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| PP – Mahler 8 – D. Harding, Orchestre de Paris – 24-25/11/23 | |
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mickt Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2743 Date d'inscription : 05/03/2018
| Sujet: PP – Mahler 8 – D. Harding, Orchestre de Paris – 24-25/11/23 Mer 22 Nov 2023 - 21:40 | |
| VENDREDI 24 ET SAMEDI 25 NOVEMBRE 2023 – 20 H Grande salle Pierre Boulez, Philharmonie de ParisGustav Mahler — Symphonie n° 8 « des Mille »Orchestre de Paris Orchestre du Conservatoire de Paris Chœur de l’Orchestre de Paris* jeune chœur de paris* Maîtrise de Paris du CRR de Paris** Chœur d’enfants de l’Orchestre de Paris*** Daniel Harding, direction Johanni van Oostrum [Una Poenitentium], soprano Sarah Wegener [Magna Peccatrix], soprano Johanna Wallroth [Mater Gloriosa], soprano Jamie Barton [Mulier Samaritana], alto Marie-Andrée Bouchard-Lesieur [Maria Ægytiaca], alto Andrew Staples [Docteur Marianus], ténor Christopher Maltman [Pater Ecstaticus], baryton Tareq Nazmi [Pater Profundus], basse Richard Wilberforce*, Edwige Parat**, chefs de chœur Rémi Aguirre Zubiri, Edwin Baudo, Désirée Pannetier, Béatrice Warcollier***, chefs de chœur associés Ji-Yoon Park, violon solo (invitée) Johann Guzman, chef assistant Voilà un concert qui promet, la deuxième fois qu'est donnée la 8e de Mahler à la Philharmonie, après Gergiev et Munich. C'est la troisième fois que l'Orchestre de Paris aborde l'œuvre : il y eut Solti en 1975 au Palais des Congrès, et Eschenbach en 2008 à Bercy. Daniel Harding a eu certains de ses plus beaux succès à Paris dans ce genre de grande œuvre chorale : Dream of Gerontius, Le Paradis et la Péri, Scènes de Faust de Schumann. Ce dernier y utilise d'ailleurs certains des mêmes passages du Faust de Goethe que Mahler dans la Symphonie des Mille. Côté orchestre, on ne peut que remarquer la nouvelle apparition de Ji-Yoon Park, du Philhar', comme invitée en violon solo. Détail insolite : on s'est habitué, dans les programmes de Radio France, à lire la mention rituelle « Ji-Yoon Park joue sur un violon d’Antonio et Girolamo Amati, fait à Crémone en 1623, prêté gracieusement par Emmanuel Jaeger ». Cette semaine, le violon reste gracieusement prêté : non pas à Park, mais à Eiichi Chijiiwa, le 2e violon solo de l'OP. Et en vérifiant du côté de Radio France, on se rend compte que Park ne jouait pas, lors de ses derniers concerts, sur le Amati, mais sur sur un violon de Domenico Montagnana de 1740, du même prêteur. (Pendant ce temps, Julien Szulman, qui était invité comme supersoliste pour l'opéra de Benjamin en octobre, est en tournée au Japon avec une douzaine de solistes et de musiciens de l'Orchestre de Paris, dans un programme de musique française.) On annonce 400 musiciens et chanteurs sur scène — et en arrière-scène, et un peu sur les balcons aussi. https://deneb.philharmoniedeparis.fr/uploads/documents/24-25-11-2023-OP-Harding-Symph1000-NPGS-web.pdf
Dernière édition par mickt le Dim 26 Nov 2023 - 12:02, édité 2 fois |
| | | mickt Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2743 Date d'inscription : 05/03/2018
| Sujet: Re: PP – Mahler 8 – D. Harding, Orchestre de Paris – 24-25/11/23 Ven 24 Nov 2023 - 0:52 | |
| - Citation :
- On annonce 400 musiciens et chanteurs sur scène — et en arrière-scène, et un peu sur les balcons aussi.
