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 Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février

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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyMar 29 Jan 2019 - 14:24

HELENE ADAM a écrit:
Je ne suis pas du tout "anti-Tcherniakov" et parfois, en effet, ses propositions marchent très bien (Iolanta/Casse noisette ou Eugène Onéguine à Garnier) sur le plan dramatique. Mais là, si cela n'a pas marché pour moi (l'absence d'émotion en allant voir un opéra de ce type est en soi dramatique ...), c'est qu'il a voulu ironiser (et adopter une distanciation presque ludique) à partir d'une oeuvre qui supporte mal de ne pas avoir un souffle épique dans l'image représentée sur scène (même si c'est transposé, même si c'est juste une image) pour que tout coïncide avec livret et musique.
J'avais détesté la mise en scène d'Hermanis pour la Damnation à Paris Bastille mais au moins ce dernier avait-il recherché ce souffle épique à travers l'aventure spatiale d'une humanité en perdition.
Berlioz dans des jeux de rôles très primaires, ça colle vraiment pas...

Tu sais, j'ai honteusement adoré son Don Giovanni d'Aix et plutôt aimé sa Carmen. Donc j'attends de voir...

Hermanis, j'ai fait l'impasse directement hehe

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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyMar 29 Jan 2019 - 21:13

HELENE ADAM a écrit:
Personnellement j'ai été très déçue hier soir (28) à la Bastille.

Quelques éléments de mon analyse :
J'ai trouvé cette nouvelle production si terne de tous les points de vue qu’elle ne suscite (presque) jamais ni émotion ni plaisir.
Et c’est bien là que le bât blesse…

https://passionoperaheleneadam.blogspot.com/2019/01/les-troyens-hector-berlioz-onp-bastille.html

Malheureusement, si j'en crois Res Musica, des coupures ont été pratiquées. Mais, comment est-ce possible?
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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyMar 29 Jan 2019 - 21:50

charles.ogier a écrit:
comment est-ce possible?

En général, les chefs de pupitre rayent les parties au crayon sur le matériel d'orchestre – quand ce n'est pas le matériel d'orchestre qui est directement coupé par l'éditeur.

De rien.
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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyMar 29 Jan 2019 - 21:52

Il est régulier de couper du Meyerbeer, du Halévy, du Gounod ou du Massenet... Pourquoi ne pas couper du Berlioz?

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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyMar 29 Jan 2019 - 22:09

Il faudrait couper davantage tous leurs opéras Mr. Green

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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyMar 29 Jan 2019 - 22:20

Cololi a écrit:
Il faudrait couper davantage tous leurs opéras Mr. Green

carton rouge Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 3283611559

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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyMer 30 Jan 2019 - 18:14

DavidLeMarrec a écrit:
charles.ogier a écrit:
comment est-ce possible?

En général, les chefs de pupitre rayent les parties au crayon sur le matériel d'orchestre – quand ce n'est pas le matériel d'orchestre qui est directement coupé par l'éditeur.

De rien.

quand ce n'est pas le matériel d'orchestre qui est directement coupé par l'éditeur.
Solution plus propre.

Polyeucte a écrit:
Il est régulier de couper du Meyerbeer, du Halévy, du Gounod ou du Massenet... Pourquoi ne pas couper du Berlioz?

Et pourquoi donc couper aussi ces compositeurs ? aucune raison. L'auditeur n'est plus à même d'apprécier l'oeuvre.
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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyMer 30 Jan 2019 - 18:16

charles.ogier a écrit:
Polyeucte a écrit:
Il est régulier de couper du Meyerbeer, du Halévy, du Gounod ou du Massenet... Pourquoi ne pas couper du Berlioz?

Et pourquoi donc couper aussi ces compositeurs ? aucune raison. L'auditeur n'est plus à même d'apprécier l'oeuvre.

Bien sûr! Mais là j'en vois hurler parce qu'on ose couper Berlioz (comme quand on coupe Wagner!) alors que bon, les autres on s'en fiche!
Je suis bien sûr pour qu'on joue tout ça en entier.

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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyVen 1 Fév 2019 - 11:31

Ceux(celles) qui ont regardé la retransmission d'hier soir sur ARTE ont ils survécu ?
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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyVen 1 Fév 2019 - 11:42

Moi j'ai en partie survécu en salle...

La Prise de Troye fonctionnait très bien avec ces psychologies creusées pour montrer des motivations fortes.
La suite s'est un peu cassé la figure aux actes III et IV... et le V qui marche un peu mieux (plus dramatique).

Faut dire qu'on est pas non plus aidé par la direction sans imagination et sans vie de Jordan (le duo "Nuit d'ivresse"!!! On avait hâte que ça se termine!) et une Shemenshuk vraiment sur la retenue ses deux premiers actes... avant de vraiment donner sur le V. Mais bon, ça reste machonné et terne je trouve.

Enée superbe (quelques tensions, mais bon!), D'Oustrac passionnante, Extremo qui aurait mérité de chanter Didon, Degout parfait...

Au rang des énervements :
- pourquoi donner à Gens Hécube... Elle ne chante que dans l'octuor... et pousse deux cris! Scéniquement très présente, elle est quand même affreusement mal employée.
- pourquoi ne pas avoir trouvé une mezzo française pour Didon? Crebassa, Deshayes, Brunet... et surement d'autres étaient possibles!
- pourquoi ces coupures?
- et cet espèce de jeux de rôles morbides autour de Didon... Tcherniakov aurait dû faire plus simple! ça aurait été beaucoup plus clair, comme la première partie qui était vraiment forte et bien réalisée.

Bref... déçu de cette production...

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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyVen 1 Fév 2019 - 11:57

luisa miller a écrit:
Ceux(celles) qui ont regardé la retransmission d'hier soir sur ARTE ont ils survécu ?

J'essaie de me remettre et j'en dirai quelques mots quand le choc sera un peu passé... affraid


Dernière édition par Stefano P le Ven 1 Fév 2019 - 20:50, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyVen 1 Fév 2019 - 12:31

Polyeucte a écrit:
Moi j'ai en partie survécu en salle...

La Prise de Troye fonctionnait très bien avec ces psychologies creusées pour montrer des motivations fortes.
La suite s'est un peu cassé la figure aux actes III et IV... et le V qui marche un peu mieux (plus dramatique).

Faut dire qu'on est pas non plus aidé par la direction sans imagination et sans vie de Jordan (le duo "Nuit d'ivresse"!!! On avait hâte que ça se termine!) et une Shemenshuk vraiment sur la retenue ses deux premiers actes... avant de vraiment donner sur le V. Mais bon, ça reste machonné et terne je trouve.

Enée superbe (quelques tensions, mais bon!), D'Oustrac passionnante, Extremo qui aurait mérité de chanter Didon, Degout parfait...

Au rang des énervements :
- pourquoi donner à Gens Hécube ... Elle ne chante que dans l'octuor... et pousse deux cris! Scéniquement très présente, elle est quand même affreusement mal employée.
- pourquoi ne pas avoir trouvé une mezzo française pour Didon? Crebassa, Deshayes, Brunet... et surement d'autres étaient possibles!
- pourquoi ces coupures?
- et cet espèce de jeux de rôles morbides autour de Didon... Tcherniakov aurait dû faire plus simple! ça aurait été beaucoup plus clair, comme la première partie qui était vraiment forte et bien réalisée.

Bref... déçu de cette production...

Mais ça, je l'ai toujours dit Poly; Didon ou Cassandre lui auraient tellement mieux convenu.

Sinon, tout le reste ne fait que confirmer :

- que Tcherniakov est l'un des pires metteurs en scène actuels qui travaille sur des livrets qu'il s'arroge le droit de réécrire s'il ne correspond pas à l'idée qu'il se fait de l'oeuvre qu'il doit mettre en scène.

