles sinon tout était maîtrisé.
L'autre gros point fort de la distribution était bien sûr Bonitatibus, aux couleurs toujours superbes, et ici encore plus sombre que d'habitude. C'est comme une expression à l'état brut qu'elle transmet, où tout est habité avec une force déroutante. C'est superbe, alors que son personnage n'est vraiment pas le plus intéressant (ni psychologiquement, ni musicalement).
Cencic en revanche m'a déçu. Lui aussi a un personnage franchement uniforme, mais en plus vocalement c'était pas terrible, toujours dans le médium ça ne le mettait pas en valeur. Mou du début à la fin.
Je vais essayer de passer rapidement sur le reste des chanteurs : Debono c'était souvent joli mais trop grave, elle n'a pas franchement brillé ; magnifique Ana Quintans qui méritait plus que ce petit rôle ; Abete que je n'ai pas du tout aimé en Sénèque, un timbre pas beau et trop de vibrato ; Jose Lemos, la Nourrice à la tessiture très homogène entre voix de poitrine et fausset ; jolie découverte enfin qu'Andreas Wolf, magnifique timbre, très prometteur !


Bref, super concert, et qui a reçu une ovation comme j'en ai rarement entendu à Pleyel. Tout ça a bien sur été enregistré, et sera diffusé sur France Musique le 28 juin !

Ah oui, de Niese en Poppée, ce n'est pas ce qu'il y a de mieux mais bon ça passe quand même je trouve. Si tu as bien aimé, le DVD de Haïm est super aussi, une mise en scène de Carsen avec des beaux rouges comme dans Armide, de Niese en Poppée malheureusement.

Eugen Onegin : 01/06/2010

Salle Pleyel, Paris

Madame Larina : Makvala Kasrashvili
Tatiana : Gelena Gaskarova
Olga : Anna Kiknadze
La Nourrice : Elena Sommer
Lenski : Daniil Shtoda
Eugen : Garry Magee
Grémin : Mikhaïl Kolelishvili
Zaretski : Eduard Tsanga
Monsieur Triquet : François Piolino

Direction : Tugan Sokhiev
Chœur du Capitole de Toulouse
Orchestre National du Capitole de Toulouse
Coro Easo

Mise en espace : Anatoly Galaov
Chef de chant : Larissa Gergieva



Montée d'un spectacle sans la mise en scène depuis Toulouse…

Tout d'abord, un mot sur les chœurs… Si le chef des chœurs amené de Toulouse par Nicolas Joël arrive à obtenir ce résultat avec le chœur de Paris, nous aurons vraiment changé de dimension! Car il faut bien avouer que ce qu'on entend là est superbe! Très homogène, coloré et puissant, le chœur fait une grande impression. Rien que le ténor solo chantant le paysan est de très bonne tenue!
Du point de vue orchestre, Tugan Sokhiev fait du très bel ouvrage, dirigeant de façon vive et dramatique, sachant magnifiquement montrer les différentes facettes de la partition. La seule petite réserve vient du fait qu'à force de diriger assez vite, certains moments perdent un peu de leur force… l'air de Lenski ou celui du Prince Grémin, de même que la polonaise… Un peu plus de respiration aurait été encore mieux. Mais c'est pinailler…

