Schubert: musique sacrée (messes et magnificat)

Ayant remis sur ma platine le disque d'Herreweghe de la Messe en LA, je me prends à m'intéresser aux oeuvres religieuses de Schubert. J'avoue ne pas trop parvenir à faire la part des choses: je crois comprendre que la Messe en LA (n°5), celle en MI bémol (n°6) et la Deutsche messe sont les plus réussies.

Du coup, en versions séparées, quels sont les disques recommandables?

Il me semble que, pour l'intégrale, Sawallisch fait autorité !?

Oui, Sawallisch fait autorité, au moins pour les solistes, mais on doit trouver des choses plus souples au cas par cas. Les versions, comme pour les oratorios de Schumann, sont souvent très opaques, et ça gâche tout.

Une fois de plus, quelque chose d'aéré et de souple avec des choeurs chatoyants a ma priorité.

Il faudrait peut-être que j'écoute sa Messe en LA, histoire de comparer avec Herreweghe (dans la mesure où on ne doit pas faire mieux que lui dans le style allégé)...

Abbado est pas mal aussi !

Demande de conseil

Je viens d'écouter des extraits de la Messe n°2 ... je trouve ça franchement magnifique.

Apparement ce sont les 5 et 6 les plus réussies ... ça promet !

Bref c'est quoi les références ?

Cololi a écrit:

Demande de conseil

Je viens d'écouter des extraits de la Messe n°2 ... je trouve ça franchement magnifique.

Apparement ce sont les 5 et 6 les plus réussies ... ça promet !

Bref c'est quoi les références ?

Oui, les premières sont belles, et les dernières sont très belles. C'est dans un genre un peu contemplatif peut-être, peu de rebond rythmique, mais c'est de la beauté pure.

Niveau références, on cite généralement (et non sans raison ) Sawallisch, avec de superbes solistes. Il y a beaucoup de versions très réussies cela dit, dès que ce n'est pas trop monumental en fait.

Il y a la D 950 en mi bémol, hautement recommandable, par Bernius. Tout ce que fait Bernius est remarquable.

Zeno a écrit:

Il y a la D 950 en mi bémol, hautement recommandable, par Bernius.

Exact.

Citation :

Tout ce que fait Bernius est remarquable.

Exact.

Tout ce que je dis est exact.

Spoiler:

Zeno a écrit:

Tout ce que je dis est exact.

Spoiler:

FATAL SYSTEM ERROR

IMPOSSIBLE ORDER

UNRECOGNIZED COMMAND

UNBELIEVABLE REQUEST

Vous avez pas honte de flooder sur un fil de musique religieuse

Pourquoi ? Le Déluge, c'est pas dans la Bible ?

Zeno a écrit:

Pourquoi ? Le Déluge, c'est pas dans la Bible ?

Ca ne m'étonne pas que la méditation soit inconnue a un anti-brucknérien

Je n'ai rien contre Bruckner, je suis juste soucieux de mettre en garde mes contemporains, déjà sujets au stress ulcératif, contre l'indigestion.

Et bien j'ai une mauvaise nouvelle pour toi : étant donné que tu refuses obstinément de croire au paradis - dont seul Bruckner à la secret - et bien tu grilleras en enfer ... avec Meyerbeer (entre autres)

L'enfer, c'est uniquement ceci : quelqu'un d'autre que Wagner écrivant pour le tuba wagnérien.
Le reste, c'est de la roupie de bénitier.

J'apprécie particulièrement Harnoncourt dans la Messe no. 5. La dernière m'est moins familière, mais je crois l'avoir trouvée moins subtile et plus "mastoc" plus neuvième symphonie en fait .

aussi, j'aime beaucoup le Stabat Mater D383, qui est une oeuvre plus ancienne, mais qui a beaucoup de charme ! (j'ai la version par Michel Corboz)

La D950, elle est magnifique... mais c'est normal car toutes les dernières oeuvres de Schubert sont des miracles en musique

Je ne sais pas si on le trouve toujours mais le coffret de Wolfgang Sawallish est magnifique :


Il y a de très rares passages dont la théâtralité exagérée des solistes dans ce répertoire peut faire sourire aujourd'hui mais l'exhaustivité et la beauté du contenu de ce coffret le rend indispensable à tout amateur de ma musique sacrée de Schubert

Sinon, je possède quelques versions isolées toutes très belles voire parfois supérieures :
- la Messe n°5 D 678 par Herreweghe chez Harmonia Mundi
- la Messe n°5 D 678 par Harnoncourt chez Teldec
- la Messe n°6 D 950 par Harnoncourt chez Teldec
- le Magnificat D 486 / Intende Voci D.963 (couplé à la Schopfungsmesse de Haydn) par Harnoncourt chez Teldec.