- que l'Opéra de Paris a une fois de plus délibérément ignoré l'important vivier d'artistes qu'il y a en France ou qu'il les a honteusement sous distribué

- que Jordan et Tcherniakov ont honteusement joué du ciseau sur une oeuvre qui a été malmenée, voire même mal-aimée dès le début. Je rappelle que Berlioz n'a JAMAIS vu Les Troyens monté dans leur intégralité.
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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyVen 1 Fév 2019 - 16:03

Je n'ai vu qu'à la télé et tout ça m'a semblé assez consternant. Pour La Crise de Troie (ou la Prise peut-être, on ne sait plus trop...), on ne voit pas l'intérêt de tourner le dos à la mythologie si c'est pour la remplacer par cette bouillie psychologisante ridicule : Cassandre a été sexuellement agressée par Priam et la malheureuse en est restée évidemment traumatisée ; c'est tellement bête que ça me rappelle le film Jeanne d'Arc de Luc Besson où toute la geste de Jeanne était expliquée par le fait que dans son enfance elle a assisté au viol de sa mère par des soldats anglais, et par la suite elle a voulu se venger de la perfide Albion... Enée est ici un traître, il s'est mis du côté des Grecs pour faire tomber Troie, ce que son épouse ne lui pardonne pas, comme on pourra le lire dans une lettre projetée à la fin de la première partie, et dont on ne sait pas s'il faut en rire ou en pleurer tant elle est stupide ! Je lis ici et là que Tcherniakov a tout de même une qualité qu'on ne peut lui dénier, celle de diriger parfaitement les chanteurs : pour donner une idée de cette extraordinaire direction, je citerai le passage où Cassandre claque la bise à Chorèbe juste au moment où elle chante "Voilà ma main et mon chaste baiser d'épouse...", ou à la fin de ce duo, le frère de Cassandre, Hélénus, qui salue sa sœur en l'applaudissant et en levant le pouce. Citons aussi la gestuelle d'Enée, qui hésite entre les bras croisés ou les mains dans les poches, trouvaille dramatique de haut niveau, on en conviendra ! Rajoutons aussi la cigarette qu'allume Cassandre après son air "Non, je ne verrai pas la déplorable fête", prémonition géniale de sa fin prochaine en torche vivante... Et pour l'animation des foules, c'est aussi très limité avec les Troyens en rangs d'oignons qui agitent leurs ballons colorés et leurs petits drapeaux !

Le pompon, c'est quand même la deuxième partie, Les Bronzés à Carnage (ou peut-être Les Troyens à Carthage, il faudrait vérifier), où l'on est dans le prosaïsme systématique, avec une distance complète par rapport à ce qui nous est raconté ; c'est l'habituel jeu de rôles tcherniakovien, déjà déplacé chez Bizet, mais meurtrier pour Berlioz qui se nourrit de la force épique et de la poésie de Virgile et se retrouve ici dans une sorte de mascarade vaudevillesque qui est l'antithèse de cette musique sublime qui ne connait pas le second degré ricaneur propre à notre époque désacralisante. Le mépris du livret rejoint d'ailleurs ici celui de la partition, et c'est un festival de coupures : tous les ballets et entrées, mais aussi dans les chœurs et les airs : suppression de la cavatine d'Anna, simplement reprise en duo avec Narbal, coupure du chant d'Hylas, complètement dépoétisé par une interprétation (et une direction d'orchestre) désinvolte et mécanique. Dans la foulée, suppression de la scène de Panthée et des chefs troyens et du duo des sentinelles ; bref un vrai carnage ! Il est vrai que ce qui est conservé est la plupart du temps massacré par le chef et le metteur en scène, comme le duo d'amour merveilleux qui termine l'Acte IV, et dont on n'a ici qu'une hâte tant il est maltraité : qu'il se termine le plus vite possible !

L'oeuvre étant complètement dévitalisée, les chanteurs font ce qu'ils peuvent pour exister encore : Semenchuk sort la voix d'Amnéris pour camper sa reine neurasthénique, avec sa couronne de carton doré et sa cape en papier crépon (on comprend que Garança se soit fait porter pâle), et le pauvre Jovanovitch cherche désespérément une contenance pour donner corps et voix râpeuse à une sorte d'ectoplasme d'Enée. Tout ça est absurde et ridicule ; Berlioz s'en remettra, mais je plains les spectateurs qui vont découvrir cette oeuvre prodigieuse dans cette version-là... Je citerai juste pour finir une lettre de Berlioz écrite après la première des Troyens à Carthage en 1863 au Théâtre-Lyrique, où le duo des sentinelles avait aussi été sucré : "J'indique donc cette coupure en songeant au bonheur qu'éprouvent les directeurs, acteurs et chefs d'orchestre, pompiers, machinistes et lampistes, à insulter un auteur et à dégrader son oeuvre : je serais fâché de ne pas faciliter autant qu'il est en moi la satisfaction d'aussi nobles instincts."


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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyVen 1 Fév 2019 - 16:06

Je n'ai regardé que des bouts parce que je ne voulais pas tout déflorer avant d'aller voir ces Troyens en salle (le 12 février), mais suis-je donc le seul dans ce vaste monde à trouver l'esthétique d'ensemble de cette mise en scène (je ne parle que d'apparence, mode et déco) belle (ces bleus et ces jaunes I love you ça change des chiffons délavés et teintés au pétrole de McVicar !) ?


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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyVen 1 Fév 2019 - 16:09

Polyeucte a écrit:
La Prise de Troye

Une Aube nouvelle...
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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyVen 1 Fév 2019 - 16:26

Je ne suis pas vraiment d'accord...

Stefano P a écrit:
Je n'ai vu qu'à la télé et tout ça m'a semblé assez consternant. Pour La Crise de Troie (ou la Prise peut-être, on ne sait plus trop...), on ne voit pas l'intérêt de tourner le dos à la mythologie si c'est pour la remplacer par cette bouillie psychologisante ridicule : Cassandre a été sexuellement agressée par Priam et la malheureuse en est restée évidemment traumatisée ; c'est tellement bête que ça me rappelle le film Jeanne d'Arc de Luc Besson où toute la geste de Jeanne était expliquée par le fait que dans son enfance elle a assisté au viol de sa mère par des soldats anglais, et par la suite elle a voulu se venger de la perfide Albion...

Je pense que ça explique juste le fait qu'elle seule ne soit pas aux garde-à-vous devant son père, qu'elle se révolte ainsi. Là où les autres enfants sont bien rangés (au moins devant le paternel), elle n'a plus aucun respect.

Citation :
Enée est ici un traître, il s'est mis du côté des Grecs pour faire tomber Troie, ce que son épouse ne lui pardonne pas, comme on pourra le lire dans une lettre projetée à la fin de la première partie, et dont on ne sait pas s'il faut en rire et en pleurer tant elle est stupide !

Là encore, je trouve ça finalement plutôt finement présenté. Ce n'est pas un traitre complet... il est juste outré à ce moment de l'ouvrage que son Ascagne ne soit pas présenté en triomphe comme c'est le cas du fils d'Hector. Il se sent bafoué et donc veut se venger, espérant que faire rentrer les grecs permettra de finir la guerre et retrouver une place, si possible la plus haute cette fois (alors que là il n'est que le gendre du roi...).
Il en revient vite et ça nourrit en partie son état dans la deuxième partie!

Citation :
Je lis ici et là que Tcherniakov a tout de même une qualité qu'on ne peut lui dénier, celle de diriger parfaitement les chanteurs : pour donner une idée de cette extraordinaire direction, je citerai le passage où Cassandre claque la bise à Chorèbe juste au moment où elle chante "Voilà ma main et mon chaste baiser d'épouse...",

Tout y est ironique. Cassandre durant tout le premier acte a une volonté de choquer sa famille. Elle pressent le drame, mais étant donné que personne ne la croit, elle en joue presque. Et même face à Chorèbe, qu'elle repousse. La bise est une façon de se moquer de lui.

Citation :
ou à la fin de ce duo, le frère de Cassandre, Hélénus, qui salue sa sœur en l'applaudissant et en levant le pouce.

Là l'intérêt est moins grand... en effet

Citation :
Rajoutons aussi la cigarette qu'allume Cassandre après son air "Non, je ne verrai pas la déplorable fête", prémonition géniale de sa fin prochaine en torche vivante...

Rajoutons par contre la présence de sa soeur parmi les suicidées, cette présence obsédante du couple royal assassiné...