Vocalement, il y a du très très bon, du moyen et du pas bon… il faut de tout pour faire un monde. Commençons par le pire….
Elle avait déjà frappé il y a deux ans lors de la tournée du Bolshoï, Maklava Kasrashvili revient en Larina, toujours avec une voix en lambeaux et une robe digne de Madame Groseille… Oui, elle devait chanter dans une de ses robes dans la mise en scène de Tcherniakov… Et franchement, il faut savoir être logique… Placer une telle "chanteuse" aux côtés d'une nourrice possédant elle toute sa voix, ce n'est pas logique!
En Grémin, Mikhail Lolelishvili fait légèrement impression au début, et puis voilà… le vibrato arrive, la voix reste agressive… Du coup, on cherche en vain de Grémin noble et âgé.
Daniil Shtoda est assez problématique en Lenski. Tout au long de la première partie (avant le duel…), il est quasiment inaudible, la voix manquant terriblement de projection, le chanteur ne sachant pas mixer du tout pour ce rôle qui demande pourtant beaucoup de poésie. Moralité, un Lenski très pauvre. Etrangement, après l'entracte, la voix sonne mieux, usant de voix mixte à bon escient… Du coup, l'air et le duo qui suit sont meilleur. Malgré tout, l'interprétation est assez frustre et le chant manque de nuances. On passe à côté du grand air du coup…
Pour Onegin, Garry Magee n'arrive pas vraiment à convaincre. Il possède les notes (même si les aigus lui posent problème). Mais ce qui lui manque, c'est le personnage. La voix n'a rien de percutant, de hautain ou de froid. On se trouve devant un gentil baryton qui veut se faire méchant, mais qui n'y arrive pas! Et de même à la fin, le désespoir reste de surface, le chanteur n'arrivant jamais à véritablement éclater. Un tel Onegin sans charisme et noblesse, cela donne un résultat bien maigre.
Maintenant, on arrive aux bonnes surprises! En Triquet, François Piolino est très bien. Diction parfaite, style quelque peu dépassé dans la façon de chanter… Un Triquet décalé mais parfait!
La Nourrice, contrairement à Larina, possède une belle voix de mezzo saine… quel bonheur! Elena Sommer (Je vous conseil son site internet avec des extraits pour vous rendre compte : www.elenasommer.com) possède toutes les notes sans parler. Belle découverte et le rôle de la Nourrice en devient trop court!!
Olga est aussi une bonne surprise car Anna Kiknadze est un beau grand mezzo, mais elle arrive à créer ce personnage de jeune fille, là où d'autres tombent rapidement dans la matrone! Ici, la sœur un peut mutine passe très bien.
Et puis en tête, Gelena Gaskarova… déjà, lors de son entrée en scène, une bonne partie de la salle devait avoir un bon à priori… car elle est magnifique!

Et la voix l'est toute autant! Assez claire mais très assurée, cela lui permet de passer au travers de soucis que peuvent avoir dans ce rôle : car il faut pouvoir passer l'orchestre sans forcer pour la scène de la lettre et savoir en imposer pour la dernière scène! Ici tout est là… ce timbre de jeune fille, la puissance dans les aigus, la musicalité et l'intelligence. Car elle chante Tatiana avec ses nuances à elle, ne cherchant pas à imiter les grandes devancières. Ce qu'elle propose est vraiment superbe!


Donc une soirée avec de belles découvertes. Malheureusement la distribution n'était pas assez homogène pour faire passer une magnifique soirée. Malgré tout, le fait d'avoir entendu Gelena Gaskarova et Elena Sommer valent largement la soirée, ainsi que chœur et orchestre bien sûr!
Comme à chaque fois qu'on programme du répertoire russe, la salle n'est pas pleine… Quel dommage!!



PS : je tiens à préciser que je suis un peu un ayatola pour ce qui est de Grémin et Lenski... après Reizen, Pirogov, Mikahilov, Ghiaurov pour l'un et Kozlovsky, Lemeshev, Labiinski, Sobinov, Kaiser (oui oui!! Un vivant!!!) pour l'autre, je suis très difficile!

Merci Polyeucte !

Espérons que le choeurs sera aussi bon à Bastille l'année prochaine alors !

Polyeucte a écrit:

Eugen Onegin :

Du point de vue orchestre, Tugan Sokhiev fait du très bel ouvrage, dirigeant de façon vive et dramatique, sachant magnifiquement montrer les différentes facettes de la partition. La seule petite réserve vient du fait qu'à force de diriger assez vite, certains moments perdent un peu de leur force… l'air de Lenski ou celui du Prince Grémin, de même que la polonaise… Un peu plus de respiration aurait été encore mieux. Mais c'est pinailler…