469 même selon Télérama : « 320 choristes, soit l’addition du chœur amateur de l’Orchestre de Paris et de deux autres issus du Conservatoire à rayonnement régional de Paris. Plus les 8 chanteurs invités, 82 musiciens permanents et 59 extras appelés en renfort du Conservatoire de Paris dans tous les pupitres, on arrive à 469. » (auraient-ils oublié le chef dans le décompte ?) https://www.telerama.fr/musique/la-symphonie-des-mille-de-mahler-a-la-philharmonie-jouer-une-uvre-aussi-titanesque-un-defi-artistique-7018199.php (zéro communication de l'OP pour le moment sur un des événements de sa saison.) |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97923 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: PP – Mahler 8 – D. Harding, Orchestre de Paris – 24-25/11/23 Sam 25 Nov 2023 - 10:51 | |
| Quel regard acéré sur les actualités de l'orchestre ! Oui, on l'attend depuis longtemps, cet ultime maillon de l'intégrale Harding, annulé cause covid puis remis sine die cause départ… J'ai toujours énormément aimé les Mahler de Harding (et le reste aussi d'ailleurs), et comme tu le dis ses oratorios étaient à chaque fois de franches réussites, donc pas de raison que ce ne soit pas bien. Je m'étonne tout de même du choix des chœurs du CRR (dans mon souvenir, c'était l'Orfeón Donostiarra qui était prévu, mais je confonds peut-être avec la Deuxième de Mäkelä et la première programmation de cette Huitième, où les solistes étaient différents aussi), qui sont très bons, mais dont les performances vocales individuelles ne sont pas du tout équivalentes à celles de professionnels, ni même à celles des membres du Chœur de l'Orchestre de Paris. J'espère que ça ne sonnera pas trop courtement timbré – j'aime cela dit beaucoup les chœurs amateurs, lorsque les voix sont trop charpentées, ça sonne très vite lourd et agressif (comme pour le chœur de Radio-France jadis, ou le Chœur de l'Opéra naguère). Je me réjouis d'entendre ça en tout cas, d'autant que j'ai appris à aimer de plus en plus cette symphonie ces dernières années ! Tu y es allé hier ? D'autres membres aussi peut-être ? |
| | | mickt Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2743 Date d'inscription : 05/03/2018
| Sujet: Re: PP – Mahler 8 – D. Harding, Orchestre de Paris – 24-25/11/23 Sam 25 Nov 2023 - 11:35 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- Je m'étonne tout de même du choix des chœurs du CRR (dans mon souvenir, c'était l'Orfeón Donostiarra qui était prévu, mais je confonds peut-être avec la Deuxième de Mäkelä et la première programmation de cette Huitième, où les solistes étaient différents aussi)
Tu m'as donc poussé à aller vérifier : c'était déjà bien le Jeune Chœur du CRR qui était prévu en 2020. Étaient aussi annoncées les "Filières Voix des Conservatoires de la ville de Paris", pas sûr qu'on ait perdu au change. Pourquoi le CRR : Marc Korovitch, avec lequel a sans doute été élaborée la distribution avant sa démission, et maintenant Richard Wilberforce y travaillent tous les deux. Ça correspond aussi à l'idée d'avoir des étudiants à la fois à l'orchestre et chez les chanteurs. Et puis c'est moins cher que de faire venir un chœur étranger. (La regrettée Erin Wall faisait partie du cast de 2020.) Et donc oui, j'y étais hier, et j'ai trouvé ça formidable. Tu (David) auras une oreille bien plus affûtée pour juger de la prestation des chœurs, mais je les ai trouvés excellents : on s'attendait bien sûr à l'engagement, mais ça m'a semblé intelligible, surtout en allemand, certains passages, le début de la 2e partie, en imitation et en écho aux pizzicatos des contrebasses et des violoncelles, ou pendant la grande progression finale, étaient saisissants. J'y retourne ce soir donc je verrai ce qui sort d'une réécoute, mais c'était du grand Harding : un grand sens de l'architecture et de la vision d'ensemble, surtout cette deuxième partie comme une arche, un immense souffle de la première à la dernière note. Une grande attention à la clarté et une forme de transparence, certains équilibres particulièrement réussis (tous les claviers impeccablement dosés, de l'harmonium à l'orgue, une mandoline très audible). Peut-être une forme d'objectivité et presque de froideur, mais compensée par un aspect assez doux et par la place laissée laissée aux solos des musiciens et des chanteurs (distribution exemplaire ! Staples, Maltman, Barton et les autres, tous très bons). Lecture plutôt rapide m'a-t-il semblé mais il faudrait vérifier. Il manquait peut-être un chouïa de puissance et de majesté dans la première partie. Tout ceci étant dit, c'est la seule symphonie de Mahler à laquelle je ne m'étais pas encore sérieusement intéressé, je la trouvais plutôt indigeste, mais je l'ai écoutée au disque ces derniers mois, j'ai potassé mon La Grange cette semaine, et c'est vraiment sublime ! (effectifs de cordes : 19 violons I, 18 violons II, 15 altos, 14 violoncelles, 12 contrebasses. Du lourd ! Harding divises les violons I et II et place les violoncelles et les contrebasses à jardin, à côté des violons I.) |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97923 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: PP – Mahler 8 – D. Harding, Orchestre de Paris – 24-25/11/23 Sam 25 Nov 2023 - 12:36 | |
| - mickt a écrit:
- Et puis c'est moins cher que de faire venir un chœur étranger.
