Pauline Viardot : Cendrilon (Opéra-Comique, Avril 2013)

OPÉRA-COMIQUE de chambre pour sept voix et un piano, 1904.
Précédé par un prologue mélodies de Pauline Viardot et de ses contemporains

Création à l'Opéra Comique

Préparation musicale, Mireille Delunsch
Mise en scène, Thierry Thieû Niang
Décors, Emilie Roy
Costumes, Christelle Morin et Johanna Richard
Lumières, Sébastien Böhm

Baron de Pictordu, Ronan Debois / Olivier Déjean *
Marie, dite Cendrillon, Sandrine Buendia / Eva Ganizate *
Maguelonne, fille de Pictordu, Cécile Achille / Sandrine Buendia *
Armelinde, fille de Pictordu, Alix Le Saux
La Fée, Magali Arnault Stanczak
Le Prince Charmant, François Rougier / Patrick Kabongo Mubenga *
Comte Barigoule, Safir Behloul

Marie Bunel, récitante
Marine Thoreau La Salle / Bertrand Halary *, pianistes

17 avril, 18 avril (*) et 19 avril à 20h

Chanteurs de l'Académie en alternance

Production, Opéra Comique
Coproduction, Opéra de Reims
Tournée au Théâtre de Cornouaille - Scène Nationale de Quimper les 7 et 8 juin 2013


Un petit rappel... ces trois représentations de l'Opéra-Comique de chambre de la grande Pauline Viardot est donné à l'Opéra-Comique.
Pour ce faire, l'institution met à disposition un dossier pédagogique qui contient pas mal d'informations : Dossier Pédagogique

A noter aussi que le spectacle sera diffusé sur France-Musique le 27 mai 2013 à 14h : France-Musique


Je doute que ce spectacle soit bien plein, donc n'hésitez pas. Cette partition est vraiment charmante et belle. La structure même d'un opéra-comique de chambre est une curiosité en soit, et le fait de monter ce spectacle avec des jeunes chanteurs est parfaitement en accord avec ce qui était l'habitude dans le salon de Pauline Viardot : des chanteurs jeunes dans un cadre intime.
En plus, on bénéficie de la préparation musicale par Mireille Delunsch, qui connait tout de même bien le répertoire français depuis le baroque jusqu'au romantisme de part son expérience de chanteuse. Elle nous fera aussi le plaisir de chanter des mélodies françaises en lien avec Pauline Viardot.


Bon, j'arrête là la publicité. Mais en tout cas, j'espère que ce concert ne verra pas la salle moitié vide comme pour La Voix Humaine il y a un mois! C'est terrible de voix à quel point dès qu'on sort d'un répertoire habituel, l'Opéra-Comique n'arrive pas à remplir




En bonus, je me permet de vous rappeler ce sujet consacré à Pauline Viardot : Pauline Viardot (1821-1910)

Polyeucte a écrit:

Bon, j'arrête là la publicité. Mais en tout cas, j'espère que ce concert ne verra pas la salle moitié vide comme pour La Voix Humaine il y a un mois! C'est terrible de voix à quel point dès qu'on sort d'un répertoire habituel, l'Opéra-Comique n'arrive pas à remplir

La Voix humaine a été donnée y a quelques mois à l'Athénée, avec D'Oustrac, c'est peut-être une explication. C'était à moitié plein aussi.

frere elustaphe a écrit:

La Voix humaine a été donnée y a quelques mois à l'Athénée, avec D'Oustrac, c'est peut-être une explication. C'était à moitié plein aussi.

Oui, mais quand tu vois que les noms de d'Oustrac et Antonacci n'ont pas réussi à remplir pour une oeuvre de Poulenc, on peut se demander comment une oeuvre inconnue d'une compositrice inconnue par des inconnus peut remplir...
A la limite, ça aurait été une compositions de la soeur de Viardot, La Malibran, des gens seraient venus par curiosité... mais là... j'ai des doutes...

D'ailleurs, une grande partie de leur publicité semble tournée vers les enfants. Espérons que ça ne va pas nous refaire la même chose qu'il y a quelques années : l'Opéra-Comique avait prévu deux représentations de cette Cendrillon (à 13 ou 14h en semaine) et peut de temps avant, ça avait été changé en extraits de la Cendrillon de Massenet pour enfants...
Au moins là on aura la partition de Viardot. Mais si le public est composé majoritairement d'enfants, ça va être dur d'entendre tout (c'est pas pour être méchant, mais un enfant concentré et calme pendant 1 heure, ça se fait rare en groupe...)

Réponse demain de toute façon!