Left a écrit:

Il y a de très rares passages dont la théâtralité exagérée des solistes dans ce répertoire peut faire sourire aujourd'hui mais l'exhaustivité et la beauté

Tout à fait d'accord.

J'ai réécouté la Messe D950. Ce n'est pas mon idéal stylistique en matière de musique sacrée (je préfère quand c'est plus sobre, sombre et mystique), mais faut bien reconnaitre que c'est quand même très beau. Donc oui à conseiller.
Dans cette messe j'entend beaucoup ce que Bruckner a prit à Schubert.

Quelqu'un peut-il me dire si ces deux Cds sont les mêmes ( le deuxième est-il une ré-édition du premier) ?

Le deuxième semble une réédition dans la série mid-price de Berlin Classics.

J'ai deux versions grand format que j'adore: Leinsdorf (Testament) et Giulini (BBC). Avec Bernius ce serait sans doute totalement différent. Lorsque t'auras écouté, donne-nous ton avis !

La version Leinsdorf est disponible en double CD couplée avec la Deutsche Messe (Gerhard Schmidt-Gaden) pour......6.66$, soit moins de 5 euros    .

Chaudement recommandé. Avec le Philharmonique de Berlin, Pilar Lorengar, Fritz Wunderlich....  Voir le site de Amazon.ca

Merci pour le tuyau André   

Schubert : Messe n°6 en mi bémol majeur D.950
Ensemble vocal de Lausanne
Orchestre de chambre de Lausanne
Michel Corboz

Sinistre  (sauf le Kyrie et ensuite à partir du Benedictus, ce qui ne fait pas grand chose au bout du compte) et je ne dis pas cela contre les musiciens mais contre Schubert.
Je ne connais pas bien ses lieders mais je pense qu'il y a dépensé un art vocal inouï et rien du tout pour cette messe.
Ça commençait bien mais ensuite c'est l'ennui. Ça ne décolle jamais, ça ne chante pas.
Je croyais a priori y trouver plus de substance que dans mes tentatives avec Haydn, peine perdue.
On sent que le langage de la messe, à cette époque, se cherche, recherche la nouveauté, sans trouver et sans convaincre.

C'est peut-être aussi les musiciens, dois-je persévérer ?

Franz pardonne lui car il ne sait pas ce qu'il dit   

Tu as écouté quelle version ?

Sawallish   

Bon ce n'est pas dans la musique sacrée que Schubert est à son meilleur, que ce soit clair ... mais la dernière messe, c'est quand même quelque chose.

Cololi a écrit:

Sawallish   

C'est noté.  Dès l'instant qui a précédé l'achat de mon premier CD de musique classique j'étais convaincu que l'appréciation que j'en aurais pourrait être très différente d'un interprète à l'autre. Ce n'est pas une opinion partagée par tout le monde.

Pour ma part j'ai la version Harnoncourt et je ne vois pas trop quoi lui reprocher... C'est pour moi une des plus belle messes du XIXème, j'aime beaucoup en particulier l'utilisation parcimonieuse mais toujours à-propos des parties de solistes.

EDIT : le canon du "Et incarnatus est" en particulier est sublime

En fait si je devais dire ce que j'ai entendu je ne pourrais rien dire. Je n'ai à peu près rien entendu. Peut-être trop fin pour moi, du moins à la première écoute. Quand j'écouterai Sawallisch j'y verrai plus clair dans l'impression pour le moment très mineure que m'a laissé cette messe.

Je crois que ça dépend beaucoup de l'humeur d'écoute : d'une fois sur l'autre, je trouve ça très lisse et assez ennuyeux, ou au contraire comme Roderick je suis séduit par les équilibres entre chœurs et solistes, la veine mélodique discrète...

J'apporte aussi mon suffrage à Sawallisch, qui est un peu lisse peut-être, mais qui dispose de solistes éloquents.

DavidLeMarrec a écrit:

Je crois que ça dépend beaucoup de l'humeur d'écoute :

C'est certain, et je n'étais pas au meilleur de ma forme.  Le temps de l'attente jusqu'à la découverte fait aussi son effet et la réalité de l'œuvre nous refroidit parfois.

Perso cette esthétique musique sacrée du XIX me parle très peu ... mais quand c'est Schubert ou Bruckner il faut quand même avouer que c'est quand même pas mal.