Vocalement, il y a du très très bon, du moyen et du pas bon… il faut de tout pour faire un monde. Commençons par le pire….
Elle avait déjà frappé il y a deux ans lors de la tournée du Bolshoï, Maklava Kasrashvili revient en Larina, toujours avec une voix en lambeaux et une robe digne de Madame Groseille… Oui, elle devait chanter dans une de ses robes dans la mise en scène de Tcherniakov… Et franchement, il faut savoir être logique… Placer une telle "chanteuse" aux côtés d'une nourrice possédant elle toute sa voix, ce n'est pas logique!
En Grémin, Mikhail Lolelishvili fait légèrement impression au début, et puis voilà… le vibrato arrive, la voix reste agressive… Du coup, on cherche en vain de Grémin noble et âgé.
Daniil Shtoda est assez problématique en Lenski. Tout au long de la première partie (avant le duel…), il est quasiment inaudible, la voix manquant terriblement de projection, le chanteur ne sachant pas mixer du tout pour ce rôle qui demande pourtant beaucoup de poésie. Moralité, un Lenski très pauvre. Etrangement, après l'entracte, la voix sonne mieux, usant de voix mixte à bon escient… Du coup, l'air et le duo qui suit sont meilleur. Malgré tout, l'interprétation est assez frustre et le chant manque de nuances. On passe à côté du grand air du coup…
Pour Onegin, Garry Magee n'arrive pas vraiment à convaincre. Il possède les notes (même si les aigus lui posent problème). Mais ce qui lui manque, c'est le personnage. La voix n'a rien de percutant, de hautain ou de froid. On se trouve devant un gentil baryton qui veut se faire méchant, mais qui n'y arrive pas! Et de même à la fin, le désespoir reste de surface, le chanteur n'arrivant jamais à véritablement éclater. Un tel Onegin sans charisme et noblesse, cela donne un résultat bien maigre.

Je pense simplement qu'il y a des gens qui ne sont jamais contents et qui ne vont à l'opéra que dans le but de chercher la petite bête (Xavier)

Ne me faites pas croire que personne n'était à Barbe-Bleue hier soir...

Je n'ai pas pu y aller, j'aurais bien aimé lire un ou deux comptes-rendus...

Je suis surpris par ce que tu écris sur Daniil Shtoda. Son disque-récital où il chante notamment l'air de Lensky est vraiment magnifique.

WoO a écrit:

Je suis surpris par ce que tu écris sur Daniil Shtoda. Son disque-récital où il chante notamment l'air de Lensky est vraiment magnifique.

Je viens d'écouter ce qu'il a fait en 2002 à Aix... et c'est quand même d'une autre qualité que ce qu'on a entendu à Pleyel... Après, ça ne me tire pas les larmes, ça reste assez froid je trouve. Et puis des notes prises un peu bizarrement...

Ecoute le disque Délos dirigé par Orbelian, c'est quand même sacrément prenant !

WoO a écrit:

Ecoute le disque Délos dirigé par Orbelian, c'est quand même sacrément prenant !

Là je suis en train d'écouter son récital de mélodies chez EMI... et la voix est vraiment beaucoup plus belle... mais ça date de 2000 à priori...
Je vais voir si je trouve ce récital avec Orbelian...

WoO a écrit:

Ne loupe pas le Rimsky orientalisant (op.2 si je me souviens bien)

Mouais... voix de tête pas très belle...
Mais je vais essayer de l'écouter en entier un de ces jours... le début m'avait beaucoup plus (Sérénade de Tchaïkovsky par exemple...)

C'est autre chose que Gerasimova tout de même !

WoO a écrit:

C'est autre chose que Gerasimova tout de même !

Ah oui, mais c'est juste la voix mixte trop de tête à mon goût... mais sinon c'est très beau! C'est donc qu'un passage....

Xavier a écrit:

Ne me faites pas croire que personne n'était à Barbe-Bleue hier soir...

Je n'ai pas pu y aller, j'aurais bien aimé lire un ou deux comptes-rendus...

MAGNIFIQUE! Fried n'est pas suffisamment "sombre" et m'a semble assez fatigue a la fin, mais au total il se tire avec l'honneur de l'affaire. Jordan excellent mais c'est surtout Petra Lang qui montre une fois de plus qu'elle est vraiment une immense chanteuse, une interprete hors normes... et puis quelle dame! Voila l'exemple d'une chanteuse que j'ai entendu 6 fois en 2-3 ans en live et meme si chaque fois j'attends bcp d'elle, et sors toujours sur le nuage (Sieglinde surtout, mais cette Judith est tres proche a ce bonheur).

Dommage que tu n'as pas pu y aller. Je me souviens que tu as dit que toi aussi aimais cet opera. Le concert est dispo sur la radio France Mu (faut aller a 1h01, ou commence la Barbe Bleu. C'est vraiment bcp moins bon que dans la salle mais c'est une OK approximation qd/mm )

Moi aussi j'aime beaucoup les bizarreries de Shtoda, effectivement, il a une émission légère assez étrange, mais je l'aime partout où je l'ai entendu, de Lenski (Rozhdestvensky ou Aix) à Fenton en passant par Laërte (Hamlet)...

fliegender a écrit:

Xavier a écrit:

Ne me faites pas croire que personne n'était à Barbe-Bleue hier soir...

