Votre dernier film visionné

Tu ne mets pas les dates pour piéger tes contradicteurs et c'est eux qui sont de mauvaise foi! Heureusement que luisa n'est pas là...

Mais c'est vrai, je viens de me rappeler que Hollywood passe des ténèbres à la lumière (pour reprendre la formule d'une de tes idoles) avec le Summer of Love et non avec 68.

Bon le problème c'est que j'ai aussi dit du bien de Winchester 73 qui date de … 51

Benedictus a écrit:

Emeryck a écrit:

Brian de Palma : Dressed to kill        1980

Spoiler:

C'est le deuxième film de de Palma que je vois - après Phantom of the paradise. J'ai eu l'impression de me trouver à l'intersection entre un film de Hitchcock (évidemment, les références assez littérales à Psycho) et un film de Buñuel (ce personnage qui est pur désir, cela m'a fait penser à Simon del desierto ou même Belle de jour par certains aspects). J'ai trouvé qu'il y avait des scènes vraiment remarquables - la scène de lente poursuite dans le musée, surtout ; certaines scènes faisant intervenir le rasoir sont également plaisantes, d'autant plus que le reflet occupe une place de choix dans ce film.

Ah oui, vraiment un excellent film. Il faut aussi que tu voies Obsession - encore plus hitchcockien (versant Vertigo cette fois), et peut-être encore plus maniériste ou baroque - mon de Palma préféré (mais juste avant Dressed to Kill.)

Merci, je vais me procurer ça. J'ai vraiment énormément aimé tout ce que j'ai vu de de Palma pour l'instant.

Jacques Audiard : De rouille et d'os        2012


J'ai assez aimé, globalement ; on retrouve toujours cet aspect social cher à Audiard. J'ai toutefois trouvé que le film était moins rugueux que ce qu'il a pu faire auparavant - et certains sujets sont lancés mais malheureusement très peu développés. Il y a cependant des scènes qui fonctionnent très bien - je pense notamment à la scène de fin.

Wind River (2017) de Taylor Sheridan
avec Elizabeth Olsen, Jeremy Renner

Très bon polar

Guerre et paix - Vidor - 1956.

Jamais pu finir le roman, hier soit j'ai résisté jusqu'au bout pour ingurgiter ce plat trop copieux et insipide…

Le film est présenté comme une production hollywoodienne, il l'est par le réalisateurs et les premiers rôles - mais la totalité de l'équipe technique et artistique, ainsi que les producteurs sont italiens - ainsi un des Q G de Koutouzov, c'est le Palais des Stupiniggi à Turin.

Si Hepburn excelle dans la comédie, son jeu est bien morne dans le drame, et Henry Fonda est un Bezoukhov jamais crédible.

Reste un somptueux livre d'images : les moyens déployés sont colossaux : avant le numérique si on voulait filmer une armée, il fallait déployer les milliers de figurants requis… à cette aune, le passage de la Bérézina est une scène d'anthologie !


Belcore

Les 10 plus mauvais films que j'ai vus en 2018 :

1. Claire Denis : High life        2018
   
2. Jean-Luc Godard/Jean-Pierre Gorin : Vent d'est        1970
   
3. Gaspar Noé : Climax        2018
   
4. Elias E. Merhige : Begotten        1991
   
5. Godfrey Ho : Diamond ninja force        1985
   
6. Corin Hardy : The nun        2018
   
7. Philippe Grandrieux : Sombre        1999
   
8. Michael Haneke : Le temps du loup        2003
   
9. Naomi Kawase : Vision        2018
   
10. Jean-Luc Godard : Adieu au langage        2014
    

Les trois derniers sont moins mauvais que les autres mais ils restent tout de même mauvais.

Les 10 meilleurs films de 2018 que j'ai vus :

1. Lukas Dhont : Girl        2018
   
2. Hirokazu Kore-eda : Une affaire de famille        2018
   
3. Kirill Serebrennikov : Leto        2018
   
4. Alice Rohrwacher : Lazzaro felice        2018
   
5. Gustav Möller : The guilty        2018
   
6. Pawel Pawlikowski : Cold war        2018
   
7. Chang-dong Lee : Burning        2018
   
8. Nora Twomey : The breadwinner        2018
   
9. Lars von Trier : The house that Jack built        2018
   
10. Andréa Bescond & Éric Métayer : Les chatouilles        2018
    

23 décembre : Les animaux fantastiques, Les crimes de Grindelwald. Les évènements des années 1920 expliquent plus ou moins ce qui se passera 70 ans plus tard.