Oui, bien sûr ! Mais je me souviens aussi des protestations (qui peuvent s'entendre) des chanteurs professionnels qui regrettent la multiplication des chœurs amateurs associés à des formations orchestrales, les privant de source de revenus. - Citation :
- Et donc oui, j'y étais hier, et j'ai trouvé ça formidable. Tu (David) auras une oreille bien plus affûtée pour juger de la prestation des chœurs, mais je les ai trouvés excellents : on s'attendait bien sûr à l'engagement, mais ça m'a semblé intelligible, surtout en allemand
Super ! C'est l'avantage des (bons !) chœurs amateurs, souvent, par rapport aux chœurs pros plus gros / ronds. Mais dernièrement, le Chœur de l'OP m'avait paru plus lâche de diction. - Citation :
- J'y retourne ce soir donc je verrai ce qui sort d'une réécoute, mais c'était du grand Harding : un grand sens de l'architecture et de la vision d'ensemble, surtout cette deuxième partie comme une arche, un immense souffle de la première à la dernière note. Une grande attention à la clarté et une forme de transparence, certains équilibres particulièrement réussis (tous les claviers impeccablement dosés, de l'harmonium à l'orgue, une mandoline très audible). Peut-être une forme d'objectivité et presque de froideur, mais compensée par un aspect assez doux et par la place laissée laissée aux solos des musiciens et des chanteurs (distribution exemplaire ! Staples, Maltman, Barton et les autres, tous très bons).
Voilà qui augure du meilleur pour ce soir. - Citation :
- Tout ceci étant dit, c'est la seule symphonie de Mahler à laquelle je ne m'étais pas encore sérieusement intéressé, je la trouvais plutôt indigeste, mais je l'ai écoutée au disque ces derniers mois, j'ai potassé mon La Grange cette semaine, et c'est vraiment sublime !
Oui, elle est étrange, mais tellement de beautés ! À ce soir. |
| | | kegue Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4936 Age : 54 Localisation : Là où repose Cocteau Date d'inscription : 27/10/2008
| Sujet: Re: PP – Mahler 8 – D. Harding, Orchestre de Paris – 24-25/11/23 Dim 26 Nov 2023 - 9:35 | |
| J'y étais. Sur disque, ce n'est vraiment pas ma préférée; c'est sûrement parce que je n'ai pas trouvé la version qui me fasse grimper au rideau. Mais hier soir......un réel choc, presque une révélation ! Une sonorité magnifique et fluide et un travail de détail prodigieux. C'est un vrai bonheur d'avoir pu assister à cette oeuvre qui est rarement jouée (mais quand on voit l'effectif, on comprend aisément pourquoi). |
| | | Patzak Mélomaniaque
Nombre de messages : 1048 Age : 66 Localisation : Paris Date d'inscription : 04/04/2015
| Sujet: Re: PP – Mahler 8 – D. Harding, Orchestre de Paris – 24-25/11/23 Dim 26 Nov 2023 - 10:49 | |
| - kegue a écrit:
- (quand on voit l'effectif, on comprend aisément pourquoi).
