Votre dernier film visionné

Ah j'ai pas vu Les Bonnes Femmes, L'Œil du malin et Betty dans ta 1° catégorie !

(et oui les 2 Lavardin … c'est génial)

Bon Studio Canal est en train de se réveiller … on a eu 2 Chabrol en BR dernièrement … Landru et La ligne de démarcation (les deux seuls en BR jusqu'à présent c'étaient Les Cousins et Le Beau Serge).
Et certains n'existent même pas au DVD en France … il faut faire de l'import
Au Royaume-Uni et aux US … on est mieux servi en Chabrol qu'en France …

Les Bonnes Femmes, c'est une sorte de récit éclaté et un peu erratique, sur le destin de quatre petites vendeuses - très Nouvelle Vague (mais avec une sorte de noirceur toute chabrolienne); et les toutes jeunes Bernadette Lafont et Stéphane Audran y sont non seulement poignantes mais aussi d'une photogénie à couper le souffle (vraiment du niveau de Monica Vitti dans les Antonioni des années 60 ou de Claudia Cardinale dans Sandra de Visconti.)

L'Œil du malin, c'est une espèce de «thriller d'adultère» abstrait, stylisé, avec une photographie en noir et blanc au cordeau et une mise en scène (et surtout en espace) épurée et vertigineuse - Bergman revu par Fritz Lang. (Et là aussi, Stéphane Audran...)

Je te rassure : que Bernadette Lafont et Stéphane Audran fussent d'une grande beauté, cela ne m'avait point échappé

J'ai beau en avoir vu un bon gros paquet … il m'en reste quand même pas mal à découvrir dans les bons ...

Mohsen Makhmalbaf : Le silence        1998

 +
Le titre peut paraître assez curieux tant le son passe au premier plan dans ce film : et pour cause, l'un des deux personnages principaux est aveugle. Ce film est tout à fait charmant, les deux enfants au centre du récit sont d'un naturel confondant - tout particulièrement Nadareh. Il y a dans ce film, une sorte d'ivresse tranquille, à travers cet enfant qui se laisse guider par les sons, la musique traditionnelle tadjik et se perd ; malgré tout, il y a une quête (exclusivement sonore) qui est le motif initial de la cinquième symphonie de Beethoven. Certaines scènes sont très belles, notamment la scène dans l'étendue d'eau avec le cheval à la fin, la scène où le duo se forme, la scène du miroir où Nadareh doit lui expliquer ce qu'est un miroir ; et il y a également ces nombreux intermèdes musicaux ; c'est en somme une jolie découverte.

Benedictus a écrit:

Je crois que Chabrol est quand même un cas très à part à ce niveau-là:

N'était-ce pas Truffaut qui disait (grosso modo), que si Chabrol n'était pas un gros fainéant, le nombre de bons films de sa copieuse production serait bien supérieur ? Primum vivere, deinde filmare...  (et sur ce plan il le comparaît à Huston).
J'aime beaucoup tous ses films "bourgeois" de la fin des années 60 au début des années 70, au-delà de la belle peinture sociologique de la France de ces années-là.

(et j'adore aussi le second degré de Marie-Chantal !!)

La Fille coupée en deux



J'avais oublié que je l'avais déjà vu…

Sleeper (Woody et les robots en français)