Citation :
Le pompon, c'est quand même la deuxième partie, Les Bronzés à Carnage (ou peut-être Les Troyens à Carthage, il faudrait vérifier), où l'on est dans le prosaïsme systématique, avec une distance complète par rapport à ce qui nous est raconté ; c'est l'habituel jeu de rôles tcherniakovien, déjà déplacé chez Bizet, mais meurtrier pour Berlioz qui se nourrit de la grandeur et de la poésie de Virgile et se retrouve ici dans une sorte de mascarade vaudevillesque qui est l'antithèse de cette musique sublime qui ne connait pas le second degré ricaneur propre à  notre époque désacralisante. Le mépris du livret rejoint d'ailleurs ici celui de la partition, et c'est un festival de coupures : tous les ballets et entrées, mais aussi dans les chœurs et les airs : suppression de la cavatine d'Anna, simplement reprise en duo avec Narbal, coupure du chant d'Hylas, complètement dépoétisé par une interprétation (et une direction d'orchestre) désinvolte et mécanique. Dans la foulée, suppression de la scène de Panthée et des chefs troyens et du duo des sentinelles ; bref un vrai carnage ! Il est vrai que ce qui est conservé est la plupart du temps massacré par le chef et le metteur en scène, comme le duo d'amour merveilleux qui termine l'Acte IV, et dont on a ici qu'une hâte tant il est maltraité : qu'il se termine le plus vite possible !

Là je suis assez d'accord par contre...

Citation :
L'oeuvre étant complètement dévitalisée, les chanteurs font ce qu'ils peuvent pour exister encore : Semenchuk sort la voix d'Amnéris pour camper sa reine neurasthénique, avec sa couronne de carton doré et sa cape en papier crépon (on comprend que Garança se soit fait porter pâle)

Enfin elle la sort dans le dernier acte. Avant, c'est pas vraiment glorieux ce qu'elle fait je trouve...

Citation :
et le pauvre Jovanovitch cherche désespérément une contenance pour donner corps et voix râpeuse à une sorte d'ectoplasme d'Enée.

J'ai trouvé sa prestation tout à fait correcte. Un peu bourrine par moments, mais finalement plutôt soignée.

Citation :
Tout ça est absurde et ridicule ; Berlioz s'en remettra, mais je plains les spectateurs qui vont découvrir cette oeuvre prodigieuse dans cette version-là... Je citerai juste pour finir une lettre de Berlioz écrite après la première des Troyens à Carthage en 1863 au Théâtre-Lyrique, où le duo des sentinelles avait aussi été sucré : "J'indique donc cette coupure en songeant au bonheur qu'éprouvent les directeurs, acteurs et chefs d'orchestre, pompiers, machinistes et lampistes, à insulter un auteur et à dégrader son oeuvre : je serais fâché de ne pas faciliter autant qu'il est en moi la satisfaction d'aussi nobles instincts."

ça c'est sûr... quand on ne connait pas l'ouvrage, entre la mise en scène et l'orchestre, ça fait mal!

Tout ça pour dire que si j'essaye de défendre la première partie, la seconde c'est difficile...
Et même dans la première certaines choses m'embêtent un peu, mais globalement, le discours créé est plutôt en accord avec ce qu'on voit et ce qu'on entend... Il faut juste accepter la sur-interprétation de Tcherniakov.

Adalbéron a écrit:
Je n'ai regardé que des bouts parce que je ne voulais pas tout déflorer avant d'aller voir ces Troyens en salle (le 12 février), mais suis-je donc le seul dans ce vaste monde à trouver l'esthétique d'ensemble de cette mise en scène (je ne parle que d'apparence, mode et déco) belle (ces bleus et ces jaunes I love you ça change des chiffons délavés et teintés au pétrole de McVicar !) ?

Oui, c'est pas laid... pour la première partie! Mr.Red

Adalbéron a écrit:
Polyeucte a écrit:
La Prise de Troye

Une Aube nouvelle...

Oups!! Embarassed

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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyVen 1 Fév 2019 - 16:52

Polyeucte a écrit:
Là encore, je trouve ça finalement plutôt finement présenté. Ce n'est pas un traître complet... il est juste outré à ce moment de l'ouvrage que son Ascagne ne soit pas présenté en triomphe comme c'est le cas du fils d'Hector. Il se sent bafoué et donc veut se venger, espérant que faire rentrer les grecs permettra de finir la guerre et retrouver une place, si possible la plus haute cette fois (alors que là il n'est que le gendre du roi...).
Il en revient vite et ça nourrit en partie son état dans la deuxième partie!

Si Enée (qui n'a jamais été le gendre de Priam) est un traître et un opportuniste, toute cette histoire n'a plus aucun sens ; par exemple, comment expliquer que la prophétesse Cassandre ignore tout de cette trahison et s'exclame au moment de mourir : "Sauve nos fils, Enée !" ?

D'autre part, si Cassandre hait son père Priam, comment expliquer qu'elle soit si heureuse de le rejoindre dans la mort : "Chorèbe ! Hector ! Priam ! père ! frère ! amant ! Je vous rejoins !" Mais bon, je reconnais que prêter attention à ce que Berlioz a écrit, c'est très ringard !  Wink
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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyVen 1 Fév 2019 - 17:00

C'est surtout Tcherniakov qui est "ringard". C'est aussi un grand spécialiste es lettres de la trahison des oeuvres qu'il met en scène. Et au vu de tous les commentaires négatifs que j'ai lu, je ne regrette pas d'avoir passé mon tour tant en salle qu'à la télé.
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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyVen 1 Fév 2019 - 17:17

Je ne suis pas du tout spécialiste de l'oeuvre puisque je l'ai découverte en salle lundi 28, et j'avoue que mon intérêt a décru au fil de la soirée, sans pour autant passer un mauvais moment. La transposition fonctionne quand même bien, les jeux de rôle dans le centre de soins sont bien vus, mais je n'ai pas été très ému. Même Semenchuk ne m'a pas particulièrement marqué, moins que d'Oustrac que j'ai vraiment trouvé très bien !

Le reste du plateau est très bon (Dubois, Extremo, Jovanovitch), orchestre magnifique et la direction de Jordan m'a paru moins plate que pour Benvenuto Cellini.

Après le second entracte, incident dans la salle : voyant que le décor n'avait pas changé, une partie du public s'est mise à invectiver la mise en scène, l'autre partie réclamant le silence... Un beau brouhaha qui a duré 3 bonnes minutes avant que Jordan ne se retourne vers la salle, sa baguette surmontée d'un chiffon blanc, appelant à la trêve !
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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyVen 1 Fév 2019 - 17:30

Il a fait preuve d'humour le garçon hehe . Visiblement c'était un moment nécessaire
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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyVen 1 Fév 2019 - 23:51

Luisa, combien de messages dans ce sujet pour répéter à qui mieux mieux que Tcherniakov c'est nul, à propos d'un spectacle que tu n'as pas vu?

Je crois qu'on a tous compris depuis un moment.
Là ça devient du pur flood.
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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptySam 2 Fév 2019 - 0:04

Pourquoi? Parce que je ds que Jordan a eu la bonne idée d'avoir un peu d'humour face à des spectateurs grognons?
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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptySam 2 Fév 2019 - 0:07

Non je parle de tes 12 messages sur "Tcherniakov c'est nul", tu peux le dire une fois ou deux ça suffit, on a compris. Si tu n'as pas vu le spectacle, tu ne fais que répéter la même chose en boucle, je ne vais pas compiler tes messages dans ce sujet, je pense que tu peux t'en rendre compte par toi-même.
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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptySam 2 Fév 2019 - 13:17

J'y étais jeudi soir, précisant que pour des problèmes de train de retour, je suis partie après la première partie, et sachant que j'y retourne dimanche 3 février.
J'y allais avec quelque appréhension compte tenu des divers retours en presse, et ici même, et j'ai passé une très bonne soirée.
Je suis partie à regret.
Concernant la mise en scène, j'ai été captivée par ce que je voyais sur le plateau : les décors impressionnants de réalisme, esthétiquement le contraste entre les 2 espaces est très beau (pour les chanteurs la partie gauche n'aide pas, c'est certain), la direction des acteurs m'a semblé remarquable en particulier pour Stéphanie d'Oustrac, son interview avec les journalistes tv, cela m'a beaucoup interpellé, Cassandre en lanceuse d'alerte pour ainsi dire.
Les dépêches heure par heure sur le prompteur, j'ai aimé. En revanche, les vidéos sur l'état intérieur des personnages (comme Warlikowski dans Don Carlos), cela me paraît être un peu un déficit de mise en scène, un manque d'inspiration.
L'allusion, certes légère, à l'inceste vécu par Cassandre me semble inutile, et pas du tout pertinent, dommage.
Le contraste entre la personnalité de Cassandre et cette famille royale figée m'a beaucoup intéressé.
J'ai trouvé cette transposition très réussie, je ne me suis pas ennuyée un instant, prise par l'action sur la scène, et la fin de Cassandre m'a complètement bouleversée, un grand moment de sidération.

