[jazz] Keith Jarrett

arnaud bellemontagne a écrit:

Mais faut pas avoir honte d'apprécier Jarrett, voyons.

Ouhlala, du calme .Je n'aime pas Jarrett solo, parce qu'il mêle souvent la mièvrerie à l'absence d'espace.
Mais lorsqu'il est bien accompagné, il lui arrive de briller. C'est pas ma came, mais tout de même.

For Yawuh (73)



Grand concert.

Treasure Island (73)



Du tout bon.  

Death and the Flower (74)


Un morceau-titre épique, un Prayer poignant et un Great Bird* échevelé : 3 perles absolues.


Indispensable.






* que l'on retrouvera transfiguré dans Survivors Suite

Benedictus a écrit:

bison ravi a écrit:

j’ajouterais Facing You pour les disques solo

Rassurez-moi: ça ne ressemble pas à The Köln Concert?

Oui, oui, ajoute Facing You.

Le deuxième titre, Ritooria, est assez obsédant, dans le genre "méditation semi-improvisée, quatre heures du matin, givre sur les fenêtres".

Belle image.

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Back Hand (74)


Un disque issu des mêmes séances que le précédent et tout aussi recommandable : deux pièces bondissantes et extatiques ( Inflight et Back Hand), un épisode ethno chamarré (Kuum) et un brin de torpeur romantique (Vapalia).


Vraiment une formation enthousiasmante.

Mysteries (76)






@Benedictus : tu peux remplacer Treasure Island par ce sublime Mysteries.

Shades (76)

Bop-Be (77)

Byablue (77)

Eyes of the Heart (79)


Envoûtant.

The Survivors' Suite (77)


Je ne vais pas ergoter outre mesure à propos de ce chef d'oeuvre absolu et connu de tous...


Un des mes disques pour l'île déserte.




Ainsi se termine ce petit panorama d'une des formations les plus intéressantes du jazz post-coltranien.

J'en profite pour effectuer un petit classement éminemment subjectif :

1.The Survivors Suite
2.The Death and the Flower
3.Mysteries
4.Back Hand
5.For Yawuh
6.Expectations
7.Birth
8.El Juicio
9.Eyes of the Heart
10.Bop Be
11.Byablue
12.Treasure Island
13.Shades

Les 4 premiers sont absolument indispensables (ce qui ne veut pas dire que les 9 autres sont négligeables, loin de là).

Vraiment une formation exceptionnelle.

• Facing You
Keith Jarrett (p)
Oslo, XI.1971
ECM

Alifie a écrit:

Les albums en solo de Jarrett échappent rarement au trop-plein de minauderies pianistiques, même Facing You de mon point de vue.

Du mien aussi, après écoute...
Ce n'est pas horripilant de bout en bout comme Köln Concert, hein, mais disons que ça m'en touche une sans faire bouger l'autre (c'était ma contribution à l'hommage unanime de la nation.)

(Oui, oui, je vais quand même tâcher de l'écouter en quartet.)

Oui, le quartet.

Mais pas facile à trouver d'occase ou en médiathèque.

arnaud bellemontagne a écrit:

The Survivors' Suite (77)


Je ne vais pas ergoter outre mesure à propos de ce chef d'oeuvre absolu et connu de tous...


Un des mes disques pour l'île déserte.




Ainsi se termine ce petit panorama d'une des formations les plus intéressantes du jazz post-coltranien.  

De Jarrett, je ne connaissais que le Köln concert.
Histoire de me sortir les oreilles d'In A Silent Way que j'écoute en boucle en ce moment, je me suis passé le disque suite à ton commentaire.
Alors autant j'ai failli couper au bout de deux minutes à cause de ces percus bizarres, autant j'ai été ensuite complètement happé.
Le disque va beaucoup tourner dans les prochains jours.

• Mysteries
Keith Jarrett (piano, flûte, percussions), Dewey Redman (saxophone ténor, musette, percussions), Charlie Haden (basse), Paul Motian (batterie, percussions), Guilherme Franco (percussions)
New York, XII.1975
Impulse!

En effet, c’est vraiment très, très chouette. Mention particulières pour Charlie Haden (ses solos comme ses interactions sont extraordinaires) et Dewey Redman (au jeu très «ornettecolemanien» - y compris à la musette sur Flame!) Et j’ai beaucoup aimé le souffle long et l’ambition de Rotation et Mysteries.

Après, je ne suis pas non plus d’un enthousiasme sans réserves. Déjà, la limite entre lyrisme et guimauve s’y montre plus d’une fois ténu (notamment dans Everything That Live Laments.) Ensuite, je ne peux m’empêcher d’éprouver le sentiment de quelque chose d’un peu factice ou fabriqué: le jeu pianistique pseudo-free de Jarrett dans Rotation sonne un peu comme du Cecil Taylor harmoniquement édulcoré; le côté « ethnique » de Flame semble quand même passablement artificiel (à côté de ce que peuvent faire Archie Shepp ou Pharoah Sanders dans ce même registre, ça sonne vraiment exotisme de jazz blanc.)