+

Bruno Dumont : L'humanité        1999


Je n'avais pas du tout accroché à Jeannette, l'enfance de Jeanne d'Arc mais ce film est un très grand film, malgré la fixité des plans et la lenteur du rythme, l'ambiance ne faiblit jamais, toujours aussi rude et pesante. Les actrices et les acteurs (?) sont toutes et tous remarquables, presque sans jeu et la moindre petite variation ressort de façon significative - ça m'a surtout frappé sur le personnage principal. Le film apporte une vision particulièrement sombre de l'humanité, comme en témoigne d'ailleurs le plan d'ouverture : un paysage vide en plan fixe, une silhouette qui le parcourt de gauche à droite, une barrière que franchit le personnage principal, il entre dans un champ, marche et tombe la tête contre la terre, c'est long, puis il monte dans sa voiture de police et il découvre le corps de cette jeune fille tuée. Il y a quelque chose de très frontal dans la manière d'exposer de Dumont, notamment par l'usage répété des gros plans et des plans fixes (parfois les deux) et d'une symbolique plutôt simple (parfois peu heureuse notamment la citation de L'origine du monde de Courbet qui revient deux fois (dont la première fois sur la jeune fille, rude entrée en matière)). Ce film montre deux mouvements antagonistes : celui de Pharaon, dont on sait qu'il a perdu sa femme et sa fille il y a deux ans, filmé la plupart du temps seul, un peu rejeté, il a presque abandonné la vie, on le voit sans cesse travailler la terre ; et du couple Domino/Joseph qui semble bien marcher, plein de vie - plus précisément, beaucoup de baise - et ces deux dynamiques sont reliées entres elles : Pharaon est secrètement (enfin, tout le monde l'a remarqué) amoureux de Domino. J'ai beaucoup aimé la façon dont la quête interfère avec ces deux élans ; la fin est extrêmement réussie, pas tellement surprenante d'abord - même si elle renverse quelque peu ces dynamiques - mais le plan final est absolument glaçant - non seulement remis dans le contexte du récit, mais aussi mis dans la perspective globale du film - ; ce plan est insignifiant isolément, mais prend une force impressionnante avec le contexte ; il est en plus très subtil, sans aucune grandiloquence - l'élément extrêmement important n'est pas exagérément mis en valeur. Voilà qui me réconcilie avec le cinéma de Bruno Dumont que je compte bien creuser davantage et qui, même s'il ne me plait pas toujours, ne me laisse jamais indifférent.

Celui-là m'a quand même pas mal emmerdé…
Par contre je suis un fanatique de P'tit Quinquin et Coincoin. (et j'ai bien aimé aussi Ma Loute qui est un peu dans la même veine)

Xavier a écrit:

La Fille coupée en deux



J'avais oublié que je l'avais déjà vu…

Ah seulement?

Je l'avais beaucoup aimé celui-là. Je trouve d'ailleurs que Chabrol avait anticipé, à une époque où ce n'était pas vraiment au premier plan, les questions très actuelles sur l'abus et le consentement.

Non mais c'est pas mal, je dis pas...

Eusèbe a écrit:

Je l'avais beaucoup aimé celui-là. Je trouve d'ailleurs que Chabrol avait anticipé, à une époque où ce n'était pas vraiment au premier plan, les questions très actuelles sur l'abus et le consentement.

C'est très juste mais, pour ma part, je ne l'avais pas beaucoup aimé - surtout à cause des acteurs (je n'aime pas trop Ludivine Sagnier ni Berléand, et dans mon souvenir Magimel en faisait vraiment des caisses.)

Benedictus a écrit:

Eusèbe a écrit:

Je l'avais beaucoup aimé celui-là. Je trouve d'ailleurs que Chabrol avait anticipé, à une époque où ce n'était pas vraiment au premier plan, les questions très actuelles sur l'abus et le consentement.

C'est très juste mais, pour ma part, je ne l'avais pas beaucoup aimé - surtout à cause des acteurs (je n'aime pas trop Ludivine Sagnier ni Berléand, et dans mon souvenir Magimel en faisait vraiment des caisses.)

Ils sont tous deux pourtant assez parfaits dans ces rôles distillant le malaise. Berléand est un spécialiste du genre, j'oscille quant à moi entre la sidération et l'envie de fuir. Mais c'est de ce point de vue un grand acteur, à mon avis.

Philippe Faucon
La trahison

Il faudra que je le revoie,
j'ai un peu dormi  

Xavier a écrit:

Celui-là m'a quand même pas mal emmerdé…

Oui, je comprends, la manière de filmer peut vite ennuyer.
Le plan final ne t'a pas scotché ?