Concernant la direction musicale, c'est la première fois que je suis aussi déçue par l'ONP et surtout P. Jordan.
J'étais placée au deuxième rang du second balcon centre, et dès  l'entrée du chœur après les flûtes, l'orchestre était complètement couvert par le chœur.
Problème de balance ou d'acoustique de la salle, je ne sais (je serai au parterre dimanche, cela fera une différence certaine, pas forcément en mieux d'ailleurs).
Plus grave pour moi, manquait le souffle, l'engagement nécessaires pour une telle partition. Certes tout le monde jouait bien, mais j'avais le sentiment que chaque section jouait dans son coin, détachée des autres, j'avais l'impression d'entendre les pupitres les uns après les autres, mais pas dans une vision d'ensemble, très curieux effet.
Alors que ce que je voyais sur scène était prenant, la musique restait elle détachée et distante.
Heureusement, les chanteurs faisaient eux preuve d'engagement, en particulier Stéphanie d'Oustrac, même si la salle était un peu surdimensionnée pour ses moyens vocaux, ne pouvait laisser indifférent par son chant et sa diction, idem pour Stéphane Degout.
L'octuor dans "Châtiment effroyable" d'une grande intensité.

Pour ma part, j'ai passé une grande soirée, je suis impatiente de voir la suite dimanche !
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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptySam 2 Fév 2019 - 15:07

J'ai vu la première partie La Prise de Troie sur le site d'Arte, j'essayerais de regarder la suite plus tard.
Musicalement je trouve que c'est quand même très bon, les chanteurs sont tous excellent, sur cette première partie je suis plutôt satisfait de la direction de Jordan, Stéphanie d'Oustrac est une formidable Cassandre que ce soit vocalement ou par sa présence scénique. Après La Prise de Troie est tellement tendue, tellement fulgurante musicalement et dramatiquement, et Cassandre est un personnage tellement beau que je demande s'il est vraiment possible de rater cette première partie de l'opéra au point que ça en devienne rédhibitoire.
Concernant la mise en scène de Tcherniakov. Nier qu'il sait diriger des acteurs serait parfaitement ridicule, de même sa gestion de l'espace scénique est absolument remarquable (la séparation entre l'espace du palais royale lumineux, plutôt coloré et celui plus sombre, nocturne et hivernale de la rue c'est frappant visuellement et a mon avis très réussit esthétiquement, je rejoint tout a fait Adalbéron c'est beau!). Le problème c'est que Tcheniakov a beau avoir un vrai sens du théâtre, celui est encore une fois mis au service du même petit théâtre viscontien avec ces familles aristocratiques en pleine décompositions que cela fonctionne avec le livret ou non. Je ne trouve pas que ça soit rédhibitoire ici, comme je l'ai dit la mise en scène dans ses aspects les plus concrets est réussit (comme dit David a la page précédente, au moins avec Tcherniakov il se passe toujours quelque chose) et l'opéra en lui même (en tout cas cette première partie les actes III et IV sont quand même plein de longueurs) est tellement bien construit qu'il résiste sans trop de difficulté. Pour autant peut on dire que c'est réussit lorsque cette interprétation semble en parallèle du propos réel du livret quitte a tomber dans la contradiction comme le fait très bien remarquer Stephano P. Si Énée est un traitre pourquoi Cassandre, qui condamnent durement les troyennes qui préfèrent se livrer aux grecs plutôt que de mourir, le désignent comme le héros qui va assurer la survie de leur peuple. Pourquoi semble-t'elle tant désirer rejoindre Priam si celui-ci a abuser d'elle. Bref Tcheniakov navigue plus du côté des Damnés avec inceste et luttes de pouvoir au sein d'une famille décadente que de Virgile et Berlioz et les deux ne s'harmonisent pas vraiment.
Bref apparemment d’après Stéphane Degout et Stéphanie d'Oustrac, Tcherniakov leur aurait dit que les gens ne peuvent plus comprendre la mythologie aujourd'hui, d’où la nécessité de ce psychodrame. C'est quand même un lieu commun d'une stupidité profonde, qui revient a prendre le public pour un imbécile et malgré les qualités réels de cette mise en scéne, cette seule remarque suffit a discréditer toute la vision qui la sous-tend.
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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyDim 3 Fév 2019 - 21:21

Je sors de la représentation, j'ai enfin vu le fameux centre de soins en psycho-traumatologie tant décrié !
Autant j'ai été captivée par la Prise de Troie d'une grande intensité dramatique (et malgré mes réserves concernant les vidéos projetées), autant il est difficile d'adhérer à cette transposition.
Oui Tcherniakov réinvente, comme j'ai pu lire quelque part, les ravages de la guerre et la reconstruction des victimes, mais à partir des Troyens à Carthage, le procédé est lourd.
L'idée de départ est intéressante, la réalisation ne m'a pas convaincue, mon esprit ne pouvait faire le lien entre le livret et ce que je voyais sur scène.
D'autant que mon esprit était sollicité par mille et uns détails du plateau, un soin extraordinaire ayant été porté aux décors.
Je reconnais à Tcherniakov une direction d'acteurs bluffante, tant dans l'animation des individus au sein des groupes (comme dans la Fille de Neige d'ailleurs), que la caractérisation des personnages, et l'exploitation de leur physique : l'Ascagne de Michèle Losier en rejeton neurasthénique et blême, affublé de tics nerveux, le Narbal de Christian Van Horn en membre du personnel encadrant avec sa superbe prestance et son autorité.
Musicalement, j'y ai plus trouvé mon compte que lors de la représentation de jeudi dernier.
La direction de Jordan m'a semblé plus unifiée, toujours claire, précise voire analytique, mais moins distanciée.
La petite harmonie toujours aussi belle, superbe clarinette basse, les cors magnifiques dans Chasse royale et orage, les violoncelles émouvants dans le duo Didon-Anna "Va, ma soeur, l'implorer".
J'ai été un tout petit peu déçue par la Didon d'Ekaterina Semenchuk, parfois un peu faible en projection, surtout quand elle est en duo avec Brandon Jovanovich, mais de très beaux pianissimi et beaucoup d'émotion (peu royale mais très humaine) dans son chant et son jeu.
Cyrille Dubois me tire toujours les larmes par son élégance, la noblesse de son chant, et quelle diction également.
Une mention spéciale à Aude Extrémo et Christian Van Horn pour avoir réussi à chanter tout en jouant au ping-pong !
Au final, j'ai passé un bon moment car ce n'est pas tous les jours que l'on donne les Troyens et que je suis bon public (j'ai déjà le frisson lorsque j'entends les musiciens s'accorder).
Bien sûr des réserves sur les coupures, des critiques sur la mise en scène, mais quelle musique, avec un beau plateau !
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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyLun 4 Fév 2019 - 0:09