30 décembre : Le retour de Mary Poppins. Le film est gentillet mais ne fait pas oublier celui de 1964. Pour le fun Angela Lansbury (Jessica Fletcher dans arabesque) fait une courte apparition ainsi que Dick Van Dike en Mr Dawes Jr qui arrive au tout dernier moment pour sauver la maison de l'allée des cerisiers

Kenji Mizoguchi : L'élégie d'Osaka        1936

 (+)
C'est un bon Mizoguchi mais on n'est pas au niveau des Amants crucifiés ou des Contes de la lune vague après la pluie : j'ai eu l'impression que le film était un peu court. On retrouve toutefois des points-fixe classiques chez Mizoguchi : une attaque coriace de l'importance de la renommée - qui se poursuivra l'année suivante dans Le conte des chrysanthèmes tardifs - et j'ai eu l'impression de retrouver aussi une part des Amants crucifiés (l'aspect mélodramatique hyper intense en moins) avec cette relation (certes forcée) par-delà les strates sociales. Sinon, le plan final est quand même remarquable, et très étonnant pour Mizoguchi : un zoom sur le visage de l'héroïne qui aboutit à un plan très serré de son visage.

Impossible de le trouver avec sous-titres en français... donc version espagnole. J'espère que les banc titres sont en anglais.
Oriente (where east is east) film que j'avais découvert grâce à Patrick Brion.

Billy Wilder : Some like it hot        1959


Assurément un très très grand Wilder. La coexistence entre le film noir et la comédie fonctionne très bien ; j'ai vraiment eu l'impression de trios mutés et interférant dont Sugar est l'intersection : Daphné-Sugar-Josephine, Josephine-Sugar-le businessman avec ses coquillages, Josephine-Sugar-Le vieux propriétaire du yacht. Le premier trio (amical) est très net - et induit d'ailleurs un autre trio entre le contrebassiste, le saxophoniste et Sugar - alors que le second est plutôt spectral en raison des liens entre le businessman et Josephine et le troisième est encore plus indirect puisque si le lien entre Sugar et Josephine est clair, le lien entre le propriétaire du yacht et Sugar se fait (indirectement) par le businessman et les biens du propriétaire du yacht. 
Enfin, il y a vraiment une construction que je trouve hallucinante et jouissive ; et puis évidemment, les travestissements mènent à des quiproquos très drôles et insufflent vraiment une bonne dynamique au récit qui est également ponctué par des motifs humoristiques. Ça me fait un peu penser à Design for living de Lubitsch avec des liens multiples entre les personnages.

Le jour d'après - Emerich - 2004

Film catastrophe intéressant à revoir malgré certains dérapages habituels : les héros redresseurs de tort, un peu tête à claques...

Autrement la partie visuelle est jouissive, avec entre autres Manhattan ravagé par un tsunami, puis transformé en champ de glace..
Mais ce sont les messages implicites qui sont intéressants :
Le paradoxe climatique : le réchauffement entraine une brutale glaciation qui rend inhabitable une grande partie de l'hémisphère nord : c'est expliqué de manière plausible.
Pour sauver la partie de la population US pas encore morte de froid, les USA sont contraints de demander l'asile... au Mexique !!

Belcore

Federico Fellini : I Vitelloni        1953

 +
J'ai assez aimé, j'ai trouvé ça mieux et plus intéressant que Lo sceicco bianco ; Fellini reste toutefois sur ce style chaleureux et léger. J'ai trouvé que le film comportait quelques longueurs mais j'ai parfois bien ri. J'ai trouvé l'éclairage mutuel des deux parties intéressant : là où triomphe le statisme et le cloisonnement dans la première partie (famille qui ne bouge pas, Fausto doit rester dans son magasin de bibelots et sa famille le regarde à travers la fenêtre en se moquant de lui), triomphe la fuite dans la seconde partie (fuite de la compagne de Fausto puis fuite de Moraldo). La réminiscence ultra-subjective lors de la fuite finale de Moraldo est extrêmement belle avec ces lits qui s'éloignent comme s'ils étaient vraiment devant ce dernier, ça fonctionne très bien. Sinon, j'ai apprécié le fait que Fellini ne délaisse pas les personnages secondaires (Fausto retrouve la femme qu'il a croisée au cinéma et Moraldo retrouve le petit garçon à la gare). Sinon, la perspective autobiographique est assez évidente : le récit est d'ailleurs transposé dans la ville natale de Fellini.