Jean-Marie Straub & Danièle Huillet
Chronique d'Anna Magdalena Bach

Film culte (dédié à Rivette et Godard entre autres, admiré par Deleuze, qui parfois fumait un peu la moquette et voyait en Bach une figure de résistance - résistance à la séparation entre le profane et le sacré - ) et la figure émaciée de Leonhardt en Bach.
La retenue fameuse de ce film, et la place aimante qu'il offre à la musique, le soustrait à tout outrage du temps. Juste un peu court

Chan-wook Park : Joint security area        2000

 /  +
Il me semble que le dernier film de Park Chan-wook que j'avais vu était Mademoiselle, que j'avais très apprécié et je crois que j'ai été un peu déçu par celui-ci, même si je l'ai bien aimé. Le film est relativement plaisant, le scénario intéressant : une quête de vérité entre les deux Corée ; il y a également une belle photo, plutôt soignée ; de bons acteurs, aussi. Il y a aussi de l'humour, notamment ces séquences où les gardes crachent - et en particulier celle qui enchaîne le crachat avec le tir d'une balle depuis un pistolet ; il y a également cette séquence avec les ombres. J'ai également aimé l'opposition entre la rectitude et la clarté de la ligne de démarcation et l'aspect un peu évanescent de la vérité - enfin, vérité... Mais ça reste tout de même un peu faible, et certaines séquences sont un peu agaçantes à cause de mouvement de caméra parfois peu subtils ou brutaux, c'est dommage.

Emeryck a écrit:

Xavier a écrit:

Celui-là m'a quand même pas mal emmerdé…

Oui, je comprends, la manière de filmer peut vite ennuyer.
Le plan final ne t'a pas scotché ?

Je ne m'en souviens pas je dois dire. (et je l'ai supprimé de mon DD… tu peux me le rappeler, en spoiler peut-être?)

Mais je ne sais pas si ça a à voir avec la manière de filmer, vu que j'ai aimé pas mal d'autres films de Dumont.

Voilà l'échange qui date d'août dernier:

Xavier a écrit:

Stefano P a écrit:

Xavier a écrit:

L'Humanité

+

L'Humanité, de Bruno Dumont, c'est un des films qui m'a laissé le plus perplexe : est-ce que c'est génial ou du foutage de gueule complet ? J'ai hésité entre les deux options pendant toute la durée du film, et je suis toujours incapable de trancher.  

Un peu pareil: j'adore Quinquin parce qu'il y a beaucoup de comique.
Là ce n'est pas drôle du tout… et c'est fichtrement long. (et lent)

Je n'avais pas mis une si mauvaise note, il y a des choses qui ont dû m'intéresser ou au moins m'interloquer.
Mais je pense que je n'aurai pas du tout envie de le revoir… alors que je me suis refait l'intégrale de Quinquin et Coincoin en 3 jours il y a peu.
Par contre il me reste à voir notamment La Vie de Jésus.

Ophélia



Waouh, vraiment chelou ce Chabrol!

Mais je préférerai toujours un film bizarre moyen à un film banal et moyen…
Et puis il y a déjà Jansen à l'œuvre.

Xavier a écrit:

Ophélia



Waouh, vraiment chelou ce Chabrol!

Mais je préférerai toujours un film bizarre moyen à un film banal et moyen…
Et puis il y a déjà Jansen à l'œuvre.

Ah oui, il y en a quelques-uns, comme ça, des très bizarres.
(Y compris de très, très ratés.)

Benedictus a écrit:

Xavier a écrit:

Ophélia



Waouh, vraiment chelou ce Chabrol!

Mais je préférerai toujours un film bizarre moyen à un film banal et moyen…
Et puis il y a déjà Jansen à l'œuvre.

Ah oui, il y en a quelques-uns, comme ça, des très bizarres.
(Y compris de très, très ratés.)

Dans le genre "expérimentalo-métaphysique" La Décade Prodigieuse est un cas d'école dans le genre raté
J'avoue qu'en dehors de celui-ci (assez marrant dans sa prétention) je n'ai jamais été du côté de ces Chabrol bizarres, pourtant c'est quand même intriguant tellement c'est différents de l'image qu'on a de son cinéma.
Mon panthéon personnel côté Chabrol est sans doute assez proche du tiens et de celui de Nethou.
Je n'ai jamais osé les Marie Chantal par contre (c'est vraiment bien?)

Benedictus a écrit:

Xavier a écrit:

Ophélia



Waouh, vraiment chelou ce Chabrol!

Mais je préférerai toujours un film bizarre moyen à un film banal et moyen…
Et puis il y a déjà Jansen à l'œuvre.

Ah oui, il y en a quelques-uns, comme ça, des très bizarres.
(Y compris de très, très ratés.)