J'y étais aujourd'hui également et mes impressions rejoignent en grande partie les tiennes, sur la mise en scène autant que sur la distribution et l'orchestre.
Après, je ne suis pas très fan de l'œuvre, mais j'y trouve et j'y ai trouvé notamment aujourd'hui de très beaux moments, surtout dans la première partie. (le III, décidément, ne passe pas chez moi)
En tout cas je ne me suis presque jamais ennuyé.
Il suffit d'écouter l'orchestre, la plupart du temps, même quand l'inspiration mélodique ou harmonique n'est pas au rendez-vous, il y a des figures intéressantes dans l'orchestre.
Jovanovich formidable, notamment.
Je me suis fait la même réflexion à propos des chanteurs qui devaient chanter en jouant au ping-pong!
Lors du premier match de ping-pong je me suis surpris à être distrait par cette (très médiocre) partie…
C'est vraiment le problème: on est distrait de la musique en permanence, parce que cette mise en scène ne me semble pas être pensée par rapport à la musique, ou en tout cas pas assez.
Et comme toi et Poly, je trouve la première partie plus réussie.
Sinon, il y a beaucoup de choses qu'on retrouve depuis d'autres mises en scène de Tcherniakov. (cette obsession de la vie en communauté qu'on retrouvait dans Parsifal et dans la Fille de Neige)
Mais on est ailleurs que dans le livret de l'œuvre de Berlioz, c'est quand même ça le problème. (et puis c'est moche)

Le public est quand même pénible, les huées au metteur en scène lors des saluts, c'est une chose, mais ces manifestations intempestives entre deux actes par exemple, c'est vraiment ridicule, sans parler du type qui pendant une courte pause a crié avec une projection phénomènale et une articulation parfaite (depuis le parterre je crois): "QUELLE HONTE POUR BERLIOZ QUI MERITERAIT UNE MISE EN SCENE BIEN MEILLEURE!" alors que Jordan était en train de reprendre et s'est retourné pendant qu'il commençait à diriger la suite...
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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyLun 4 Fév 2019 - 10:30

Xavier a écrit:


Le public est quand même pénible, les huées au metteur en scène lors des saluts, c'est une chose, mais ces manifestations intempestives entre deux actes par exemple, c'est vraiment ridicule, sans parler du type qui pendant une courte pause a crié avec une projection phénomènale et une articulation parfaite (depuis le parterre je crois): "QUELLE HONTE POUR BERLIOZ QUI MERITERAIT UNE MISE EN SCENE BIEN MEILLEURE!" alors que Jordan était en train de reprendre et s'est retourné pendant qu'il commençait à diriger la suite...

il s'agissait d'un monsieur anglophone assez âgé, j'étais 3 rangs devant lui, probablement de ces anglais fanatiques de Berlioz qui ne supportent aucune relecture, un ami de M. Gardiner (que je respecte par ailleurs) probablement hehe
Quel que soit son avis, c'est effectivement déplorable de se manifester ainsi, sans aucun respect ni pour les artistes en scène et en fosse, ni les autres spectateurs.
Si l'on n'est pas satisfait, on quitte la salle, on ne sabote pas la représentation. Les réseaux sociaux sont là pour exprimer toutes ses critiques et mécontentement.
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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyLun 4 Fév 2019 - 21:30

Les Troyens-Hector Berlioz
Opera Bastille
Dimanche 3 février 2019

61 ème représentation de l'O.N.P
( 4ème représentation dans la MenS de D.T. )

Les coupures
Il faut être familier de l'oeuvre pour répérer toutes les coupures. Pour ma part, je n'ai remarqué que le duo des sentinelles.
Bon, après, nuisent-elles à la compréhension du livret ? sans doute que non, mais ce n'est pas une raison pour les pratiquer, même si c'est la "coutume" dans les Troyens
La MenS
Difficilement intelligible
. Cassandre violentée par Priam, son père ?
. Enée, traître ?
. balourd contraste entre Troie et la suite de Priam.
. les Troyens à Carthage dans un centre de soins en psycho-traumatologie pour victimes de guerre ? (avec un distributeur automatique de Coca et table de ping-pong pliable)
...
Bref, ceci nuit malheureusement à l'oeuvre et les 2 ers tableaux des Troyens à Carthage ont été hués, mais assez modérément -hormis l'intervention signalée par Xavier - par des spectateurs assez équitablement répartis au parterre.
Les choeurs
D.L.M aurait-il raison?
Beaucoup de volume (à couvrir l'orchestre depuis ma place- le 2ème parterre est à éviter), mais peu d'élégance.
L'orchestre et P.J.
Comme d'habitude, attentif aux Mots et aux interprètes.
Les interprètes
Valeureux Brandon Jovanovich.Ekaterina Semenchuk s'est bonifiée au fur et à mesure.
Beau couple que Stéphanie d'Ostrac et Stéphance Degout.
Séduisant timbre que celui de Aude Extremo
Cyrille Dubois applaudi dans le chant de Iopas "Ô blonde Cérès"
L'oeuvre
. Le livret: sujet historique bien ambitieux, mais H.B. n'en manquait pas. Je suis curieux de savoir comment les spectateurs qui n'auraient pas lu auparavant le livret en ont reçu les termes et la rédaction: les références mythologiques (Cybèle, Pallas, Diane, les Hamadryades..), géographiques (Ténédos, Pergame, Sigée,...), la rédaction "rétro" en vers libres
. L'orchestre/la musique: singulier, inattendu, original
j'ai préféré les Troyens à Carthage et le doux Berlioz , beau duo que celui de Didon & Enée "nuit d'ivresse et d'extase infinie"

Au final, l'attention musicale reste soutenue, mais la MenS dessert les Troyens.
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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyJeu 7 Fév 2019 - 15:04

Une des - rares - critiques enthousiaste du spectacle :

https://www.ft.com/content/9961f37e-22f8-11e9-b20d-5376ca5216eb

Je vous dirai si je la partage.

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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyJeu 7 Fév 2019 - 15:24

Belcore a écrit:
Une des - rares - critiques enthousiaste du spectacle :

https://www.ft.com/content/9961f37e-22f8-11e9-b20d-5376ca5216eb

Je vous dirai si je la partage.

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Il faut payer pour lire du bien de Tcherniakov dans le Financial Times ; j'hésite un peu à franchir le pas... zen
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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyJeu 7 Fév 2019 - 15:41

Stefano P a écrit:
Belcore a écrit:
Une des - rares - critiques enthousiaste du spectacle :

https://www.ft.com/content/9961f37e-22f8-11e9-b20d-5376ca5216eb

Je vous dirai si je la partage.

Belcore

Il faut payer pour lire du bien de Tcherniakov dans le Financial Times ; j'hésite un peu à franchir le pas... zen

En effet, pas indispensable : en substance il trouve la m e s convaincante, et les chanteurs excellents.
En conclusion il fait part de son incrédulité face à la bronca des spectateurs, qualifiés de "gilets noirs" en se demandant où ils pourraient espérer trouver une meilleure production de cette œuvre...

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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyJeu 7 Fév 2019 - 15:54

Belcore a écrit:
En conclusion il fait part de son incrédulité face à la bronca des spectateurs, qualifiés de "gilets noirs" en se demandant où ils pourraient espérer trouver une meilleure production de cette œuvre...

Ben, n'importe où ailleurs... hehe
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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyVen 8 Fév 2019 - 1:53

J'ai donc vu la production à mon tour.

Contre toute attente, assez exactement le même avis que tout le monde.

Visuellement : direction d'acteurs d'une précision rare (de source interne, Tcherniakov connaît presque tous les prénoms des choristes, et de fait, chacun joue, en permanence !), ça fonctionne vraiment très bien pour Troie, une version actualisée qui ne manque pas de panache. (Même si je partage les réserves sur les détails qui ont été mentionnés, mise à distance inutile, bandeaux lumineux désagréables, énigmatiques ajouts sur l'inceste ou la trahison.)
Et en effet, même si c'est très bien dirigé, à Carthage, ça ne fonctionne pas vraiment : déjà qu'il n'y a pas beaucoup d'action, si on en retire tout l'aspect épique, on s'ennuie un peu.

¶ C'est d'ailleurs ma surprise : j'ai été assez peu touché par la partition, assez peu impressionné même par l'orchestration (originale, mais finalement beaucoup de doublures, pas tellement de plus-value en vrai…). L'acte I est gigantesque, l'acte II remarquable, le V bon (et encore, comme tout est déjà joué, on s'ennuie un peu dramatiquement, surtout avec ces visuels-là), et le reste me passionne vraiment peu.

