Prokofiev - Suite scythe

Je suis en train d'écouter la version Dorati avec Londres (1957, disque édité chez Mercury avec la suite de l'Amour des trois oranges et la 5è symphonie) et je crois bien que c'est la meilleure version que je connaisse.



L'Invocation à Veles et Ala est proprement hallucinante, commençant avec un tempo jamais vu, et avec dans la suite du mouvement une clarté vraiment remarquable, on entend tout et c'est réjouissant. (toujours ces cordes sublimes)
Vraiment, les prises de son de cette époque... c'est bluffant.
Le plus extraordinaire c'est peut-être le mouvement lent, la Nuit.
Je ne pense pas qu'on puisse faire mieux là-dedans en termes d'atmosphère et de clarté orchestrale.
Mêmes qualités dans le final, qui ne sonne pas du tout bourrin ici, mais très gracieux et virtuose, si vous aimez entendre les subtilités qu'on n'entend pas toujours très bien dans les enregistrements trop opaques, piano, célesta, harpe, triangle... vous serez comblés ici!
Et on se rend encore plus compte de la fabuleuse et subtile orchestration de Prokofiev, c'est tout sauf de la musique péplum contrairement à ce que certains pensent. (et à part le début du 2è mouvement, je ne vois pas ce qui peut véhiculer cette idée)

Je le pensais déjà avec les Bartok, mais là c'est sûr, Dorati et Londres dans les années 50-60 nous ont donnés des choses vraiment formidables.

Sinon je me souviens de la très chouette version Abbado (couplage avec un superbe Mandarin merveilleux) et c'est à peu près tout...

Si, Markevitch, bien mais un peu sec.

Xavier a écrit:

Sinon je me souviens de la très chouette version Abbado (couplage avec un superbe Mandarin merveilleux) et c'est à peu près tout...

A moins qu'il n'y en ait plusieurs, elle est maintenant couplée avec Lieutenant Kijé et avec Alexandre Nevski.

Oui je crois que c'est la même version. (donc le Mandarin n'est plus édité, dommage)


Au passage, le disque Dorati est écoutable ici: http://www.musicme.com/#/Compilation/Prokofiev:-Symphony-No.5-the-Love-For-3-Oranges-Suite-scythian-Suite-8888880001874.html

La mandarin avait été réédité en collection économique (celle avec les pochettes dorées qui s'appelait masters ou quelque chose du genre), avec les deux portraits pour violon par Shlomo Mintz, et ça doit encore se trouver.

Mais si tu as eu un couplage suite scythe/le mandarin, Xavier, il doit déjà s'agir d'une réédition. A l'origine le disque comportait la suite et Lieutenant Kije, qui ont en effet été ajouté à Alexandre Nevsky dans la collection originals. (et qui est un de mes disques de chevet )

Bref je vais me pencher sur cette version Dorati, j'aime énormément cette oeuvre. Je mentionne une version à éviter, celle de Gergiev. Il y avait eu un film passionnant de répétitions de Gergiev dans la suite scythe avec l'orchestre de Rotterdam. On pouvait attendre beaucoup d'un enregistrement, mais celui qu'il a réalisé, avec le Kirov cette fois, c'est comme souvent avec Gergiev au disque : très brouillon pour mon goût.

Xavier a écrit:

Sinon je me souviens de la très chouette version Abbado (couplage avec un superbe Mandarin merveilleux) et c'est à peu près tout...

Si, Markevitch, bien mais un peu sec.

+1 pour Dorati, comme toujours formidable à cette période (ses Bartok, mais aussi ses Stravinsky), ainsi que pour Abbado. J'ai un bon souvenir d'Ansermet et surtout de Walter Weller, mais il faudrait écouter à nouveau. Je ne connais pas Markevitch.

J'ai toujours adoré la furie de cette suite Scythe par Dorati. On peut l'écouter sur Musicme.

Je possède deux versions, Rattle, pas mal et surtout Kondrashin ! Irrésistible.

Je confirme pour Kondrachine, très précis, très saillant, et surtout ça déménage!

Xavier a écrit:

Je confirme pour Kondrachine, très précis, très saillant, et surtout ça déménage!

Et çà détrône Dorati, à votre avis?

Xavier a écrit:

Je confirme pour Kondrachine, très précis, très saillant, et surtout ça déménage!

Et comme souvent avec Kondrachine il y a un truc qui est hallucinant c'est le travail sur les cordes. On sent que la vélocité est la même pour tout le monde, les attaques exécutées exactement au même moment avec la même puissance (c'est aussi saillant dans le fugato du I de la 4e de Chosta avec le Concertgebouw ou le III de la 3e de Proko avec le même orchestre). Il a une clarté étonnante étant donné la vitesse et la puissance qu'il demande à son orchestre.

zedzep a écrit:

Xavier a écrit:

Je confirme pour Kondrachine, très précis, très saillant, et surtout ça déménage!