Je n'ai pas pu y aller, j'aurais bien aimé lire un ou deux comptes-rendus...

MAGNIFIQUE! Fried n'est pas suffisamment "sombre" et m'a semble assez fatigue a la fin, mais au total il se tire avec l'honneur de l'affaire. Jordan excellent mais c'est surtout Petra Lang qui montre une fois de plus qu'elle est vraiment une immense chanteuse, une interprete hors normes... et puis quelle dame! Voila l'exemple d'une chanteuse que j'ai entendu 6 fois en 2-3 ans en live et meme si chaque fois j'attends bcp d'elle, et sors toujours sur le nuage (Sieglinde surtout, mais cette Judith est tres proche a ce bonheur).

Dommage que tu n'as pas pu y aller. Je me souviens que tu as dit que toi aussi aimais cet opera. Le concert est dispo sur la radio France Mu (faut aller a 1h01, ou commence la Barbe Bleu. C'est vraiment bcp moins bon que dans la salle mais c'est une OK approximation qd/mm )

Oui en effet ! J'ai trouvé Judith plus "effrayante" que son mari.
Pas grand chose à ajouter sur les chanteurs.
Sinon encore une fois j'ai trouvé mon orchestre fétiche superbe. Il va falloir que je m'habitue au nouveau hauboïste qui a beaucoup de son mais dont le timbre est assez différent de celui de Capezzali. Jordan a fait ressortir les sonorités complexes de cette oeuvre, du bonheur pour les oreilles. Pour la 5e porte il a placé des cuivres sur les bergeries et l'effet (du 2e balcon en tout cas) était saisissant.
Un seul regret, c'est de ne pas avoir de surtitrage....
Bon je passe sur la première partie pendant laquelle j'ai failli m'endormir.

Dans l'ensemble un très bon concert.

Une semaine plus tard...

Wolferl a écrit:

Bon, il faut bien que je parle du concert de ce dimanche !


Le Couronnement de Poppée de Monteverdi
Les Arts Florissants - William Christie

Danielle de Niese : Poppea
Anna Bonitatibus : Ottavia
Philippe Jaroussky : Nerone
Max Emanuel Cencic : Ottone
Robert Burt : Arnalta
Claire Debono : La Fortuna, Pallade, Venere
Hanna Bayodi-Hirt : Amore
Katherine Watson : La Virtu, Damigella
Juan Sancho : Soldato, Consulo, Famigliare
Ana Quintans : Drusilla
Antonio Abete : Seneca
Jose Lemos : Nutrice
Damian Whiteley : Mercurio, Littore, Tribuno, Famigliare
Suzana Ograjensek : Valetto
Mathias Vidal : Lucano
Andreas Wolf : Liberto, Tribuno
David Webb : Soldato, Consulo


Ma découverte de cet opéra, et même de Monteverdi en général pourrait-on dire ! Forcément ça compte...
Et j'ai passé un super moment.

J'avais des non-attentes pour ce spectacle : je ne connaissais pas William Christie dans Monteverdi, et j'avoue avoir eu des doutes (non fondés, je concède) quand à sa capacité à faire traiter la musique du compositeur de façon pertinente. Monteverdi n'a musicalement pas grand chose à voir a avec les tragédies lyriques françaises ou les opéras anglais. Je m'attendais à entendre quelque chose de ... d'un peu informe. Ensuite, le succès de Philippe Jaroussky et ce que j'avais entendu de lui il y a très longtemps, m'ont tous les deux mis sur mes gardes, et je m'attendais à ce que son talent ici soit surestimé. Enfin, c'est un peu à reculons que j'allais à une version de concert, car j'aurais préféré une version mise-en-scène.

Finalement, j'ai un avis très proche de Wolferl (notamment au niveau des chanteurs qui m'ont le plus plu). J'ai trouvé cela excellent, digne même pour moi d'en conserver l'enregistrement radio, et je vais peut-être aller voir la production scénique qui suivra (je précise que je vais voir Monteverdi, comme d'autres ici vont voir Wagner -- la dernière fois que j'ai vu le Couronnement de Poppée était le 9 avril) !!