¶ Superbe distribution. J'ai adoré Extrémo : toujours extrêmement bien timbré, même dans les parties vraiment graves du rôle, une grande présence. D'Oustrac s'en est aussi fort bien tirée, aucun problème de puissance, l'air et le duo étaient splendides. Dans les grandes scènes, son peu d'harmoniques métalliques la fait un peu couvrir par les chœurs, mais on l'entendait toujours très bien, mieux qu'en Sesto au TCE avec Currentzis, paradoxalement… Grand plaisir de retrouver Lavoie, Ballestra, Dubois, Helmer, Gens (qu'on devine malgré tout dans « Châtiment effroyable »), de grands représentants de ce qui se fait de mieux dans le chant actuel.
Pas été très touché par Semenchuk (que j'aurais cru plus puissante, plus fauve, moins moelleuse), qui prononce cela dit honnêtement et chante très bien. Jovanovich paraît un peu empâté dans le médium, mais l'aigu qu'il mixe est d'une beauté confondante, lumineux et souple sans jamais paraître forcé ni grêle.

¶ Mardi, l'orchestre commençait à être chaud : Jordan dirige bien sûr cela avec rondeur, parfois un peu d'épaisseur par rapport à ce qui se fait de mieux en matière berliozienne, mais c'était habité et maîtrisé, vraiment rien à redire. (Même orchestre que pour Mahler 3.)
Les chœurs n'étaient vraiment pas subtils, mais pas infâmes non plus. L'impression que Basso les fait progresser (dans la mesure du possible quand on a des chanteurs de toutes langues et de techniques très lourdes…).

Pas sorti bouleversé, mais ça se tenait vraiment bien.
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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyVen 8 Fév 2019 - 10:33

Stefano P a écrit:
DavidLeMarrec a écrit:
Stefano P a écrit:
Pour citer un seul exemple, Chéreau ne modifie jamais les livrets,

Heuuuuu. Sans même parler de mille détails (dans Tristan, beaucoup de choses m'avaient paru à rebours des disdascalies dans le I, en plutôt moins bien d'ailleurs), le dispositif de Chéreau n'est pas toujours littéral, loin s'en faut : la coulisse de Così, le barrage de l'Or du Rhin (qui avait d'ailleurs pour cette raison attiré le scandale), etc.

Je me suis peut-être mal exprimé : je voulais dire que Chéreau ne modifie pas le texte du livret : pas de personnages supprimés (comme le fait régulièrement Tcherniakov), pas de modifications dans "l'état civil" des personnages (on se souvient que Tcherniakov n'a pas hésité à faire de Zerline la fille de Donna Anna), pas de coupures significatives dans le texte du livret. Je ne parlais pas du respect des didascalies et d'une stricte littéralité ; évidemment qu'un metteur en scène peut agir sur ces aspects-là, je n'ai rien contre les transpositions des lieux et des époques, quand elles sont signifiantes et cohérentes, mais le respect consiste pour moi à ne pas modifier ce que le librettiste et le compositeur ont écrit...

A vérifier si dans les Contes d'Hoffmann montés dans les années 70 à l'opéra de Paris, Chéreau n'avait pas quelques modifications mineures dans le livret.
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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyDim 10 Fév 2019 - 8:21

Je vais revenir plus en détail sur la représentation d'hier soir.
En résumé : pas du tout le naufrage décrit par la plupart des commentateurs, des moments superbes, mais aussi beaucoup de frustration, imputable pour moi à Jordan.

Les spectateurs ont été très sages...

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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyDim 10 Fév 2019 - 10:34

Je plussoie assez largement David sur l’œuvre : l'inspiration est disparate, il y a des tunnels dans la seconde partie, et la concision est totalement ignorée ; même si sa correspondance indique le contraire, on peut se demander si Berlioz avait eu l'opportunité d'entendre la partition dans son intégralité il ne l'aurait pas finalement retouchée ?

La prise de Troie

La m e s de Tcherniakov fonctionne : la vision qu'il donne de la cité assiégée avec d'un coté les souverains dans vivant dans l'opulence et le peuple d'autre part est recevable.
Deux bizarreries : l'inceste de Cassandre  : dans la mythologie c'est Ajax qui l'agresse, pas Priam...
La trahison d'Enée, qui pactise avec les Grecs lorsqu'ils envahissent la cité.
La Cassandre de Stéphanie d'Oustrac est bien chantante, mais elle n'incarne absolument pas la prophétesse : elle ne communique jamais le moindre sentiment d'angoisse, et on la sent faiblir vocalement à la fin de l'acte I.
Stéphane Degout est un beau Chorèbe.
Les autres chanteurs sont réduits au statut de quasi figurants, qu'on n'entend pratiquement pas sauf dans l'ensemble "châtiment effroyable"
dont l'interprétation ne communique aucun effroi !
Le problème de cette partie, c'est la direction de Jordan : aucune arête, c'est mou, uniforme : je me suis férocement barbé ! Le seul moment réussi, où il y a une émotion qui nait, c'est la mort des troyennes, à la fin du II.

Les Troyen à Carthage

Là, la m e s est totalement décalée, et ne colle jamais avec le livret : ce centre de rééducation des victimes de guerre fait davantage penser à un EPHAD  ! Les soignants sont identifiés par des gilets rouges - pas jaune, hein !  Le travail est très sophistiqué, mais il est totalement gratuit. Assez rapidement j'ai fait abstraction de cet aspect visuel, pour me concentrer sur le chant et la musique.

Le plateau vocal est de qualité, mais il est à certains égards en deçà des exigences de l’œuvre :

Gloire à Énée : c'est une chance que Brandon Jovanovitch ait assuré le rôle : il a tout, la voix, l'incarnation, mais aussi la prestance physique : à la fin du III il exécute une prestation de close combat étonnante.
Appréciation plus mesurée sur la Didon de Semenchuk : beau chant, mais incarnation problématique, légèrement popote ; Garanca aurait donné par son charisme et sa beauté une autre ampleur au personnage.
Les seconds rôles sont bien interprétés, avec une mention particulière  pour l'Anna d'Aude Extremo et le Iopas de Cyrille Dubois, très applaudi.
A souligner la diction française impeccable de tous les protagonistes
Chœurs bien chantants.
Durant cette partie Jordan , et bien entendu l'orchestre, ont retrouvé du lustre dans les passages élégiaques.

Applaudissements nourris aux saluts - Tcherniakov n'est pas monté sur scène, mais le huer aurait été indigne.

Finalement une soirée intéressante, mais on peut se demander si cette production survivra à cette saison ??

Belcore

PS 1 : pipole : Xavier Darcos
PS 2 : accessibilité du théâtre : les travaux place de la Bastille se sont développés : le trottoir qui longe l'accès est totalement inaccessible à tout véhicule, et les piétons doivent faire un détour important pour rejoindre l'entrée - donc pour y aller : métro ou voiture en se garant au parking.
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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyDim 10 Fév 2019 - 13:53

Belcore a écrit:
Deux bizarreries : l'inceste de Cassandre  : dans la mythologie c'est Ajax qui l'agresse, pas Priam...

C'est une constante de Tcherniakov, la violence intrafamiliale, pour ne pas dire systématiquement l'inceste (Don Giovanni, Trovatore, Parsifal, Fiancée du Tsar… dans ce que j'ai vu, il n'y a guère qu'Onéguine qui en a été épargné !). Plus sûr pour Rouslan et les autres.


Citation :
La Cassandre de Stéphanie d'Oustrac est bien chantante, mais elle n'incarne absolument pas la prophétesse : elle ne communique jamais le moindre sentiment d'angoisse, et on la sent faiblir vocalement à la fin de l'acte I.

Je crois que c'est que techniquement, la voix est assez puissante, mais peu chargée en métal, si bien que fasse aux chœurs, c'est dur (surtout à la fin du II, je trouve), on sent que la voix blanchit un brin. Mais c'est quand même très très beau. On lui a reproché son côté un peu hiératique, moi je trouve ça assez parfait – bien sûr il y a des lectures plus extraverties tout aussi légitimes (et la quadrature du cercle Antonacci, à la fois marmoréenne et en feu), mais je trouve qu'elle est vraiment la grande incarnation du plateau (Extrémo exceptée). Se dire qu'elle a commencé sa carrière en chantant des bas-dessus chez LULLY, et qu'elle bien à Bastille dans un soprano du plus gros Berlioz !