J'ai lu récemment, en faisant des recherches sur le meilleur film existant (Le jour et la nuit, aux côtés d'Alien crystal palace et The room évidemment) et Chabrol disait que le premier figurait parmi les trois plus mauvais films de toute l'histoire du cinéma français aux côtés de... Folies bourgeoises, un de ses films - dont, dit-il, il se rendait compte que c'était vraiment une daube pendant le tournage. 

Parsifal a écrit:

Dans le genre "expérimentalo-métaphysique" La Décade Prodigieuse est un cas d'école dans le genre raté

Oui, c'est à celui-là que je pensais. (Ou à La Rupture.)

Parsifal a écrit:

Mon panthéon personnel côté Chabrol est sans doute assez proche du tiens et de celui de Nethou.
Je n'ai jamais osé les Marie Chantal par contre (c'est vraiment bien?)

Il y en un seul, Marie-Chantal contre Docteur Kha.
C'est un film d'espionnage ouvertement parodique avec une Marie Laforêt superbe en ravissante écervelée et Francisco Rabal en bellâtre, d'hilarants numéros d'acteurs (Reggiani et Stéphane Audran en couple d'espions russes, Denner, Hanin - et même Akim Tamiroff en super méchant!) et plein de clins d'œil cinéphiliques (à Hitchcock, à Lang, à Welles...) et Chabrol lui-même dans un rôle de barman.
Personnellement, j'avais trouvé ça très réjouissant.

Ben je vais rattraper ça alors, ça feras un bon divertissement de confinement!  

Emeryck a écrit:

J'ai lu récemment, en faisant des recherches sur le meilleur film existant (Le jour et la nuit, aux côtés d'Alien crystal palace et The room évidemment) et Chabrol disait que le premier figurait parmi les trois plus mauvais films de toute l'histoire du cinéma français aux côtés de... Folies bourgeoises, un de ses films - dont, dit-il, il se rendait compte que c'était vraiment une daube pendant le tournage. 

Désormais je pense qu'il faut aussi ajouter celui-ci: /watch?v=mWa5vgrh3bM

Un vrai rôle de composition, l'autre guignol sans son écharpe.

Parsifal a écrit:

Désormais je pense qu'il faut aussi ajouter celui-ci: /watch?v=mWa5vgrh3bM

Il me le faut !!

Emeryck a écrit:

Xavier a écrit:

Emeryck a écrit:

Xavier a écrit:

Celui-là m'a quand même pas mal emmerdé…

Oui, je comprends, la manière de filmer peut vite ennuyer.
Le plan final ne t'a pas scotché ?

Je ne m'en souviens pas je dois dire. (et je l'ai supprimé de mon DD… tu peux me le rappeler, en spoiler peut-être?)

Mais je ne sais pas si ça a à voir avec la manière de filmer, vu que j'ai aimé pas mal d'autres films de Dumont.

Spoiler:

Merci.
Je me souviens vaguement… je crois que j'ai été interloqué, oui, mais je ne sais plus si j'ai vraiment compris…

Parsifal a écrit:

Dans le genre "expérimentalo-métaphysique" La Décade Prodigieuse est un cas d'école dans le genre raté
J'avoue qu'en dehors de celui-ci (assez marrant dans sa prétention) je n'ai jamais été du côté de ces Chabrol bizarres, pourtant c'est quand même intriguant tellement c'est différents de l'image qu'on a de son cinéma.

Oui je l'ai vu aussi, effectivement c'est un peu le même style.

Dans Ophélia, il y a un des acteurs les plus agaçants que j'aie jamais vue, André Jocelyn.

Parsifal a écrit:

Désormais je pense qu'il faut aussi ajouter celui-ci: /watch?v=mWa5vgrh3bM

Aïe, oui on dirait carrément un sketch celui-là. (quel grand acteur ce Christophe Barbier!)

Délivrance (1972) - John Boorman



Un film d'une rare intensité de la première à la dernière scène.

