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Barzh
Sa VieGuillaume Bouzignac (né avant 1592 - mort après 1641) est un enfant du Languedoc. Doué d'une belle voix et pourvu d'aptitudes musicales, il a été placé très jeune dans l'une des maîtrises les plus brillantes de France : celle de la cathédrale Saint-Just de Narbonne. Pendant ses années d'internat, c'est à dire jusqu'à la mue de sa voix, il y a reçu un enseignement complet comprenant, non seulement la musique théorique et pratique s'étendant au jeu des instruments, mais aussi la grammaire et le latin. En quittant la maîtrise, le jeune homme sait composer une messe ou un motet, et peut postuler une place de "maître des enfants".
C'est ainsi que Bouzignac, à l'âge de 17 ans, a été jugé digne de composer un court motet latin à cinq voix,
O mors ero mors tua dont le style traditionnel ne laisse en rien présager les œuvres à venir. Il se lance alors dans le monde, celui des musiciens d'église sous l'Ancien Régime. C'était une vie nomade, en quête de bonnes maîtrises, que l'on quittait bientôt pour de meilleurs postes, et ainsi de suite.
À la cour du duc de Montmorency, gouverneur du Languedoc, Bouzignac a connu la musique d'Italie, les madrigaux dramatiques de Marenzio, de Vecchi, peut-être de Monteverdi dont l'influence se manifeste à chaque page l'œuvre de notre compositeur.
Les œuvres de Bouzignac sont conservés en deux recueils manuscrits dont le plus ancien est à la Bibliothèque municipale de Tours et l'autre, à la Bibliothèque Nationale. On sait avec certitude, car il l'a lui-même précisé sur le manuscrit de Tours, qu'il a remporté le prix lors d'un "puy de musique" (ou concours), pour deux chansons françaises composées dans le style à la mode, celui de Guédron et de Boesset. On sait aussi qu'auprès des connaisseurs, comme le célèbre Père Mersenne, il était classé parmi les musiciens remarquables "pour l'excellence de leur art". Considéré en son temps comme un moderne, il est l'un des très rares musiciens novateurs de l'École française en ce début du XVIIe siècle.
Source : Denise Launay
Son œuvreOn doit à Bouzignac, outre trois messes (deux, cinq et sept voix), des lamentations, et surtout des psaumes, des hymnes et des motets. Il écrit souvent à deux chœurs, comme Nicolas Formé, le musicien de Louis XIII, ou plutôt à la manière de Juan Cererols, à moins qu'on ne puisse imaginer au contraire que l'influence va du français au catalan. Dans ses compositions, de quatre à neuf voix, il confère un élément dramatique à sa musique, par l'emploi du solo ou du groupe de solistes alternant avec les chœurs, ouvrant la voix au grand motet à la française d'Henri Dumont. Son motet
O flamma divini amoris, à six voix, pour le temps de la Passion, ainsi que les dialogues spirituels, tels
La trahison de Judas et Stella refulget (motet pour l'Épiphanie) sont proches des oratorios dramatiques de Carissimi, contemporains ou légèrement postérieur ; ils ne leur cèdent en rien quant à l'intensité expressive, à la disposition originale des voix et à leur efficacité dramatique (audaces harmoniques et mélodiques : intervalles diminués, par exemple).
Source : Encyclopædia universalis