Citation :
Le problème de cette partie, c'est la direction de Jordan : aucune arête, c'est mou, uniforme

Quand même, mou, on a entendu tellement pire avec cet orchestre ! Mais oui, c'est une lecture tradi, et qui privilégie le fondu, c'est vrai.


Citation :
Appréciation plus mesurée sur la Didon de Semenchuk : beau chant, mais incarnation problématique, légèrement popote

Je pose ça là pour Adalbéron.
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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyLun 11 Fév 2019 - 9:06

Merci pour ce compte Belcore.

Première expérience pour moi à Bastille depuis le rang 9 du premier balcon. L'acoustique était plutôt favorable.

Je vais d'abord parler de la distribution et du chef avant d'évoquer la mise en scène.

J'ai trouvé Stéphanie d'Oustrac en forme et incroyable d'intensité et de nuances en Cassandre. La diction est exemplaire, les inflexions sont remarquables, elle n'en fait jamais trop. La voix passe mieux dans l'aigu que le grave dans ce type de salle cependant. Elle a su me toucher dans son interprétation, bien que ce soit une Cassandre froide, garçon manquée. Je l'ai trouvée plutôt remarquable tout au long des deux actes.

Ekaterina Semenchuk au-delà de ce qu'on lui fait jouer est une belle surprise pour moi en Didon. Elle tente de nuancer son chant et le français est plus que correct, sans doute meilleur que celui de Garanca. Elle avait l'avantage de connaître le rôle. Je l'ai trouvée extraordinaire au cinquième acte, d'une intensité formidable. Et elle a su m'émouvoir malgré la mise en scène et son costume. Je la préfère là-dedans que dans Verdi mais je l'ai pas entendue en salle en Azucena où paraît il elle est formidable. Je ne connais que son Eboli et son Amneris à travers des captations.

Brandon Jovanovich est un Enée solide même si la partie à Troie n'est pas faite pour lui. Le duo du IV avec Semenchuk fut un grand moment malgré la mise en scène à ce moment là les faisant jouer à contre courant. Belle voix de ténor. Un air du V très réussi également. Un bon remplacement suite à la défection de Hymel.

Aude Extrémo qui est Anna est une merveilleuse musicienne, aux graves superbes. Ce rôle est souvent confié à des chanteuses moyennes. Là, ce n'était pas le cas du tout. Et bravo à elle de réussir à chanter en faisant une partie de tennis de table.

Christian van Horn était remarquable en Narbal.

Stéphane Degout m'a davantage séduit que dans la version Nelson au disque, deuxième fois que j'entendais ce baryton en salle et ce fut un enchantement comme pour son Rodrigue à Lyon. Le duo avec D'Oustrac fonctionne mieux que celui avec Lemieux. On retrouve toutes les qualités de Degout, ce timbre superbe, cette diction magistrale, cette vraie sensibilité interprétative.

Cyrille Dubois a été superbe dans sa chanson.

Christian Helmer est très bien en Panthée.

Michèle Losier, on l'entend trop peu, vu la brièveté du rôle d'Ascagne et c'est bien dommage car elle a une présence indéniable et une voix qui passe très bien la rampe ainsi qu'une belle énergie.

Véronique Gens dont on perçoit la voix dans "Châtiment effroyable" et qui parfois pleure et crie a un maintien extraordinaire en Hécube et est marquante par sa présence en scène dans ce rôle surtout muet.

Paata Burchuladze a pour lui une grande présence scénique en Priam mais vocalement, ce n'est bien sûr plus ce que cela a été.

Thomas Dear est impressionnant vocalement en Hector.

Philippe Jordan n'est pas un chef que j'aime particulièrement, je l'entendais pour la première fois en salle cependant. Orchestre de l'Opéra très bien. Néanmoins, dans la partie à Troie, sa direction est plus ennuyante que dans celle à Carthage. Le duo du IV était magique et il se réveillait pour moi au Ve acte surtout.

Les chœurs étaient très satisfaisants contrairement à ce que j'ai pu lire ailleurs.

Tcherniakov dont je ne suis pas fan de l'esthétique réussit formidablement sa production à Troie en s'inspirant de photos de Bayreuth de Depardon et Degeorge notamment ainsi que l'enterrement d'Olof Palme (cf programme). Hector traversant le plateau en flamme, c'est saisissant. La violence de l'intrusion des Grecs est parfaitement rendue. Le coup du viol est finalement anecdotique. Ne pas laisser seuls Cassandre et Chorèbe change et fonctionne bien. La partie à Carthage ne fonctionne pas, sauf au Ve acte un peu plus, bien que le jeu de rôle, c'est vu et revu chez ce dernier. En tout cas, on ne peut lui dénier une vraie direction d'acteurs. Les costumes de Elena Zaytseva ne mettent pas en valeur les artistes mais marquent au moins les esprits. Sa production ne m'a pas gâché la soirée.
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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyMer 13 Fév 2019 - 15:19

DavidLeMarrec a écrit:
Citation :
Appréciation plus mesurée sur la Didon de Semenchuk : beau chant, mais incarnation problématique, légèrement popote
Je pose ça là pour Adalbéron.

« Tiens ! la douleur n'est rien. »

Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 Captur24

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J'étais à Bastille hier soir et j'espère avoir le temps bientôt de pouvoir développer, mais c'était une soirée fabuleuse, sur tous les plans ! I love you Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 2648177732
(Et, je crois bien, ma plus enthousiasmante soirée d'opéra en version scénique de la saison, pour le moment !)
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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyMer 13 Fév 2019 - 15:28

Adalbéron a écrit:
(Et, je crois bien, ma plus enthousiasmante soirée d'opéra en version scénique de la saison, pour le moment !)

(Et pour le reste, il y a TARARE.)
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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyMer 13 Fév 2019 - 16:08

Adalbéron a écrit:
DavidLeMarrec a écrit:
Citation :
Appréciation plus mesurée sur la Didon de Semenchuk : beau chant, mais incarnation problématique, légèrement popote
Je pose ça là pour Adalbéron.

« Tiens ! la douleur n'est rien. »

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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyMer 13 Fév 2019 - 16:17

Stefano P a écrit:
Adalbéron a écrit:
DavidLeMarrec a écrit:
Citation :
Appréciation plus mesurée sur la Didon de Semenchuk : beau chant, mais incarnation problématique, légèrement popote
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« Tiens ! la douleur n'est rien. »

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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyMer 13 Fév 2019 - 16:23

Belcore a écrit:
Stefano P a écrit:
Adalbéron a écrit:
DavidLeMarrec a écrit:
Citation :
Appréciation plus mesurée sur la Didon de Semenchuk : beau chant, mais incarnation problématique, légèrement popote
Je pose ça là pour Adalbéron.

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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyJeu 14 Fév 2019 - 0:40

Impressions de la 2e représentation avec retard. La distribution offre beaucoup de satisfactions. Du 2e balcon, j'ai très bien entendu d'Oustrac. Je ne sais pas si elle a la voix du rôle, mais je l'ai trouvée extrêmement engagée et émouvante. Chorèbe parfait de Degout. Semenchuk un peu irrégulière, très bien dans le duo du IV, mais un peu extérieure. Jovanovich domine un rôle très difficile avec force et élégance, j'ai vraiment beaucoup aimé. Les rôles secondaires étaient très bien tenus, mention spéciale à Aude Extremo, j'espère qu'on la reverra bientôt.

Je serai un des rares à défendre Jordan, que pourtant je trouve souvent mou. L'orchestre sonnait bien, cela avançait sans temps morts, je n'ai vraiment pas de critique à faire.

