PP - OP/Kochanovsky-Chamayou Tchaïkovski-Scriabine 12/01/22

Programme
Tchaïkovski : La fille de neige (extraits)
Scriabine : Concerto pour piano
Tchaïkovski : Casse-Noisette (extraits)


Distribution
Orchestre de Paris
Stanislav Kochanovsky, direction
Agunda Kulaeva, mezzo-soprano
Bertrand Chamayou, piano

Concert ayant très largement fait les frais de la crise sanitaire, mais qui a eu lieu tout de même. L'occasion de découvrir la Fille de neige et le concerto de Scriabine, et de ré-entendre Casse-Noisette.
J'aime beaucoup ce chef, déjà entendu avec l'OP dans des concerts assez mémorables (week-end Rachmaninov avec les concertos 3 et 4 et Denis Matsuev, un Lac des cygnes en remplacement de Tugan Sokhiev, ou un concerto pour piano 2 de Prokofiev avec Kantorow et Shéhérazade de RK).

Je reste très surpris que ce chef à l'impressionnant répertoire (sur son site : https://www.kochanovsky.ru/en/repertoire/ ) n'ai pas pu trouver plus original que Casse-Noisette en commun avec le répertoire de l'OP, mais bon, après tout, pourquoi pas... Kochanovsky a joué ce même morceau pour les concerts du Nouvel An avec l'ONCT (Toulouse), mais j'aurais préféré qu'il réitère avec le Lac des cygnes, lui aussi joué pour cette série toulousaine, comme en 2020 à la PP (le fameux remplacement de Tugan Sokhiev).

Tchaïkovski - La fille de neige : je découvrais le morceau, aucun air ne m'a rappelé de souvenir. Musique très agréable, mais peut-être avec des mélodies et des thèmes moins marquants que les autres ballets (Lac des cygnes ou Casse-Noisette). Les chansons étaient plutôt belles, chanteuse souriante, avenante, avec un air un peu godiche espiègle. Première chanson au sujet d'une fraise et d'une orpheline... qui prend sûrement son sens dans l’œuvre entière.
J'ai eu du mal à entrer dedans, entre le voisin de derrière qui soupirait et se raclait la gorge sans cesse, mes voisines de devant qui dormaient ostensiblement, et ma voisine de gauche qui ne cessait de me parler à chaque silence pour connaître le nom de la chanteuse, le nom de tel instrument, s'il restait des places à 10 € pour vendredi, et pourquoi vous préférez Mahler à Beethoven, et vous pensez que la troisième dose ça fatigue (mais, on ne se connaît pas, Madame, laissez-moi tranquille !... j'ai failli me replacer à l'entracte, mais elle a dormi toute la deuxième partie, ouf !).

Scriabine : concerto sur lequel il m'est difficile de me prononcer... Objectivement, je trouve certains passages plutôt beaux, colorés, sympathiques, autant je n'ai pas du tout compris où ça va, ni s'il y avait du sens à tout cela. On dirait du Rachmaninov moche, ou plutôt sans le lyrisme magnétique, sans ce que certains appelleront le flon-flon ou les dégoulinures de bons sentiments, mais qui font la puissance au moins des trois premiers concertos.
Chamayou très investi, plutôt puissant, alors que ce n'est pas sa marque de fabrique. Je suppose que le troisième mouvement est épuisant.

Rappel : Ravel - A la manière de Borodine, quand la musique française fait un clin d’œil à un programme 100 % russe. Très court, le temps de me rappeler que sa presque-intégrale Ravel est un des disques de ma collection que j'aime le moins.

Tchaïkovski - Casse-Noisette : rien de spécial à dire, très bien exécuté, sans que ce fut non plus exceptionnel. Trois rappels qui étaient en fait au programme, dont une Danse de la Fée Dragée relativement inaudible car beaucoup trop de spectateurs étaient déjà debout en train de partir. Petits écueils au célesta aussi (me semble-t-il, je peux me tromper), quelques discrets pains aux cuivres dans le reste du morceau, et quelques départs pas synchros... Magnifique clarinette (Philippe Moraguès ?).

Soirée charmante, mais de laquelle j'attendais plus.

Concert épatant ! J'y retourne ce soir et j'en parlerai donc demain

Joli concert, bien dirigé avec beaucoup d'allure par Kochanovsky, mais pas complètement exaltant car manquant un peu de fougue. J'avais déjà remarqué ce même défaut dans le Lac des Cygnes l'an passé, ce chef n'est finalement pas très interventionniste et semble parfois se contenter du beau son de l'orchestre. Il reprend toutefois la main dans les climax avec des progressions assez impressionnantes.

Le programme n'était pas non plus électrisant, la Suite de Casse-Noisette en particulier m'a un peu frustré, seulement 5 extraits, puis 3 en bis (!), j'aurais préféré tout entendre à la suite pour avoir quelque chose de plus consistant, avec une vraie progression. Je préfère, comme Rocktambule, entendre les Suites du Lac, qui me semblent supérieures musicalement parlant et qui ont en plus l'avantage de se terminer sur la vraie fin du ballet.

La choucroute du soir était servie par Scriabine : pas grand chose à retenir de cette enfilade de notes, pas désagréable au demeurant mais qui ne semble pas très bien construite. Problèmes de synchronisation inhabituels dans les derniers accords du premier mouvement, le timbalier était bien décalé avec le reste de l'orchestre et le piano.