Cololi a écrit:

cette esthétique musique sacrée du XIX

quelle esthétique, au fait ? qu’est-ce que cela a de particulier ?

Dav' le brave a écrit:

Cololi a écrit:

Sawallish   

C'est noté.  

Tant qu'à choisir Sawallisch (excellent choix), plutôt que sa célèbre version EMI, autant opter pour son précédent témoignage de 1971 à Dresde, avec Helen Donath, Peter Schreier et Theo Adam.

Mais il y a d'autres bonnes versions.

A essayer aussi, avec choeurs d'enfants : les Wiener Sängerknaben, le tout dirigé par Bruno Weil chez Sony.

lucien a écrit:

Cololi a écrit:

cette esthétique musique sacrée du XIX

quelle esthétique, au fait ? qu’est-ce que cela a de particulier ?

Très difficile à définir. Utilisation trop massive de l'orchestre et des chœurs ... je ne sais pas le définir mieux.

Je préfère très très largement la musique sacrée du XVIII° et du XX° (et le peu que je connais d'avant le XVIII°).

J'ai écouté à la table d'écoute de musiq3, Lazarus ( enfin quelques extraits) oeuvre que je ne connaissait pas et vraiment c'est une bien agréable surprise
L'oeuvre est une sorte d'oratorio , malheureusement inachevé mais qui comprend de très belles mélodies (marque de fabrique de Franz) , beaux solos vocaux et délicates parties orchestrales
Particularité de cette pièce : intervention minimaliste du choeur ce qui est plutôt rare pour un oratorio me semble-t-il

Bref j'invite les joyeux intervenants d'y jeter une oreille , pour ma part je vais l'acheter de ce pas

  

Oui, c'est un oratorio assez sympathique ; inégal pour du Schubert, mais il y a quand même de beaux moments. Au niveau du genre, c'est très proche de Christus am Ölberge de Beethoven (qui, lui, est un authentique chef-d'œuvre).

DavidLeMarrec a écrit:

Oui, c'est un oratorio assez sympathique ; inégal pour du Schubert, mais il y a quand même de beaux moments. Au niveau du genre, c'est très proche de Christus am Ölberge de Beethoven (qui, lui, est un authentique chef-d'œuvre).

D'accord sur LvB

56:33 dans cette interprétation vs 65:13    dans la version ultérieure que Giulini enregistra sur le label Sony



et dont j'ai entendu de larges extraits.

Qu'on le veuille ou non, l'équilibre s'en trouve complètement chamboulé. La majorité des interprétations font 50-55 minutes. Il faut tenir compte du fait que c'est une messe tout de même assez longue, dans laquelle Schubert s'épanche nettement plus que dans ses autres oeuvres de la même eau. Je n'ai pas entendu (détecté?) d'avantage interprétatif pour compenser la langueur qui me semble se dégager de cette version.

Quelqu'un l'a-t-il entendue ?

Pour mémoire, mes versions de référence sont celles de Leinsdorf et celle de Giulini à Londres. Toutes deux me semblent capturer ce nouveau paradigme (chez Schubert) d'oeuvres nouvellement conçues dans une optique de "surdimension" (sonate D. 960, Winterreise D. 911, Quintette en do D. 956, Symphonie en do D. 944) et ce, sans sacrifier le lyrisme ni la rythmique typiquement schubertiens.

Un peu HS ici (pas de la musique religieuse), mais faute d'un topic dédié aux chœurs profanes :

Mélomaniac, in playlist, a écrit:

Franz Schubert (1797-1828) :

Die Nacht
Die Nachtigall
Wehmuth
Der Gondelfahrer
Mondenschein
Nachthelle
Das Dörfchen
Die Einsiedelei
Sehnsucht
Grab und Mond
Frühlingsgesang
Liebe
Widerspruch
An den Frühling
La Pastorella
Ständchen
Der Entfernten

Karl Kent, ténor
Norman Mackenzie, piano
Mary Akerman, guitare
Robert Shaw Chamber Singers

(Telarc, octobre 1992)

Robert Shaw (1916-1999) fut avec Margaret Hillis un des chefs de chœur les plus populaires des États-Unis.
Avec sa chorale, il joua et enregistra les pages de Schubert dès 1949, à l'époque où il collaborait avec Toscanini.
Structuré en trois parties, ce programme illustre quelques thèmes chers au compositeur : la nature, la nuit, la mélancolie...
Interprétation très chaleureuse, et captée dans une acoustique aérée qui distille un plaisir sans ombre. Vraiment remarquable