Larry Clark : Bully        2001

 /  +
Larry Clark continue ici sur ses thématiques de prédilection - la jeunesse, son devenir opaque et son errance - et adapte ici un fait divers des années 90 : une bande d'adolescents décide d'en tuer un autre. Le titre est intéressant puisqu'il laisse indéterminée la personne qu'il qualifie, il pourrait convenir aussi bien à la victime (qui semble être absolument infect) aussi bien qu'aux meurtriers. Le propos sur la fragmentation de la jeunesse est très bien servi par la géométrie globale du film : initialement, une jeunesse un peu éparpillée, quelques personnage, puis tous les liens se ramifient, on prémédite le meurtre, c'est le moment où tous les devenirs convergent et tout explose à l'issue du meurtre, et ce n'est même pas une mosaïque passive comme au début, il s'agit de répulsions multiples, de sans cesse reporter sa faute sur l'autre : la fin est sans appel. J'ai plutôt aimé ce film même si un petit quart d'heure en moins aurait peut-être rendu le film un peu plus dynamique.

Le Beau Serge



Le dernier plan du film, avec comme une tête de mort en surimpression du visage de Serge devenant flou, m'a fait penser que Chabrol copiait le célèbre dernier plan de Norman Bates dans Psycho. En réalité, celui-ci a été réalisé 2 ans après le film de Chabrol.
Le glauque de la scène de bal m'a fait penser à la scène de bal de Wozzeck.
Sinon, pour ceux qui ont vu le film: ai-je raison de penser qu'un inceste entre Yvonne et son père est suggéré quand il est question du premier enfant trisomique de celle-ci, avec la réflexion de Serge "encore un cadeau de beau-papa" ?

Xavier a écrit:

Le Beau Serge



Le dernier plan du film, avec comme une tête de mort en surimpression du visage de Serge devenant flou, m'a fait penser que Chabrol copiait le célèbre dernier plan de Norman Bates dans Psycho. En réalité, celui-ci a été réalisé 2 ans après le film de Chabrol.
Le glauque de la scène de bal m'a fait penser à la scène de bal de Wozzeck.
Sinon, pour ceux qui ont vu le film: ai-je raison de penser qu'un inceste entre Yvonne et son père est suggéré quand il est question du premier enfant trisomique de celle-ci, avec la réflexion de Serge "encore un cadeau de beau-papa" ?

Tu as raison de le penser.

Todd Haynes : Far from heaven        2002

 +
Un film extrêmement sirkien, aux couleurs flamboyantes et à la mise en scène très léchée. En fait, dès le titre, la référence à Sirk, et plus particulièrement à son film All that heaven allows, est particulièrement explicite : le titre Far from heaven est comme un titre en écho à celui de Sirk, il y avait une note d'espoir chez le premier et Haynes tire un bilan assez pessimiste une cinquantaine d'années après. Haynes reprend le couple contesté entre la femme de bonne condition et son jeune jardinier mais l'actualise en remplaçant la différence d'âge par la différence de couleur de peau. Ce n'est pas la seule discrimination que Haynes aborde - même si c'est la plus abordée - il y a aussi celle de la non-hétérosexualité à travers le mari. Le personnage interprété par Julianne Moore est intéressant dans son interaction avec le monde, notamment dans la première partie où elle est comme figée, gardant toujours un sourire, comme si elle n'était que pure image, celle du personnage principal de All that heaven allows. On retrouve également beaucoup d'autres allusions à Sirk et à ce film notamment par la teinte constamment bleutée, en particulier à l'intérieur de la maison ; il y a également une grande utilisation de l'escalier et des fenêtres et plus généralement des reflets, simple mais pertinente pour témoigner des masques que portent les personnages. J'ai beaucoup aimé ce film, c'est très beau, très maîtrisé, les costumes sont superbes et la photo leur rend tout à fait justice - conjugués à ces couleurs automnales, ils m'ont parfois fait penser à ceux de Une nouvelle amie de François Ozon ; le seul bémol, je trouve, c'est la musique qui prend parfois un peu trop de place - d'autant plus qu'elle n'est jamais extrêmement passionnante. Les acteurs/trices sont également justes, et notamment Julianne Moore, absolument touchante.

Les Cousins

Xavier a écrit:

Le Beau Serge

Le dernier plan du film, avec comme une tête de mort en surimpression du visage de Serge devenant flou, m'a fait penser que Chabrol copiait le célèbre dernier plan de Norman Bates dans Psycho. En réalité, celui-ci a été réalisé 2 ans après le film de Chabrol.
Le glauque de la scène de bal m'a fait penser à la scène de bal de Wozzeck.