Gergiev l'avait joué avec un effectif bien moins lourd, plus "normall", et c'etait bien meilleur. Ici, c'est surjoué, comme souvent, avec des choeurs tonitruants, qui confondent volume et intensité.... Et le public en redemande, évidemment. Quand j'ai vu l'effectif (merci Mickt) j'ai hésité à y aller, j'ai quand meme tenté, il y a avait de beaux moments bien sur mais je reve d'entendre cette symphonie jouée avec un peu de retenue: sans doute un reve impossible maintenant que Janssons, Haitink, Abbado, Boulez sont morts et Gergiev exilé... Peut-etre Welser-Most ou Saraste en seraient capables...
Dernière édition par Patzak le Dim 26 Nov 2023 - 11:39, édité 1 fois |
| | | kegue Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4936 Age : 54 Localisation : Là où repose Cocteau Date d'inscription : 27/10/2008
| Sujet: Re: PP – Mahler 8 – D. Harding, Orchestre de Paris – 24-25/11/23 Dim 26 Nov 2023 - 11:18 | |
| Peso, je n'ai pas trouvé cela surjoué. A part le début où j'ai eu peur que les choeurs se décale par rapport à l'orchestre,j'ai même trouvé l'interprétation plutôt précise et fluide. D'un autre côté,je ne sais pas si la "retenue" s'applique vraiment à cette oeuvre, compte tenu de l'effectif et des sujets littéraires abordés. Mais bon, pourquoi pas Après,pour ce qui est du volume : un double forte envoyé par plus de 500 exécutants, c'est sûr que ça décoiffe |
| | | Patzak Mélomaniaque
Nombre de messages : 1048 Age : 66 Localisation : Paris Date d'inscription : 04/04/2015
| Sujet: Re: PP – Mahler 8 – D. Harding, Orchestre de Paris – 24-25/11/23 Dim 26 Nov 2023 - 11:24 | |
| Je suis d'accord pour que ca décoiffe! Mais pas toutes les 5 minutes..... L'effectif, de la création par exemple, ca correspondait à des lieux immenses, genre Palais des Congres, pas la Philharmonie.....
Welser-Most a bien exprimé le probleme dans de nombreuses exécutions de Mahler: "on donne tout dans la 1ere demi-heure, apres il faut se farcir encore une heure jusqu'à la fin...."
Adorno a toute une théorie sur le "sommet" de chaque symphonie, je ne sais pas si tu t'es fendu son (difficile) bouquin..... Le point, c'est qu'il y a un sommet, pas 15....
Attention, beaucoup de belles choses hier soir. je suis juste décu (mais pas surpris) que Harding tombe dans le piege de la tonitruance pas constante mais fréquente et combien envahissante! |
| | | mickt Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2743 Date d'inscription : 05/03/2018
| Sujet: Re: PP – Mahler 8 – D. Harding, Orchestre de Paris – 24-25/11/23 Dim 26 Nov 2023 - 11:59 | |
| - Patzak a écrit:
- Welser-Most a bien exprimé le probleme dans de nombreuses exécutions de Mahler: "on donne tout dans la 1ere demi-heure, apres il faut se farcir encore une heure jusqu'à la fin...."