Enfin, il y a quand même un certain nombre de trucs agaçants, certes tout à fait secondaires et anecdotiques, mais qui sont typiquement le genre de choses qui gâchent le plaisir et qui s’accumulent au fil de l’album: le chantonnement faux et les petits cris de Jarrett (Glenn Gould et Michel Legrand sont battus à plates coutures) et certains traits instrumentaux (les lignes mélodiques pénibles de la flûte dans Flame, les percussions bizarroïdes qui semblent venir égrener quelques notes sans qu’on comprenne trop ce qu’elles viennent faire là.)

Mais au total, c’est quand même un bel album.

Benedictus a écrit:

le chantonnement faux et les petits cris de Jarrett (Glenn Gould et Michel Legrand sont battus à plates coutures

... mais pas le incontesté du genre, d'une irréprochable constance sur tous ses albums, comme ici : /watch?v=MSI705f6iZI&t=195

• The Survivors’ Suite
Keith Jarrett (piano, saxophone soprano, flûte à bec basse, célesta, tambour OSI), Dewey Redman (saxophone ténor, percussions), Charlie Haden (basse), Paul Motian (batterie, percussion)
Ludwigsburg, IV.1976
ECM

J’ai beaucoup aimé (davantage que Mysteries), mais là non plus, ce n’est pas une adhésion inconditionnelle.

Là, pour le coup, s’agissant du souffle long et de l’ambition formelle, c’est impressionnant - on a vraiment une suite qui convoque une grande diversité de climats et de textures, mais en les épurant considérablement (par exemple les éléments «ethniques», comme la rumeur de percussions qui ouvrent le disque sont tellement stylisés qu’ils n’ont plus ce côté «couleur locale» factice qui m’avait agacé dans Flame sur Mysteries) et en adoucissant leurs angles, pour les intégrer dans un continuum musical remarquablement ductile, aéré et lumineux, avec des boucles d’ostinato et des passages de relai qui assurent des transitions sans flottement. Même si ce n’est pas le genre d’esthétique qui me touche le plus, c’est ici tellement abouti que ça force l’admiration.

Les musiciens sont par ailleurs formidablement engagés et affutés techniquement - avec, là encore, une mention toute particulière pour Charlie Haden, qui semble à lui seul assurer l’assise à la fois rythmique et sonore avec une sonorité pleine et grenue qui évite de jamais tomber dans le lisse.

Cela dit, une fois encore, le lyrisme mélodique est bien souvent à deux doigt de basculer dans le sirupeux, et quand Jarrett veut jouer au multi-instrumentiste, c’est souvent au profit d’effets un peu mièvres (les passages de célesta et ceux de saxophone soprano sont de ce point de vue-là assez redoutables…) Et ici, les jappements de Jarrett sont particulièrement pénibles…

Mais au total, c’est vraiment une œuvre magnifique.



Cela dit, il y a quand même un truc curieux: même dans des albums de Jarrett qui me plaisent beaucoup, comme ceux que j’ai écoutés entre hier et aujourd’hui, il y a toujours des choses qui m’empêchent d’adhérer sans conditions. Tandis que chez Chick Corea (dont bon nombre d’albums me déplaisent franchement), les albums que j’aime (par exemple Now He Sings, Now He Sobs ou Three Quartets), c’est vraiment sans réserve.

Les chemins de la philosophie ont consacré leur semaine à Keith Jarrett :
https://www.franceculture.fr/emissions/series/confines-avec-keith-jarrett

Hello,

Respect à Keith Jarrett, qui comme pas mal de Jazzmen est parfois inégal (en plus la notoriété faisant, on réédite tout dont des trucs qui auraient pu sombrer dans l'oubli).

J'ai toujours été fasciné par le "Celestial Hawk" qui était chez les parents (je leur piquais la K7, ils n'aimaient pas trop vu que ce n'est pas du jazz, loin de là). Je l'ai racheté plus tard.

La culture aidant, j'ai découvert que c'était un hommage très appuyé au concerto pour Orchestre de Bartok, du moins une oeuvre "cousine". Donc oui Keith est bien un compositeur.

Il est un créateur de musique je dirais, comme Duke Ellington et Chick Corea... Pour le piano proprement dit, il y en a des plus avancés et plus swingants (Thélonius Monk, Bud Powell et des tas de "petits" pianistes formidables en background)

[img]https://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/e/eb/The_Celestial_Hawk.jpg[/img]