Polyeucte a écrit:

Mais si le public est composé majoritairement d'enfants, ça va être dur d'entendre tout (c'est pas pour être méchant, mais un enfant concentré et calme pendant 1 heure, ça se fait rare en groupe...)

Rien de méchant ; une observation sensée, au plus ! Et pas seulement en groupe ; l'enfant isolé n'est pas moins à craindre.
J'ai eu une expérience détestable lors de la reprise de Cendrillon à Saint-Etienne en début de saison. Là, l'enfant n'était pas à blâmer ; c'était un enfant. Mais l'impréparation du spectacle par les parents, si (bien sûr, ce n'est pas l'histoire de Disney ; en prévenir l'enfant aurait désamorcé bien des questions par ailleurs très légitimes ).
A peu près tout est potentiellement recevable par un enfant dès lors qu'il a acquis une certaine "maturité" (laquelle n'a pas d'âge, je le précise) et que le(s) parent(s) accompagnant lui a expliqué et le spectacle, et les "us et coutumes" qui l'entourent.
Quand je dis : "A peu près tout", j'ajoute un bémol. Le Concerto à la mémoire d'un ange, c'était de toute évidence inadapté à la petite fille qui était derrière moi à Saint-Etienne (décidément) il y a quelques semaines .

bAlexb a écrit:

Mais l'impréparation du spectacle par les parents, si (bien sûr, ce n'est pas l'histoire de Disney ; en prévenir l'enfant aurait désamorcé bien des questions par ailleurs très légitimes ).

Je trouve effectivement qu'emmener les enfants au spectacle requiert un peu de préparation : on raconte l'histoire (si c'est un opéra), on fait regarder des extraits sur Youtube, on chante quelques passages bien "vendeurs" qu'ils seront contents d'entendre "en vrai" le jour J. Ça fait une différence énorme. Et c'est pareil quand on les emmène au musée ou voir une expo.

bAlexb a écrit:

A peu près tout est potentiellement recevable par un enfant dès lors qu'il a acquis une certaine "maturité" (laquelle n'a pas d'âge, je le précise) et que le(s) parent(s) accompagnant lui a expliqué et le spectacle, et les "us et coutumes" qui l'entourent.
Quand je dis : "A peu près tout", j'ajoute un bémol. Le Concerto à la mémoire d'un ange, c'était de toute évidence inadapté à la petite fille qui était derrière moi à Saint-Etienne (décidément) il y a quelques semaines .

C'est vraiment grotesque d'emmener un enfant voir ça ! (sauf si c'est la réincarnation de Menuhin)

Polyeucte, Je n'avais pas prévu d'aller voir cette Cendrillon, mais je vais sans doute changer d'avis, merci du conseil.

Fiordiligi a écrit:

Polyeucte, Je n'avais pas prévu d'aller voir cette Cendrillon, mais je vais sans doute changer d'avis, merci du conseil.

Pour l'avoir vu à Orsay il y a quelques années et écouté pas mal de fois en disque, c'est vraiment chouette!
Si j'ai fais venir une personne, ce sera déjà bien!

J'y vais vendredi, il y a Cécile Achille !

DavidLeMarrec a écrit:

J'y vais vendredi, il y a Cécile Achille !

Ben moi c'est ce soir! (et y a aussi Cécile Achille... mais c'est vraiment un tout petit rôle... peut-être qu'elle aura droit à un air pendant le bal quand même!

Peu importe, je l'ai entendue pour la première fois alors qu'elle n'avait pas fini ses classes (et n'était pas encore professionnalisée). Rien d'extraordinaire au fond, juste une voix délicate sertie dans une musicienne remarquablement élégante.

Je me réjouis de l'entendre décoller.

Je suis content, cette année marque la consécration de quelques-uns de mes "protégés". Par exemple, Hasnaa Bennani collabore maintenant avec les grands chefs baroques pour des rôles substantiels, alors qu'elle était encore il y a deux ans simplement au CRR de Paris !

DavidLeMarrec a écrit:

Par exemple, Hasnaa Bennani collabore maintenant avec les grands chefs baroques pour des rôles substantiels, alors qu'elle était encore il y a deux ans simplement au CRR de Paris !

Je n'avais jamais entendu parler de cette fille, mais quand j'ai vu chez qui elle a signé je me suis douté qu'elle avait un potentiel... vivement les grands concerts alors

Si vous pouvez mettre quelques commentaires demain.... Je les lirai avant d'y aller.

Salut David, on se croise à un jour près alors!!!!!!

Nos agendas semblent s'entrelacer irrémédiablement.

Hé oui, il fallait suivre Cécille Achille pour me trouver.