Et çà détrône Dorati, à votre avis?

Malheureusement j'a posté avant d'écouter le 3è mouvement, dont le pressage est tout buggué, chaque son est joué en double, je ne sais pas comment expliquer autrement, bref, c'est inécoutable.
A vérifier si ce n'est pas juste l'exemplaire que j'ai écouté, mais ça m'étonnerait.

J'apprécie beaucoup la version Dorati (ces enregistrements Mercury c'est toujours quelque chose), mais j'en reviens quand même toujours à l'interprétation grand luxe d'Abbado, moins tranchante mais plus ample, aux lignes moins précises mais peut-être plus mystérieuse que celle de Dorati.

zedzep a écrit:

J'apprécie beaucoup la version Dorati (ces enregistrements Mercury c'est toujours quelque chose), mais j'en reviens quand même toujours à l'interprétation grand luxe d'Abbado, moins tranchante mais plus ample, aux lignes moins précises mais peut-être plus mystérieuse que celle de Dorati.

J'apprécie beaucoup également celle d'Abbado. En fait, il y a 36 manières d'interpréter cette Suite Scythe selon les goûts. De la sauvagerie la plus exacerbée à une vision très apaisée évoquant une aimable musique de ballet. Celle d'Abbado me paraît se situer dans un juste milieu.

Je vous rejoins pour Abbado. Dorati est formidable d'énergie mais manque vraiment de magie et de mystère pour mon goût.

Connaissez-vous la version de Scherchen ? A connaître pour le document. Ça manque d'énergie, le Dieu ennemi et la danse des esprits noirs est pris vraiment trop lent, ça pâtit d'une prise de son à l'équilibre curieux qui fait entendre des détails mais au détriment du premier plan, mais il y a des passages et des ambiances très réussis, de l'intensité.

zedzep a écrit:

Xavier a écrit:

Je confirme pour Kondrachine, très précis, très saillant, et surtout ça déménage!

Et çà détrône Dorati, à votre avis?

Hormis le problème soulevé par Xavier, ça peut prétendre sans aucun problème à être cité dans les versions à connaître.
Et puis le couplage avec la rare Cantate pour Octobre est intéressant, Kondrachine allumant aussi cette oeuvre qui est la seule que je connaisse où l'on entend des accordéons derrière des percussions imitant les mitraillettes.

Xavier a écrit:

Je suis en train d'écouter la version Dorati avec Londres (1957, disque édité chez Mercury avec la suite de l'Amour des trois oranges et la 5è symphonie) et je crois bien que c'est la meilleure version que je connaisse.



L'Invocation à Veles et Ala est proprement hallucinante, commençant avec un tempo jamais vu, et avec dans la suite du mouvement une clarté vraiment remarquable, on entend tout et c'est réjouissant. (toujours ces cordes sublimes)
Vraiment, les prises de son de cette époque... c'est bluffant.
Le plus extraordinaire c'est peut-être le mouvement lent, la Nuit.
Je ne pense pas qu'on puisse faire mieux là-dedans en termes d'atmosphère et de clarté orchestrale.
Mêmes qualités dans le final, qui ne sonne pas du tout bourrin ici, mais très gracieux et virtuose, si vous aimez entendre les subtilités qu'on n'entend pas toujours très bien dans les enregistrements trop opaques, piano, célesta, harpe, triangle... vous serez comblés ici!
Et on se rend encore plus compte de la fabuleuse et subtile orchestration de Prokofiev, c'est tout sauf de la musique péplum contrairement à ce que certains pensent. (et à part le début du 2è mouvement, je ne vois pas ce qui peut véhiculer cette idée)

Je le pensais déjà avec les Bartok, mais là c'est sûr, Dorati et Londres dans les années 50-60 nous ont donnés des choses vraiment formidables.

Sinon je me souviens de la très chouette version Abbado (couplage avec un superbe Mandarin merveilleux) et c'est à peu près tout...

Si, Markevitch, bien mais un peu sec.

Dorati est aussi ce que j'ai entendu de mieux jusque là dans la Suite scythe (tout le Cd est formidable d'ailleurs, si on ne craint pas l'acidité de l'orchestre de Minneapolis dans la symphonie - mais je trouve que ça va bien à l'oeuvre).
Abbado très brillant, mais un peu trop poli et distingué à mon sens.

