- aurele a écrit:
- DavidLeMarrec a écrit:
- Il ne serait pas plus logique de commencer par se demander lesquels sont le plus digne d'intérêt ?
Il me semble qu'il y a au moins Armida et Orlando Paladino. Harnoncourt a enregistré ces deux opéras. Jacobs a donné sa version d'Orlando Paladino et cela existe en DVD.
Jacobs a aussi donné un
Mondo magnifique à Innsbrück, gorgé de couleurs, absolument épatant !
Je n'irais pas que la totalité des opéras écrits pour Esterhaza sont des chefs-d'oeuvre ; mais on ne peut pas nier, chez Haydn, un beau talent de faiseur et une sensibilité dramatique certaine (tout ça, notamment, à travers des instrumentations très fines). Alors, oui avec toi pour
Armida (je ne sais pas si tu as entendu cet enregistrement [Schwetzingen, je crois], avec Tamar et Van Rensburg comme la très belle intégrale avec Janowitz) et
Orlando.
L'Incontro improvviso (à comparer avec
Les Pèlerins de la Mecque de Gluck) est une partition dans laquelle chaque personnage jouit d'une caractérisation très bienvenue.
Dans l'ensemble Dorati est très recommandable dans tout ce qu'il a enregistré (belles distributions, orchestre très mobile) ; Harnoncourt et Jacobs restant, aujourd'hui, à mes yeux, les tenants d'un Haydn très juste et pour le théâtre et pour la voix (avec des moyens notablement différents, d'ailleurs).
Harnoncourt, justement, avait donné, à Zurich un Orfeo que j'apprécie énormément (Sacca, Bartoli, Mei) qui n'a jamais été diffusé régulièrement, à ma connaissance. Or Orfeo reste l'une des plus belles partitions de Haydn, à mon sens. L'usage des récitatifs accompagnés, à mon avis, est d'une justesse absolue et d'une efficacité rarement rencontrée chez un compositeur qu'on aime considérer comme un petit maître de l'opéra.
De cette partition, des versions très contrastées mais, surtout, 60 ans d'interprétation ce qui est suffisamment rare pour être rappelé. Quelques jalons :
- Swarowsky dès 51 avec Hellwig (joliment timbrée et imaginative même si le chant orné n'est, de toute évidence, pas son domaine d'élection), Poell (Creonte puissant), Handt (ténor mozatien moyen dans tous les sens du terme) et Edda Heusser en Amore (acide, forcément). La direction est archi intelligente et très enlevée dès une ouverture colorée comme, finalement, peu l'oseront. A connaître.
- Bonynge 67 avec Gedda, Sutherland & Malas. Version très chantée (et pas spécialement "dirigée" j'ai envie de dire), assumée et qui a le mérite de proposer de vrais beaux formats (l'intelligence du format, après tout en parle-t-on tant que ça ?).
- Hager avec Donath, dans une optique similaire paraît autrement empesé et d'esprit médiocre.
- Schneider (La Stagione) en 91, je crois. Direction plutôt inspirée (belles couleurs, je trouve) et version à connaître presque exclusivement pour Prégardien, Orfeo définitif jusqu'à aujourd'hui, mâle et poète à la fois.
- Hogwood, 2001 joue de couleurs sublimes à l'orchestre, tout en mesure (mais ce n'est pas un reproche que d'approcher cette musique par une métrique exacte pour en exalter les affects divers, je trouve). Bartoli fait (fort bien) son numéro, y compris en Amore, elle aussi éclatante de couleurs, ébouriffante, ébouriffée aussi (Amore, justement), d'une richesse de ligne, comme une émulsion vocale pour son premier air. Heilmann et D'Arcangelo, qui complètent, sont loin d'être des seconds couteaux et, de toute évidence, cette version est la plus recommandable.
J'ajoute, pour ceux qui seraient intéressés, une version danoise, de 2009, dirigée par Adam Fischer (expert, lui aussi, pour un Haydn très justement mesuré d'où émerge un drame affiné mais assumé dans toutes ses dimensions, plus peut-être que celui, violent d'un Harnoncourt évacuant tout aspect pastoral de l'oeuvre) mettant côte à côte un Dürmüller ténor/ténorisant en Orfeo poète plus que héros et Simone Kermes, en plein
show, comme souvent mais d'une profusion de ligne et de couleurs absolument scotchante, à mon goût.