Cendrillon de Viardot : 17/04/2013

Opéra-Comique, Paris

PROLOGUE :
Frédéric Chopin et Pauline Viardot : Seize ans (par Cécile Achille)
Pauline Viardot : Madrid (par François Bunel)
Charles Gounod : Le soir (par Ronan Debois)
Pauline Viardot : Ici-bas tous les lilas meurent (par Safir Behloul)
Pauline Viardot : Havanaise (par l'ensemble des chanteurs)

LE BAL :
Camille Saint-Saëns : El desdichado (par Cécile Achille et Alix Le Saux)
Adolphe Adam : Ah vous dirais-je Maman (par Magali Arnault Stanczak)
Frédéric Chopin : L'Oiselet (par Sandrine Buendia)
Pauline Viardot : Valse (par Marine Thoreau La Salle)


Préparation musicale : Mireille Delunsch
Mise en scène : Thierry Thieû Niang

Pauline Viardot : Marie Bunel
Baron de Pictordu : Ronan Debois
Marie, dite Cendrillon : Sandrine Buendia
Armelinde, fille de Pictordu : Alix Le Saux
Maguelonne, fille de Pictordu : Cécile Achille
La Fée : Magali Arnault Stanczak
Le Prince Charmant : François Rougier
Comte Barigoule : Safir Behloul

Piano : Marine Thoreau La Salle


Je craignais de passer une soirée un peu trop "enfantine" dans la réalisation... et au final, l'Opéra-Comique a décidé de nous montrer à quoi pouvait ressembler une soirée de salon, et de donner toute sa place à la femme Pauline Viardot.
Fidèle à la tradition de l'époque Pauline Viardot laisse toute latitude aux chanteurs d'improviser lors du Bal, ce que vont faire bien sûr les chanteurs !

La soirée commence par un prologue dans lequel Marie Bunel nous lit des lettres de Pauline Viardot. Entre chaque lettre, un chanteur interprète une mélodie de son choix autour de Pauline Viardot. Tous semblent ici pour se rencontrer, comme dans un vrai salon. Puis on passe dans l'opéra. On retrouve alors bien sûr les mêmes personnages, qui par un simple vêtement ou accessoire deviennent un personnage. Toujours sur scène, la piano entre dans l'intrigue, et Pauline Viardot, sous les traits de Marie Bunel, régit la représentation.
Sobre et simple, la mise en scène ne joue pas sur les effets, mais plutôt sur l'imagination. Du coup, des fois ça manque un peu de clarté mais c'est globalement très bien fait. Les acteurs s'amusent beaucoup et on est embarqué dans cette représentation très bien préparée, mais qui conserve une belle spontanéité.

La piano de Marine Thoreau La Salle est vraiment très bon. Pour une compositrice comme Viardot, il faut un beau touché, mais aussi une belle virtuosité. Car sa partition est taillée pour elle et par elle. Marine Thoreau La Salle conserve tout le concert une présence discrète mais soignée, toujours à l'écoute des chanteurs. Le seul reproche qu'on peut faire à cette prestation musicale, c'est l'absence de gong... il n'était pas difficile de placer un gong dans un coin et de faire sonner un chanteur. Car ce gong reste important quand même, ne serait-ce que lors de l'apparition de la Fée...