Oui, grand film. Dommage qu'il y ait cette musique style année 30, tellement omniprésente.

Xavier a écrit:

Sinon, pour ceux qui ont vu le film: ai-je raison de penser qu'un inceste entre Yvonne et son père est suggéré quand il est question du premier enfant trisomique de celle-ci, avec la réflexion de Serge "encore un cadeau de beau-papa" ?

Oui - pas plus que suggéré (sinon probable que ça aurait été censuré en 1958), mais bel et bien suggéré.

Xavier a écrit:

Les Cousins

Tu as apprécié le jeu sur le stéréotype «Wagner nazi»?

En tout cas j'ai apprécié le jeu des deux acteurs principaux, excellents dans 2 rôles complètement à l'opposé de ce qu'ils faisaient dans le Beau Serge. (je n'avais jamais vu Brialy jeune, je n'avais pas idée de l'acteur que c'était)
Pour Wagner, ce qui m'a surtout frappé c'est qu'on mette ça (ou Mozart) dans une teuf de jeunes complètement débridée.
Une autre époque...

Xavier a écrit:

En tout cas j'ai apprécié le jeu des deux acteurs principaux, excellents dans 2 rôles complètement à l'opposé de ce qu'ils faisaient dans le Beau Serge. (je n'avais jamais vu Brialy jeune, je n'avais pas idée de l'acteur que c'était)

Ah oui, totalement époustouflants l'un et l'autre dans les deux films!

Xavier a écrit:

Pour Wagner, ce qui m'a surtout frappé c'est qu'on mette ça (ou Mozart) dans une teuf de jeunes complètement débridée.
Une autre époque...

François Ozon : Swimming pool        2003

 
J'aime habituellement beaucoup/bien les films de François Ozon mais là, je dois dire que j'ai été un peu déçu. Il s'agit en fait d'un remake du fameux film éponyme de Jacques Deray - que je n'aime pas beaucoup non plus. La photo est plutôt terne, et je trouve que le scénario n'est pas passionnant, Ozon n'y déploie pas de manière aussi brillante son brouillage de la frontière réel/imaginaire - comme il le fera dans Dans la maison, par exemple ; il y a bien quelques séquences intéressantes, notamment dans le début du film et j'ai aimé l'importance apportée à la piscine, qui est presque un personnage du film à part entière ; notamment avec la bâche qui la couvre et qui fait écho à tout ce qui a trait à la dissimulation dans le film - la scène où Sarah observe les deux jeunes gens faire l'amour, les séquences avec le placard où Sarah range la bouteille de whisky, et même le fait que le personnage de Ludivine Sagnier ne sache pas que Sarah était dans la maison. Mais je crois que je ne peux pas m'empêcher de trouver un peu grotesque ce meurtre final - et aussi les interférence réel/fantasme à un niveau un peu basique, comme ça, conjuguée à la figure de l'écrivain(e). Un Ozon vraiment mineur, pour moi.

Le Boucher

+

Je viens de parcourir (un peu rapidement) vos échanges sur Chabrol : sauf erreur, personne, pas même Cololi , n'a cité Les Biches, un de ses très bons films de mon point de vue, même si Zardi et Attal, qui y tiennent une place prépondérante, y jouent comme des chaussettes (leur faramineuse carrière de seconds rôles ne s'est jamais étayée sur leur jeu d'acteur).

J'ajoute le très réjouissant Les Godelureaux, mineur peut-être dans sa filmographie, mais incontournable pour moi, pour une très bonne raison : Bernadette Laffont y est absolument !



Quant au sombre et si cruel Les Bonnes Femmes, son premier très grand film amha, on a le plaisir d'y retrouver (il y assure la partie cocasse) Pierre Bertin, grand mélomane devant l'éternel (ami de Satie, mari de Marcelle Meyer et formidablissime baron de Gondremarck dans la production de la Vie Parisienne qu'il avait convaincu le couple Renaud-Barrault de monter) :



Enfin, le premier Lavardin au moins, que je trouve personnellement très réussi, et qui vaut d'être vu au minimum pour la scène de l'interrogatoire de Michel Bouquet.