As-tu regardé Il bidone dans les premiers Fellini ? Beaucoup plus sombre, il vaut le détour également .

Anaxagore a écrit:

As-tu regardé Il bidone dans les premiers Fellini ? Beaucoup plus sombre, il vaut le détour également .

Pas encore mais c'est prévu. 

Liang-ming Tsaï : Les rebelles du dieu néon        1992


Premier film de ce réalisateur et on trouve déjà des déambulations urbaines, des immersions dans des appartements un peu glauques, du mutismes et beaucoup de fantasmes. J'ai un peu moins apprécié celui-ci, je le trouve un peu moins évocateur : là où il y avait ce joli propos sur l'instantané, la mémoire et le temps dans Et là-bas, quelle heure est-il ? ou cet appartement dans lequel trois personnages vivent sans jamais se croiser ou une femme qui pleure doucement à la fin de Vive l'amour ; ici, l'intensité peine vraiment à décoller. On se laisse toutefois mouvoir par le film.

Costa-Gavras : Clair de femme



Coen : Fargo

 pour Fargo. Qu'est-ce que vaut le Costa-Gavras ?

Alfred Hitchcock : Spellbound        1945

 +
Esthétiquement, c'est remarquable. Je pense évidemment, en premier lieu, à la séquence de rêve dont Dali a dessiné les décors. Pour poursuivre dans cette lignée, le rasoir est évidemment une réminiscence du Chien andalou - le rasoir va d'ailleurs trancher un œil, dans la scène du rêve. J'ai beaucoup aimé la scène où le personnage de Peck tient le rasoir, et tout particulièrement ce plan à l'intérieur du verre de lait comme une vision altérée. Les quelques superpositions de plans sont elles aussi très parlantes : portes ouvertes ou barreaux de cellule de prison. L'histoire se tient bien mais je trouve que la fin de cette manière était un peu une porte de sortie facile - et pas très surprenante. Sinon, je n'ai pas su déceler si Hitchcock était sarcastique envers la psychanalyse ; je me dis que vu l'accent qui est mis dessus, il l'était ; mais vu l'époque, je ne sais pas trop, in fine. Pour résumer, j'ai beaucoup aimé.

Ah tiens, moi je ne le mets pas si haut, le côté psy est sympa mais quand même un peu lourdement appuyé.
Mais de toute façon j'ai prévu de le revoir bientôt.

Emeryck a écrit:

 pour Fargo.

Excellent effectivement. Comme quoi … "la vérité dépasse la fiction" … ce n'est pas un mythe !

Citation :

Qu'est-ce que vaut le Costa-Gavras ?

En fait c'est un bon film. Ton très particulier. Alors est-ce dû à Costa-Gavras ou au fait que ce soit une adaptation de Romain Gary ? Je ne sais pas (je ne l'ai pas lu). Rien à voir avec le reste de sa carrière. Au début un peu dérouté … puis progressivement ...

Xavier a écrit:

Ah tiens, moi je ne le mets pas si haut, le côté psy est sympa mais quand même un peu lourdement appuyé.
Mais de toute façon j'ai prévu de le revoir bientôt.

Oui, c'est ce que je disais au-dessus, mais l'aspect esthétique est quand même vraiment remarquable avec plusieurs trouvailles et puis l'histoire est tout de même bien ficelée malgré cette porte de sortie facile et cet aspect psychanalytique/psychologique omniprésent.

Cololi a écrit:

Emeryck a écrit:

 pour Fargo.

Excellent effectivement. Comme quoi … "la vérité dépasse la fiction" … ce n'est pas un mythe !

Citation :

Qu'est-ce que vaut le Costa-Gavras ?

En fait c'est un bon film. Ton très particulier. Alors est-ce dû à Costa-Gavras ou au fait que ce soit une adaptation de Romain Gary ? Je ne sais pas (je ne l'ai pas lu). Rien à voir avec le reste de sa carrière. Au début un peu dérouté … puis progressivement ...