En complément je note les choses qui suivent. J'ai trouvé Jaroussky excellent en Néron, autant au point de vue de la voix, de l'interprétation que du éléments de jeu scénique. Un Néron capricieux, hédoniste, jouisseur... et à côté de cela, une De Niese absolument abominable. Non ce n'était pas faux. Ce n'était pas franchement moche, le timbre. Mais c'était très affecté, très minaudé, des effets vocaux mal placé. Supportable, mais une très grande faiblesse dans le choix des voix. C'était vraiment le point faible (je dis ça parce que je n'ai pas aimé . Je lui en ai beaucoup voulu, car elle ne se rachète guère à la fin : le duo ultime Pur ti miro, grand tube qui immanquablement provoque l'émoi (sauf pour ceux qui l'ont trop entendu) et l'extase, elle est presque parvenu à le "fusiller" (pour citée une amie) !!!

À côté de cela, il y a eu quelques moments notables. Notamment la montée chromatique sur six mesures, "Non morir, Seneca" (première scène du second acte), qui m'émeut et me fait -- physiquement -- frissonner comme presque toujours... Et puis j'ai été agréablement surpris par l'interprétation de la berceuse qu'Arnalta chante à Poppée (à la fin du second acte), qui a mis cet air en valeur comme il l'est rarement, puisque le rôle des deux nourrices est souvent (par tradition) assez bouffon. Et bien ici autant la voix avait des défauts, autant elle avait quelque chose que j'ai trouvé globalement très agréable, et était doublée d'un continuo inventif et surprenant.

Bref, un dimanche après-midi remarquable, et William Christie qui fait encore des merveilles...

Wolferl a écrit:

Bref, super concert, et qui a reçu une ovation comme j'en ai rarement entendu à Pleyel. Tout ça a bien sur été enregistré, et sera diffusé sur France Musique le 28 juin !

Hidraot, tu es préposée à l'enregistrement... !

Pas de problème !

Utnapishtim a écrit:

fliegender a écrit:

Xavier a écrit:

Ne me faites pas croire que personne n'était à Barbe-Bleue hier soir...

Je n'ai pas pu y aller, j'aurais bien aimé lire un ou deux comptes-rendus...

MAGNIFIQUE! Fried n'est pas suffisamment "sombre" et m'a semble assez fatigue a la fin, mais au total il se tire avec l'honneur de l'affaire. Jordan excellent mais c'est surtout Petra Lang qui montre une fois de plus qu'elle est vraiment une immense chanteuse, une interprete hors normes... et puis quelle dame! Voila l'exemple d'une chanteuse que j'ai entendu 6 fois en 2-3 ans en live et meme si chaque fois j'attends bcp d'elle, et sors toujours sur le nuage (Sieglinde surtout, mais cette Judith est tres proche a ce bonheur).

Dommage que tu n'as pas pu y aller. Je me souviens que tu as dit que toi aussi aimais cet opera. Le concert est dispo sur la radio France Mu (faut aller a 1h01, ou commence la Barbe Bleu. C'est vraiment bcp moins bon que dans la salle mais c'est une OK approximation qd/mm )

Oui en effet ! J'ai trouvé Judith plus "effrayante" que son mari.
Pas grand chose à ajouter sur les chanteurs.
Sinon encore une fois j'ai trouvé mon orchestre fétiche superbe. Il va falloir que je m'habitue au nouveau hauboïste qui a beaucoup de son mais dont le timbre est assez différent de celui de Capezzali. Jordan a fait ressortir les sonorités complexes de cette oeuvre, du bonheur pour les oreilles. Pour la 5e porte il a placé des cuivres sur les bergeries et l'effet (du 2e balcon en tout cas) était saisissant.
Un seul regret, c'est de ne pas avoir de surtitrage....
Bon je passe sur la première partie pendant laquelle j'ai failli m'endormir.

Dans l'ensemble un très bon concert.

Oui, c'est vrai, j'ai oublié d'en toucher quelques mots aussi !

En effet, Petra Lang c'était superbe, une Judith qui s'impose absolument. Mon hongrois est sommaire (euphémisme) mais il m'a semblé qu'elle portait, comme d'habitude, un grand soin à l'articulation.
C'est aussi le travail de Jordan sur les timbres qui m'a impressionné, tout est parfaitement équilibré, le son est toujours riche et rond, magnifique. On peut trouver des orchestres aux couleurs plus rutilantes, mais c'était vraiment bien maitrisé, et quel souffle !
Franchement, du peu que je puisse comparer, ça n'avait pas à pâlir devant les meilleurs disques de la discographie...

