PP Schumann Tchaïkovski – Neuburger Kochanovsky OP 19/10/20

Dimanche 18 octobre 2020 – 16H30
Lundi 19 octobre 2020 – 18H30

Robert Schumann
Concerto pour piano
Piotr Ilitch Tchaïkovski
Le Lac des cygnes, ballet (extraits)
Bis : Danse espagnole

Orchestre de Paris

Stanislav Kochanovsky, direction
Jean-Frédéric Neuburger, piano
Philippe Aïche, violon solo

N’étant ni très friand du concerto de Schumann ni très connaisseur du Lac des cygnes, je ne serai pas le mieux placé pour donner un avis éclairé sur ce concert, mais je voulais tout de même en dire un mot rapide parce qu’il fut vraiment enthousiasmant.

Le concerto : on y remarque déjà cette capacité de Kochanovsky à donner corps et épaisseur (mais vigoureuse) aux cordes de l’orchestre. Ce n’est pas très rapide mais il donne un allant et un rebond constants en réponse au pianiste. Neuburger m’a semblé très bien. Pas de bis.

La suite du Lac a été formidable : des violons qui sonnent comme rarement dans les graves et les mediums, un discours animé comme si on reprenait toujours la balle au bond. Et des moments de fougue : ce finale d’une puissance et d’une concentration grisantes. Un des rares concerts de l’OP aussi où on remarque plus les cordes et les cuivres (interventions puissantes et tranchées) que les bois. Ça marche vraiment bien entre ce chef et l’orchestre, il ne faudra pas rater ses prochains concerts en mai.

Quelques notes individuelles : à la harpe, David Lootvoet de l’ONP en invité, prodigieux. Aïche a tenu son rang avec panache dans ses deux grands solos. Célestin Guérin, jeune recrue au poste de trompette solo, affectionne le cornet à pistons (à vrai dire je ne sais pas bien s’il s’agissait d’un cornet ou d’une trompette aiguë) : deuxième fois cette année qu’il vient se joindre à l’orchestre pour en jouer, en sus de l’autre trompette solo. Il avait brillé au cor de postillon dans la 3e de Mahler.

Y suis allé lundi : un certain nombre de retardataires avec le début à 18h30, mais pas d’exode du public avant la dernière note à 20h05.

J’y étais le même soir, et je te rejoins pleinement sur Tchaikovsky, vraiment splendide, avec en particulier des cordes à tomber. J’étais au dernier rang du parterre (Catégorie 5) et malheureusement j’ai trouvé que les sonorités des cuivres étaient un peu écrasées, seul petit bémol.
Sur le concerto par contre j’ai été beaucoup moins enthousiaste, surtout le premier mouvement où orchestre et pianiste ne m’ont pas semblé en parfaite harmonie, et le pianiste un peu timide et hésitant.

Je m'en remets volontiers à ton avis sur le concerto.

Une critique, élogieuse, qui utilise le premier mot qui m'est venu à la bouche mais que j'ai oublié dans mon compte rendu : ce chef a vraiment de la classe !

https://www.diapasonmag.fr/critiques/stanislav-kochanovsky-a-l-orchestre-de-paris-suivez-ce-chef-31304

Avis partagé sur ce concert !

J'y étais dimanche en matinée. Concert réservé initialement pour Tugan Sokhiev, qui avait programmé ces deux concerts en remplacement des dates annulées en septembre… Il y a des fois où il vaut mieux laisser tomber, le sort s'acharne !
Finalement, j'étais ravi à l'annonce du remplacement par Kochanovsky: chef découvert il y a en avril 2019, dans le cadre du cycle de concertos pour piano de Rachmaninov, et qui m'avait ébloui. Une direction très engagée, dynamique et, effectivement, je confirme, classieuse !

Schumann : ce n'est pas mon concerto préféré, il fait parti de ceux que j'ai un peu trop entendu et que je trouve un peu surcoté. Après un portail particulièrement lent qui m'a inquiété, la densité s'est installée. Même si j'ai décroché par moment, c'est probablement l'une des meilleures versions entendues récemment (même Martha Argerich ne le joue plus si bien malheureusement). Le pianiste n'a démontré ni sensiblerie, ni grandiloquence, ni un grand charisme, il fait le job. Le chef semble se délecter de jouer un concerto pour piano (sa spécialité ?), et l'accompagnement n'est jamais relâché.

Tchaïkovski : cela fait partie des œuvres que l'on croit connaître et que l'on n'a pas forcément envie d'entendre (tarte à la crème). Et pourtant, dimanche, quelle claque ! Notamment ce final déjà évoqué ici, qui m'a profondément ému : à la fois l'expression d'une immense émotion et empreint de dignité, avec des cordes d'une grande profondeur, un son dense, des montées puissantes, une succession de climax tous parfaitement réussis et tenus… J'aurais adoré qu'ils bissent le final (ou pouvoir l'enregistrer ou le filmer, même si c'est censé être interdit), tant c'était bon !