D'accord, je ne connais de toute façon pas grand-chose de Costa-Gavras pour l'instant à part Z - le prochain prévu étant État de siège. Je vais regarder si je trouve celui-ci, cela dit.

https://www.franceinter.fr/emissions/le-grand-atelier/le-grand-atelier-06-janvier-2019

Honoré invité de Vincent Josse, à l'écoute en ce moment, pour ceux que cela intéresse. J'écoute connaissant deux de ses films dont "Plaire, aimer et courir vite" que j'ai beaucoup aimé ainsi que deux de ses mises en scène d'opéra. Je ne connais pas l'écrivain en revanche.

aurele a écrit:

https://www.franceinter.fr/emissions/le-grand-atelier/le-grand-atelier-06-janvier-2019

Honoré invité de Vincent Josse, à l'écoute en ce moment, pour ceux que cela intéresse. J'écoute connaissant deux de ses films dont "Plaire, aimer et courir vite" que j'ai beaucoup aimé ainsi que deux de ses mises en scène d'opéra. Je ne connais pas l'écrivain en revanche.

C'est vraiment bien Plaire, aimer et courir vite ? J'hésite à aller le voir durant le festival Télérama.

Sa vision des Malheurs de Sophie est très sympa. Je ne connais pas Plaire, aimer et courir vite par contre

Plaire, aimer et courir vite est un excellent film. Ne pas hésiter à aller le voir ! Ce n'est pas Vincent Lacoste que j'ai préféré dans le film néanmoins.

aurele a écrit:

Plaire, aimer et courir vite est un excellent film. Ne pas hésiter à aller le voir ! Ce n'est pas Vincent Lacoste que j'ai préféré dans le film néanmoins.

J'avais entendu du bien de Deladonchamps dans ce film. J'irai sans doute le voir, alors. 

Emeryck a écrit:

aurele a écrit:

Plaire, aimer et courir vite est un excellent film. Ne pas hésiter à aller le voir ! Ce n'est pas Vincent Lacoste que j'ai préféré dans le film néanmoins.

J'avais entendu du bien de Deladonchamps dans ce film. J'irai sans doute le voir, alors. 

Je ne suis pas vraiment un grand fan du cinéma d'Honoré, mais je dois dire que j'ai beaucoup aimé son dernier film ; le personnage de Deladonchamps s'appelle Tondelli en hommage à un écrivain italien que j'aime beaucoup, Pier Vittorio Tondelli, mort très jeune du sida (il y a quatre de ses livres traduits en français, dont l'excellent Pao Pao où il raconte de façon drôle et poétique son service militaire, et son dernier roman autobiographique et très fort, Chambres séparées ). Vincent Lacoste est super attachant et tout le film a la grâce...

Devant Le cinquième élément pour la millième fois. Ce film m'éclate toujours autant

Tout est bon pour écouter 5 minutes de Donizetti, hein?

Même pas deux minutes et très franchement, j'en suis fatiguée de Lucia. Même un Rossini rare comme Bianca et Faliero m'irait parfaitement

Fritz Lang : Beyond a reasonable doubt        1956


J'ai été un peu surpris par ce film. Le scénario se tient très bien et tout passe très vite, le film est d'une concision assez remarquable. 

Ça spoile là-dessous !:

Ah, oui, un de mes Lang préférés! Je ne connais pas de film dont le scénario soit à double fond de manière aussi retorse (et un double fond qui ne se révèle que dans la dernière minute - de sorte qu'aussitôt le film fini, l'impulsion est de le revoir pour tout reprendre depuis le début du point de vue de celui qui sait, au contraire par exemple de Vertigo.) En plus, Dana Andrews est idéalement ambigu - et puis la façon dont est filmé l'accident est assez magistrale, je trouve.

Benedictus a écrit:

Ah, oui, un de mes Lang préférés! Je ne connais pas de film dont le scénario soit à double fond de manière aussi retorse (et un double fond qui ne se révèle que dans la dernière minute - de sorte qu'aussitôt le film fini, l'impulsion est de le revoir pour tout reprendre depuis le début du point de vue de celui qui sait, au contraire par exemple de Vertigo.) En plus, Dana Andrews est idéalement ambigu - et puis la façon dont est filmé l'accident est assez magistrale, je trouve.