Pleyel qui distribue un programme gratuit avec le livret en français, ça fait plaisir !

Ah oui, et il y avait ce concerto pour piano de Beethoven en guise de hors-d'oeuvre, un peu fade.


Le concert est bien sûr disponible à la réécoute, encore une fois, sur le site de France Musique :
http://sites.radiofrance.fr/francemusique/prog/diff/liste_concert.php

Wolferl a écrit:

Utnapishtim a écrit:

fliegender a écrit:

Xavier a écrit:

Ne me faites pas croire que personne n'était à Barbe-Bleue hier soir...

Je n'ai pas pu y aller, j'aurais bien aimé lire un ou deux comptes-rendus...

MAGNIFIQUE! Fried n'est pas suffisamment "sombre" et m'a semble assez fatigue a la fin, mais au total il se tire avec l'honneur de l'affaire. Jordan excellent mais c'est surtout Petra Lang qui montre une fois de plus qu'elle est vraiment une immense chanteuse, une interprete hors normes... et puis quelle dame! Voila l'exemple d'une chanteuse que j'ai entendu 6 fois en 2-3 ans en live et meme si chaque fois j'attends bcp d'elle, et sors toujours sur le nuage (Sieglinde surtout, mais cette Judith est tres proche a ce bonheur).

Dommage que tu n'as pas pu y aller. Je me souviens que tu as dit que toi aussi aimais cet opera. Le concert est dispo sur la radio France Mu (faut aller a 1h01, ou commence la Barbe Bleu. C'est vraiment bcp moins bon que dans la salle mais c'est une OK approximation qd/mm )

Oui en effet ! J'ai trouvé Judith plus "effrayante" que son mari.
Pas grand chose à ajouter sur les chanteurs.
Sinon encore une fois j'ai trouvé mon orchestre fétiche superbe. Il va falloir que je m'habitue au nouveau hauboïste qui a beaucoup de son mais dont le timbre est assez différent de celui de Capezzali. Jordan a fait ressortir les sonorités complexes de cette oeuvre, du bonheur pour les oreilles. Pour la 5e porte il a placé des cuivres sur les bergeries et l'effet (du 2e balcon en tout cas) était saisissant.
Un seul regret, c'est de ne pas avoir de surtitrage....
Bon je passe sur la première partie pendant laquelle j'ai failli m'endormir.

Dans l'ensemble un très bon concert.

Oui, c'est vrai, j'ai oublié d'en toucher quelques mots aussi !

En effet, Petra Lang c'était superbe, une Judith qui s'impose absolument. Mon hongrois est sommaire (euphémisme) mais il m'a semblé qu'elle portait, comme d'habitude, un grand soin à l'articulation.
C'est aussi le travail de Jordan sur les timbres qui m'a impressionné, tout est parfaitement équilibré, le son est toujours riche et rond, magnifique. On peut trouver des orchestres aux couleurs plus rutilantes, mais c'était vraiment bien maitrisé, et quel souffle !
Franchement, du peu que je puisse comparer, ça n'avait pas à pâlir devant les meilleurs disques de la discographie...

Pleyel qui distribue un programme gratuit avec le livret en français, ça fait plaisir !

Ah oui, et il y avait ce concerto pour piano de Beethoven en guise de hors-d'oeuvre, un peu fade.


Le concert est bien sûr disponible à la réécoute, encore une fois, sur le site de France Musique :
http://sites.radiofrance.fr/francemusique/prog/diff/liste_concert.php

C'était surtout la fête de l'orchestre, cette version de concert du Château ! Superbe orchestre (juste quelques décalages mais pas grand-chose), et une direction subtile et inspirée, sachant ménager la tension du drame et les couleurs de la partition. Un vrai bonheur.