Deux autres versions que je connais, sinon :
- Bernstein avec le NY Philharmonic chez Sony : réédité sur un CD un peu fourre-tout (mais magnifique) de musique russe dans la Royal Edition, avec l'ouverture de Rouslan et Loudmila de Glinka, deux esquisses caucasiennes d'Ippolitov-Ivanov, une polka de l'Age d'or de Chostakovitch, la danse des marins du Pavot rouge de Glière, la marche de l'Amour des trois oranges... Interprétation décoiffante mais un peu trop bruyante, à mon avis la moins bonne partie de ce CD :
http://www.amazon.fr/Russian-Orchestral-Pieces-Bernstein/dp/B0000027NF/ref=sr_1_2?ie=UTF8&qid=1295526009&sr=1-2

-Rattle à Birmingham chez EMI (couplé à la 5e symphonie) : à éviter absolument !!! Désespérément mollasson et tiédasse (même la prise de son est vaseuse), sûrement un des premiers ratages de Rattle au disque. Que les Indispensables du CD chez Fayard l'aient choisi comme indispensable pour les 2 oeuvres est un grand mystère pour moi, il est si facile de trouver mieux...
Bref, retour à Dorati.

Walther a écrit:

Dorati est aussi ce que j'ai entendu de mieux jusque là dans la Suite scythe (tout le Cd est formidable d'ailleurs, si on ne craint pas l'acidité de l'orchestre de Minneapolis dans la symphonie - mais je trouve que ça va bien à l'oeuvre).
Abbado très brillant, mais un peu trop poli et distingué à mon sens.

Deux autres versions que je connais, sinon :
- Bernstein avec le NY Philharmonic chez Sony : réédité sur un CD un peu fourre-tout (mais magnifique) de musique russe dans la Royal Edition, avec l'ouverture de Rouslan et Loudmila de Glinka, deux esquisses caucasiennes d'Ippolitov-Ivanov, une polka de l'Age d'or de Chostakovitch, la danse des marins du Pavot rouge de Glière, la marche de l'Amour des trois oranges... Interprétation décoiffante mais un peu trop bruyante, à mon avis la moins bonne partie de ce CD :
http://www.amazon.fr/Russian-Orchestral-Pieces-Bernstein/dp/B0000027NF/ref=sr_1_2?ie=UTF8&qid=1295526009&sr=1-2

-Rattle à Birmingham chez EMI (couplé à la 5e symphonie) : à éviter absolument !!! Désespérément mollasson et tiédasse (même la prise de son est vaseuse), sûrement un des premiers ratages de Rattle au disque. Que les Indispensables du CD chez Fayard l'aient choisi comme indispensable pour les 2 oeuvres est un grand mystère pour moi, il est si facile de trouver mieux...
Bref, retour à Dorati.

Malheureusement, je trouve la sonorité de casserole de l'orchestre de Minneapolis vraiment dissuasive dans la symphonie... déjà que je n'aime pas trop l'oeuvre...

Pour moi, ce complément plombe un disque dont tout le début est absolument admirable. (la suite des trois oranges est fabuleuse aussi)

Suite à la lecture de ce topic, découverte de la Suite Scythe version Dorati et... il se dopait à quoi ce chef?

C'est monstrueux d'énergie pure, de l'adrénaline en perfusion (le 1er mouvement!), sans pour autant ommettre les détails, toute l'orchestration ressort comme jamais... Les attaques scandées des cuivres graves au début du 2ème mouvement ont un effet pesant, une percussion incroyable, l'ambiance nocturne du 3ème est parfaitement rendue dans tout son mystère...
Et cette prise de son Mercury! Difficile de croire que l'on est en 1957, a t-on réellement fait mieux depuis?

J'aime aussi beaucoup la version Abbado, avec un CSO en grande forme mais un peu plus lisse et "rond" que Dorati; avec ce dernier on est encore une catégorie au dessus je trouve.

Dans la 5ème symphonie complétant le disque je préfère toujours la version Karajan, qui me fait vraiment plonger dans l'adagio... En meme temps, Berlin vs. Minneapolis, la différence est assez flagrante...

Mais rien que pour la suite scythe, un grand disque.

Dans le sujet consacré à Erich Leinsdorf, je viens d'évoquer l'interprétation que ce chef autrichien enregistra le 24 octobre 1966 -originellement couplée en LP avec la Symphonie n°3, et à ma connaissance jamais reparue en CD (?)
Je ne l'ai pas entendue, mais ce chef enregistra l'ensemble des Concertos (piano, violon, violoncelle), ainsi que quatre des sept symphonies. Cela dans des prises de son faramineuses.
Ce doit donc sûrement être une version majeure de la Suite Scythe.
 

Leinsdorf, on peut l'écouter ici: https://www.youtube.com/watch?v=-o87gVf1CL0

(c'est un petit demi-ton trop haut)