Adorno a toute une théorie sur le "sommet" de chaque symphonie, je ne sais pas si tu t'es fendu son (difficile) bouquin..... Le point, c'est qu'il y a un sommet, pas 15.... Oui enfin là la "faute" en incombe vraiment à Mahler qui compose une première partie pléthorique et réclame du fortissimo dès les premières mesures. Et puis sur les effectifs il en demande clairement le plus possible. Bois par 5 ou 6, et si par bonheur on arrive à trouver plus de cordes, on n'a qu'à doubler les bois aussi. Et rien ne lui faisait plus plaisir à la création que les enfants qui s'époumonnaient à en perdre la voix. À la création : 1000 exécutants pour 3000 spectateurs. À la Philharmonie à peu près 470 exécutants et 2000 spectateurs, on a presque été lésés (et les chœurs auraient, sans rire, pu être encore plus fournis). Bref la démesure me semble consubstantielle à l'œuvre. Pour ma part : 2e représentation hier. Placement différent : passage du 2e balcon de face au 1er balcon de côté (ma place la plus habituelle). Paysage sonore radicalement différent : beaucoup plus fort au 1er balcon, les passages des chœurs sont exaltants, mais difficile d'avoir une vision d'ensemble de l'œuvre. On y entend aussi plus les défauts, les décalages. Le coup d'œil change, c'est intéressant de voir la difficulté pour le chef de dompter en même temps toutes ces forces (pour le coup c'est vraiment l'agent de circulation !), et touchant de lire l'extrême concentration sur le visage des enfants, à ma droite (et en face un tout petit choriste tromignon au 1er rang). Certains solistes m'ont paru moins en forme que la veille. Harding étage le finale admirablement, c'est bouleversant. La petite section de cuivres hors-scène, ici en haut de l'arrière-scène, qui intervient à la fin de chaque partie, a été triomphale les deux soirs. C'était enregistré, je ne sais par qui. Il y avait aussi une équipe de tournage, qui semblait s'intéresser plus particulièrement à un contrebassiste. |
| | | Patzak Mélomaniaque
Nombre de messages : 1048 Age : 66 Localisation : Paris Date d'inscription : 04/04/2015
| Sujet: Re: PP – Mahler 8 – D. Harding, Orchestre de Paris – 24-25/11/23 Dim 26 Nov 2023 - 12:12 | |
| - mickt a écrit:
- Oui enfin là la "faute" en incombe vraiment à Mahler qui compose une première partie pléthorique et réclame du fortissimo dès les premières mesures. (...) Et puis sur les effectifs il en demande clairement le plus possible.
Sans doute. Mais avec le recul, on peut imaginer plus de subtilité. On n'est plus en 1906..... Je prétends que ce serait encore plus impressionnant et émouvant, pas moins.... Juste ma théorie, testée via Gergiev une seule fois il y a longtemps.... (Mais souvent testée pour d'autres symphonies de Mahler....) PS je précise que j'étais au dernier rang du 2nd balcon, je n'ose imaginer ce que c'était de pres |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97923 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: PP – Mahler 8 – D. Harding, Orchestre de Paris – 24-25/11/23 Dim 26 Nov 2023 - 14:06 | |
| Ah, moi j'ai trouvé ça doux (grâce au chœur amateur) et bien plus animé et coloré qu'avec Gergiev (où tout était un peu froid).
Je n'avais jamais vu, depuis les débuts de la Philharmonie, un concert qui reste affiché complet pendant des mois. Au sein d'un remplissage globalement plus difficile, cette saison les concerts se sont vraiment polarisés, avec Boston vide au tiers mais Stockhausen et Mahler 8 pleins dès le premier jour d'ouverture des réservations, et sans aucun retour de place pendant des mois, quasiment jusqu'à la date du concert !
On profite à plein (si l'on est bien placé) des qualités de la salle Pierre Boulez : l'ampleur douce qui saisit d'emblée, grâce aux balcons-nuages qui laissent le son remonter par devant et par derrière, c'est une expérience physique assez exceptionnelle.
Pour autant, je me fais la même réflexion à chaque fois pour les très grandes œuvres de ce type : on a besoin du concert pour en ressentir l'impact physique, mais on a aussi grand besoin du disque pour entendre précisément ce qui s'y passe – avec toutes ces informations sonores et ce volume, le détail finit par se brouiller, si bien que l'on entend surtout la mélodie et quelques motifs épars, très loin de la richesse réelle de l'écriture. Au disque, on se rend compte qu'il manque la sensation d'ampleur titanesque, les différences d'échelle entre pianissimi d'un fragment d'orchestre et fortissimi des tutti, mais en salle, il faut bien admettre qu'on n'entend pas très bien le détail de ce qui se passe ; et vu la densité en motifs, assez complexe, de cette Huitième, on ne peut vraiment pas comprendre sa construction sans un passage par l'étude ou par le disque. Paradoxe difficile à intégrer émotionnellement.