Il y a Witness for the prosecution de Wilder dans ce genre. Enfin, ce n'est peut-être pas aussi abrupt mais on n'est pas loin de ça.

Oui, mais la première fois que j'ai vu Witness for the Prosecution, j'avais en fait deviné en gros le plot twist dès le témoignage de Marlene Dietrich - alors que dans le Lang, ça a été une vraie surprise.

Benedictus a écrit:

Oui, mais la première fois que j'ai vu Witness for the Prosecution, j'avais en fait deviné en gros le plot twist dès le témoignage de Marlene Dietrich - alors que dans le Lang, ça a été une vraie surprise.

Oui, c'est vrai que c'est plus facilement devinable ; enfin, disons que Lang nous pousse un peu dans le sens opposé dans Beyond a reasonable doubt.

John Waters

"Serial mother"



Petit film jouissif à mi-chemin entre le teenager's movie et le film gore, avec une magnifique Kathleen Turner déchaînée dans le style brindezingue. Et sans armes à feu !!

Roman Polanski : Repulsion        1965

 + / 
J'ai beaucoup aimé. D'abord, la photographie noir et blanc est vraiment très belle ; et Deneuve joue un rôle, me semble-t-il, assez atypique comparé à celle qu'elle a pu jouer. J'ai aimé la façon dont Polanski figure la folie, comme un monde à part. Plus le film avance, et plus Carol sombre dans sa folie, plus le monde essaye de pénétrer cet espace - les fissures, omniprésentes, ou le conduit d'aération, les trous de lavabo/éviers* : sans cesse, les coups de téléphone, les visites ; Carol s'y oppose d'ailleurs de manière virulente puisqu'elle condamne sa porte. Le paroxysme sera évidemment atteint durant la visite du propriétaire durant laquelle le monde extérieur va aller jusqu'à épouser exactement l'espace de folie. C'est d'ailleurs un espace clos : le film commence et se termine dans l'oeil de Carol. 
La caméra et la mise-en-scène de Polanski traduisent de façon très parlante la folie : certains plans sont saturés (les plans dans l'ascenseur, notamment) avec l'utilisation de gros plans et de cadres serrés ; et il y a aussi un côté qui me rappelle beaucoup Beckett pour cette crasse un peu étrange et aliénante (le lapin cru laissé à l'air libre, morceaux de sucre laissés par terre) et le personnage de Carol se cloître dans son espace de folie (les tentatives finales de retour au travail sont peu probantes) comme Malone reste cloîtré dans son lit.
J'ai apprécié que Polanski ne traite pas la folie de manière hystérique : ici, la folie est silencieuse (c'est d'ailleurs souvent le monde réel qui fait le plus de bruit - sonnette, téléphone, bruitages divers)... et même dans les moments culminants (la première scène de viol, par exemple), c'est le silence total : la caméra est par contre très parlante avec des cadres très variés. Les cris surgiront bien quelques fois, mais souvent après les moments culminants et, je crois, jamais de la part de Carol.

*Ça m'a beaucoup rappelé le processus de devenir-chair qu'évoque Deleuze dans Francis Bacon : Logique de la sensation mais de manière inversée : ce n'est plus le personnage qui fuit de son espace (l'espace de la toile chez Bacon) mais c'est précisément l'espace extérieur qui s'engouffre dans l'espace du personnage - espace de folie, ici.

Oui c'est un trés grand film! un des meilleurs de Polanski!

Parsifal a écrit:

Oui c'est un trés grand film! un des meilleurs de Polanski!

Oui, et j'aime beaucoup Cul-de-sac aussi.

Parsifal a écrit:

Oui c'est un trés grand film! un des meilleurs de Polanski!

Je ne connais quasiment rien de Polanski (à part Le pianiste, évidemment ; et puis Che ? que j'avais vu par curiosité à la cinémathèque et que j'avais trouvé assez moyen). J'avais entendu du bien de Cul-de-sac et du Locataire, par ailleurs.

Répulsion, Cul de sac, Rosemary's baby, Le Locataire, Le Pianiste, Tess, Chinatown, Macbeth, sont soit des chef d’œuvres soit des réussites majeures!

