Tout ce que Berlioz avait d'important à dire sur la musique se trouve déjà dans ses différents écrits: Les Mémoires, Les Grotesques de la Musique, Les Soirées de l'Orchestre et à Travers Chants. Ceux-ci contiennent, parfois d'ailleurs à peine modifiées, des lettres entières tirées de sa correspondance, notament les voyages en Allemagne, en Angleterre et en Italie.
La Correspondance (environ 4000 lettres en 9 volumes) apporte des précisions au sujet de tout ça, quelques information sur la genèse de ses œuvres mais surtout une description assez précise du contexte famillial et social dans lequel vécut Berlioz; les relations difficiles avec ses parents, dès lors qu'il avait abandonné ses études de médecine et qu'il persistait à poursuivre la musique; les difficultés à se faire une place dans le monde musical qui était le sien à cause de son côté provocateur et sûr de lui; les relations tantôt tendues, tantôt passionnées avec son fils… sa méfiance extrême dans la seconde moitié de sa vie envers tout ceux qui veulent monter sa musique, son refus souvent catégorique qu'ils le fassent; sa lassitude du métier de critique…
La fin est un peu moins connue évidemment: son second voyage en Russie (et en hiver) à l'aube de sa vie, invité à aller diriger une dizaine de concerts dont il est libre de choisir les programmes, à Saint-Pétersbourg et à Moscou; le réconfort qu'il trouve auprès d'Estelle Fornier, amour de jeunesse qu'il retrouve à la fin de sa vie alors qu'ils sont tous deux veufs.
Sinon la genèse des Troyens et de Béatrice est assez intéressante à suivre: la lettre qu'il écrit à Liszt en se plaignant du comportement de Saint-Saêns, accompagnateur au piano, qui fait des jeux de mots sur ses vers durant les répétitions des Troyens…
La lettre très intéressante de Wagner en réponse a une critique plutôt virulente de Berlioz suite à sa série de concerts Parisiens où il se défend d'être le porte étendard de la musique de l'avenir et expose les conclusions qui l'ont amené à orienter ses drames vers l'œuvre d'art total. Je pense que malgré la constante bienveillance et le respect de Wagner à l'égard de Berlioz, Berlioz lui-même, tout en respectant l'homme n'a jamais apprécié sa musique. Il s'agaçait de l'emploi systématique du trémolo dans le Vaisseau fantôme, s'est félicité avec éclat de la chute de Tannhäuser à Paris, trouvait que le chœur nuptial de Lohengrin "qu'on est consterné de trouver là" aurait pu être composé par un enfant, se plaignait de l'abus des dissonances (à Pauline Viardot en 1860: "Voici vos partitions de Wagner; je vous remercie. J'ai peur que les septièmes diminuées qu'elles contiennent ne s'échappent et ne rongent mes meubles. Prenez garde aux vôtres"). Il y a aussi beaucoup d'échanges avec Liszt, de plaintes liées à ses problèmes de santé récurrents, etc, etc.
Sinon, en dehors de la Correspondance, il y a un petit livre "amusant" intitulé "Clémentine, la petite fille secrète d'Hector Berlioz". Livre qui fait le bilan de recherches concernant une descendance de Berlioz, via son fils Louis, capitaine au long cours, décédé de la fièvre jaune à la Havanne en 1867 à l'âge d'une trentaine d'année. Ce fils aurait eu une fille, Clémentine,… cela est même avéré, avec une repasseuse originaire du Havre. Berlioz ne voulait pas entendre parler de cette union indigne et a fait le forcing pour que Louis ne reconnaisse jamais cet enfant, ce que lui non plus n'a jamais fait même après la mort de Louis.
Et bien, cette fille, seule descendance de Berlioz, a vécu à Marseille jusqu'à la deuxième guerre mondiale. On le sait via mention de son nom dans des registres concernant les tickets de rationnement. Mais on ne retrouve plus son nom dans les recensements d'après-guerre. On pense donc qu'elle serait peut-être morte "anonymement" sous les bombardements à l'âge d'environ 80 ans dans un quartier pauvre de Marseille.
Voilà pour le people.