Très belle interprétation lumineuse, en particulier du Prélude de la seconde partie, parfaitement étagé, très intensément habité. Le choix de chœurs amateurs permet d'éviter d'écraser l'orchestre sous des harmoniques de solistes, et de proposer un fondu doux que je trouve toujours très convaincant. On perçoit toutefois la différence entre le Chœur de l'Orchestre de Paris (aux couleurs limpides) et la fusion de cette formation avec le Jeune Chœur de Paris, formé d'étudiants au CRR de Paris, dont les voix ne sont pas pleinement développés – les timbres sont plus ternes et opaques (on entend que ça pousse un peu chez les ténors) et la diction moins nette qu'à l'accoutumée. Pour autant, vu l'ampleur de l'œuvre, le choix de voix pas totalement charpentées est un excellent choix d'équilibre.
Impressionné par ailleurs par Jamie Barton (alto 1 & Samaritaine) et Christopher Maltman (Pater Ecstaticus) qui se font aisément entendre dans cette salle défavorable, et environnés de ces masses orchestrales et chorales. (J'adore Oostrum aussi, mais se faire entendre n'est pas chose aisée, et elle était peut-être aussi fatiguée du concert de la veille.)
-- Un spectateur qui venait pour la première fois (mené par une amie très informée sur l'œuvre et la production) se met, tout joyeux, à entonner un chant de stade pendant les saluts. Et je me prends à rêver : j'aimerais beaucoup entendre, sur le modèle des ländler mahlériens, un compositeur construire une grande symphonie épique à partir de motifs tirés de Gloria Gaynor, de Nous sommes les Bordelais ou de Les Marseillais, on va les ***… Ce serait à coup sûr très réjouissant – et la matière simple et reconnaissable permettrait de produire quelque chose de très personnel et ambitieux. Je n'ai pas les moyens compositionnels pour composer une symphonie de Mahler, mais si un jour cela advient, je suis assez motivé par la démarche !
(Sinon, plus prévisiblement, je me suis pris à rêver, pendant le concert, d'une version à un par partie, où l'on pourrait bien mieux entendre les différentes composantes de chaque ensemble, tout en conservant un effet de masse non négligeable ! Mais je suppose qu'il ne faut y voir qu'une des nombreuses marques de la perversion de mon esprit malade.) |
| | | mickt Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2743 Date d'inscription : 05/03/2018
| Sujet: Re: PP – Mahler 8 – D. Harding, Orchestre de Paris – 24-25/11/23 Lun 27 Nov 2023 - 23:18 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- on a besoin du concert pour en ressentir l'impact physique, mais on a aussi grand besoin du disque pour entendre précisément ce qui s'y passe – avec toutes ces informations sonores et ce volume, le détail finit par se brouiller, si bien que l'on entend surtout la mélodie et quelques motifs épars, très loin de la richesse réelle de l'écriture.
Ça pose aussi la question : tout est-il écrit pour être entendu ? Les fugues de la première partie sont difficilement intelligibles. Dans les grands tutti on ne sait pas dire ce que tel ou tel groupe d'instruments joue (parfois c'est toute la petite harmonie qui est couverte). En même temps c'est l'effet de masse qui est recherché et voulu. C'est intéressant de poser la question de la double lecture, audition en concert / compréhension plus fine, dans le contexte de la création : la première avait été précédée d'une grande campagne publicitaire et était très attendue. Ceux qui le pouvaient avaient assisté aux répétitions, s'étaient procuré la partition, des notes de programme (désapprouvées par Mahler) avaient été publiées dans les journaux. L'écoute préparée et cultivée, et la grand-messe du concert, sorte d'immense et fervente communion autour de Mahler, sont allées de pair. (puisque je vous dis que j'ai potassé mon La Grange !) - Citation :
- Sinon, plus prévisiblement, je me suis pris à rêver, pendant le concert, d'une version à un par partie
À vrai dire c'est bizarre qu'il n'existe pas, à ma connaissance du moins, de réductions de cette symphonie ! - Citation :
- Un spectateur qui venait pour la première fois (mené par une amie très informée sur l'œuvre et la production) se met, tout joyeux, à entonner un chant de stade pendant les saluts.