Ce chef est décidément à suivre. On aurait pu le citer en candidat à l'OP : je n'ai pas l'impression qu'il ait un orchestre actuellement, il n'a rien gravé, et il n'y a qu'une poignée de vidéos sur Internet (dont ses concerts de 2019 à la PP), et pourtant il a tout d'un grand. Commençons déjà à croiser les doigts pour les concerts de mai.

Rocktambule a écrit:

(même Martha Argerich ne le joue plus si bien malheureusement).

Ah quand même, elle le joue magnifiquement (entendue il y a trois ans) ! Et je le dis sans être du tout un fan d'Argerich, merveilleuse mais que je ne situe pas significativement plus haut que plusieurs centaines d'autres pianistes admirables.

DavidLeMarrec a écrit:

Ah quand même, elle le joue magnifiquement (entendue il y a trois ans) !  Et je le dis sans être du tout un fan d'Argerich, merveilleuse mais que je ne situe pas significativement plus haut que plusieurs centaines d'autres pianistes admirables.

Vue une fois à Pleyel, quelques jours avant la fermeture, elle avait savonné les accords d'ouverture, ce qui l'a rendue bougonne pour tout le reste du premier mouvement. Je ne me souviens pas l'avoir revue dans ce concerto depuis (et si je ne m'en souviens pas, ce n'est pas forcément bon signe !).

J'aime beaucoup Martha Argerich également !

Ah, moi c'était avec Lucerne et Nelsons (couplage avec Mahler 5), je crois bien, donc après l'ouverture de la Philharmonie. Vraiment très très propre de bout en bout.

Rocktambule a écrit:

Ce chef est décidément à suivre. On aurait pu le citer en candidat à l'OP : je n'ai pas l'impression qu'il ait un orchestre actuellement, il n'a rien gravé, et il n'y a qu'une poignée de vidéos sur Internet (dont ses concerts de 2019 à la PP), et pourtant il a tout d'un grand. Commençons déjà à croiser les doigts pour les concerts de mai.

C'est vraiment un pur produit de Saint-Pétersbourg : naissance, études, conservatoire, désormais invité régulier au Mariinsky. Il a dirigé cinq ans l'obscur Orchestre philharmonique Safonov, sis à Kislodovsk. Je pense qu'il n'a commencé à franchir ses frontières qu'assez récemment, il y a cinq ou six ans, mais il semble faire bonne impression partout où il passe, a fait son trou au Festival de Verbier (que des bonnes critiques ou presque sur Bachtrack : https://bachtrack.com/find-reviews/category=1,2,3;performer=57535 ). En fait s'il fallait lui trouver un poste aujourd'hui, on aurait bien dit Toulouse, mais il pâtirait trop de la comparaison avec le bien-aimé Sokhiev.

Pour illustrer son rapport avec Saint-Pétersbourg : je suis tombé sur lui au gré d'une exploration dans les vidéos du Mariinsky.

DavidLeMarrec a écrit:

Ah, moi c'était avec Lucerne et Nelsons (couplage avec Mahler 5), je crois bien, donc après l'ouverture de la Philharmonie. Vraiment très très propre de bout en bout.

C'est Prokofiev 3 qu'elle avait joué avec Lucerne/Nelsons (concert dantesque !), et Schumann avec l'orchestre des jeunes Brésiliens, merveilleuse là aussi (plus qu'avec la Scala/Chailly la saison d'avant).

J'ai beaucoup aimé Neuburger, dans un tout autre style, lent, très décanté, mais avec beaucoup de profondeur et d'émotion.
Khochanovsky respectueux du soliste mais c'est dans le Lac qu'il a effectivement montré ce dont il était capable, animant notamment la scène finale avec une furia assez jouissive !
Bel orchestre, avec un long solo d'Aïche un peu savonné par moments (j'étais au concert du dimanche après-midi, très rempli) mais une harpe solo somptueuse.

tomseche89 a écrit:

C'est Prokofiev 3 qu'elle avait joué avec Lucerne/Nelsons (concert dantesque !), et Schumann avec l'orchestre des jeunes Brésiliens, merveilleuse là aussi (plus qu'avec la Scala/Chailly la saison d'avant).

Exact (un peu moins impressionné que toi par l'ensemble, Lucerne a beaucoup changé depuis Abbado). Schumann c'était avec Neojiba, oui, les basses claquaient merveilleusement.