Ben si:

Benedictus a écrit:

Pour moi, les grands chefs-d'œuvre: Les Bonnes Femmes, L'Œil du malin, La Femme infidèle, Que la bête meure, Le Boucher, Juste avant la nuit, Betty, Merci pour le chocolat.

Moins absolument achevés, ou moins ambitieux mais que j'aime aussi beaucoup: Le Beau Serge, Les Cousins, Landru, Marie-Chantal contre docteur Kha (mais oui!), Les Biches, Les Noces rouges, Nada, Violette Nozière, Les Fantômes du chapelier, Une affaire de femmes, Madame Bovary, L'Œil de Vichy, L'Enfer, La Cérémonie. (Et même les deux Lavardin.)

Il est prévu à mon programme les prochains jours.

Alifie a écrit:

Je viens de parcourir (un peu rapidement) vos échanges sur Chabrol : sauf erreur, personne, pas même Cololi , n'a cité Les Biches, un de ses très bons films de mon point de vue, même si Zardi et Attal, qui y tiennent une place prépondérante, y jouent comme des chaussettes (leur faramineuse carrière de seconds rôles ne s'est jamais étayée sur leur jeu d'acteur).

Il est dans ma seconde liste, mais honnêtement, j'ai hésité à l'y faire figurer: je trouve qu'on est vraiment à l'extrême limite entre la réussite et le foirage (à mon avis, c'est vraiment Trintignant et Stéphane Audran qui le maintiennent du bon côté de la limite.)

Alifie a écrit:

J'ajoute le très réjouissant Les Godelureaux, mineur peut-être dans sa filmographie, mais incontournable pour moi, pour une très bonne raison : Bernadette Laffont y est absolument !

Ah oui, en effet, j'aurais pu l'ajouter, au moins dans ma seconde liste.

Alifie a écrit:

Quant au sombre et si cruel Les Bonnes Femmes, son premier très grand film amha, on a le plaisir d'y retrouver (il y assure la partie cocasse) Pierre Bertin, grand mélomane devant l'éternel (ami de Satie, mari de Marcelle Meyer et formidablissime baron de Gondremarck dans la production de la Vie Parisienne qu'il avait convaincu le couple Renaud-Barrault de monter)

Et puis il est aussi Adolphe Amédée Delafoy, «grand admirateur de Reynaldo Hahn» et père du compositeur expérimental Antoine Delafoy dans les Tontons flingueurs.

Alifie a écrit:

Enfin, le premier Lavardin au moins, que je trouve personnellement très réussi, et qui vaut d'être vu au minimum pour la scène de l'interrogatoire de Michel Bouquet.

«J'ai un ami qui s'est noyé dans son lavabo... Mon ami s'est noyé à trente.»
Il est aussi dans ma seconde liste. (Et le personnage de Brialy vaut qu'on regarde aussi le second!)

"1 … 2 … 3 … "

Alifie a écrit:

Je viens de parcourir (un peu rapidement) vos échanges sur Chabrol : sauf erreur, personne, pas même Cololi , n'a cité Les Biches, un de ses très bons films de mon point de vue, même si Zardi et Attal, qui y tiennent une place prépondérante, y jouent comme des chaussettes (leur faramineuse carrière de seconds rôles ne s'est jamais étayée sur leur jeu d'acteur).

Je placeraiis les Biches dans ses bon films, mais je l'ai vu il y a longtemps, il faudrait réviser tout ça!

Personne n'a cité La ligne de démarcation, sorti récemment en BR, qui est un très bon opus. Ca ne ressemble pas à du Chabrol, mais c'est très bon.

Oui, Chabrol a aussi réalisé quelques films qui ne sont pas du tout chabroliens (souvent des adaptations de gros best-sellers de l'époque) mais qui sont assez réussis: La Ligne de démarcation ou Le Cheval d'orgueil.

Parsifal a écrit:

Je placeraiis les Biches dans ses bon films, mais je l'ai vu il y a longtemps, il faudrait réviser tout ça!

Je ne l'ai pas revu depuis un bail, mais dans mon souvenir, c'était un peu un «grand film malade», pour reprendre l'expression de Truffaut à propos de Marnie. Disons qu'on sent qu'il s'en faut vraiment de très peu pour glisser du côté Ophélia-Rupture-Décade prodigieuse.