TCE - Clémence de Titus, Currentzis - 15.09.2017

Distribution

Maximilian Schmitt Tito
Karina Gauvin Vitellia
Stéphanie D’Oustrac Sesto
Anna Lucia Richter Servilia
Jeanine De Bique Annio
Willard White Publio

Teodor Currentzis direction
MusicAeterna


Je ne vais pas dire que j'ai fait l'aller-retour à Paris juste pour ça (bon presque...) mais j'avais envie de réentendre Currentzis en salle, qui plus est dans un répertoire différent de ce que j'avais pu entendre de lui avant (Berg/Mahler) et qui faisait particulièrement envie.

J'en ressors plutôt enthousiaste sur tout ce que j'ai vu (et entendu) ce soir. Je ne connaissais pas du tout Titus avant le concert donc ça a été en même temps une jolie découverte mais sur le contenu je ne saurais pas dire si tout correspondait bien à ce qui était attendu
Cependant, sur le fond, j'ai trouvé ça excellent : l'orchestre comme d'habitude de très haut niveau (aurais-je entendu quelques soucis de mise en place dans l'ouverture ?) et les chanteurs étaient tous très bons (même si j'ai l'impression que certains ont mis du temps à entrer dans la pièce). Les harmonies avec le choeur étaient aussi très prenantes et comme d'habitude la direction de Currentzis offrait un superbe dynamisme et des couleurs vraiment rares à l'ensemble.
En bref, une bien belle soirée.

J'ai lu la critique de ce spectacle à Salzbourg :
Aucun doute sur la qualité des interprètes, et Currentzis est un chef passionnant.
Par contre je suis pour le moins réservé sur l'idée d"'enrichir" l’œuvre avec des extraits d'une messe : c'est un mépris total pour le compositeur, et, pour l'avoir vu à plusieurs reprises, cet opéra, sans etre le plus génial de Mozart, tient parfaitement la route sans ces tripatouillages !!
Aurait - on l'idée de monter la Traviata en y intercalant des extraits du Requiem ??!!!

Montfort

Je trouve Currentzis très brouillon; j'ai réussi à l'éviter depuis le vilain Macbeth que j'avais vu à Bastille en 2010. Mais là c'est le pompom; après Tcherniakov qui réécrit les livrets à sa sauce, c'est un chef qui se permet de "modifier" un opéra en y ajoutant des extraits d'autres oeuvres. La Clémence de Titus est très bien tel quel et je trouve honteux que Currentzis l'abime de la sorte juste pour satisfaire son ego.

Je ne partage ton jugement sur Currentzis : lorsqu'il avait dirigé Don Carlos à Bastille, il y avait eu des échanges assez vifs à son sujet : sa gestuelle est foutraque, mais j'avais trouvé sa direction passionnante, fidèle à l'esprit de l’œuvre.

Montfort

En tout cas cet "enrichissement" de l'opéra par la messe ne s'entendait pas particulièrement dès lors qu'on ne connaissait pas l’œuvre donc ça n'a pas non plus dénaturé complètement le contenu (bon, il est vrai qu'en entendant les paroles de messe je me suis dit "ah bah c'est marrant ça, je ne pensais pas que Mozart avait intégré une messe directement dans un opéra).
La seule chose qui m'a gêné a été la partie ajoutée après le finale pour finir sur une note assez sombre ou en tout cas bien moins brillante que ce qu'il faudrait vu le finale normal.

Et à l'inverse, j'ai tendance à trouver Currentzis plutôt précis dans tous les effets qu'il veut donner, l'orchestre réagit - en tout cas a réagi vendredi - toujours parfaitement (même s'il m'a semblé entendre les cuivres un peu en retard dans l'ouverture).

Et comme j'ai vu l'oeuvre en salle, je trouve ces "tripatouillages" très inopportuns. En l'occurrence, si une mise en scène moderne mais soft ne me choque plus, un opéra, qu'il soit de Mozart ou d'un autre, DOIT être donné tel qu'il a été écrit par le compositeur.

Comment réagirais tu si Currentzis venait à "modifier" un opéra de Wagner (par exemple)?

Le plus étrange était que les parties les plus réussies étaient justement celles ajoutées – en même temps qu'elles dénaturaient l'œuvre, c'étaient les plus intéressantes.

luisa miller a écrit:

Et comme j'ai vu l'oeuvre en salle, je trouve ces "tripatouillages" très inopportuns. En l'occurrence, si une mise en scène moderne mais soft ne me choque plus, un opéra, qu'il soit de Mozart ou d'un autre, DOIT être donné tel qu'il a été écrit par le compositeur.

Je pense qu'on ne s'est pas compris. J'ai dit que de mon oreille novice dans Titus, ces tripatouillages ne m'ont pas gêné et n'ont pas dénaturé l'opéra selon moi.
Mais à l'inverse, ça aurait été sur un opéra que je connaissais a priori, ça m'aurait surement gêné/surpris et j'aurais pu "analyser" ce que ces changements auraient apporté ou non à l'expérience. Après, sur des rajouts par rapport à ce qui a été écrit par un compositeur, je comprends ta remarque mais je ne suis pas complètement opposé à toute expérience tant que ça reste audible et au moins logique. Dans le fond agrémenter la basse continue d'une guitare baroque + luth/théorbe (?), n'est-ce pas aussi un tripatouillage anachronique alors que pour le coup ça a ajouté un vrai plus à l'expérience ?
Mais là je ne peux rien dire de plus à part que ça m'a plutôt plu et surtout que ça ne m'a aucunement dérangé (à part à la fin).

Oui, tout à fait, les théorbes ne sont plus joués depuis les années 1750, et pareil pour la guitare (qui continue sous une forme similaire, mais pas dans les orchestres). Mais c'était très chouette !

L'instrument lui-même était un archiluth : on entendait les aigus, alors que le théorbe à un accord rentrant, les cordes en bas ne sont pas les plus aiguës, et tout reste très médium.
Visuellement, mais c'est purement décoratif donc pas du tout une preuve, le théorbe a souvent trois ouvertures et l'archiluth une comme le luth.