Je suis beaucoup moins enthousiaste que vous sur les chanteurs. D'abord Fried est fatigué, par rapport à sa prestation d'il y a quatre ans avec Norman et Boulez, les aigus sont laborieusement bas et la voix a manifestement encore perdu en volume au point d'être systématiquement couverte par l'orchestre. Pourtant, si son duc n'a pas une très grande personnalité, l'interprétation est juste et probe, même touchante, et la voix, quand elle n'est pas couverte, ne manque pas de séductions.
Quant à Petra Lang, c'est sûr qu'elle a du tempérament et plus de puissance (ce qui ne l'empêche pas d'être couverte elle aussi de temps en temps), mais que le timbre est disgracieux ! et pas seulement dans ses graves bien vulgaires. Avec elle Judith a tout l'air d'une mégère. Sans compter cette manière d'exagérer la sécheresse de la fin de certains phrasés, sans doute pour montrer qu'elle a du caractère. Contrairement à Fliegender, à chaque fois que j'entends cette chanteuse je reste perplexe, pas du tout séduit par cette voix et peu convaincu par ses interprétations, certes engagées mais peu subtiles.
Bref, une harengère et un duc falot, moi ça me gâche un peu le plaisir.

Mais tout cela reste secondaire, car le plaisir orchestral était au rendez-vous, et cela rattrapait brillamment la direction lourdaude et confuse que nous avait infligée Gustav Kuhn il y a quelque temps à Garnier. C'est la quatrième fois que j'entends Philippe Jordan diriger cette saison, et cela ne fait que confirmer les trois réussites précédentes (Or du Rhin, Alpensinfonie et concert à Garnier).

Hippolyte a écrit:

Quant à Petra Lang, c'est sûr qu'elle a du tempérament et plus de puissance (ce qui ne l'empêche pas d'être couverte elle aussi de temps en temps), mais que le timbre est disgracieux ! et pas seulement dans ses graves bien vulgaires. Avec elle Judith a tout l'air d'une mégère. Sans compter cette manière d'exagérer la sécheresse de la fin de certains phrasés, sans doute pour montrer qu'elle a du caractère. Contrairement à Fliegender, à chaque fois que j'entends cette chanteuse je reste perplexe, pas du tout séduit par cette voix et peu convaincu par ses interprétations, certes engagées mais peu subtiles.

Le timbre, c'est vraiment subjectif parce que ça ne m'a pas dérangé une seule seconde. Elle ne jouait certes pas la vierge effarouchée, ni la Judith séductrice ; plutôt autoritaire, mais avec beaucoup de profondeur. Rien de vulgaire, à mon sens.

Bien sûr que l'appréciation d'un timbre est subjective, et d'ailleurs mon propos ne prétend pas à l'objectivité. Je ne nie pas que Lang ait incarné le personnage, et qu'elle ait exprimé une certaine profondeur, il y a eu quelques beaux moments, mais j'ai trouvé l'ensemble de son interprétation très "jouée", et parfois étrangement. Je ne reviens pas sur ces fins de phrases dont je parlais. Un autre exemple : à la 5e porte, lorsque Judith répond après les accords éclatants des cuivres par ces phrases susurrées : "Grand et beau est ton royaume" ("Szép és nagy a te orszagod"), "Grands et beaux sont tes domaines", Lang les a chantées comme si Judith était accablée et malheureuse, écrasée par le sort, alors qu'à cet endroit il n'y a aucune raison, tout ce qu'elle voit est magnifique, elle reste éventuellement "sans voix", subjuguée, abasourdie par le spectacle, surprise dans ses doutes, mais pas soudainement désespérée et abattue. Il m'a semblé que l'expression de Lang était souvent ainsi "à côté".

Elle a lâché un "Jaj !" complètement plat et ridicule à un moment.

Pollini / LSO/Eötvös le 22 juin

1 place à vendre (je ne pourrai pas y aller)

Johann Sebastian Bach / Anton Webern : Ricercare - Fugue pour six voix BWV 1079/5
Helmut Friedrich Lachenmann: Double
Johannes Brahms: Concerto pour piano n° 1

1er balcon D 234, 36 €, négociable

Contact par MP.

Ah j'y serai à celui-là

Stolzing a écrit:

Pollini / LSO/Eötvös le 22 juin

1 place à vendre (je ne pourrai pas y aller)

Johann Sebastian Bach / Anton Webern : Ricercare - Fugue pour six voix BWV 1079/5
Helmut Friedrich Lachenmann: Double
Johannes Brahms: Concerto pour piano n° 1

1er balcon D 234, 36 €, négociable

Contact par MP.

Le concert de hier soir (18/06/2010) avec Vadim Repin et l'OPRF est disponible sur Arte LIVE WEB
http://liveweb.arte.tv/fr/video/Le_Philharmonique_de_Radio_France_et_Vadim_Repin_a_la_Salle_Pleyel/