Question chanteurs, on va les prendre dans l'ordre d'apparition...
Cécile Achille ouvre le bal pour une mélodie de Chopin et Viardot. La voix est vraiment superbe, la présence naturelle, la diction parfaite... Cette soprano montre une voix légère mais fruitée, avec une timbre charmant. Capable de puissance quand il le faut, elle sait aussi nuancer pour cette mélodie. Sa pointe comique fait merveille tant ici que dans le rôle de Maguelonne.
Ensuite, François Rougier vient lui aussi pour une mélodie de Viardot, qu'il entame avec aisance et beauté. Ténor à la voix assez claire et bien placée, il a tout du Prince Charmant. Le seule petit problème est qu'au fur et à mesure de la soirée, les nuances se font de plus en plus rares. Le matériel vocal est superbe, la diction bonne... mais il manque un peu de présence et de nuances à la fin. Enfin c'est pinailler...
Ronan Dubois chante Gounod... (houlalala ! Deux mélodies de Gounod en une semaine avec ce qu'avait proposé Larmore... on frôle l'overdose ! Mais on me dit que demain, Karine Deshaye va encore en chanter à Orsay!!!!) donc c'est forcément bien. Car en effet, la voix de baryton est belle, avec un petit vibrato rapide et une jeunesse qu'on trouve rarement dans ce type de voix. Le sérieux lui convient bien, mais aussi l'humour du Baron... Malgré quelques aigus pris de façon étrange, il reste un père affectueux et bien chantant. Belle prestation...
Retour au ténor pour Safir Behloul dans une mélodies de Viardot. Étrange voix... Le timbre est assez étrange, les aigus blancs... mais la faconde est là. Peut-être plus à son aise dans les rôles de caractère, il impose facilement Barigoule. Un peu plus de travail sur le haut de la tessiture...
Dans le rôle titre, Sandrine Buendia fait entendre un bel instrument délicat, bien mené et avec une belle diction. Sa Cendrillon sait se faire tendre, mélancolique puis passionnée. Très nuancée et musicienne, elle donne à son personnage une jeunesse qui fait un peu défaut à Sandrine Piau dans l'enregistrement d'Opéra Rara. Par contre, le personnage n'est pas forcément le plus exposé, et c'est dans son air du Bal (L'Oiselet de Chopin) qu'elle se dévoile entièrement. Splendide !
L'autre soeur est chantée par Alix Le Saux. Seule chanteuse qui ne fait pas partie de l'Académie, son entrée est vraiment mauvaise, avec une voix totalement déconstruite. Mais par la suite, la chanteuse se reprend et gagne une homogénéité et une rondeur agréable à écouter. Du coup, le duo avec Cécile Achille est vraiment beau, avec des différences de timbre bien marquées sans pour autant que ce soir trop.
Enfin, la Fée de Magali Arnault Stanczak... Halalala... se heurter à Elisabeth Vidal dans ce rôle est difficile... et dans sa première intervention, la soprano fait peur : manque totale de puissance, aigus difficiles, vibrato large... du coup, sa première intervention tombe totalement à plat, mis à part son jeu scénique et un certain humour. En fait, le Bal va la libérer : en chantant le "Ah vous dirai-je Maman", la soprano montre toute l'étendue de ses capacités. Miraculeusement, la voix est devenue saine, très facile dans l'aigu et le sur-aigu (vraiment impressionnant d'ailleurs), avec une virtuosité impressionnante et une veine comique très belle. Sa prestation reçoit bien sûr une ovation ! Même si c'est un peu le cirque toute cette démonstration, il faut avouer que c'est impressionnant. La suite de sa prestation sera du même niveau.

Au final, un très bon niveau, pour des chanteurs qui semblaient un peu stressés, le niveau est très bon. Chacun possède une personnalité et une belle aisance dans le chant. Espérons que l'autre distribution sera à la même hauteur.
La mise en place de cette soirée est vraiment typique de l'Opéra-Comique. Ils proposent une oeuvre rare, dans un répertoire vraiment fort peu représenté. Et en plus de ça, ils nous montrent combien Pauline Viardot a été une grande dame de son époque.

Courez-y si vous n'avez pas encore de place. On ne s'ennuie jamais et ça permet de passer un moment d'intimité avec une compositrice et un monde rarement explorés.

Une critique sur Forum Opera...

Franchement, il aurait mieux fait d'aller écouter la présentation de la soirée avant de dire des choses étranges... tout y est expliqué... comme le fait que le but de la soirée est vraiment de rappeler les salons de l'époque, et non les scènes de concert... d'où les mélodies au début, les décors sommaires... et que l'air de Valise (ajouter des airs au milieu du bal) était dans la partition et traditionnel à l'époque!

Sympathique et charmant sont les mots qui reviennent le plus. Je ne suis pas familier des récitals chant-piano même si j'ecoute beaucoup de mus de chambre chez moi, donc je n'ai pas de recul pour parler de ce genre de spectacle. J'ai trouvé ça un peu long. Mireille Delunch disait au micro de FM qu'ils ont rajouté une première partie car cendrillon était trop courte. J'en suis désolé car j'aurai préféré n'écouter que cendrillon. Finalement ce ne sont que des petites mélodies autour d'une intrigue quelque peu transformée. De belles voix. Mais j'aurai aimé retrouver un VRAI salon de l'époque avec des murs et non cette cage de scène très laide

C'est sûr que pour faire plus vrai, il aurait mieux valu faire ce spectacle dans la salle Bizet, ou dans le foyer... mais ça voulait dire moins de public et un moins bon exercice pour les chanteurs...

Après, j'ai trouvé au contraire très intéressant d'ajouter les mélodies en première partie, même si j'ai été un peu déçu... je pensais naïvement que Delunsch nous chanterait quelques petites mélodies... On se dit d'ailleurs qu'elle aurait très bien peu prendre la place de Marie Bunel, en y ajoutant du coup un peu de chant... Mais bon...


Après, pour l'aspect scénique, il ne faut pas oublier que ça a été créé avec de petits moyens, en allant piocher dans des objets existant dans les fonds de l'Opéra-Comique...


Très bonne initiative je trouve, mais il semble que cela ait été plutôt boudé par le public... dommage

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