Tu sais ce qu'il a chanté exactement ? (en voilà un qui s'est laissé porter par le souffle de l'Éternel Féminin !) - Citation :
- Je n'avais jamais vu, depuis les débuts de la Philharmonie, un concert qui reste affiché complet pendant des mois. Au sein d'un remplissage globalement plus difficile, cette saison les concerts se sont vraiment polarisés, avec Boston vide au tiers mais Stockhausen et Mahler 8
C'était vraiment une grosse semaine à la Philharmonie : Stockhausen, Mahler 8, Einsten on the Beach à la Villette (archi-complet), 16 heures de Bach d'affilée à l'orgue le dimanche, le petit festival de l'Intercontemporain autour de Patricia Kopatchinskaja (moins rempli). (la co-directrice du département Concerts, en charge de la production, est apparemment partie, et les candidatures sont ouvertes pour lui succéder. Pour ceux qui voudraient présider à l'organisation de tout ça.) |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97923 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: PP – Mahler 8 – D. Harding, Orchestre de Paris – 24-25/11/23 Mar 28 Nov 2023 - 11:28 | |
| - mickt a écrit:
- Ça pose aussi la question : tout est-il écrit pour être entendu ?
Je connais cette théorie, et je tiens à souligner que je la désapprouve avec la dernière vigueur. Pour autant, oui, bien sûr, énormément de choses en musique sont conçues pour le renforcement d'une impression acoustique, et ne peuvent pas être entendues précisément. Déjà, pour commencer, peu de monde dans un public est capable de comprendre le fonctionnement d'un contrepoint, ou même de l'entendre dans une pièce même moins touffue (spontanément, on écoute la mélodie supérieure). Et puis acoustiquement, dans un opéra de LULLY, les lignes de théorbe, on ne les entend pas (mais ça procure plus de fermeté aux attaques de l'orchestre), dans un opéra de Richard Strauss, impossible de percevoir tous les contrechants, le travail de chaque instrument – c'est le fameux éloge récurrent de la nébulosité par Golisande dans les pages discographiques du forum. Moi, quand j'écoute de la musique, j'aime justement l'empilement d'informations simultanées, et j'ai envie de comprendre, donc je déteste l'idée que des choses ne soient pas audibles, mais ça fait clairement partie d'un cahier des charges dont les compositeurs ne pouvaient pas ne pas être conscients s'ils avaient assisté à un concert symphonique une fois dans leur vie ! Pour autant, quand le matériau est aussi beau et riche que celui-là, c'est un peu du gâchis que d'écouter la Huitième de Mahler en n'entendant que la mélodie et l'harmonie ! - Citation :
- Les fugues de la première partie sont difficilement intelligibles. Dans les grands tutti on ne sait pas dire ce que tel ou tel groupe d'instruments joue (parfois c'est toute la petite harmonie qui est couverte).
Au disque, on n'entend pas tout, mais on entend vraiment mieux. (Alors que c'est clairement l'inverse pour une symphonie de Mozart ou Schubert.) - Citation :
- À vrai dire c'est bizarre qu'il n'existe pas, à ma connaissance du moins, de réductions de cette symphonie !
Mais que fait Gergely Matuz ?? https://www.youtube.com/watch?v=mAHem5kjDzU Ça existe en réduction piano et réduction quatre mains, mais oui, beaucoup moins d'offre sur cette symphonie, sans doute parce que le gigantisme fait partie du projet. (Et puis, pour ne pas trop perdre en matière musicale, il faudrait quand même 40 personnes pour une version de chambre à un par partie… ce serait étrange de faire un concert symphonique qui soit une « réduction de chambre ».) - Citation :
- Tu sais ce qu'il a chanté exactement ? (en voilà un qui s'est laissé porter par le souffle de l'Éternel Féminin !)
