PP - R. Strauss, Messiaen, Fauré, Escaich - 7/11/2024

- R. Strauss : Mort et Transfiguration
- O. Messiaen : L'Ascension
- G. Fauré : Requiem (version 1900)
- T. Escaich : Towards the Light

Orchestre de Paris
Choeurs et choeur de jeunes de l'Orchestre de Paris
Sarah Aristidou, soprano
Jean-Sébastien Bou, baryton
dir. Klaus Mäkelä

Un programme très éclectique, et plutôt alléchant... mais au final, une impression plutôt contrastée, inégale à vrai dire.
D'abord, le moins bon : "Mort et Transfiguration", qui manquait franchement de mystère et contrastes, même si l'orchestre sonnait superbement.
- Egalement en demi-teintes, le Requiem de Fauré... avec un effectif choral franchement énorme ! je pense qu'il y avait au moins 100 choristes, voire plus, avec le choeur de jeunes que je ne voyais pas bien d'où j'étais placé (1er balcon, étage 3, sur le côté arrière de l'orchestre),
donc de quoi surprendre pour un Requiem qui se veut tout de même relativement intimiste, en tout cas pas du tout dans la veine des Berlioz ou Verdi. Ayant comme derniers souvenirs d'écoute discographique la version de Mathieu Romano avec l'Ensemble Aedes (ou celle plus ancienne, mais très belle, de M. Corboz), j'ai été un peu décontenancé... et n'ai pas ressenti suffisamment de ferveur et prière ce soir - même si l'orchestre, encore une fois, était très beau. Pas le cas, par contre, des solistes, fort décevants, assez plats (ou peut-être étais-je mal placé, de côté ? alors qu'eux étaient perchés presque tout en haut, au-dessus des choeurs). Au final, un peu terne et manquant d'émotion.

Le mieux, et même très bon :
- "L'Ascension" de Messiaen, fort réussie, Mäkelä faisant bien ressortir tous les climats et couleurs de la partition.
La pièce finale de Thierry Escaich était sans doute le climax du concert, jouée dans le prolongement du Requiem. Une découverte pour moi, fort séduisante, avec un effectif très intéressant : le même que le Requiem de Fauré (y compris le grand orgue), complété par un vaste et varié pupitre de percussions, créant ainsi des alliages sonores vraiment très intéressants et séduisants.

Cette mode d'enchaîner des oeuvres qui n'ont rien à voir commence à vraiment m'agacer...
J'y étais mercredi et beaucoup de spectateurs ont voulu et ont commencé à applaudir à la fin du Requiem de Fauré.
A la fin j'ai entendu des gens dire: "pourquoi ont-ils enchaîné? Je voulais applaudir à la fin du Requiem".
Eh ben pareil pour moi, je voulais une vraie respiration après une oeuvre d'envergure et entre deux oeuvres de deux compositeurs différents de deux époques différentes.
C'était la même chose la semaine dernière où la 2è symphonie de Scriabine a été enchaînée après une courte pièce d'une compositrice iranienne contemporaine.
Je ne comprends pas à quoi ça sert.
A part provoquer la confusion chez une partie du public (on est en train d'écouter quoi? On vérifie le programme, etc...) et un peu d'agacement chez une autre.
Là je n'ai pas profité pleinement des premières secondes de l'oeuvre d'Escaich, je n'ai pas pu bien rentrer dedans à cause de ça.

Sinon, j'ai tout aimé, j'ai trouvé que c'était un très beau concert, le Strauss sonnait superbement, le Fauré aussi, en particulier notamment le choeur, certes très grand effectif, mais je n'y ai pas vu de problème, ça ne sonnait pas de façon excessive. (c'était la version grand orchestre qui était jouée)
Après, à l'arrière de l'orchestre, c'est pas terrible, aussi bien pour l'orchestre que pour le choeur.

J'ai beaucoup aimé aussi l'Ascension, que je n'avais pas encore entendu dans cette salle, qui est idéale pour cette musique je trouve.
C'est un peu différent de ce que fait Chung par exemple, peut-être plus lyrique ou plus incarné, 3è mouvement plus extraverti, dernier mouvement un peu moins lent, mais en tout cas très prenant.

Bien aimé l'oeuvre d'Escaich (bien plus que le concerto pour violoncelle n°2 entendu il y a quelques semaines), mais j'aimerais la réécouter de façon isolée!

vinteix a écrit:

avec un effectif très intéressant : le même que le Requiem de Fauré (y compris le grand orgue), complété par un vaste et varié pupitre de percussions, créant ainsi des alliages sonores vraiment très intéressants et séduisants.

C'est l'argument donné dans le programme, l'oeuvre a été prévue pour s'enchaîner au Requiem de Fauré et Escaich utilise le même effectif + plein de percussions...
Du coup ça n'est plus du tout le même effectif et ça ne sonne pas du tout comme si c'était le même effectif.

Bien d'accord avec toi, Xavier, quant à l'enchaînement très désagréable entre le Requiem de Fauré et la dernière oeuvre...
moi aussi, j'aurais aimé applaudir (quand même) et surtout, surtout, avoir une pause, respirer entre les deux oeuvres, tout de même fort différentes, même si présentées dans une continuité. C'était en effet très gênant.

Sinon, oui, ma place n'était pas idéale pour bien entendre les choeurs surtout - et peut-être (?) aussi l'orchestre pour le R. Strauss (?). En tout cas, ayant comme références au disque Kempe et Roth, je n'ai pas ressenti le même mystère... même si, encore une fois, l'orchestre était très beau.
Mais le plus beau était bien la pièce de Messiaen, très réussie et sonnant superbement ! en effet, assez lyrique - et curieusement, le Strauss manquait, à mon goût, de ce lyrisme...