J'aime beaucoup ses comédies Le Bal des Vampires et Pirates, mais je pense qu'elles ont un côté "acquired taste".
J'aime bien La jeune fille et la mort et La Venus a la fourrure, Ghost Writer, mais on est pas au même niveau que le reste. Oliver Twist est sympa mais guère plus et ça ne peut que décevoir quand on a en tête les visions gothiques et puissamment expressives de David Lean.

Parsifal a écrit:

Oliver Twist est sympa mais guère plus et ça ne peut que décevoir quand on a en tête les visions gothiques et puissamment expressives de David Lean.

Lui : magnétique, entêtant !

Oui un très grand film, que je me demande même si je ne le trouve pas meilleurs que le roman d'origine (et j'adore Dickens) qui aussi magistrale soit-il reste un mélodrame relativement conformiste, Lean ne change pas vraiment ça mais la puissance visuelle du film transcende toutes les limites de l'histoire. Le contraire de son adaptation des Grandes Espérances a mon avis, un film tout a fait estimable et réussit mais qui ne fait jamais oublié le chef d’œuvre qui l'a inspiré.

Ryusuke Hamaguchi : Asako I & II        2018

 +
J'ai beaucoup aimé, mais ce n'est pas très "solide" - c'est plus de l'ordre du coup de cœur, cela dit ; en moins intense, cependant. Ce film est assez curieux : ça tire assez sur le patchwork un peu assimilé mais pas complètement. Parfois, on sent Hong Sang-soo, parfois Mizoguchi - toutes proportions gardées. Le film garde une sérénité constante (aussi tendus les liens entre les personnages soient-ils ; la fin est exemplaire sur cet aspect) ; le propos est intéressant, sans être véritablement renversant (j'ai toutefois aimé le traitement un peu allégorique du personnage de Baku) ; cependant, le propos est un peu mené de façon maladroite parfois ; à un tel point que la fin devient complètement invraisemblable. Malgré ces problèmes, le récit a quelques fulgurances - en terme de dialogue, notamment : des élans raciniens de Baku ("On voit la mer derrière... je ne vois rien" ; je ne sais pas si c'est très racinien, en fait), et des phrases suspendues - notamment le dialogue de fin :
"-La rivière est sale, ici.
-C'est beau." (les liens sont normalement très tendus entre ces deux personnages, mais le discours se fait dans une sérénité incroyable.)

Emeryck a écrit:

"On voit la mer derrière... je ne vois rien"
"-La rivière est sale, ici.
-C'est beau."

Je trouve ça plus durassien que racinien, personnellement.
(Attention, je ne suis pas Parsifal, hein: pour moi «durassien» n'est pas une insulte - au pire c'est une moquerie pas méchante et dans certain cas, ça peut même être un compliment.)

Oui ça fait un peu durassien c'est vrai, mais ce qui est pénible chez Duras c'est le côté itératif qui fait du surplace (c'est un peu du philip glass littéraire en fait ) là ça ressemble plus à un genre de pseudo Haiku.

Je suis tenté d’aller voir ce film, j'avais beaucoup aimé les deux premiers volets de Senses (malheureusement je n'avais pas trouvé le temps d'aller voir la suite) le précédent film du réalisateur.

Benedictus a écrit:

Emeryck a écrit:

"On voit la mer derrière... je ne vois rien"
"-La rivière est sale, ici.
-C'est beau."

Je trouve ça plus durassien que racinien, personnellement.
(Attention, je ne suis pas Parsifal, hein: pour moi «durassien» n'est pas une insulte - au pire c'est une moquerie pas méchante et dans certain cas, ça peut même être un compliment.)

Je faisais plutôt référence au premier. Ça me faisait penser un peu à l'épisode de folie d'Oreste (de très loin, hein, c'est à prendre avec de grosses pince(tte)s.   )

Parsifal a écrit:

Oui ça fait un peu durassien c'est vrai, mais ce qui est pénible c'est surtout la répétition et le surplace, là ça fait plus un genre de pseudo Haiku.

Je suis tenté d’aller voir ce film, j'avais beaucoup aimé les deux premiers volets de Senses (malheureusement je n'avais pas trouvé le temps d'aller voir la suite) le précédent film du réalisateur.

Oui, je suis d'accord.

Je ne sais pas si je le conseillerais, honnêtement. Je n'ai pas pu voir Senses, j'aurais beaucoup aimé.