Les extraits de la Fille de Neige étaient à mon sens le moment le plus intéressant du programme, et très bien rendus par l'orchestre (cordes brillantes dès l'Ouverture), avec des extraits très sombres, mélancoliques, d'autres martiaux et éclatants, et des airs chantés par une puissante mezzo du Bolchoï. Jouissive danse des Bouffons pour terminer !

Rarement vu la Philharmonie aussi vide, en revanche. Et on a de nouveau droit à la scène enfoncée, ce qui nuit à l'acoustique et à la visibilité

tomseche89 a écrit:

La choucroute du soir était servie par Scriabine : pas grand chose à retenir de cette enfilade de notes, pas désagréable au demeurant mais qui ne semble pas très bien construite. Problèmes de synchronisation inhabituels dans les derniers accords du premier mouvement, le timbalier était bien décalé avec le reste de l'orchestre et le piano.

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Rarement vu la Philharmonie aussi vide, en revanche. Et on a de nouveau droit à la scène enfoncée, ce qui nuit à l'acoustique et à la visibilité

Avis partagé sur le concerto. Je ne comprends pas ce morceau (Xavier, une aide ?).

Pour le remplissage, c'était sûrement dû à l'arrière-scène prévue initialement pour le chœur. Mercredi soir, le reste de la salle était plutôt bien rempli, mais il est vrai que cela crée un trou.
Concernant la scène sans estrade, c'était limite gênant : l'autre soir, le piano était quasiment sur les genoux du premier rang !

Je n'étais pas au concert, mais je suis surpris par les commentaires: ce concerto c'est du post-Chopin tout à fait joli et réussi, sans être un chef d'oeuvre, mais je le trouve mélodiquement et harmoniquement digne d'intérêt.

Contrairement à vous, ce concert m'a ravi. Tout n'était pas parfait, mais cela ne m'a pas empêché d'en sortir complètement heureux de ce que j'avais entendu.
A cela, une première raison : la musique russe m'enchante, particulièrement celle à caractère folklorique comme Snegourotchka.
Moi qui me plains sans cesse, avec d'autres ici, de ne pas entendre d'oeuvres rares, j'étais servi par ces deux soirées, à part Casse-noisette bien sur.
Snegourotchka a été un ravissement grâce à la beauté de ses thèmes, folkloriques parfois, son entrain, la transparence de son orchestration (comme dans Casse-noisette plus tard).
On avait du mal à ne pas bouger durant la Danse des bouffons, enthousiasmante, qui ne peut être ainsi jouée que pas un russe.
J'ai été surpis de connaître très bien un thème employé à la fois dans un entracte et dans un mélodrame. Je me demande si Tchaikovski ne l'a pas repris dans une autre oeuvre.
Excellent chanteuse, voix typiquement russe idéale pour cette musique, avec un vibrato qui m'a semblé moindre lors du deuxième concert.
Le concerto de Scriabine en effet n'est sans  doute pas un chef-d'oeuvre, mais c'est une oeuvre très attachante.
Je pense que le mouvement le moins intéressant est le premier ; on se sait pas trop où il veut aller, ça tourne en rond ! Et l'orchestration est assez lourde et épaisse. Mais on pense déjà à l'atmosphère des symphonies.
Le thème et variations qui suit est beaucoup plus réussi. Mais c'est le dernier mouvement que j'ai toujours préféré car, entre autres raisons,  les thèmes y sont plus frappants.
Et on est étonné de constater que le premier thème est quasiment du Chopin (un concerto, je n'arrive pas à déterminer lequel), et le deuxième thème du Rachmaninov
(dans le programme, on nous parle du 3ème concerto qui viendra plus de 10 ans plus tard). J'aime beaucoup ce savant mélange !
La partie du soliste se joue souvent dans l'aigu du piano, avec une imitation des chants d'oiseaux, annonçant déjà les symphonies 2 et 3 où on entend  aussi des chants d'oiseaux.
Jusqu'à maintenant, j'ai toujours aimé Chamayou en concert et dans des répertoires très différents.. Cette fois encore.
Curieusement, j'ai trouvé lors du concert de mercredi le son du piano un peu mélallique, et rien de tel le jeudi.
A-t-il changé de piano, le même piano a-t-l été réglé entre les deux concerts, ou est-ce mon oreille qui écoute différemment suivant les jours de la semaine ?? J'aurais bien posé la question au pianiste !
Le jeudi, nous avons eu droit à deux bis : une berceuse de Liapounov, en plus du Ravel.
Enfin Casse-noisette est pour moi un régal, quelques soient les extraits. Et je trouve que c'est le plus réussi des 3 ballets, et même un des chefs d'oeuvre de toute la production du compositeur.
D'ailleurs on y retrouve la même légèreté dans l'orchestration que dans Snegourotchka. Il était donc tout à fait justifié d'associer ces deux oeuvres.
Et je pense tout simplement qu'aux deux oeuvres rares, on a voulu associer une oeuvre qui retiendrait le public déçu du changement de programme.
Très bon chef dans cette musique (J'avais moins été emballé par lui dans les concertos de Rachmaninov).
Jeudi, dans la danse russe de Casse-noisette en bis, il a dirigé de la tête, imitant probablement Bernstein dans une symphonie de Haydn (voir sur internet) ; du coup l'orchestre semblait moins sur.
N'est pas Bernstein qui veut !