La mise en scène relevait de l'attentat, une banale réduction de l'héroïque et du passionné au miteux, procédé usé jusqu'à la corde et que j'ai toujours profondément détesté. La première partie raconte à peu près l'histoire, mais toute cette psychologie de bazar ajoutée de façon gratuite était plus que pénible. L'Iliade ramenée à un article de Gala sur la famille de Monaco. Et la magnifique scène entre Cassandre et Chorèbe massacrée en la transformant en scène de ménage devant toute la famille. La seconde partie souffrait du même vice que la Damnation d'Hermanis : l'absence totale de rapport entre les personnages et les situations d'un côté et ce qui se passait sur scène de l'autre. C'était tellement pénible d'artificialité que j'ai souvent évité de regarder la scène et me suis concentré sur les surtitres ou la fosse. Et puis tout, décors et costumes, était hideux du début à la fin. Quant à la direction d'acteurs, je ne l'ai pas vue, à part l'agitation qui régnait chez les figurants ou les choristes ou les personnages secondaires, et qui avait pour seul effet de détourner l'attention de l'action... Mais rien de bien saillant chez les personnages principaux.

J'essaie de ne pas me laisser gâcher une oeuvre que j'aime par les élucubrations des metteurs en scène (j'ai beau exécrer, par exemple, le Tannhäuser "de" Carsen, j'irai s'il est redonné dans une bonne distribution), je ferai exception pour cette horreur. S'il y a une reprise, ce sera sans moi.
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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyJeu 14 Fév 2019 - 9:51

Dans le programme de l'ONP il y a un texte qui tente de justifier pourquoi Énée trahit les siens : ce n'est pas évidemment dans Virgile, mais ce serait conforme à l'essence du héros, finalement dépourvu de tout libre arbitre, et obéissant passivement aux ordres des divinités...

Des critiques, dans l'ensemble pas très enthousiastes sur la vision de Tcherniakov :

https://www.forumopera.com/les-troyens-paris-bastille-un-cheval-nomme-enee

http://www.altamusica.com/concerts/document.php?action=MoreDocument&DocRef=6595&DossierRef=6041

http://www.anaclase.com/chroniques/les-troyens-3


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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyJeu 14 Fév 2019 - 13:58

Belcore a écrit:
Dans le programme de l'ONP il y a un texte qui tente de justifier pourquoi Énée trahit les siens : ce n'est pas évidemment dans Virgile, mais ce serait conforme à l'essence du héros, finalement dépourvu de tout libre arbitre, et obéissant passivement aux ordres des divinités... Belcore

Je ne sais pas si c'est Tcherniakov qui a sorti cette explication très tarabiscotée, mais il y aurait beaucoup à dire sur cette vision strictement déterministe du héros antique. Les héros de la mythologie grecque obéissent aux dieux, mais on ne peut pas dire qu'ils le fassent de façon passive ; il suffit de lire Virgile ou Homère pour se rendre compte que ce n'est pas du tout le cas pour Enée ou Ulysse (il arrive même souvent à ce dernier de se rebeller contre les dieux, ce qui va considérablement retarder son retour à Ithaque). J. de Romilly parlait d'une "double causalité" chez les héros grecs, à la fois divine et humaine, et les dieux eux-mêmes ne sont pas sans faiblesses, ce qui les rapproche des humains...

De toute façon, l'Enée tchernakovien n'est plus du tout un héros et la dimension mythologique est absente dans sa mise en scène : Enée devient un pauvre type velléitaire et paumé, qui dans la deuxième partie traîne son oisiveté et son mal-être (la gestuelle est à peu près toujours la même : bras croisés ou mains dans les poches) dans un centre de rééducation ; ce n'est donc plus la peine de spéculer sur l'essence du héros lorsqu'on a complètement dévitalisé et "déshéroïsé" le personnage...
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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyJeu 14 Fév 2019 - 16:40

Stefano P a écrit:
Belcore a écrit:
Dans le programme de l'ONP il y a un texte qui tente de justifier pourquoi Énée trahit les siens : ce n'est pas évidemment dans Virgile, mais ce serait conforme à l'essence du héros, finalement dépourvu de tout libre arbitre, et obéissant passivement aux ordres des divinités... Belcore

Je ne sais pas si c'est Tcherniakov qui a sorti cette explication très tarabiscotée, mais il y aurait beaucoup à dire sur cette vision strictement déterministe du héros antique. Les héros de la mythologie grecque obéissent aux dieux, mais on ne peut pas dire qu'ils le fassent de façon passive ; il suffit de lire Virgile ou Homère pour se rendre compte que ce n'est pas du tout le cas pour Enée ou Ulysse (il arrive même souvent à ce dernier de se rebeller contre les dieux, ce qui va considérablement retarder son retour à Ithaque). J. de Romilly parlait d'une "double causalité" chez les héros grecs, à la fois divine et humaine, et les dieux eux-mêmes ne sont pas sans faiblesses, ce qui les rapproche des humains...

De toute façon, l'Enée tchernakovien n'est plus du tout un héros et la dimension mythologique est absente dans sa mise en scène : Enée devient un pauvre type velléitaire et paumé, qui dans la deuxième partie traîne son oisiveté et son mal-être (la gestuelle est à peu près toujours la même : bras croisés ou mains dans les poches) dans un centre de rééducation ; ce n'est donc plus la peine de spéculer sur l'essence du héros lorsqu'on a complètement dévitalisé et "déshéroïsé" le personnage...

Stefano, tu as parfaitement raison, c'est d'ailleurs pourquoi je souligne que ce "raisonnement" fait évidemment abstraction de Virgile, mais aussi évidemment d'Homère...
Ces textes ne sont pas de Tcherniakov, mais de Dominique Catteau, professeur de philosophie et aussi de Elena et Tatiana Vereschagina, qui explorent des textes, notamment médiévaux, dans lequel Énée fait figure de anti héros...
Il me semble évident que ces textes servent de justification - ou plutôt de tentative de - du parti - pris de Tcherniakov présentant Énée comme un traitre.

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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyJeu 14 Fév 2019 - 17:15

Stefano P a écrit:
J. de Romilly parlait d'une "double causalité" chez les héros grecs, à la fois divine et humaine

Te souviens-tu dans quel article il est question de cette notion ? Je me souviens très bien l'avoir lu, cela m'avait enfin permis de comprendre pourquoi on pouvait dire qu'Œdipe était libre et assujetti aux dieux mais je ne retrouve pas quel en était le titre...
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MessageSujet: Re: Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février   Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février - Page 2 EmptyJeu 14 Fév 2019 - 17:51

Je développerai, mais il y a une chose que la mise en scène de Tcherniakov m'a révélé de manière flagrante dans le livret de Berlioz (je savais que ça existait, sans y prêter une attention particulière, dans la mesure aussi où c'est présent, sous d'autres formes, dans L'Énéide), c'est l'imbrication si tendue chez ces personnages entre le poids du souvenir et l'élan vers la fondation à venir/l'avenir.

L'élément incestueux n'a rien d'un ajout incongru à partir du moment où l'on considère que Tcherniakov situe comme enjeu central de son travail le traumatisme (sujet très en vogue dans les recherches universitaires, d'ailleurs). Dans les deux parties, le traumatisme communautaire (la ville dévastée, le « centre de soins en psycho-traumatologie pour victimes de guerre ») va de paire avec le traumatisme individuel (l'inceste pour Cassandre et la mort brutale de l'être aimé pour Didon et Énée). J'ai même perçu, en fait, la prise de Troie comme la dévastation complète du corps de Cassandre.

« Ô cruel souvenir ! »

Cette trace laissée par le passé, qui ronge, brûle, lamine, égare les personnages vient buter contre ces impératifs (sociaux, moraux ?) sans cesse formulés ayant pour objet l'avenir : « Vous aimerez ma sœur », « Carthage veut un roi », « Italie ! Italie ! Italie ! », « Il faut vivre et partir ! », alors que ces personnages sont dans l'affliction la plus complète et portés vers la destruction de toute forme d'à venir : « C’est le temps de mourir et non pas d’être heureux. »

Sinon, j'ai découvert qu'il existait deux scènes à l'acte I coupées par Berlioz (les scènes de Sinon), que je cite ici pour ceux qui ne les connaîtraient pas (c'est l'arrivée d'un traître grec avant celle d'Énée) :

Scène(s) de Sinon:
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