Le la, la, laa, laaaaa… la-la-la-la-la-laaaaa très connu. (Avec le rythme et ta fréquentation du milieu, je pense que tu identifieras sans peine. Je crois ne jamais l'avoir entendu avec des paroles, je ne sais pas d'où il vient.) - Citation :
- C'était vraiment une grosse semaine à la Philharmonie : Stockhausen, Mahler 8, Einsten on the Beach à la Villette (archi-complet), 16 heures de Bach d'affilée à l'orgue le dimanche, le petit festival de l'Intercontemporain autour de Patricia Kopatchinskaja (moins rempli).
Oui ! Apparemment le Glass était une arnaque (une plasticienne qui a nommé son spectacle ainsi parce qu'il y a des bouts de l'opéra de Glass dedans…), mais quand on va voir du Glass, on sait de toute façon que dans toutes les hypothèses, on est perdant. Effectivement, grosse semaine ambitieuse, où la Philharmonie justifie vraiment son statut singulier : œuvres gigantesques qu'on ne peut pas donner ailleurs, expérimentations spatiales et sensorielles, mise en valeur de pans très différents du répertoire… Il y a eu aussi le concert Richardot en fin de semaine dernière, pour le côté laboratoire de l'Amphi (compositrices inconnues). - Citation :
- (la co-directrice du département Concerts, en charge de la production, est apparemment partie, et les candidatures sont ouvertes pour lui succéder. Pour ceux qui voudraient présider à l'organisation de tout ça.)
Ah non, désolé, je ne veux pas de co-direction en charge de la production mais une plénipotentiarité en charge de la programmation. |
| | | mickt Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2743 Date d'inscription : 05/03/2018
| Sujet: Re: PP – Mahler 8 – D. Harding, Orchestre de Paris – 24-25/11/23 Mar 28 Nov 2023 - 18:59 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
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- Citation :
- Tu sais ce qu'il a chanté exactement ? (en voilà un qui s'est laissé porter par le souffle de l'Éternel Féminin !)
Le la, la, laa, laaaaa… la-la-la-la-la-laaaaa très connu. (Avec le rythme et ta fréquentation du milieu, je pense que tu identifieras sans peine. Je crois ne jamais l'avoir entendu avec des paroles, je ne sais pas d'où il vient.) I Will Survive, Gloria Gaynor, probablement ? L'hymne des Bleus en '98 tout ça. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97923 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: PP – Mahler 8 – D. Harding, Orchestre de Paris – 24-25/11/23 Mer 29 Nov 2023 - 9:13 | |
| - mickt a écrit:
- DavidLeMarrec a écrit:
-
- Citation :
- Tu sais ce qu'il a chanté exactement ? (en voilà un qui s'est laissé porter par le souffle de l'Éternel Féminin !)
Le la, la, laa, laaaaa… la-la-la-la-la-laaaaa très connu. (Avec le rythme et ta fréquentation du milieu, je pense que tu identifieras sans peine. Je crois ne jamais l'avoir entendu avec des paroles, je ne sais pas d'où il vient.) I Will Survive, Gloria Gaynor, probablement ? L'hymne des Bleus en '98 tout ça. C'est ce que j'aurais dit spontanément, pour moi très daté 98 et plutôt à l'échelle nationale, mais je ne vois pas où ça se trouve dans la chanson (que, croyez-le ou non, j'ai souvent écoutée). |
| | | mickt Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2743 Date d'inscription : 05/03/2018
| Sujet: Re: PP – Mahler 8 – D. Harding, Orchestre de Paris – 24-25/11/23 Mer 29 Nov 2023 - 9:27 | |
| Le la-la-laaa vient plutôt de la reprise de l'éphémère Hermes House Band en fait je crois : https://youtu.be/ldDYdmwL5zU?t=128
(la chanson de '78 est très bien ! Un côté Roberta Flack pour les années disco.) |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97923 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: PP – Mahler 8 – D. Harding, Orchestre de Paris – 24-25/11/23 Mer 29 Nov 2023 - 9:59 | |
| Oui, en effet c'est ça, je n'avais pas de doute que tu trouves. Ils ont donc collé deux sources pour l'hymne de la Coupe, si je comprends bien ? |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: PP – Mahler 8 – D. Harding, Orchestre de Paris – 24-25/11/23 | |
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| | | | PP – Mahler 8 – D. Harding, Orchestre de Paris – 24-25/11/23 | |
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